Affaire du 8 décembre : poursuivre la mobilisation

Cinq mois après l’infâme procès contre les sept « inculpé·es du 8 décembre 2020 », trois mois après un verdict d’une grande sévérité dépassant les réquisitoires du Parquet National Antiterroriste (PNAT), le combat n’est toujours pas fini pour nos compagnon·es. Alors que presque toustes ont fait appel, et que le Tribunal n’a toujours pas transmis les justifications du jugement, notre soutien financier et politique leur reste indispensable.

Un verdict abject

Les quatre semaines de procès durant lesquelles les inculpé·es et leurs avocat·es ont travaillé à démonter une instruction entièrement à charge n’ont absolument rien changé. Rien ne semble avoir imprimé dans l’oreille d’une juge qui est allé jusqu’à refuser de faire citer les flics responsables de l’enquête pour s’expliquer de leurs méthodes. Les sept accusé·es sont donc reconnu·es coupables d’ « association de malfaiteurs terroriste » et trois d’entre elleux de « refus de communiquer ses conventions de déchiffrement ».

Les peines vont de 2 à 5 ans de prison, dont une partie en sursis probatoire. Des périodes de prison ferme sont prononcées pour cinq inculpé·es. Compte tenu du temps qu’iels ont déjà passé incarcéré·es en préventive, il leur reste entre 8 et 12 mois de ferme à purger, aménageable sous forme de bracelet électronique, auxquels viendra donc s’ajouter une période de sursis probatoire.

L’inscription au Fichier des auteurs d’infractions terroristes (FIJAIT), qui leur promet 20 ans de surveillance, d’obligation de pointer et d’impossibilité de se déplacer comme bon leur semble, est actée pour 6 des 7 inculpé·es.

Est également prononcée l’interdiction de communiquer entre elleux pendant tout le temps de leur peine, invention sadique de la juge qui n’était pas demandée par le parquet. A cela s’ajoute encore un panel de mesures de contrôle médico-social (obligation de soins, de travailler, de résidence fixe…) faisant de leur vie une longue série de rendez-vous chez le psy, l’addicto, le SPIP, l’éducateurice… pour s’assurer de leur « réinsertion ».

Nous n’entrerons pas plus ici dans les détails du jugement pour chacun·e. On les trouvera, avec les comptes-rendus d’audience, sur le blog des soutiens.

Les inculpé·es font appel

Après quelques jours de réflexion, six des inculpé·es ont décidé de faire appel de la décision de justice. Quand aura lieu cet appel ? Personne n’en sait rien. Douze mois, quinze mois, plus, moins, les paris sont ouverts. Cela n’empêche de toute façon pas nos camarades de commencer à purger leur peine, l’appel n’étant pas suspensif des mesures liées au FIJAIT et au sursis probatoire.

Pourquoi alors prendre le risque d’un alourdissement de celle-ci, alors que nous n’avons pas plus confiance dans la Cour d’appel que dans celle de première instance ? Parce qu’au delà du besoin personnel de ne pas se laisser traîner dans la boue et ruiner sa vie sans réagir, il y a un besoin collectif de ne pas laisser graver dans le marbre une telle jurisprudence. Celle-ci laisserait toujours plus de champ libre à l’État pour utiliser les moyens de l’antiterrorisme pour réprimer des pratiques révolutionnaires, de lutte, ou même simplement des paroles et des idées. Tous les recours seront donc utilisés jusqu’au bout, n’en déplaise au PNAT [1].

…Et dans tous les cas, la thune.

Oui mais voilà, tout cela coûte du fric. Malgré un paquet d’événements de soutien depuis 3 ans, ainsi qu’une cagnotte et tout un tas d’aides en nature (logement, bouffe, trajets…) – on ne remerciera jamais assez toutes celleux qui ont mis la main à la patte, et iels sont nombreuses ! – cette affaire a déjà coûté beaucoup d’argent aux inculpé.es et à leur soutien : en frais de justice, en déplacement, etc. Pour se donner une idée, chacun.e des inculpé.es a déjà déboursé plus de 10 000€ de frais d’avocat.es, frais qui ont été partiellement financés par la solidarité collective, mais pas totalement, loin de là. Et ce n’est pas fini.

