[Procès812] Communiqués devant le Tribunal – 27 octobre

Nous étions une petite centaine en ce dernier jour d’audience, après 4 semaines de procès. Beaucoup de proches des inculpé·es : famille et ami·es. Du café, du thé, des jus faits maison, quelques brochures, des chants et de la bonne humeur. Il y a eu plusieurs prises de parole, que nous reproduisons ici. Plusieurs organisations étaient aussi présentes : collectifs féministes, le Réseau Entraide Vérité et Justice, les Mutilées pour l’Exemple, le NPA, Soutien aux Inculpé·es du 15 Juin Limousin, etc. Le délibéré sera rendu le 22 décembre… le suspens est à son comble. Retrouvez les compte-rendus des audiences ici.

COMMUNIQUÉ DU COLLECTIF SOUTIEN812

Il faut déjà y entrer, dans ce gratte ciel de 160 mètres de haut, 120 000m2 de surface, droit et transparent comme… la Justice ? Ce qui est sûr, c’est que ce grand building penche indéniablement… à droite!

Il faut passer un premier contrôle des sacs, puis un second avec rayons X et portiques détecteurs de métaux, surveillé par des dizaines de caméras et des policiers armés de fusils d’assaut. Tu es de nouveau fouillé devant la salle, elle même surveillée par des flics, payés à attendre toute la journée et à mater les meufs qui sortent.

Il faut supporter la condescendance et le mépris de ces gens qui se croient au dessus de tout, et surtout de nous. A commencer par Madame la Présidente, ou devrait on dire Son Altesse, qui, à une personne lui demandant de parler plus fort car elle n’entendait pas, répond : « je ne vous permet pas de m’apostropher de la sorte, passez par un avocat si vous avez quelque chose à me dire ». Et qui prend un plaisir non dissimulé à nous laisser debout devant elle jusqu’au silence complet avant de nous autoriser à s’asseoir… bienvenue au collège, ou à l’armée.

Violence de cette justice complice dès le départ, qui refuse d’emblée, sans aucune justification, toutes les demandes de la Défense pour accéder à des informations retenues par la DGSI. Une demande pourtant basique: auditionner 1207SI et 856SI, deux gradés de la DGSI auteurs de plus de 150 procès verbaux suspects. Sous la plume de certains agents à l’imagination fertile, une « chouette team » devient une « shot team » ; et quelques coups de marteaux et de spatule deviennent une séance de tirs de deux heures. Lorsqu’une vidéo, issue d’un dispositif d’espionnage aurait pu lever le doute sur ce point, elle est « involontairement » détruite par la DGSI. Du jamais vu selon une avocate.

Tout comme le doute aurait pu être levé concernant les déclarations en GAV par l’obtention des vidéos. Mais, malgré les témoignages de menaces, malgré les « coupures techniques » durant lesquelles les flics te manipulent, et malgré la contestation quasi unanime des propos tenus lors de ces GAV, là encore ce sera refusé par le Tribunal.

Dans d’autres procès, comme celui des Barjols par exemple, le Tribunal l’avait autorisé.

« Qu’est-ce que c’est que ce mépris ?, a fini par s’emporter une avocate. Ces gens sont au dessus de quel code ? On nous dit : “Les policiers font bien leur travail, il n’y a aucun doute à avoir”. Mais qu’est-ce que c’est que cette tautologie ? On est là pour douter et votre tribunal aussi. »

Mais non ! Ces gens semblent au dessus des lois et n’auront pas à répondre de leur actes. Ils pourront continuer d’écrire peinards des faux PV et des notes blanches qui envoient des gens au trou. Et le Tribunal leur donne carte blanche.

Violence des questions, posées à chaque inculpé·e dans des « entretiens de personnalité » emprunts de préjugés de classe : quelles sont vos ressources, avez vous des personnes à charge, avez vous des addictions… dont le but est clairement exprimé : « nous en tiendrons compte lors de notre décision ». C’est donc le statut social qui dicte la peine.

Derrière son sourire mielleux et sa fausse politesse (« c’est juste pour mieux vous connaître »), la juge se permet des leçons de morale sur des choix de vie (squat, nomadisme, travail au black…) et de donner des conseils allant du psychologique à de l’orientation professionnelle. Une infantilisation permanente.

Les questions reviennent toujours autour des thèmes de l’angoisse (par rapport à l’avenir, au confinement, au fascisme…), sur les séjours en ZAD, la violence, le ressentiment envers la police ou les institutions. Le sous-titre est clair et nauséabond : vous avez des traumas et de la haine anti-flics, ce qui vous rend fragile et dangereux. Ou comment les horreurs commises par les forces de l’ordre sont retournées pour tenter de criminaliser les compagnon·es du 8 décembre.

Violence d’être comparés à l’État islamique, au djihadisme et à l’extrême-droite, sous prétexte de l’accusation fourre-tout de terrorisme ! Une assimilation entretenue par Darmanin et s’illustrant dans les lapsus du Procureur confondant un inculpé avec Mohamed MERAH.

Violence de devoir exhiber tes tripes, tes problèmes, ton intimité, d’être obligé d’étaler ta vie pour te justifier devant des gens qui t’ont enfermé et meurtri. Violence de devoir, en plus, utiliser leur langage, leurs codes, être poli, cohérent, ne pas avoir de trou de mémoire, quand chaque parole inexpliquée est frappée de soupçon… Ce sont leur règles et soit tu t’y plies soit tu ramasses.

Violence de savoir que tout ça n’est pas une exception, une « bavure », mais bien le fonctionnement de la justice française. S’expliquer pendant une heure sur ses opinions de la justice car on a eu l’audace de citer une sociologue pour expliquer son refus de se soumettre à l’enquête de personnalité et aux expertises psychologique et psychiatrique.

« Vous donnez l’impression que vous étiez presque en colère qu’on cherche à vous connaître », se voit-on reprocher. L’envie de s’énerver : je venais de vivre les pires violences de ma vie (arrestation antiterro, détention, fouilles à nu) !!! Mais il faut rester calme: « je préfère parler par moi même lorsqu’il s’agit de me définir. »

Rester calme face à des juges au ton agressif: « Cette lettre en dit long sur vos convictions. La question ici est de s’en prendre violemment aux institutions. La justice en est une. Vous critiquez la justice et ne lui faites pas confiance ? La juge que je suis se doit de vous poser la question : est ce que vous reconnaissez la justice française ? ». Que répondre à ça ? Heureusement, on se verra quand même rappeler que: « Nous ne sommes pas là pour vous juger sur vos opinions politiques et il n’y a pas de question pièges. »

Et pourtant. De jour en jour, l’absurdité nous saute aux yeux et le procès s’apparente de plus en plus à un plateau de CNEWS. Mais le Tribunal ne semble pas s’en rendre compte. Les témoins sur le Rojava, sur les outils de communication, sur l’isolement carcéral, sont malmenés par les Juges tandis que les procureurs scrollent sur leur téléphone. Indifférence totale.

Et face à tout ça, pour les soutiens remplissant la salle il faut se taire, ravaler sa colère, sous peine d’exclusion temporaire (comme c’est arrivé dès le 2e jour). Mais rassurons nous, « la justice est rendue au nom du peuple français! ». Amen.

Il faut se blinder pour faire face à toute cette violence. Surtout, il faut du soutien pour tenir. Des rires dans la salle, des doigts qui claquent et des pieds qui tapent, des sandwichs trop bons à la pause, de la dérision, des dessins et des caricatures qui font du bien, des embrassades…

Mais il faut également du soutien politique! Car ce procès du 8 décembre nous concerne tous·tes.

L’antiterrorisme est l’avant-garde du processus de fascisation de la France. Il n’y a plus un jour sans que le terrorisme ne fasse la une des médias. Et plus le pouvoir en parle, moins on comprend ce que cela signifie réellement. Ce qu’on comprend en revanche, c’est que le panel des terroristes s’élargit en permanence jusqu’à atteindre son réel objectif : disqualifier tout opposition politique.

Il n’a jamais été aussi clair aujourd’hui que l’antiterrorisme a vocation à durcir tout l’appareil répressif de l’Etat, à mesure que l’Etat doit redoubler de violence pour se maintenir. Violences sociales, violences économiques, violences policières, carcérales et judiciaires.

Terroriser les pauvres, terroriser les étranger·ères, terroriser les opposant·es, et terroriser les masses. L’antiterrorisme est l’outil le plus efficace pour gouverner par la peur.

Depuis trois ans nous soutenons les inculpé·es du 8 décembre, et depuis trois ans nous exprimons notre solidarité avec les cibles de la répression antiterroriste :

Solidarité avec les militants kurdes qui passent actuellement en appel, et qui ont été très durement réprimés par la justice antiterroriste, alors qu’Erdogan poursuit sa politique écocidaire et génocidaire au kurdistan.

Solidarité avec les révolté·es par la mort de Nahel, qui on fait face à un déploiement meurtrier des forces antiterroristes.

Solidarité avec les inculpé.es du 15 juin 2021 dans le Limousin suspectés d’avoir offert à un million de francais quelques jours sans télévision.

Solidarité avec les compagnon anarchiste Ivan, arrêté par la SDAT, incarcéré pendant 1 an (préventive), accusé d’incendies de véhicules de grandes entreprises et de diplomates.

Solidarité avec Kamel Daoudi, enfermé à résidence à vie pour satisfaire les pulsions tortionnaires du ministère de l’intérieur.

Solidarité avec Boris, visé par une enquête antiterroriste pour l’incendie d’une antenne 5G à Besançon.

Solidarité avec S, arrêté à Limoges avec l’aide de la DGSI, puis condamné à 3 ans de prison ferme, suspecté d’incendie de véhicules de gendarmerie.

Solidarité avec les camarades de la Pride Radicale de Metz, dont un de leurs membres a été ciblé par une arrestation antiterroriste en mai dernier.

Solidarité avec George Ibrahim Abdallah, enfermé illégalement par la France depuis plus de 40 ans.

Solidarité avec les camarades arrêté·es par la SDAT en lien avec Lafarge.

Et plus généralement, solidarité avec tous les camarades visé·es ces dernières années par le renseignement, la surveillance, les dissolutions administratives et l’antiterrorisme. De la Russie à la Palestine : ne nous laissons pas antiterroriser!

Depuis quatre semaines nous sommes dans ce Tribunal, aux côtés des inculpé·es du 8 décembre. Et depuis 4 semaines, les inculpé·es répètent inlassablement :

Il n’y a jamais eu de projet d’action terroriste ! Il n’y a jamais eu d’entraînement paramilitaire ! Il n’y a jamais eu de groupe, ni de leader !

Toutes ces accusations sont fausses et ont été construites par la DGSI puis validée par des magistrats qu’on a du mal à dissocier des flics.

Ce procès a fait apparaître au grand jour la violence de la DGSI. Les méthodes pour obtenir des faux aveux en garde à vue, les PV erronés, les manipulations dans les retranscriptions et la rétention d’informations essentielles. Les arrestations aux fusils d’assaut, les cagoules sur la tête et les camisoles. Les gardes à vue, les manipulations, les mensonges, les menaces, les drogues pour altérer la conscience, la privation sensorielle et les menaces d’agression sexuelle.

Plusieurs de ces agissements sont des crimes, dont la DGSI n’aura jamais à répondre.

Ce procès aura aussi fait apparaître à quel point le PNAT préfère des aveux sous la torture blanche et la menace, que des paroles réfléchies devant un tribunal. Comment leurs biais cognitifs et leur perversité les aveuglent face au ridicule de cette affaire.

Comme l’indique une inculpée : « Contrairement à l’affaire de Tarnac où l’enquête est construite pour essayer de trouver des responsables à un sabotage, là nos vies sont passées au peigne fin pour essayer de les faire coller au récit qui est déjà annoncé et préconstruit par la DGSI ».

Ce procès s’inscrit dans un contexte de répression violente des luttes et contestations sociales en France, tant physiquement par des crimes contre les personnes, que symboliquement par la qualification « terroriste » des opposants politiques.

L’affaire du 8 décembre va encore plus loin : l’enjeu principal est, non pas d’étendre le « terrorisme » au sabotage, mais plutôt de créer les possibilités légales de réprimer des expressions politiques révolutionnaires dans le cadre du « pré-terrorisme ». C’est le crime de la pensée qu’on tente de réintroduire ici.

Nous sommes touxtes concerné·es !

ZADistes, féministes, antifascistes, anticapitalistes, écologistes, antiracistes, et autres anarcho-punk campagnards,

NE NOUS LAISSONS PAS ANTI-TERRORISER !

SOLIDARITÉ AVEC LES INCULPÉ·ES DU 8 DÉCEMBRE !

COMMUNIQUÉ DU RÉSEAU INTERNATIONALISTE SERHILDAN

En tant que Réseau internationaliste Serhildan, réseau de solidarité avec les luttes du Kurdistan et la révolution du Rojava, nous tenons à envoyer nos salutations les plus chaleureuses aux camarades qui font face en ce moment à la répression, dans un monde où les États mènent des guerres pour lesquelles nous devons payer, si ce n’est fuir ou mourir.

Un système qui assure à quelques-uns une richesse incommensurable laissant aux autres l’exploitation, de la famine au burnout. Un système qui rend notre planète inhabitable pour une grande partie de l’humanité.