La plateforme CotizUp qui nous servait de cagnotte a tenté plusieurs fois, à l’approche du procès, de bloquer les virements « pour des raisons de sécurité ». C’est pourquoi on lance une nouvelle cagnotte sur HelloAsso qui nous semble plus fiable, pour recueillir les sous des soutiens. Voici son adresse : https://www.helloasso.com/associations/comite-vertigo/formulaires/9.

Diffusons-la partout, remplissons-la quand on le peut. Encore et encore, organisons des événements de soutien, et informons sur l’affaire du 8 décembre !

En bref

On fait appel de la décision rendue par une justice de classe qu’on dégueule, on fait appel à un soutien financier avec cette nouvelle cagnotte même si ça nous fait sacrément chier de toujours demander de la thune, et on appelle à continuer d’être solidaire de toutes celles et ceux qui subissent la répression parce qu’iels ont décidé de pas se laisser bouffer par ce monde de merde !!!

P.-S.

Infos et suivi des mobilisations ici :
https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org/
https://soutien812.net/

Notes

[1] L’appel n’étant pas le seul recours. Le 13 mars, Florian alias Libre Flot sera devant le Conseil d’État pour contester la légalité de la surveillance hors de toute procédure dont il a fait l’objet avant février 2020.

#Procès812 : Matinée de soutien pour le rendu du jugement!

MATINÉE DE SOUTIEN AUX INCULPÉ·ES DU 8 DÉCEMBRE !

VENDREDI 22 DÉCEMBRE DÈS 9H DEVANT LE TGI DE PARIS

Le jugement sera rendu. Nous invitons à une présence solidaire de tous·tes les personnes, collectifs et organisations qui ont manifesté leur soutien depuis trois années face à cette mascarade antiterroriste.

Trois années passées à dénoncer les méthodes de l’antiterrorisme (en France et dans le monde), à soutenir les inculpé·es dans leurs frais de justice assommants, à faire du lien entre camarades ciblé·es par la répression, à briser l’isolement dans lequel l’État tentait de nous enfermer. Trois années à témoigner, documenter et avertir.

Aujourd’hui, force est de constater qu’il n’y a plus que les médias d’extrême-droite qui soutiennent sans distance le récit aberrant du Parquet National Anti-Terroriste. Les manigances honteuses de la DGSI, du PNAT et du Juge d’Instruction ont éclaté au grand jour : tous ces faux PV, ces sonorisations où on entend rien, cette sélection de 0,7 % des sonorisations pour monter un récit, cette criminalisation d’outils informatiques basiques, et surtout les violences abjectes infligé·es par cette procédure (de la surveillance au procès, en passant par les arrestations et l’emprisonnement).

Malgré l’absence d’entraînement paramilitaire démontrée, et malgré l’absence totale de projet terroriste, les peines demandées sont lourdes : prison (avec sursis), obligations de soin, inscription au FIJAIT (20 ans)  ; et visent à renvoyer au trou LibreFlot pour 4 ans fermes. Une hargne punitive qui ne répond à aucun intérêt de sécurité publique mais qui témoigne de cette radicalisation de la justice qui s’observe quotidiennement.

Nous vous invitons à accompagner avec joie et solidarité les inculpé·es du 8/12. On y partagera le café, des brochures, des nouvelles, des chansons, un pique-nique, de la musique (bien rythmée, pour se réchauffer) ! N’hésitez-pas à amener ce qui pourrait mettre de la chaleur devant ce Tribunal de Grande Immondice.

Le rendu de ce jugement historique décidera si oui ou non l’antiterrorisme peut se déployer sur les activismes radicaux : des ZADs aux squats, des tête de cortège aux teufs, du soutien aux exilé·es à l’internationalisme.

Pour la vie, pour la liberté, relaxe pour les inculpé·es !

[Caen] Banderole solidaire avec les inculpé.es du 8/12

Depuis la semaine antinuk de Caen, on voulait exprimer notre solidarité, notre force et notre rage avec les inculpé.es de l’affaire dite du 8 décembre, accusé.es d’association de malfaiteurs terroristes.*

Le procès s’est tenu pendant 4 semaines en octobre à Paris, et le rendu est prévu pour le 22 décembre prochain. Le proc requiert jusqu’à 6 ans ferme, pour l’un d’eux.**
Des militant.es écologistes qualifiées d’ »écoterroristes » à l’apologie du terrorisme pour un soutien au peuple palestinien, l’Etat fascisant utilise de plus en plus largement l’accusation de terrorisme pour museler toute contestation.
Alors que la justice bourgeoise veut faire jurisprudence de l’affaire du 8 décembre, il nous apparaît nécessaire d’exprimer notre solidarité, tant nos luttes sont elles aussi concernées.