Face à de si sombres perspectives, il est juste de s’organiser et de lutter contre ce système. Se retrouver accusé-e de terrorisme par un Etat qui protègent un système d’une telle violence est un signe qu’on a réussi à le faire trembler. Et quand des failles s’ouvrent cela renforce notre détermination et notre confiance en notre force collective. Même les médias libéraux le reconnaissent, le dossier à charge dans ce procès est pour le moins bancal. Pourtant ce procès représente un enjeu majeur pour les co-inculpé-es mais également pour tout le mouvement contestataire de gauche.

Au cœur des accusations, se retrouve l’engagement internationaliste de l’un des inculpé-es au Rojava. Depuis 2014, des dizaines d’internationalistes de France se sont rendu-es au Rojava pour participer au processus de construction d’une société basée sur la démocratie de base, la libération des femmes et l’écologie sociale. C’est ces internationalistes, dont beaucoup ont contribué à la lutte contre Daech, qui sont dans le viseur de la DGSI. Celles et ceux qui sont partis sans but politique, uniquement pour participer à la lutte armée contre Daech ou pour des motifs islamophobes ne sont pas inquiétés.

Dans un contexte de contestations sociales toujours plus fortes en France, pas étonnant que la propagation des idées de la révolution sociale au Rojava et d’une union internationale entre les forces socialistes partout dans le monde, fassent trembler les tyrans qui nous dirigent. La répression contre les idées politiques du mouvement kurde à une longue histoire en France.

On rappellera que récemment, en 2021, dans le cadre de l’enquête des inculpés du 23 mars plus de 800 personnes ont été interrogées par la DGSI et 11 d’entre elles ont ensuite été condamnées pour appartenance au PKK, qui est considéré comme une organisation terroriste.

Face à cette tentative d’intimidation et de criminalisation de l’internationalisme, nous répondons qu’elle ne fait que renforcer notre détermination à continuer notre travail de solidarité, à propager les idées et les pratiques de la révolution du Rojava et à les faire dialoguer avec nos luttes locales.

Force aux camarades inculpé-es !
Le site du Réseau Serhildan.

PRISE DE PAROLE DE MANU (INCULPÉ)

Merci à toi qui vient de loin, qui parfois a dû frauder l’train
Merci à vous les « écrivains », tant d’articles, billets, chroniques ça fait du bien
Et merci à toustes les cuistots, midi, soir et à toutes les pauses

Merci à touste les dessinateurs, vos coups d’crayons réchauffent le coeur
Merci à vous les agité·es, ça siffle, grogne, pour les faire vriller
Merci à toustes les musiciens, concert, freestyles, on vous entend d’loin
Merci à toustes les créateurs d’banderoles, aux graffeurs et les casseurs

Merci aux journaux qui nous soutiennent, pour que le grand public comprenne
Et merci à toi L’Envolée, qui brise les chaines d’toustes les enfermé·es

Merci, Amour à toustes les familles, les ami·es et les anonymes
Depuis l’début personne n’a lâché, la répression c’est pas qu’pour les inculpé·es
Et merci à toustes pour vos sourires, câlins, forces, vos bras, vos rires

Spéciale dédicace aux procs-horreurs, greffière, juge et assesseures
Vot’ fantasme est d’venu réalité, on a tissé des liens d’amitié
Merci à vous autres d’votre solidarité, sans ça on aura d’jà toustes vrillé
Et pour pour les squats et l’hospitalité, les potes c’est mieux que Levallois-Perret

Bref tellement un grand merci à toustes, et histoire qu’il n’y ai plus de doutes
On vous l’renvoie aussi, recevez le bien, ce A d’amour dans un cercle de liens

Pardon pour ceux que j’ai zappé,
Merci à vous, merci à toi, on se sent armé·es -euh… AIMÉ·ES!

COMMUNIQUÉ DU COMITÉ TOULOUSAIN

Au coeur du réquisitoire se trouve 3 lieux de luttes, d’émancipation, et de conflit. La zad de sivens, le rojava et le squat du pum a toulouse.

D’abord il y a la zad de sivens, cette lutte écologiste où punk et hyppies se sont retrouvés pour tenter de s’opposer à un projet de barrage en 2014 dans le tarn. Ce sont les meilleurs et les pires souvenirs de ma vie dira un inculpé. Là où nous avons découvert une forme de résistance par l’occupation d’une foret, pour en faire le lieu de notre utopie, nous avons aussi découvert l’autorité mortifère de l’État prêt à raser, broyer et assécher illégalement une foret, une zone de vie et de biodiversité pour assoir un projet idiot au service de l’Agro-industrie. Nous avons vu la désolation et la mort au travers de la violence des forces de l’ordre qui voulait à tout prix nous chasser: saccages, humiliations, blessures et finalement le décès d’un jeune manifestant dans la nuit du 25 octobre. Nous n’avons toujours pas les mots pour vous raconter cela.

Le procureur nous parle ici de la forme la plus récente de la violence de l’ultra-gauche. Nous on se souvient surtout d’après midi entières à essayer de construire des cabanes dans les bois, développer toutes sortes de tactiques farfelues pour ralentir les travaux et surtout des débats infinis entre vegan, eleveurs, naturalistes, citoyennistes, squatteurs, feministes, teufeurs bref une expérience de la démocratie directe, où on évolue et on fait grandir ensemble une lutte.

C’était pas un truc de ouf non plus, on ne voudrait pas vous faire croire que c’était le paradis mais pour celles et ceux qui y sont resté.es, ça nous a tellement marqué que les liens que nous y avons construits sont puissants et nous unissent encore. On remercierai presque le Pnat de nous avoir à nouveau réunis 9 ans plus tard. Mais nous n’oublions pas, alors qu’à l’époque ou on nous disait déjà, en se faisant courser ou détruire nos caravanes que nous étions des terroristes, que la répression nous coûte et nous abime.

Puis le Rojava, ce territoire élargi aujourd’hui au Nord Est Syrien, regroupe des population Kurdes, Arabes, Turkmènes etc et de différentes religions. Il est certes connu pour être un lieu de combat contre DAECH depuis 2014 mais aussi un territoire d’expérimentation du Confédéralisme Démocratique : c’est une alternative basée sur un fonctionnement sans Etat, théorisé par Abdullah Öcalan, créateur du PKK (Partie des travailleurs du Kurdistan). Rappelons-le, emprisonné et mis à l’isolement par l’Etat Turc depuis 1999, il lutte depuis des décennies pour la reconnaissance de la culture Kurde, de sa langue et son droit à exister, qui résonne avec celles de milliers de prisonniers politiques en Turquie (Maires, Élus, profs, militants des droits humains, journalistes etc).

Le PKK, n’est pas une organisation terroriste comme l’Etat Turc voudrait nous le faire croire et comme le PNAT nous en fait le raccourci, sans rappeler le contexte et les milliers de morts causés par cet dictature Turque, pays de l’OTAN, qui n’a de cesse de perquisitionner, torturer, enfermer, assassiner, bombarder les Kurdes en Turquie mais aussi dans le Nord-est Syrien et en Europe.

Au Rojava l’expérimentation de ce système politique se base sur la complexité de ce territoire : pouvoir vivre ensemble sur un même espace peu importe sa religion ou sa culture, développer une économie respectueuse et solidaire, donner les mêmes droits aux femmes que les hommes offrir à chacun la possibilité de s’auto-défendre, écouter la jeunesse, mais aussi des bases écologiques et démocratiques, et une justice restaurative ; dans le civil comme dans l’armée.

Enfin le squat du Pum, là où furent arrêtés 2 des prevenu.es le 8 décembre 2020 et qui serait un repère de l’ultragauche violente. Un immense squat d’un hectare de hangars en plein Toulouse, ouvert juste avant le confinement et qui aura tenu 3 ans. Dans cette ville en marche forcée pour la gentrification, défigurée par les ambitions d’un maire au service de l’industrie de l’armement et de l’aéronautique, se loger est inaccessible pour des milliers de personnes pauvres.

Tenir un lieu de vie squatté sans être assiégé par des milices antisquat, des journalistes et des flics n’est pas une mince affaire aujourd’hui à toulouse.

Au Pum on a pu accueillir, expérimenter, organiser et partager un paquet de trucs sans se faire trop emmerder, jusqu’au 8 décembre 2020. Après l’enfermement de nos ami.es nous n’avions plus d’autre choix que la solidarité et se serrer les coudes. Dans cette tourmente on a quand même continuer de faire ce en quoi on croyait, on ne voulait pas que la répression nous en empêche, on a mis les bouchées doubles, on s’est un peu épuisé.es. Et mr le procureur et mme la juge c’etait un peu plus que des « activités ouvertes a tous » ou des « ateliers ». On essayait ici de partager des valeurs politiques et des modes de fonctionnements. On questionnait nos rapports empreint d’oppressions systémiques, on accueillait ouvertement tout en assumant des valeurs politiques radicales, on tentait de construire l’autogestion, on a fait vivre la solidarité en acte.

On va pas se mentir non plus, ya eu quelques contradictions, on aimait un peu trop faire la fête et parfois c’était un peu crado. Mais ce qu’il nous reste et qu’on ne nous prendra pas même si le pum n’existe plus ce sont ces liens encore une fois si forts qu’ils continuent de nous unir et de nous rassembler, c’est cette solidarité, puissante qui n’en déplaise aux procureurs, n’est pas un  » mot d’ordre » mais une force politique et humaine. On pense à Zurab et Abdel. C’est aussi le sentiment qu’on est capable de vivre au coeur d’un ville l’autonomie et la résistance à un monde qui nous oppresse.

PRISE DE PAROLE DES MAMANS DES INCULPÉ·ES

Mères dinculpé.e.s

Nous, des mères d’inculpé.e.s du 8 décembre, nous ne nous connaissions pas mais nous sommes toutes prises dans la même tourmente et nous voulons apporter notre témoignage.

Éparpillés aux 4 coins de France ils ne se connaissaient pas tous, et pourtant ils sont accusés « d’association de malfaiteurs à caractère terroriste » : les inculpé.e.s du 8 décembre 2020.

Les choix de vie de nos enfants, qui peuvent être différents des nôtres, sont guidés par des valeurs humanistes, altruistes et de solidarité (soutien aux migrants, sdf, personnes en situation de handicap, protection animale, nature…), valeurs que nous leur avons inculquées.

Celles-ci les ont menés à s’engager pour des causes environnementales auprès de populations en souffrance ou persécutées.

Le 8 décembre 2020 a été pour nous toutes un cataclysme. Depuis, nos vies ont été complètement bouleversées, mises entre parenthèses. C’est ce qui nous a amené à nous rencontrer, pour partager notre stupéfaction, nos incompréhensions, nos blessures, et nous épauler.

Soutenir nos enfants dans cette épreuve est devenu notre principale préoccupation. Nous déplorons le portrait que l’on a dressé d’eux et, plus encore, que l’on puisse leur tenir des intentions terroristes ou une volonté de causer du mal à autrui.

Cette épreuve nous permet de mieux comprendre les engagements de nos enfants et notre confiance en eux reste intacte.

COMMUNIQUÉ FÉMINISTE

Nous nous adressons à vous ce vendredi 27 octobre en tant que féministes de différents horizons, en tant que proches et soutien de cette affaire du 8 décembre.

27 octobre, le fameux, le désiré 27 octobre que nous avons souhaité de tout notre coeur parce qu’il marque la fin du procès de nos camarades et, nous le souhaitons, la fin de trois longues et terribles années de souffrances et harcèlements judiciaires. Nous réclamons la relaxe de l’ensemble des inculpées du 8 décembre pour l’Association de malfaiteur terroriste dont iels sont accusées.

En tant que féministes , nous avons réagit tout le long de ces trois années. Pour dénoncer par des tribunes  » des arrestations sans fondement et les pressions exercées contre les personnes cherchant à exercer leur droit à la critique et à la manifestation.  » et contre la répression d’État en affirmant « nos peur et notre colère face à la course sécuritaire menée par le gouvernement », nous étions là le 3 octobre lors du rassemblement d’ouverture de ce gigantesque procès dont les contours flamboyants ont laissés d’autant plus apparaître la « coquille vide » de ce dossier d’instruction.Nous étions là pendant ce mois de procès et nos yeux se sont parfois ecarquillés, et nous avons souri devant la nécessité pour certains inculpés d’expliquer leur comportement de gros virilo, rigolo, parfois pas très malin devant 3 juges femmes, les regardant de haut et ne comprenant pas très bien ce qui était là en jeu. Mais si la nécessité de continuer à porter nos combats dans nos milieux nous ai apparu alors, c’est bien à coté de nos camarades que nous nous tenons fières.

Nous sommes particulièrement féministes, notre féminisme est intersectionnel, et nos intérêts politiques ne se limitent pas aux violences sexistes et sexuelles. Nous sommes là où l’on nous attend, et là où on nous attend moins. Les affaires de répression politique nous concernent. Les affaires de répressions nous concernent. Nous serons toujours là et nous apporterons notre soutien indéfectible à toutes les victimes d’un Etat policier qui souhaite museler nos luttes, d’un Etat capitaliste et patriarcal qui nous exploite et nous place au service. Nous serons toujours là pour apporter nos critiques, nos analyses et à chaque endroit où le patriarcat prend forme et s’exerce.Si ce procès a laissé apparaître l’importance de nos luttes féministes, c’est bien auprès de la société toute entière et auprès de nos institutions qu’elle s’est rendu visible, cette importance. Au point de nous éblouir.

Nous revendiquons le droit à la critique de nos institutions.

Durant ce procès, Quand une critique politique de l’institution judiciaire est apportée par une des inculpée, une juge s’étonne : « croyez-vous en la justice ? » 

Il a suffit de dire que cette institution étatique ai des biais sexistes, racistes, et classistes, pour que les juges se sentent attaquées, et que la suspicion croisse. « Dans quel cadre portez-vous ces réflexions ? » Renchérit cette juge assesseure. « La justice se rend au nom du peuple français ! » scandé comme une cape d’invinsibilité ou un talisman de protection.

Un frisson nous a toustes traversé alors. Bourdonnement, sueur. Mauvais film. 

Nous devons l’affirmer haut et fort : la critique des institutions, nous les portons aussi. Et c’est bien la base de tout fonctionnement démocratique : les critiques du fonctionnement de la cité concernent tout le monde, elles sont nécessaires pour l’amélioration des institutions, quand il s’agit de les améliorer. Si on voulait parler leur langage, on parlerait de « devoir citoyen ».

«  Ne soyez jamais d’accord avec le monde tel qu’il est », reprendra Mr Arnaud à la fin de sa plaidoirie. C’est bien de ça dont il s’agit ici, c’est bien ce droit ou ce devoir moral que l’on se doit de plaider, et pourtant on nous dit que ce ne sont pas pour leurs idées que les prévenues sont à la barre.

Nous devons critiquer, et nous devons dénoncer les oppressions commises par la Justice, la Police, la Prison. Nous sommes trop nombreux.ses à l’avoir répéter, depuis trop longtemps : les prisons sont rempli.es de personnes pauvres et subissant le racisme. La surveillance et les violences policières sont exercées en majorité sur les personnes des quartiers populaires, ou des départements ulta-marins, et en majorité par les personnes qui ne sont pas perçues comme blanches. Cette surveillance et ces violences ne sont pas seulement plus fréquentes, régulières, banales, elles sont aussi d’une intensité incomparable avec ce que vivent les personnes plus bourgeoises, et les personnes blanches. Et lorsque des crimes policiers sont dénoncés, c’est quasiment systématiquement des non-lieux que la « Justice » conclue. Idem pour les meurtres commis par les représentants de l’État dans les prisons françaises. Les vidéos sont perdues, les agents ne répondent pas, ne se présentent pas au tribunal, les éléments ne sont pas rassemblés pour faire la vérité sur les faits.

Nous avons l’habitude de voir l’institution judiciaire couvrir des violences commises par d’autres services de l’État. Comme si l’institution Judiciaire n’avait pas comme seul horizon le fait de faire apparaître la vérité, et de le faire de manière juste et équitable pour tout le monde.

Des crimes sont des « non-lieux » quand ce sont des policiers ou des matons qui les commettent. Mais quand des personnes pauvres, punk dont les modes de vie sont éloignés des normes de la bourgeoisie, et qu’elles sont assimilées à « l’ultra-islamo-gauche », alors elles n’ont pas besoin d’avoir haussé le ton sur un policier pour être accusées de vouloir le tuer. Un policier ou n’importe quel autre « représentant de l’État » d’ailleurs, comme le dit la note de judiciarisation : pas besoin de préciser la cible, du moment qu’elle a l’air de faire partie de ce bloc solidaire des « institutions étatiques » Alors c’est un ennemi qui est désigné. Et ici, c’est revenu, toujours et continuellement revenu au point de connaître les retranscriptions des sonorisations par coeur, ces mots et cette colère contre les agissements de la police devenues preuves de culpabilité.

Alors oui, nous faisons difficilement confiance aux institutions étatiques. Ce procès, ça nous a pas aidé. Et il était dur à entendre lors du réquisitoire des procureur.es, qu’il était reproché aux inculpé.es de ne pas se remettre suffisamment en question. C’est un peu dur à entendre si on peut se permettre. De la part de celleux qui se sont continuellement insurgés que ce soit une possibilité.

Alors oui, nous sommes scandalisées que tout au long du procès ce soit beaucoup des colères, des critiques, des livres politiques et des lectures subversives qui soit reprochés, analysés, martelées. Nous sommes scandalisé.es que l’on doive s’expliquer à la barre sur les livres de nos bibliothèques.

Conflit intérieur, doit-on prendre note des nombreux éléments sur la securité informatique devoilés dans cette affaire et se rendre aux cryproparties dont on a eu la publicité, doit-on prendre note des lectures qui peuvent passer en éléments à charge et les mettre sous tails en arrivant à la maison ? Ou doit-on revendiquer haut et fort notre droit à la critique? Nous choisissons la seconde option. La première à l’air contre productive. 

Nous avons noté et observé que dans ce procès , de nombreuse femmes entouraient les prévenues, nous ne sommes pas étonnées. La plupart des femmes qui subissent les violences du système carcérale sont des proches de personnes jugées, punies, enfermées. Ce sont surtout des femmes que l’on retrouve aux parloirs, « près de 9 visiteurs sur 10 sont des visiteuses. Si l’on pouvait s’y attendre pour les conjointes, puisque les hommes représentent 96,6 % de la population carcérale, c’est plus étonnant pour les autres proches (8 fois sur 10 une mère) ou les frères et sœurs (3 fois sur 4 une soeur ) »Elles tiennent dans la durée pour soutenir leurs proches, elles prennent soin. Mais il y a aussi des femmes et des minorités de genre en prison : nombre d’entre elles ont lutté contre des violences patriarcales qu’elles subissaient, en faisant « usage de la violence » parfois, pour s’en tirer. Et toutes les personnes qui ne sont pas cisgenre subissent la transphobie à son apogée dans les prisons. Les prisons ne constituent pas des solutions pour nous, nous en dénonçons la violence et l’inefficacité. Notre féminisme est anti-carcéral, nous agissons pour la transformation des comportements et de notre culture, nous souhaitons combattre les oppressions en tant que systèmes et non pas les personnes qui les commettent. Car nous savons que les réalités des prisons à l’heure actuelle n’améliore pas les vies, elles ne font que faire tourner un système où les pauvres sont punis, et les bourgeois punissent, ou alors s’enrichissent sur ce système, ou s’enrichissent malgré ce système. Car quand on a le sou dans ce monde capitaliste, on n’a pas peur d’aller en prison, cela n’arrive pas. On vaut mieux que ça. Alors oui, nous l’affirmons même si cela semble répréhensible : nous critiquons les institutions étatiques : l’action de la Police, de la Justice et des prisons françaises augmente les violences racistes, classistes et sexistes dans nos vies. Même si parfois, nous ne trouvons d’autre solution que de demander la reconnaissance et l’action de la Justice quand nous sommes en danger, ou victimes d’actes répréhensibles, et que nous ne pouvons nous le reprocher. Malgré cela, nous ne sommes pas dupes : l’État n’est pas notre allié dans la lutte contre les oppressions, il est plutôt notre ennemi politique, et tant mieux si cela hérisse les poils de M. le procureur.

Durant ce mois de procès, nous a été rendu visible un combat, celui de camille, la seule inculpée femme. Il a pris de l’importance, il a eu ses victoires parfois parce que répété et porté à bout de bras. Nous savons que c’est tout au long de l’instruction judiciaire que ce combat à du se mener. Ayant partagé une relation intime avec le principal accusé , elle a du d’abord combattre pour ne pas être réduite à cette place dans cette relation. Elle a du s’en défendre, et se battre pour être considérée pour elle-même, pour que sa parole soit entendue, prise au sérieux. Pour son auto-détermination. Alors, le parquet et les juges l’ont bien entendues, ont compris au fur et a mesure que les questions qui ne la concernait pas, ne la concernait pas et diront qu’elle n’est pas poursuivi pour etre LA compagne. Mais comme dira son avocate Maitre chalot, c’est sous le prisme d’un aveuglement amoureux qu’elle est apprehendée dans le dossier et on la pense toujours plus determinée par la passion que par la raison remettant en cause la crédibilité de sa parole et lui niant sa possibilité d’indépendance. Et cela jusqu’au bout. Elle a du se battre pour se défendre de stéréotypes et placer de la nuance dans chaque portrait qu’on a essayé de lui coller, les rendre inefficient en apportant de la complexité.Il y a eu La compagne, puis, à s’en défendre pour réclamer le droit d’être entendue, la manipulatrice, celle qui serait la plus empreinte  d’une idéologie violente et qui insidieusement influencerait le groupe et La passionnée qui soutient inconditionnellement sans penser par elle meme.

Nous ne pouvons accepter d’être caricaturées selon ces stéréotypes sexistes. Si ceux-ci nous cantonnent dans des rôles souvent  infantilisants nous assignant au silence, quand nous sommes renvoyées à la figure de la femme perfide ou passionnée , ils peuvent aussi nous mettre en danger.

La juge n’a pas eu de retenue quand il s’agit de fouiller l’intimité des femmes. L’instruction  notera que camille n’a pas d’enfants alors que cela ne sera pas mentionné chez ses compagnons d’infortune comme le précisera son avocat. 

Alors oui, nos combats se mènent partout et nos critiques nous apparaissent nécessaires.

Après la mise à nue imposée par l’incarcération, les interrogatoires, la surveillance extrêmement intrusive dont les accusé.es ont fait l’objet, il a fallu lutter pour leur dignité, pour être entendu, pour être cru. Et la juge s’etonnera durant le procès : « vous avez l’impression qu’on ne vous écoute pas ? » Oui, c’est un constat. Il suffit de compter le nombre de fois où une seule question est posée. On doit atteindre une dizaine pour les questions favorites.         Cette procédure de surveillance et de contrôle à l’encontre de nos camarades a été beaucoup contestée par la défense lors de ce procès, sur de nombreux points. Pourquoi si peu d’écoutes retransmises ? Pourquoi est-il si difficile d’accéder aux enregistrements originaux ? Pourquoi les agents qui ont produit la plupart des PV versés au dossier ne sont-ils pas convoqués ? Pourquoi le procureur est-il si agressif lorsque la défense cherche à équilibrer les droits des parties dans ce procès ? Quasiment toutes les demandes de la défense ont été reléguées à la fin du procès – autrement dit : rejetées.        Non, ce que nous avons vu durant ces 4 semaines de procès, ce n’est aucunement la « recherche de la vérité ». Au contraire, il s’est plutôt agit d’une guerre de discours, avec de multiples tentatives – relativement foireuses – de faire correspondre des paroles et des actes à des suspicions préalablement établies.

Alors oui, nos critiques nous paraissent nécessaires.

On nous dira, que non, ce n’est pas l’engagement au Rojava dont il est question ici et pourtant Rojava, rojava , rojava… comme un bruit de canard en trame de fond.

Nous revendiquons un féministe internationaliste et nous nous nourrissons des réflexions et des analyses de nos camarades kurdes, iraniennes, chiliennes et de toutes les femmes qui luttent au quotidien pour la vie et la liberté et contre un monde mortiphère.

Une internationaliste s’etant rendue au Rojava dira : « Je suis touchée à la fois par l’esprit internationaliste de ces femmes et par leur perspective historique. Malgré la menace permanente de guerres et de violences patriarcales sans nom, elles entendent lutter non seulement pour leur propre libération, mais pour celle des femmes du monde entier. »

Femme, vie , liberté . Nous resterons debout.

Semaine Internationale des Solidarités: un grand merci aux à nos compagnon·es du monde!

Ces derniers jours, des dizaines de collectifs et compagnon·es nous ont envoyé de la force et du soutien depuis leurs territoires en lutte. Il en ressort de beaux témoignages de solidarité et des paroles fortes qui font chaud au coeur. C’était le deuxième appel à solidarité internationale envers les inculpé·es du 8/12.

La première journée de soutien international avait eu lieu le 4 avril 2022 pour l’anniversaire de Libre Flot qui était alors en grève de la faim contre l’isolement carcéral illégal que lui imposaient Éric Ducont-Moretti (Ministre de l’Ajustice) et Jean-Marc Herbaut (Juge d’Instruction Antiterroriste). C’était une belle réussite, l’usage de la torture blanche à l’encontre d’un militant internationaliste avait été mise en lumière devant plusieurs ambassades et consulats français partout en Europe! Et Libre Flot était libéré au même moment.

Parce que nos luttes s’affrontent partout aux même systèmes de domination, merci pour ces gestes qui brisent l’isolement et rappellent à touxtes que la solidarité n’a pas de frontières et que notre liberté dépend de la liberté des autres.

Merci pour cette force qui nous accompagnera jusqu’à la fin du procès (et encore après!). Une pensée particulière à touxtes les camarades emprisonné·es et au front.

Que vivent nos luttes! Que vive la solidarité!

Soutien812bzh.

VARSOVIE – « Every single ray of light can dispel the darkness. »

As part of the Week of Solidarity with Anarchist Prisoners, ABC Warsaw together with the Belarusian Anarchists in Warsaw and the Pramen collective, organized a day of solidarity, which was attended by dozens of people. During the event, we talked about the history of the Week of Solidarity, wrote letters and signed postcards for anarchist prisoners from all over the world, read their letters and stories, admired prisoners’ art, watched a theme-related film and discussed it. Finally, we expressed solidarity with the comrades persecuted in France.