Solidarité face à la répression!
A bas l’Etat, la DGSI et la SDAT!

#Procès812 : la couverture médiatique

Nous partageons ici la couverture médiatique du procès. Plusieurs journaux ont envoyé des journalistes pour assister aux audiences : Le Monde, Médiapart, Libération, le Nouvel Obs, Politis. Étaient présent·es également des journalistes New Yorkais·es et l’AFP. Les articles complets sont téléchargeables en pdf.

Nous faisons le choix de ne pas citer les charognards invités par le PNAT qui sont venu·es uniquement le jour des réquisitions.

Un tract avait été distribué aux journalistes pour leur demander de respecter une certaines éthique vis à vis des mis·es en examen et leurs proches présent·es. Les violences médiatiques sont pleinement partie prenantes de la répression et il s’agissait d’inviter à respecter la vie privée et l’intimité des personnes présentes.

The Nation (New York)

The Fictional Terrorist Conspiracy Being Tried in France (26 octobre)

Jacobin (New York)

France’s Trial of “Left-Wing Terrorists” Is a Farce (31 octobre)

Le Monde

Affaire du 8 décembre 2020 : Un procès pour terrorisme d’ultragauche qui débute dans une ambiance tendue (5 octobre)

Au procès pour terrorisme d’ultragauche du « 8 décembre 2020 », des explosifs inquiétants
mais aux finalités floues (12 octobre)

Au procès du groupe d’ultragauche du « 8 décembre 2020 », un projet terroriste
insaisissable (20 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : jusqu’à six ans de prison ferme requis pour les sept
personnes jugées (26 octobre)

L’Humanité

« Affaire 8 décembre » : « Ce sont des traumatismes à vie qu’on a administrés à nos enfants » (18 octobre)

De lourdes réquisitions au procès de l’ultragauche du «8 décembre » (28 octobre)

Médiapart

Procès de « l’ultragauche » : « On était des débilos qui s’amusaient à faire des gros pétards » (12 octobre)

Enquête sur « l’ultragauche » : la défense dénonce les méthodes de l’antiterrorisme (12 octobre)

Au procès de « l’ultragauche », l’introuvable projet terroriste (25 octobre)

Procès de « l’ultragauche » : « Je connais les dossiers terroristes, celui-ci ne ressemble à aucun d’eux » (28 octobre)

La Nouvelle République

Procès des militants d’ultragauche : le Blésois Florian D. assure que « la lutte armée est une connerie » (19 octobre)

Le Nouvel Obs

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « Nous commençons sur de très mauvaises bases. Ça risque de ne pas bien se passer ! » (5 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « C’était drôle, ça allait faire des pétards, ça allait faire boum. Je n’y ai pas vu de malice » (17 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « J’espère qu’on peut garder un humour un peu noir sans que ça devienne un crime » (24 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « Est-ce que moi, avocat de Florian D., j’ai confiance en votre tribunal ? Je dois être sincère : non » (30 octobre)

Politis

Ultragauche : l’ombre de Tarnac plane sur « l’affaire du 8 décembre » (31 octobre)

Libération

Procès de « l’ultragauche » : violents anars ou mauvais polar ? (3 octobre)

Procès d’« activistes d’ultragauche » : les explosifs au coeur des débats (12 octobre)

Au procès d’« activistes d’ultragauche », les droits de la défense malmenés par l’antiterrorisme (16 octobre)

Procès d’« activistes d’ultragauche »: « Ce qui me dépasse, c’est d’être ici pour avoir fait de l’airsoft » (22 octobre)

Procès d’ « activistes d’ultragauche » : le parquet requiert entre deux et six années de prison (25 octobre)

Fin du procès des «activistes d’ultragauche» : «Puisque la DGSI vous le dit, c’est que c’est vrai» (28 octobre)