The meeting was held in a warm and comradely atmosphere with tea and delicious vegan treats prepared by the organizing group.

We thank all the participants for remembering our comrades. Solidarity is our main weapon in the fight against oppression and repression. Solidarity helps us to survive both individually and collectively. It brings light into this dark world. We must remember that every single ray of light can dispel the darkness, but only together can we bring dawn.

Until all are free!

Anarchist Black Cross – Pramen – BAW

GENÈVE – « Les vrais malfaiteurs sont au gouvernement! »

De Tarnac à Mauvaise Intention, de Bure aux inculpé.es du 8/12, et plus récemment des GAV et procès autour des Bassines et Bouc-bel-Air, le gouvernement cherche depuis toujours à nous nuire et nous réduire via l’arsenal répressif complet bien connu. Solidarité avec les inculpé.es dans l’affaire du 8/12, tout le monde sait que les vrais malfaiteurs sont au gouvernement, dans les banques, la finance et les conseils d’actionnaires ! Solidarité internationale avec toustes celleux qui veulent voir ce monde partir en fumée ! Nik la SDAT !

Berne – « Contre la répression, la solidarité est notre arme. »

Dans l’affaire du 8 décembre 2020, neuf personnes aux engagements politiques divers et originaires de différentes régions de France ont été arrêtées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elles ne se connaissent pas toutes entre elles. Elles avaient cependant comme point commun dans leur entourage une même personne qui avait participé au Rojava à la lutte contre Daech jusqu’en 2018 et qui était, depuis son retour, une cible du DGSI. Sept des inculpé-es sont désormais poursuivi-es pour “association de malfaiteurs terroriste”. Et ce, sans qu’aucun délit ou crime n’ait été reconnu. Leur procès aura lieu du 3 au 27 octobre à Paris. Ce sont les opinions politiques et l’engagement internationaliste des accusé-es qui sont criminalisés. Mais la portée du procès est beaucoup plus large et il s’agit pour l’Etat d’utiliser les lois antiterroristes pour attaquer les mouvements de contestation.

Répression du mouvement de libération kurde en France

La population kurde est depuis de nombreuses années la cible de l’antiterrorisme d’État en France. En 2021, plus de 800 personnes ont été interrogées par la DGSI et 11 d’entre elles ont été condamnées pour appartenance au PKK, considéré comme une organisation terroriste par l’État français pour des raisons politiques. L’État français est également impliqué, avec les services secrets turcs, dans l’assassinat de six militant-es kurdes à Paris : Sakine, Fidan et Leyla en 2013 et Emine, Abdulrahman et Mir en 2022.

Utilisation des lois antiterroristes pour criminaliser les mouvements de protestation en Europe

Dans plusieurs pays européens, des lois élaborées au nom de la lutte contre le terrorisme sont utilisées contre l’ensemble du mouvement anticapitaliste. En France, des militant-es des “Soulèvements de la Terre” ont été arrêté-s par la direction antiterroriste, alors que le gouvernement tentait de dissoudre le mouvement. En Italie, 10 anarchistes ont été arrêté-es cet été et inculpé-es d’“association en vue de commettre des actes de terrorisme” (art. 270 bis c. p.) et d’“incitation au crime” (art. 424 c. p.). Ceci parce qu’elles avaient contribué à la publication du journal anarchiste radical Bezmotivny. En Allemagne, plusieurs révolutionnaires de Turquie et du Kurdistan ont été condamné-es pour avoir “formation d’une organisation terroriste”. Ils et elles sont membres du PKK ou d’autres groupes révolutionnaires de Turquie, qui sont considérés comme des organisations terroristes, bien qu’elles combattent Daech. En Allemagne également, Lina et trois autres antifascistes ont été condamné-es à de longues peines de prison en vertu de la loi antiterroriste. Toujours en Allemagne, des unités antiterroristes ont perquisitionné les domiciles de militant-es de “dernière génération” qui pratiquent la désobéissance civile, notamment en bloquant des routes. Les perquisitions contre les 7 activistes ont eu lieu sur la base de l’article 129 : “formation d’une organisation criminelle”. L’Etat suisse va même un peu plus loin. La loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT), entrée en vigueur en 2022, autorise une définition du terrorisme encore plus large que celle de nombreux autres pays européens. Elle permet de qualifier une personne de terroriste potentielle avant même qu’un crime n’ait été commis, à l’instar des accusés du 8 décembre. En 2019, un antispéciste a passé 11 mois en détention provisoire à Genève parce qu’il était accusé de vandalisme. En 2023, c’est Jeremy*, un militant écologiste, qui a passé plusieurs mois en détention préventive, accusé d’avoir saboté des engins de chantier du cimentier Holcim.

Contre la répression, la solidarité est notre arme.

Nous vivons dans un monde ou les États mènent des guerres pour lesquelles nous devons ensuite payer, si ce n’est fuir ou mourir. Un système qui assure à quelques-uns une richesse incommensurable laissant aux autres l’exploitation, de la famine au burnout. Un système qui rend notre planète inhabitable pour une grande partie de l’humanité. Face à de si sombres perspectives, il est juste de s’organiser et de lutter contre ce système. Se retrouver accusé-e de terrorisme par des Etats qui protègent un système d’une telle violence est un signe qu’on a réussi à le faire trembler. Et quand des failles s’ouvrent cela renforce notre détermination et notre confiance en notre force collective.

Voir le communiqué entier (et la vidéo) ici: https://renverse.co/infos-locales/article/rassemblement-en-soutien-aux-inculpe-o-es-du-8-12-4148

BASSE-SAXE (ALLEMAGNE) – « Keep fighting for Freedom – everywhere! »

We chose to paint a picture in solidarity with the comrades accused of « ulra-left terrorism » by the French state. To Fight for Freedom with thought and spirit and live in a collective and solidary manner shouldn’t be a crime, but is often reframed by the state violence to discredit our revolutionary thoughts and activism. With our solidarity we want to make clear, that we are aware of this logic and don’t intend to ignore if comrades are meant to be silenced by the representatives of this destructive system.

Keep Fighting for Freedom – everywhere!

FRANCFORT (ALLEMAGNE) – « We send all our loving comradeship and strength. »

We comrades in Frankfurt am Main, Germany, and international ones from different geographies gathered to send a little message of solidarity together to the comrades affected by the repression of the French state, to their families, loved ones and hard working support committees!

We are alltogether extremely concerned about the development of ‘anti-terrorist’ laws and institutions in France, that are harassing minority communities and individuals as well as leftist activists. Antifascist, feminist, enviromentalist and/or anarchist comrades are simply human beings who listen to their conscience, who choose to not ignore the brutal physical or mental onslaughts on women – who are suffering sexism everywhere on the world – , workers – who are being exploited and forced to spend most of their time following orders just to make a living -, colonised peoples – who until today didn’t reach their legitimate freedom, but still brought to the scratch to be killed or subordinate under further oppression – , queers – who are deprived of their right to exist – , migrants – who are forced to leave their homelands because of wars and starvation, caused by nothing less than the capitalist greed for profit of the so-called ‘first world’, just to see themselves spit on when they (eventually) manage to arrive in what they hoped would be a safe place – and nature – who is being killed and destroyed rapidly and irreversibly, we’re sawing off the exact and real branch we’re sitting on.

So the sentient human beings who choose to not ignore the outrageous overall conditions, who choose dignity for themselves, everyone and nature, who choose struggle often accompanied by hardships and pain rather than the comfortable life of indifference, THEY are being framed as ‘terrorist’.

This is just a FARCE depicting the mechanical stupidity and excruciating hypocrisy of the regime of power. We are concerned about the way this farce is being pompously staged against the comrades in the December 8 case, attempting to contribute in legitimising all the different ‘security’ laws, concealing of police violence and different measures established in the last years to exorbitantly and ultimately control society to keep them from raising their voice. To us it’s clear that leftist/anarchist comrades that are brave enough to not duck their head down and stand up for their ideals of equality, are attempted to be depicted as a figurehead and punished to bury the very same ideals.

We send them all our loving comradeship and strength for the upcoming trial!

Some friends from Frankfurt and elsewhere

TOUL – « Nous voulons un monde basé sur la solidarité et la liberté. »

Cette semaine, dans les villages autour de Toul (Lorraine), on a collé des affiches contre le projet de nouvelle prison à Toul (affiche) ; contre la prison en général ; et en solidarité avec les inculpé.es de l’affaire du 8 décembre 2020 qui passeront en procès à Paris du 3 au 27 octobre prochain.

Dans son obsession répressive, l’État souhaitait déjà la construction de 15 000 nouvelles cellules d’ici 2027, dont une prison expérimentale à 100% basée sur le travail à Toul. En juillet, et suite aux émeutes, la création de 3 000 cellules supplémentaires a été votée à l’assemblée nationale, ce qui pourrait faire grimper le nombre de cellules de prison à 78 000 en 2027 (parfois occupées par 2, 3,.. détenu.es…).

En parallèle de l’augmentation du nombre de flics et de caméras, construire toujours plus de prisons, pour enfermer toujours plus… Pour reprendre quelques lignes d’une affiche qu’on a collée, « nous sommes contre la prison parce que nous voulons changer radicalement cette société, pas nous intégrer pacifiquement dans ses métropoles, ses quartiers d’affaires sécurisés, ses places aseptisées et ses supermarchés. Nous sommes contre la prison parce que les règles de cette société sont basées sur le fric et la compétition et que nous voulons un monde basé sur la solidarité et la liberté, un monde dans lequel les accords réciproques sont les fondements du vivre ensemble. »

Dans un prolongement de nos sentiments anti-carcéraux, nous avons aussi voulu exprimer notre solidarité aux inculpé.es de l’affaire du 8 décembre. Alors que se généralise de plus en plus la prise d’empreinte et de photos en garde-à-vue, la prise d’ADN, la surveillance ciblée et de masse via les moyens de communication numérique, ainsi que le chef d’accusation d’« association de malfaiteurs » ; avec l’affaire du 8 décembre, un cap a été franchi dans la militarisation de la répression.

Des personnes ont été emprisonnées pour leur affiliations – supposées – à une idéologie dite « d’ultra-gauche » ou de mouvances internationales. L’absence d’une solidarité d’ampleur a laissé les mains libres à Darmanin pour continuer sur cette voie de l’assimilation des opposant.es politiques à des terroristes. La perfection des outils répressifs sur les un.es, permet toujours la répression des autres.

Les récentes interdictions de se rassembler et les réquisitions concernant les évènements de soutien aux inculpé.es du 8 décembre ne font que renforcer la nécessité et la détermination de notre solidarité.

Soutien aux inculpé.es du 8 décembre 2020,

Soutien à toutes les personnes emprisonné.es ou subissant la répression d’État,

A bas l’État et le capitalisme ! Feu aux prisons et aux tribunaux !

Retrouvez le communiqué ici: https://manif-est.info/Toul-Collage-anti-carceral-et-en-solidarite-avec-les-inculpe-es-du-8-12-2565.html

HELSINKI (FINLANDE) – « Activists are not terrorists! »

RiseUp 4 Rojava Finland responds to your action call.

On 19th of September we conveyed your message to the French embassy in Helsinki. We stand in solidarity with the accused of 8.12.2020 and demand that the French state stops criminalising international solidarity activities. These activists are not terrorists – terrorists are those who hold weapons of mass destruction and the most powerful armies in history, who destroy our Earth and exploit its resources and who enslave people and massacre the resistance.

Terrorists are Erdoğan and other bloodthirsty dictators!

Whole post can be found on our instagram page @r4r.hki

Bijî berxwedana Kurdistan

RiseUp 4 Rojava Finland

BURE – « Pièce à ajouter au dossier. »

A l’approche du procès, depuis Bure, on réaffirme notre solidarité avec les inculpé.es du 8/12. On n’a pas pu ressortir la précédente banderole, mais l’idée est là. Bisous et force à vous.

https://anarchistburecross.noblogs.org/post/2023/09/24/bure-piece-a-verser-au-dossier-du-8-12/

VIENNE (AUTRICHE) – « We have to organize internationally and fight together against repression. »

Solidarity with those affected by repression in the December 8 case in France !

7 comrades are facing a trial in Paris in October: they are accused of forming a « criminal organization of terrorist criminals ». At the center is a friend and comrade who fought in Rojava in 2017 as an internationalist alongside the YPG/YPJ against the Islamic State and participated in the liberation of the IS stronghold of Raqqa.

We see the surveillance and repression of pro-Kurdish, internationalist fighters in other countries as well, because there is nothing states fear more than the internationalization of our movements. That is why we have to organize internationally and fight together against repression.

International solidarity now!

Greetings from Vienna

CALAIS – « Soutien depuis la frontières nord! »

Banderole lors de la manifestation contre les CRA et toutes les prisons du dimanche 17 septembre 2023 à Calais.

Force à vous pour la suite, soutien depuis la frontière nord !

Actions à la frontière française nord contre le projet de nouveau CRA

ALBI – « Répression anti-terro vs terreau révolutionnaire »

EUSKAL HERRI – « Nous sommes toustes des terroristes. »

Banderole affichée à un concert: « Si la militance est du terrorrisme, nous sommes toustes des terrorristes. Rassemblement avec les inculpé.es du 8/12. La lutte, la lutte, toujours la lutte ! »

GESPE’GEWA’GI (QUÉBEC) – « Notre solidarité n’a pas de frontières. »

Nous écrivons depuis un territoire qui porte le nom de Gespe’gewa’gi, nommé ainsi par les peuples Mi’gmaq qui l’habitent. Ce territoire est aussi connu sous le nom colonial de Gaspésie, situé au Québec, province de l’Etat-Nation colonial Canadien.

Nous nous sommes réunis lundi [18/09] pour échanger et partager sur l’affaire du 8/12. Nous exprimons notre solidarité aux inculpé-e-s, ainsi qu’à toutes les personnes subissant la violence de l’Etat, ici comme ailleurs. Ils veulent nous faire baisser la tête par la peur, nous répondons par la détermination et la force de notre internationalisme.

Contre la violence répressive. Contre la violence coloniale.

Notre solidarité n’a pas de frontières.

ROJAVA (KURDISTAN) – « Résister, c’est vivre! »

Déclaration des camarades du Rojava: Notre solidarité aux inculpé·es du 8 décembre et aux victimes de la répression

Nous, internationalistes du Rojava, scrutons avec attention le tournant qu’est l’Affaire du 8 Décembre à l’égard de la criminalisation d’activités et d’opinions politiques en France. La Justice française décidera bientôt si le fait d’avoir des convictions politiques socialistes et anarchistes est un crime.

Si un mode de vie qui essaie de se tenir éloigné d’un système capitaliste qui pousse à l’individualisme et l’égoïsme justifie l’utilisation de tortures psychologiques telles que l’emprisonnement, les fouilles à nu ou l’isolement total. La Justice devra se prononcer sur le fait de traiter comme un terroriste une personne qui a choisi de mettre sa vie en danger pour combattre Daesh, non seulement pour le Moyen-Orient, mais pour le monde entier.

Alors même que des problèmes systémiques ravagent notre planète, que la faim et la mort sont organisées en toute décontraction par les politiques anti-migratoires, par la privation d’eau, par le libéralisme extrême, alors que des révoltes populaires faisant dates éclataient il y a peu après l’assassinat de Nahel, soulignant l’ampleur du malaise social et de la violence dans laquelle nous sommes jeté·es, la DGSI, dans toute sa clairvoyance, s’attaque au problème intrinsèquement vital de l’airsoft et de la conception amatrice d’explosif.

Les faits reprochés à nos camarades n’ont pas à être l’objet, dans un pays de droits, de chefs d’accusations terroristes. Si la DGSI ou le PNAT peinent à voir des d’ennemi·es valables, nous avons malheureusement une liste bien longue à leur montrer. Nul besoin d’imagination face à la réalité de notre monde.

Que faisait d’ailleurs la DGSI et le PNAT lorsque les attentats contre nos camarades kurdes – en particulier nos camarades femmes – étaient préparés ? Qu’elles·ils étaient assassiné·es dans les rues de Paris ?

L’usage de tortures psychologiques contre des personnes en raison de leurs opinions et expériences politiques est dans la même lignée que les violences infligées aux Gilets Jaunes, aux écologistes de Sainte-Soline ou aux révolté·es des émeutes.

Quand la répression politique se fait de plus en plus forte et de plus en plus systématique, il est du devoir de chacun·e de se dresser et de porter un message clair :

Non, les inculpé·es du 8 décembre ne méritent pas les traitements qu’iels ont reçu, en particulier l’emprisonnement et l’isolement.

Non, les inculpé·es du 8 décembre ne seront pas oublié·es.

Non, nous n’abandonneront pas nos idéaux politiques face à l’injustice et la violence : résister, c’est vivre.

Abandon de toutes les charges et réparations pour les inculpé·es du 8 décembre !

LYON – « Qui terrorise qui? »

PARTOUT – « Force aux inculpé·es du 8/12 »

[Bure et Nancy] Lecture-discussion : l’affaire du 8 décembre c’est quoi ?

https://manif-est.info/Bure-et-Nancy-Lecture-discussion-l-affaire-du-8-decembre-c-est-quoi-2538

Pour en savoir plus sur cette affaire, on se retrouve le jeudi 7 septembre à 17h à la Maison de Résistance de Bure et le samedi 9 septembre à 17h au Geyser (11 grande rue à Nancy), pour un temps de lecture de différents textes publiés sur l’affaire du 8 décembre, et en discuter ensemble. Ce sera l’occasion d’échanger sur la répression, la prison, l’anti-terrorisme, le Rojava et la solidarité.

LibreFlot: « À vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’auto-défense de l’Ukraine »

Après 15 mois de quartier d’isolement, au 22e jour de sa grève de la faim, après une première hospitalisation ce week-end et ayant perdu plus de 10 kilos, Libre Flot le sait mieux que quiconque : « si vous êtes des militant.es politiques, vous êtes les potentiel.les terroristes de demain ». Aujourd’hui il souhaite faire passer ce message de soutien et d’avertissement aux volontaires qui partent combattre actuellement contre l’invasion russe en Ukraine. Ses mots sont durs, et malgré le difficile accès à l’information en prison, il voit juste. Selon un article de Europe1, la DGSI est déjà entrain de contruire son récit et de tisser sa toile autours de certains volontaires.

« À vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’auto-défense de l’Ukraine. »

L’actualité en Ukraine et les engagements individuels de certain.es résonnent étrangement avec les engagements des volontaires contre Daesh. Je ne m’adresse pas aux militant.es d’extrême-droite, aux idéologies basées sur la haine de l’autre, mais à vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’auto-défense de l’Ukraine par amour de la vie. A vous qui aujourd’hui êtes encensé.es par les médias et les politiques, sachez ceci: si vous êtes des militant.es politiques, vous êtes les potentiel.les terroristes de demain, car à votre retour, tout comme moi qui ai rejoint les Unités de Protection du Peuple (YPG) et combattu les barbares daeshiens, cette expérience sera une épée de Damoclès que la DGSI et le gouvernement feront planer au dessus de vos têtes. Vous serez sûrement épié.es et surveillé.es, toute votre vie pourra être redessinée, réécrite, réinterprétée et de simples blagues pourront devenir des éléments à charge lorsque ces institutions auront décidé de vous instrumentaliser pour répondre aux besoins de leur agenda politique.

Depuis le 27 février, je suis en grève de la faim pour que l’on cesse de me traiter comme les terroristes contre lesquels j’ai combattu et ce, dans l’indifférence des médias et des politiques, sous une chape de plomb semblable à une pierre tombale.

Je finirai par ces mots d’anarchistes ukrainien.nes : « Liberté aux peuples, Mort aux empires! »

Libre Flot.

 

« Ya plus de parole perdue. »

Ce sont les mots d’un autre volontaire ayant combattu Daesh au Rojava. Alex, auteur du livre Hommage au Rojava, il témoignait au micro de Lundisoir de cette épée de Damoclès constante qui pèse au dessus de chacun de leurs mots : « c’est assez dur pour l’entourage de comprendre qu’en fait on peut pas parler librement, c’est pas possible ».

Un article d’avril 2021 du Monde Diplomatique intitulé « Combattre les jihadistes, un crime?« , constatait que « le Parlement français a adopté de nombreuses lois « antiterroristes » qui permettent de substituer le soupçon à la preuve. Comble de la perversité, ces textes servent aujourd’hui de base juridique pour traquer ceux qui ont voulu combattre le djihadisme en Syrie. »

Cela saute aux yeux, l’Etat français, via la DGSI, opère à un tri idéologique entre les personnes qui partent combattre au nom d’idéaux patriotiques et nationalistes (bons volontaires), et ceux qui partent au nom d’idéaux libertaires, anti-coloniaux et socialistes (menaces terroristes). La DGSI est une police politique, profondément antigauchiste, qui a pour mission de maintenir dans le domaine de l’impossible l’avènement d’organisations politiques bien plus émancipatrices que la forme autoritaire qu’est l’Etat-Nation.

Force à toi Libre Flot!
Liberté aux peuples, mort aux empires!

 

–> Pétition pour sa libération immédiate <–

–> Tribune pour sa libération immédiate <–

Rejoignez les signataires en écrivant à pourledroitaladefense@riseup.net

L’AFFAIRE DU 8 DÉCEMBRE: C’EST QUOI?

What is 8 december affair ? English version here!

Télécharger la brochure ici ! (format A4 ici)

L’AFFAIRE DU 8 DÉCEMBRE :
C’EST QUOI ?

L’affaire du 8 décembre 2020 est une opération antiterroriste commanditée par le Ministère de l’Intérieur contre des militant·es désigné·es par ce dernier comme des « activistes d’ultragauche » et mis·es en examen pour « association de malfaiteurs terroristes ».

La DGSI, accompagnée d’unités de polices militarisées (GAO¹, RAID), a procédé à l’arrestation de neufs personnes – que nous réunissons sous la bannière « libertaires » – dont les engagements politiques étaient divers et dans des régions différentes: soutien aux familles réfugié·es, projets d’autonomie et de lieux collectifs à la campagne, soutien aux victimes de meurtres d’État, squat d’activités politiques et contre-culturelles, écologie et défense de la cause animale, implication dans des Zones A Défendre, activisme dans la scène punk, féminisme, etc.

Ces neuf personnes ne se connaissent pas toutes. Certaines ne s’étaient côtoyées qu’une fois dans leur vie (pendant le confinement). Mais toutes avaient comme point commun une personne, ciblée par la DGSI depuis son retour du Rojava en 2018 où il avait participé à la lutte contre DAECH.

FAITS REPROCHÉS

A l’heure de leur arrestation chacun·e menait sa vie dans des régions différentes, bien que la DGSI affirme avoir déjoué un « vague projet de s’en prendre à des forces de l’ordre » et que la médiatisation se fit l’écho sans nuance de ces suspicions pendant quelques jours.

Pourtant, les inculpé·es, leurs proches et leurs avocat·es démentent ces accusations, qui sont fondées sur des « extrapolations délirantes ».

Il est reproché aux inculpé·es plusieurs « éléments matériels » qui s’étalent sur à peine deux mois et concernent des personnes différentes : la détention d’armes, la confection d’explosifs, la pratique de l’AirSoft et l’usage d’outils de communication sécurisés.

Ces faits sont soit parfaitement légaux, soit des délits qui relèvent du droit commun, et les inculpé·es sont prêt·es à en assumer les conséquences. Mais la DGSI et la Justice tentent par tout les moyens de faire entrer cela dans un cadre « terroriste ».

Pour ce faire, tout le reste de leurs activités (projets professionnels, militants ou familiaux) qui démentent les accusations est mis sous le tapis pour ne retenir que des éléments « à charge » que les techniques d’intrusion dans leur vie ont pu extraire. D’après le témoignage d’une mise en examen, « le dossier repose sur un ensemble d’éléments disparates qui n’ont globalement rien à voir les uns avec les autres mais qui, décontextualisés et racolés, permettent de construire un décors ».

La détention d’armes.

Quelques armes ont été saisies dans cette enquête. Des armes de collection inutilisables et quelques carabines de chasse appartenant à quatre inculpé·es (ou à leur famille). Rien de comparable aux arsenaux de guerre saisis en juin 2022 en Alsace ou dans l’Eure en novembre 2021 chez des néo-nazis et militaires ; sans que le PNAT ne s’y intéresse.

Deux inculpés étaient inscrits dans un club de tir et avaient un permis de chasse dans une optique d’autosuffisance. Leur participation à ce sport n’était nullement cachée, ils en parlaient régulièrement au téléphone et le gérant du club était abasourdi quand il a appris ces arrestations. Les armes dont ils disposaient, mis à part un fusil de chasse, étaient réservées au club de tir car elle ne sont pas suffisamment létales pour la chasse. Un autre inculpé avait des carabines quasi inutilisées qui servaient de temps en temps à tourner des clips.

Quatre armes illégales étaient détenues (ce qui relève d’un délit de droit commun) : un fusil à canon scié et trois carabine. Le premier était stocké dans l’habitat de Libre Flot. Il l’avait acheté sur un vide grenier il y a des années pour s’entraîner au tir avant de partir au Rojava.

Les carabines, appartenant à un autre inculpé, avaient été récupérées il y a plusieurs années dans le but de chasser ou faire peur aux nuisibles sur un terrain. Et pour l’une d’entre elle, pour son esthétique « années 30 » pour le tournage d’un clip. Dans les deux cas, ils ne possédaient pas ou peu de munitions.

La confection d’explosifs.

Au cours de l’enquête, il y a eu deux moments de confection d’explosif. L’un s’est déroulé entre deux inculpés lors d’un week-end de retrouvailles après de nombreuses années. L’un d’eux étant artificier spécialisé dans les effets spéciaux. Une quantité infime a été réalisée et aucun stock n’a été gardé.

Le second moment est arrivé quelques semaines plus tard lorsqu’au hasard du confinement, plusieurs inculpé·es se sont retrouvé·es à cohabiter dans un grand lieu collectif à la campagne pendant trois semaines. Pour tuer le temps (et pas des gens!), un après-midi a été consacrée à tenter de fabriquer du TATP² avec une recette trouvée sur internet. Une quantité infime est finalement réalisée (c’était pas gagné!) et le pétard est allumé dans les bois. Pour la plupart des inculpé·es, c’était la première expérience avec une explosion et ça ne leur a pas spécialement plu. La curiosité passée, aucun autre essai du genre n’aura lieu jusqu’aux arrestations (8 mois plus tard!).

La détention, confection et transport de matières dangereuses est un délit condamnable dans le droit commun. Encore une fois, c’est le procès d’intention et d’opinion qui permet à la Justice de transformer cela en « terrorisme ».

La pratique de l’AirSoft.

Trois inculpé·es sur les sept pratiquaient occasionnellement de l’AirSoft, une pratique sportive de simulation de tir avec des « répliques », c’est à dire des pistolets à billes. C’est une pratique parfaitement légale, pourtant deux parties d’AirSoft sont reprochées aux inculpé·es et la DGSI les considère comme des entraînements paramilitaires. Là encore, la DGSI affirme que Libre Flot se servirait de ce jeu pour former à la guérilla ses ami·es. Cela pose la question : quelles pratiques légales deviennent illégales si vous avez une expérience de guerre ?

Les outils de communication sécurisés.

La Quadrature du Net a récemment démontré – provoquant un tollé international dans le monde de l’informatique libre – comment la DGSI transformait des pratiques banales d’autodéfense numérique en un « comportement clandestin » et une « culture du secret » qui démontreraient les intentions terroristes supposées des inculpé·es. C’est le même type d’extrapolations paranoïaques que l’on retrouve à tous les niveaux du dossier, atteignant des niveaux vertigineux dans la présomption de culpabilité.

L’usage de WhatsApp, Signal, Tails, Tor, eOS, Jitsi, Telegram, (etc.) sont assimilés à des comportements pré-terroristes. Trois inculpé·es sont également poursuivi·es pour « refus de communiquer ses conventions de déchiffrement », un nouveau délit instauré par la loi du 3 juin 2016 « renforçant la lutte contre le crime organisé, le terrorisme et leur financement ». Ce délit vient fragiliser le droit fondamental de ne pas s’auto-incriminer (le droit au silence).

DÉTENTION PRÉVENTIVE (ET TORTURE BLANCHE)

Ces arrestations préventives on conduit à cinq incarcérations préventives dans des conditions extrêmes. Les détentions sont allées de 4 mois et demi de détention sous régime DPS (détenu particulièrement signalé) à 16 mois d’isolement carcéral (se terminant grâce à une grève de la faim éprouvante).

Plusieurs mesures « antiterroristes » ont été illégalement administrées contre les inculpé·es, notamment un placement à l’isolement pendant 15 mois pour Libre Flot, et d’incessantes fouilles à nu pour Camille. L’État a récemment été condamné (timidement) pour une partie de ces violences aux effets dévastateurs.

Les comités de soutien, les proches et les avocat·es n’ont cessé de dénoncer l’usage de l’isolement carcéral à des fins de « torture blanche ». Pendant tout le temps de son incarcération, Libre Flot a pris soin d’alerter sur les effets de l’isolement sur sa santé. Alors qu’il témoignait de pertes graves de mémoire, d’incapacités à se concentrer, de migraines chroniques (etc.), le Juge d’Instruction continuait (en toute connaissance de cause) à mener des interrogatoires, exploitant sadiquement la situation. En avril 2022, il daignera le libérer (sous bracelet électronique) « pour raisons médicales », après 36 jours de grève de la faim, une journée internationale de mobilisation et une Tribune réclamant sa libération. Un an après l’isolement, le préjudice reste bien présent.

INSTRUCTION A CHARGE

Les juges d’instruction désignés ont fait de cette affaire une affaire personnelle dès le début. Dès leur première interaction avec les inculpé.es, leur haine est palpable. Elle s’illustre dans leur ton excédé, leurs commentaires méprisants, leur mépris de classe, témoignant d’autant de bas instincts et de leur subjectivité.

De la même façon que la DGSI lors des auditions de témoins, de nombreux propos abjects tenus par Jean-Marc Herbaut sont complètement passés sous silence et protégés par le sacro-saint Secret du Palais. Cette vieille loi du Secret est une pratique d’omerta qui est exercée au sein de l’appareil judiciaire: « ce qui se dit en off reste en off ». Les avocat·es se risquant à ne pas le respecter perdraient un certain nombre d’avantages au sein du Palais (perte de confiance des magistrats, rétention d’information, etc.). Les témoignages de Libre Flot sont importants en ce sens, lorsqu’il s’indigne que le juge l’assimile aux combattants de DAECH (« tes petits amis de daech ») alors qu’il a lui même combattu le djihadisme au Rojava.

La première obstruction à la Défense des inculpé·es a été (outre les placements en détention) le refus de leur donner accès à leur propre dossier. La première inculpé·e libérée a dû aller en Cour d’Appel pour enfin avoir le droit d’y accéder.

Cette première obstruction avait pour but d’empêcher que la Défense (qui a besoin du regard éclairé des inculpé·es) puisse poser des requêtes en nullités (c’est à dire, faire annuler des éléments si des irrégularités sont constatées). Les délais légaux pour poser ce type de requêtes sont : six mois après les arrestations. La première inculpée n’a eu que trois semaines avant la fin de ce délai pour aider les avocat·es à éplucher le dossier et contester la légalité de plusieurs éléments. Les requêtes seront finalement toutes rejetées en bloc par la Chambre d’Instruction.

Début septembre 2021, les juges d’instruction ont été interpellé·es par des « familles et ami·es et des inculpé·es » au travers d’une Lettre Ouverte dénonçant les pratiques de la DGSI et demandant la libération des derniers inculpés, en vain.

Libre Flot a également témoigné plusieurs fois du comportement outrancier de Jean-Marc Herbaut dans son bureau : accès de colère, insultes, etc. Il dénonce dans son communiqué de grève de la faim : « les mêmes techniques tortueuses que la DGSI : la manipulation, la décontextualisation, l’omission et l’invention de propos et de faits afin de tenter d’influencer les réponses. »

Malgré cet effort pour démontrer l’indémontrable, l’instruction a été forcée d’admettre à minima que « aucun passage à l’acte imminent ne semble avoir été envisagé ». Le soit disant projet de s’en prendre aux forces de l’ordre ou à des militaires initialement « vague », s’est finalement échoué sur des sables mouvants de l’accusation politique. L’affaire ouverte en « criminel » se dégonfle donc en « correctionnelle ». Il n’y a pas de projet ! Mais se refusant à couler définitivement, l’accusation s’accroche à la bouée des jurisprudences islamophobes de ces dernières années.

Sans une once de honte, Jean-Marc Herbaut écrit dans son ordonnance de renvoi :

« Est punissable la seule participation au groupement ou à l’entente, sans qu’il soit nécessaire de démontrer une participation aux crimes ou à leur préparation. De même, il est inutile de démontrer la connaissance précise et concrète du projet fomenté par le groupe. »

Pour résumer : pas de groupe constitué, pas de préparation à des actions (ni crime, ni sabotage), pas d’entente politique, pas de préparation à la clandestinité, mais quand même coupables ?! L’idéologie de certain·es magistrat·es a définitivement fait chavirer le Droit dans des eaux bien troubles…

Au même titre que la DGSI et le PNAT, qui n’hésitent pas à verser dans le conspirationnisme le plus malhonnête pour combler la vacuité de leur dossier (on vous garde les pépites pour plus tard!). Il faut dire que le tout jeune Parquet National Anti-Terroriste tient sa première affaire d’ultragauche et il n’entend pas en démordre. Il a d’ailleurs régulièrement fait fuiter des éléments totalement faux dans la presse de droite radicale et d’extrême-droite.

Un article dans le Figaro mélangeait Libre Flot avec autre militant internationaliste, il a été modifié sous peine de plainte. Puis, suite à la publication d’un dossier d’enquête par la Quadrature du Net sur l’assimilation du chiffrement à un comportement terroriste, des représentants du PNAT affirmaient dans un colloque sur le numérique : « il y aura une riposte médiatique ». La réponse est venues quelques semaines plus tard, avec un article sur France Info qui s’acharnait encore une fois sur Libre Flot, en lui ajoutant des armes et explosifs dans son camion qui n’ont jamais existé.

RETOUR EN DÉCEMBRE 2020

Encore aujourd’hui, les inculpé·es, leurs avocat.es et leurs soutiens se questionnent sur les raisons pour lesquelles les arrestations ont été déclenchées ce fameux 8 décembre. Les inculpé·es vivaient dans des régions différentes et menaient leurs projets de vie et engagements militants distincts. Huit mois après les gestes qu’on leur reproche, l’évidence était qu’il n’y avait aucun groupe et aucune organisation en vue de réaliser un quelconque projet d’action violente.

Alors pourquoi le déclenchement de cette affaire ?

Frapper la contestation contre les violences policières

Au travers de la communication politique et médiatique qui eût lieu après leurs arrestations, on peut comprendre l’opportunité qu’à saisie Darmanin (car la DGSI est sous les ordres du Ministère de l’Intérieur, il était donc au courant depuis de longs mois de cette affaire qui se montait). Nos camarades on servi d’avatars médiatiques au service d’un projet idéologique, nommons-le : la progression du fascisme.

En Juin 2020, à la sortie du confinement, le mouvement BlackLivesMatter était à son apogée en France, avec une mobilisation historique devant le Tribunal de Paris. La question des meurtres policiers et du racisme d’État était dans toutes les bouches. La Justice condamnait l’État pour « fautes lourdes » pour des affaires de violences policières, le Conseil de l’Europe épinglait la France suite aux violences policières envers les journalistes. La vidéo du lynchage raciste de Michel Zecler passait sur tous les écrans, deux semaines avant les arrestations du 8 décembre. Les Teknivals se faisaient violemment écraser par des interventions policières et la gestion sécuritaire de la crise sanitaire faisait sérieusement grincer des dents.

Le gouvernement répondait dans l’empressement par une surenchère sécuritaire en faisant passer deux lois particulièrement graves: la loi séparatisme et la loi sécurité globale. Et en réponse à la grogne qui montait à mesure que le gouvernement répétait « il n’y a pas de violences policières », « nous allons casser du casseur » ; il fallait trouver une sortie médiatique.

Quoi de mieux pour détourner l’attention que cette vieille fable, étayée par aucun fait, des manifestant·es qui pourraient tuer du flic et plus généralement de la police en danger de mort constant ? Quoi de mieux pour étouffer les critiques ?

Le pouvoir lançait donc cette arrestation que personne n’attendait. « Vague projet d’action violente » qui viserait des « policiers ou des militaires », des « activistes violents d’ultragauche préparaient un attentat », etc. De Darmanin, à Laurent Nunez, en passant par Eric Ciotti, la droite radicalisée applaudissait les arrestations du 8/12 en promouvant les équipes de police militarisées y ayant participé.

En illustration à ces fables anxiogènes, les médias mainstream diffusaient des images de « casseurs », alors même qu’aucun fait de manifestation n’était reproché aux inculpé·es. Et le PNAT (ou la DGSI) s’empressait de faire fuiter des éléments du dossier dans Le Point, avec les photos de trois des inculpé·es.

Lois liberticides et reconquête sécuritaire

L’affaire du 8 décembre 2020 prend place dans un contexte de criminalisation des luttes, d’usage de l’association de malfaiteurs comme outil de répression politique et de montée de l’extrême droite dans une ambiance préfasciste. Depuis 2015, et plus encore ces deux dernières années, les virages sécuritaires des gouvernements successifs ont été particulièrement inquiétants.

Plus la répression devient violente, plus la « violence » des opposant·es politiques est amplifiée et diabolisée, permettant de justifier les vagues répressives et lois sécuritaires suivantes. C’est un processus parfaitement observable qui, in fine, permet de justifier les futurs meurtres policiers. Les même mécanismes s’observent pour toutes les violences d’État (pénitentiaires, judiciaires, policières), dans ce que le théoricien du post-colonialisme Achille Mbembe appelle la nécropolitique.

Cela a commencé par la criminalisation des musulman·es et des étranger·ères, qui a conduit à la mise sous tutelle et à la répression tous azimuts de toute une communauté (avec des fermetures de mosquées et d’écoles, la dissolution du CCIF et de Baraka City, des milliers de perquisitions antiterroristes dans le vide, etc.), avant de s’étendre aujourd’hui à l’ensemble des mouvements de contestation sociale, organisations militantes et antifascistes.

On assiste en quelques mois à la dissolution de la GALE, du Bloc Lorrain, du Collectif Palestine Vaincra, Comité Action Palestine, les Soulèvements de la Terre ; et la tentative de dissolution de Nantes Révoltée et de la Defcol.

Les outils de répression administratifs (relevant de la sécurité intérieure, et donc directement du ministère) se déploient également sur des activistes. Des ITF et des placements en CRA, de la surveillance poussée, des assignations.

On observe aujourd’hui comment l’institution judiciaire (même dite « de droit commun ») s’est militarisée, fonctionnant aujourd’hui main dans la main avec l’intervention d’unité de polices antiterroristes pour écraser aveuglément des supposés émeutiers.

Retour sur les derniers outils législatifs mis en œuvre pour réprimer toute contestation de l’ordre établi.

Loi SILT (30 octobre 2017)

La loi renforçant la Sécurité Intérieure et la Lutte contre le Terrorisme (SILT) est votée dans le prolongement de l’État d’urgence décrété par Hollande au lendemain des attentats du Bataclan. Entrée en vigueur le 1er novembre 2017, elle a pour objet de faire entrer dans le droit commun un ensemble de mesures de police administrative, au nom de la « lutte contre le terrorisme ».

Les pouvoirs de l’État d’urgence deviennent permanents :

  • périmètres de protection dans l’espace public

  • fermetures administrative de lieux de culte

  • mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance dites « MICAS³ », facilitant les assignations à résidence et les interdictions de paraître et de déplacement.

  • les perquisitions administratives, dites « visites domiciliaires » (pas de mandat, police antiterroriste, saisies arbitraires, etc.)

Cette loi fait sauter un grand nombre de freins au pouvoir gouvernemental qui existaient pour justement protéger la population. Elle confère de façon durable au pouvoir administratif des prérogatives étendues et particulièrement liberticides, sans contrôle de l’autorité judiciaire. Un État policier.

Elle légalise la mise en œuvre de mesures de contrainte sans fondement autres que des présomptions policières, et permet le retour massif de l’usage des « notes blanches ». Une répression qui n’a plus besoin d’élément prouvant la participation effective à la commission d’une infraction pénale, ni de détailler les motifs invoqués.

La loi renforce également les pouvoirs des services de renseignement : banalisation de la surveillance de masse et nouveaux pouvoirs de contrôle aux frontières.

Loi du 30 juillet 2021

La loi « relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement » présentée par le gouvernement Castex pendant que les Français·es sont à la plage, prolonge à nouveau un ensemble de mesures sécuritaires temporaires prévues par la loi SILT.

Ni leur nécessité, ni leur efficacité et ni leur proportionnalité n’ont été démontrées. Mais l’entretien permanent de la « menace terroriste » dans les médias et les discours politiques fonctionne toujours.

Décrets Darmanin (4 décembre 2020)

Ces trois décrets du ministère de l’Intérieur visent à élargir les possibilités de fichage dans le cadre d’enquêtes menées par la police, la gendarmerie ou encore l’administration.

Initialement, les fichiers Prévention des Atteintes à la Sécurité Publique (PASP) et GIPASP visaient « les personnes susceptibles de prendre part à des activités terroristes ou d’être impliquées dans des actions de violences collectives ».

Cette définition déjà large permettait d’y intégrer, outre des individus présentant une « radicalisation du comportement », des personnes ayant pris part à « des manifestations illégales » ou à des « actes de violence ou de vandalisme lors de manifestations sportives ».

Suite à la parution de ces décrets, les catégories de données et les catégories de destinataires de ces fichiers sont considérablement élargies, puisqu’ils permettent désormais d’enregistrer des informations concernant des personnes morales ou des groupements, comme des associations, des collectifs militants ou des syndicats.

Ces décrets permettent également aux services de police et de renseignement de pouvoir recueillir « les opinions politiques, les convictions philosophiques, religieuses, l’appartenance syndicale, ainsi que des données de santé révélant une dangerosité particulière », ouvrant encore plus la voie à la purge politique en cours.

Ces décrets élargissent la surveillance aux atteintes « à la sûreté de l’État » et « à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République ». Outre l’usage d’un terme totalement flou : « atteintes », ce n’est plus uniquement la prévention de crimes qui peut être la cible d’intrusions des services secrets, mais ce qui irait à l’encontre du respect des institutions.

On voit donc à l’œuvre un glissement sémantique qui permet au pouvoir administratif, donc à l’exécutif, d’élargir considérablement le champ d’application de ses mesures de fichage et de surveillance, dans le but de criminaliser et de neutraliser, toute opposition politique. En plus d’être une dérive autoritaire dangereuse, ces décrets permettent ainsi un redéploiement des services de renseignement sur des pans émergents de la contestation sociale.

Loi Sécurité Globale (avril 2021)

L’Assemblée Nationale examine précipitamment la proposition de la loi « Sécurité Globale » (LSG) dès novembre 2020. Déposée le 20 octobre 2020, elle passe de la Commission des Lois à un vote en première lecture en à peine un mois, alors que l’agenda parlementaire était déjà surchargé. Cette loi étend les possibilités d’une surveillance généralisée et indiscriminée de l’ensemble des personnes vivant en France.

Elle redéfinit aussi le maintien de l’ordre selon la conception militariste du « continuum de sécurité » : une manière d’englober tous les acteurs répressifs ou réactionnaires (de l’armée au voisins vigilants) dans une dynamique commune.

Ses principales dispositions prévoient :

  • Le transfert des compétences de police judiciaire à la police municipale (sous l’autorité du maire et pas de l’autorité judiciaire).

  • L’élargissement de la vidéosurveillance aux policiers municipaux, aux agents municipaux chargés d’un service de police, et à certains agents de la préfecture.

  • La transmission des images des caméras-piéton des policiers et gendarmes en flux continu vers le centre de commandement, avec usage potentiel de la reconnaissance faciale.

  • L’autorisation de la captation d’images par drones avec usage potentiel de la reconnaissance faciale.

  • L’article 24 sur l’interdiction de diffuser des images de policiers ou gendarmes en intervention. Article qui a suscité la plus grande levée de boucliers et a été retoquée par le Conseil Constitutionnel avant d’être rétabli partiellement dans la loi Séparatisme votée quelques semaines plus tard.

  • La suppression des réductions de peine pour les détenu·es condamné·es pour violence envers des personnes dépositaires de l’ordre public.

  • L’autorisation du port d’arme dans les lieux publics pour les personnes dépositaires de l’ordre public.

  • Un élargissement des pouvoirs des sociétés de surveillance et de sécurité privées.

De nombreuses manifestations ont eu lieu lors de l’examen de la loi, et de nombreuses condamnations de ce texte ont été émises, notamment par la CNCDH, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, du Haut-Commissariat des Nations-Unies aux Droits de l’Homme, du Conseil de l’Europe, de la Défenseure des Droits, de la Commission Européenne, du Conseil des Barreaux, etc.

Seul l’article 24 sera supprimé. Il a d’ailleurs été réintroduit sous une forme légèrement modifiée par l’article 18 dans la loi Séparatisme quelques semaines plus tard.

Loi Séparatisme (août 2021)

Les grandes lignes de la loi Séparatisme confortant le respect des principes de la République ont commencé à être dévoilées début octobre 2020, à la même période que la LSG. Elle est présentée en Conseil des Ministres le 09 décembre 2020. Le gouvernement a engagé une procédure accélérée pour l’examen du texte à l’assemblée nationale.

C’est une loi raciste et islamophobe qui prévoit :

  • L’extension du fichage antiterroriste.

  • Le contrôle politique des associations via le contrat d’engagement républicain.

  • L’article 18 sur le délit de « mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle », instrumentalisant le meurtre de Samuel Paty pour permettre de criminaliser la diffusion d’images de violences policières et le CopWatching.

  • Le contrôle plus strict de l’instruction en famille, des écoles privées hors contrat et des fédérations sportives.

  • Le contrôle renforcé des lieux de culte.

  • L’extension du champ d’application du Fichier Judiciaire Automatisé des auteurs d’Infractions Terroristes (FIJAIT).

Depuis sa promulgation, ce texte à été utilisé d’abord pour dissoudre des organisations musulmanes, puis pour réprimer des organisations militant·es antifascistes, antiracistes et écologistes.

C’est notamment cette loi qui a justifié les dissolutions de la GALE, du Bloc Lorrain, du Collectif Palestine Vaincra, Comité Action Palestine, ainsi que la tentative de dissolution du media Nantes Révoltée.

ÉLÉMENTS DE CONTEXTE SUR LE ROJAVA

Pour comprendre l’opération antiterroriste du 8 décembre 2020, il faut remonter en janvier 2014 lorsque l’autonomie du Rojava est proclamée. Partie syrienne du kurdistan, le Rojava est un territoire revendiqué par le peuple apatride le plus grand du monde: les kurdes.

Le PYD (Parti de l’Union Démocratique) proche du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) prend le contrôle de la zone et annonce le 9 janvier 2014 l’instauration d’une administration autonome s’inspirant du socialisme libertaire et du confédéralisme démocratique. La constitution du Rojava est adoptée le 29 janvier 2014.

En 2015, la révolution du Rojava bénéficie d’une médiatisation sans pareille dans les pays occidentaux. De nombreuses tribunes internationales (signées par les personnalités de gauche les plus reconnues) appelaient à soutenir de tous leurs vœux cette utopie naissante. Une trentaine de français·es répondront à l’appel du Rojava pour « protéger la paix en participant à la guerre de légitime défense contre DAESH et l’armée turque », ce qui n’est pas du goût de l’État français qui entretient des liens étroits avec le dictateur turc Erdogan, notamment via l’OTAN.

L’importance du Rojava s’est très vite démontrée en France lorsque les attentats sont venus frapper Charlie en 2015. Les kurdes ont été en première ligne de la lutte contre DAESH, puisqu’ils étaient sur le terrain. La Coalition Internationale (et les médias occidentaux) les ont encensés pour leurs exploits.

Leur modèle démocratique rend caducs les tentatives autoritaires de DAESH. Leur modèle pluri-ethnique (kurdes, arabes, assyriens, etc.) déjoue les divisions et tentations identitaires violentes. Leur modèle écologiste basé sur la reforestation et l’autonomie alimentaire tend à réduire la précarité alimentaire et la dépendance au climat et aux marchés mondiaux. Leur héritage féministe et paritaire contrecarre les effets nauséabonds du patriarcat. En bref, étant aux premières loges du développement de DAESH, mais aussi d’autres régimes autoritaires et militaristes surfant sur l’islam (Iran, Turquie) leur modèle s’est construit en opposition radicale et ils se sont montrés d’une efficacité inégalée dans la lutte contre le terrorisme.

Malgré un contexte très très hostile (désertification planifiée par la Turquie, pauvreté, tremblements de terre, séquelles de la guerre, agressions armées constantes, terrorisme, etc.), ce modèle a représenté une source d’espoir et d’inspiration à des millions de communistes, socialistes, anarchistes, féministes et écologistes dans le monde entier.

LA CRIMINALISATION DES VOLONTAIRES INTERNATIONALISTES

C’est dans ce contexte que des centaines de personnes ont rejoint le Rojava, dont une trentaine de français·es. Certain·es, clairement d’extrême-droite, y sont allé·es pour « buter du musulman ». D’autres, anciens militaires notamment, se disaient apolitiques et uniquement intéressés par la lutte armée contre le terrorisme. Et enfin, des camarades de gauche y allaient également avec la fierté de participer une telle révolution sociale. Libre Flot fait partie d’elleux. Il a passé quelques mois là bas, et a eu une petite expérience sur le front : la libération de Raqqa.

Le Collectif des Combattant·es Francophones du Rojava (CCFR) explique:

« Notre camarade était en Syrie pour combattre Daech. Il a pris part en 2017 à la libération de Raqqa, la capitale du groupe jihadiste. Raqqa est aussi la ville où les attentats de Paris ont été planifiés et où la plupart de ses auteurs ont été entraînés. Si la France n’a pas connu d’attentats de grande ampleur depuis des années, c’est grâce à la libération de Raqqa à laquelle notre camarade a participé au péril de sa vie. En combattant en Syrie ce dernier a donc directement contribué à la sécurité des Français, ce que le tribunal médiatique s’est bien gardé de mentionner. Comment en effet faire rentrer dans leur narration à charge que l’accusé ait donné bien plus à la lutte contre le terrorisme que les policiers, procureurs et journalistes qui l’accusent aujourd’hui d’être un « terroriste d’ultragauche » ? »

Libre Flot n’est pas le seul volontaire internationaliste a avoir été ciblé à son retour en Europe. Malgré leur apport à la lutte antiterroriste, la DGSI a immédiatement considéré comme des menaces les volontaires de gauche, là où elle en a ignoré d’autres. Là encore le CCFR explique que :

« La DGSI a immédiatement établi un tri entre les « mauvais » volontaires, se réclamant d’une idéologie révolutionnaire, et les « bons » volontaires, anciens militaires ou apolitiques, qui pour certains ne furent même pas auditionnés à leur retour en France. Ceux qui étaient identifiés comme de potentiels membres de « l’ultragauche » se retrouvèrent systématiquement « fichés S » et firent l’objet d’une surveillance active, tout en étant coupables de rien d’autre que d’un délit d’opinion. Arrestations à l’aéroport, menaces sous forme de conseils paternalistes, pressions sur nos familles, nous sommes nombreux à avoir fait l’objet de tentatives d’intimidation plus ou moins voilées de la part des services de sécurité. »

On observe partout en Europe une politique répressive envers l’internationalisme pro-kurde. En décembre 2021, Maria, militante espagnole, a été expulsée d’Allemagne et interdite de séjour pendant 20 ans au motif qu’elle utiliserait « sa présence en Allemagne pour la seule raison de pouvoir participer à des activités politiques liées au mouvement internationale de libération kurde » ; et que ses compétences (en technologies de la communication et en langue kurde) lui permettrait de « construire un réseau et donc à servir de lien entre la gauche radicale en Allemagne et le mouvement de libération kurde » d’après un communiqué du collectif Solidarité avec Maria !

Le 14 avril 2023 à Sion (Suisse) s’est tenu le procès d’un militant internationaliste accusé « d’atteinte à la puissance défensive du pays » et de « service militaire à l’étranger » pour avoir rejoint le Rojava. Le réseau Secours Rouge témoignait :

« À plusieurs reprises dans son dossier, les services de renseignement de la confédération mentionnent son appartenance à l’extrême gauche ainsi que son engagement politique. La bourgeoisie souhaite ainsi intimider et contraindre au silence les militant·es révolutionnaires. »

En Angleterre, des camarades se sont vu retirer leur passeport et ont reçu des interdictions d’entrer dans l’espace Schengen. En Italie, plusieurs militant·es sont passé·es par de longues procédures judiciaires à cause de leur voyage dans la région.

En 2016, alors qu’André Hébert se préparait à retourner au Rojava, il s’est vu retirer arbitrairement son passeport et sa carte d’identité par la DGSI, au motif qu’il pourrait être à l’origine « de graves troubles à l’ordre public » et était susceptible d’utiliser son expérience militaire « dans des attaques contre les intérêts français, en lien avec l’ultragauche révolutionnaire ». Cette diffamation et ce harcèlement est soutenu par certains médias de gauche, comme Médiapart.

Encore une fois le CCFR témoigne :

« Ces accusations complètement fantaisistes furent balayées par le tribunal administratif de Paris quelques mois plus tard. Le ministère de l’Intérieur fut ensuite contraint de lui rendre ses documents d’identité et de lui verser des dommages et intérêts. En dépit de cette victoire judiciaire, nous savions que la DGSI nous garderait dans son collimateur et était prête à tout, y compris à des accusations sans preuves, pour nous faire rentrer dans le moule qu’elle avait créée : celui de dangereux vétérans d’ultragauche cherchant à importer la violence du conflit syrien de retour chez eux. »

RÉPRESSION DE LA DIASPORA KURDE

La France a une très longue histoire de répression envers ce peuple. La diaspora kurde a été la cible incessante des lois antiterroristes depuis, notamment la fondation du PKK en 1978. Dissolutions d’associations culturelles kurdes, coups de filets de 200 personnes finissant en relaxe générale, complicité avec les services secrets turcs dans l’assassinat de kurdes à Paris (2013 et 2022), etc.

En 2013, deux officiers du renseignement turc ont assassiné à Paris trois militantes kurdes : Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez. En mars 2020 en Grèce, sous couvert de « lutte antiterroriste », le Comité de solidarité pour les prisonniers politiques en Turquie et au Kurdistan et le Front anti-impérialiste avaient été la cible d’un raid policier: entre 26 et 35 personnes furent arrêtées.

Le 23 mars 2021 en France, il y a eu le plus grand coup de filet dans les réseaux militants kurdes de ces 10 dernières années : 13 personnes ont été interpellées par la DGSI, leurs domiciles ont été violemment perquisitionnés, ainsi que le siège de l’association kurde à Marseille. Au final, c’est plus de 800 membres de la communauté kurde qui seront interrogées par la DGSI, du jamais vu. Ce sont au final 11 membres présumés du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) qui seront lourdement condamnés, vendredi 14 avril 2023.

D’après le communiqué de camarades internationalistes de Marseille, Macron et Erdogan s’étaient entretenus quelques jours auparavant, et une rencontre avait eu lieu entre les deux ministres des affaires étrangères à l’occasion du Conseil Européen sur la géopolitique internationale.

Cette répression est permise par un rapport de force géopolitique entre la Turquie et l’Union Européenne qui considère la principale organisation d’autodéfense du peuple kurde (le PKK) comme une organisation terroriste. Malgré une campagne internationale « Justice For Kurds », qui demandait que le PKK soit supprimé de la liste des organisations terroristes, la Cour de Justice de l’Union Européenne a déclaré que le peuple kurde ne pouvait pas se défendre à l’aide d’armes, une décision on ne peut plus insupportable pour un peuple qui est encore aujourd’hui en première ligne contre les islamistes et qui n’a d’autre choix que les armes pour survivre à la colonisation perpétuelle de son territoire ancestral.

Cette décision converge dans le sens également de l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN, qui ont accepté la déportation de réfugié·s politiques kurdes comme condition imposée par Erdogan.

LE RÉGIME FASCISTE EN TURQUIE

La Turquie fait partie de l’OTAN. Elle en est un partenaire puissant, privilégié et indispensable. La Turquie est un État animé par une idéologie génocidaire en lien avec l’islam. La Turquie apporte un soutien avéré aux islamistes, en organisant leur évasion des prisons kurdes par exemple, qui se font ensuite le relai de la répression contre les kurdes.

Son projet politique est de purifier son territoire sur des critères religieux et ethniques. Elle a procédé au génocide des arméniens et à de nombreux massacres de masses contre les kurdes et les yézidis. Le peuple kurde a été forcé de prendre les armes pour survivre.

Depuis, la législation antiterroriste turque a minutieusement étendu ses pouvoirs : d’abord contre les guérillas kurdes, puis contre le peuples kurde en général, et enfin contre tout parti d’opposition de gauche. Elle a effectué des purges politiques massives et arbitraires, jusqu’à interdire le principal parti de gauche du pays et d’emprisonner des milliers de ses membres (le HDP). La réponse de la gauche européenne a été très en deçà de ce qu’on aurait pu attendre.

C’est également un pays qui considère officiellement les personnes LGBTQI+ comme des « dégénérés », qui reçoit des milliards d’euros de l’Union Européenne pour « lutter contre l’immigration » (investissements qui se traduisent en achats de matériel militaire et non humanitaire).

Les exemples de terreur d’État en Turquie sont abondamment documentés mais trop nombreux pour être relatés ici. L’Occident est parfaitement complice dans le génocide kurde, principalement permis par l’instauration du Traité de Lausanne il y a 100 ans et la collaboration militaire au travers de l’OTAN.

POURQUOI ÇA VOUS CONCERNE AUSSI ?

« Plus les gouvernements seront discrédités, plus l’adhésion à la politique menée s’effondrera – et elle ne cesse de s’effriter d’année en année -, plus les gouvernements auront recours à l’état d’urgence et à la soi-disant « lutte contre le terrorisme » pour maintenir l’ordre et étouffer dans l’œuf des révoltes toujours plus logiques. »

Ce que tout révolutionnaire devrait savoir sur l’antiterrorisme
– Les inculpé·es de Tarnac –

  • Avec l’affaire du 8 décembre 2020, un cap a été franchi dans la militarisation de la répression. Des personnes ont été emprisonnées pour leurs affiliations – supposées – à une idéologie dite « d’ultragauche » ou de mouvances internationales. L’absence d’une solidarité d’ampleur a laissé les mains libres à Darmanin pour continuer sur cette voie de l’assimilation des opposant·es politiques à du terrorisme. Les expérimentations liberticides se font toujours sur le dos de minorités ou de figures du coupable. La perfection des outils répressifs sur les un·es, permet toujours la répression des autres.

    La loi de 1936 sur la dissolution des ligues d’extrême droite en est l’exemple le plus clair aujourd’hui. Cette loi créée pour lutter contre le fascisme a été retournée en quelques années contre les mouvements décoloniaux. Autre exemple: le développement du fichage ADN a utilisé l’argument de la lutte contre la pédocriminalité pour l’élargir ensuite à l’ensemble des manifestant.es. Le même argument est aujourd’hui brandi pour surveiller les téléphones des citoyen·nes européen·nes.

  • En matière d’antiterrorisme, la séquence post-2015 a permis un recul des libertés fondamentales inouïe, d’une rapidité sans précédent. Les jurisprudences en matière d’ « association de malfaiteurs terroristes » ont été délirantes. Elles permettent tout et n’importe quoi et sont décriées depuis des années par les défenseur·euses de l’État de Droit. Inversement de la charge de la preuve (ce n’est plus à l’accusation de prouver ce qu’on vous reproche, mais à vous de prouver que c’est faux), répression préventive (arrêté·s avant d’avoir commis quoi que ce soit), présomption de culpabilité (vous êtes puni·es avant même d’avoir été jugé·es), etc.

  • Personne n’a intérêt, à gauche, à laisser ancrer dans le Droit et l’opinion publique que des militant·es partenaires des mouvements sociaux et des luttes écologistes sont des terroristes. Les opinions politiques des camarades inculpé·es sont criminalisées dans le but bien précis d’assimiler à une menace terroriste l’idée même de Révolution. Les inculpé·es de Tarnac analysaient déjà à leur époque que la définition légale du terrorisme étant très vague, elle permet d’y faire entrer ce qui constitue inévitablement… une révolution.

  • La stratégie sécuritaire tend à criminaliser le militantisme. Celleux qui transgressent les lois sont traités comme des criminels afin de dépolitiser leurs actes. C’est un phénomène récent, alors que les délits politiques étaient considérés comme tels il y a quelques décennies encore. L’antiterrorisme est l’étape supérieure à cette dynamique, elle fait rentrer l’activisme radical dans le panel des « menaces à la sécurité intérieure » qui tendrait au terrorisme si rien ne l’arrête.Cela permet le déploiement de moyens militaires contre de simples sabotages matériels (comme on vient de le voir avec les Soulèvements de la Terre, mais la SDAT avait déjà mené des opérations contre d’autres camarades : Ivan, Inculpé.es du 15 juin Limousin, etc.).

  • Le développement de la répression administrative (dont politique et expéditive) est très dangereux. On assiste à un usage sans précédent de mesures administratives : interdictions de territoire, assignations à résidence, OQTF, MICAS, etc. Des militants de pays voisins ont été jetés en CRA ces derniers mois. Ces mesures permettent de réprimer des activistes sur de simples « notes » du Ministère de l’Intérieur.

  • Il y a quelques années encore, réprimer des militants parce qu’ils auraient peut-être envisagé de s’organiser un jour pour mener des actions était de l’ordre de la dystopie. Même les actions violentes étaient traitées de manière moins virulente dans les médias il y a 40 ans. Baser des accusations sur les simples notes des services de renseignement est très grave. Ces services sont protégés par le Secret-Défense, ils peuvent allègrement mentir, ça a toujours fait partie des techniques utilisées par les services secrets. Que la Justice ne prenne aucun recul ni précaution envers des accusations secrètes ; alors que les inculpé·es dénoncent avec force et minutie les mensonges, manipulations et inventions pures de la DGSI ; est très inquiétant pour l’avenir des luttes sociales en France.

  • Une idée fausse existe au sein des milieux militants aujourd’hui, qui consiste à penser que les mesures d’exception telles que l’antiterrorisme ne viseraient que des personnes réellement dangereuses. Cette idée témoigne d’une incompréhension de la dynamique à l’œuvre : la militarisation de l’État. La mise au pas de la population est indispensable au bon fonctionnement d’un régime militaire. Dans ce régime, il n’y a pas de place à l’opposition (qu’elle soit politique ou religieuse). Le moindre grain de sable dans les rouages devient une menace.

  • Les cibles de la DGSI sont aussi des journalistes ou des syndicalistes. Des membres de la CGT EDF ont été arrêtés par la DGSI et traités en criminels. Dans le cadre d’un mouvement de grève ils ont été mis en examen pour cybercriminalité. La DGSI cible également des journalistes, lorsque des révélations sont faites sur des enjeux géopolitiques par exemple. En 2018, les révélations sur l’usage des armes vendues par la France dans le guerre au Yémen avait mené à des intimidations dénoncées par de nombreux journalistes commes des « atteintes à la liberté d’informer ».

Aujourd’hui, en brandissant la menace de complots imaginaires, procédé tristement connu, la France s’enfonce davantage dans le camp des régimes illibéraux.

Plus que jamais nous devons faire front, pour lutter contre la judiciarisation des idées politiques d’émancipation et la criminalisation de l’action politique.

Ils veulent nous terroriser, on se laissera pas antiterroriser !

Solidarité avec toutes les cibles de la répression !

 

CHRONOLOGIE DE L’AFFAIRE

 ESPIONNAGE DE LIBRE FLOT PAR LA DGSI
2018 – 2020

Une surveillance a été mise en place contre notre ami Libre Flot dès son retour du Rojava, comme pour beaucoup de volontaires internationalistes. « Un camarade parti en vacances en Amérique du Sud se retrouvait accusé d’avoir essayé de nouer des contacts avec une guérilla colombienne, un autre fréquentant la ZAD aurait prétendument tiré une fusée éclairante sur un hélicoptère de la gendarmerie, des dégradations d’antennes téléphoniques, de bornes Vélib ou de fourgons de police nous étaient également associées. Ces fables anxiogènes, parfaitement déconnectées de toute réalité, venaient confirmer ce que nous savions déjà : jusqu’à ce qu’il ait trouvé le coupable idéal, le ministère de l’Intérieur ne renoncerait pas à l’entreprise de diabolisation dont nous faisions l’objet. »

Il y a de fortes raisons de penser que Libre Flot était déjà sous le coup de plusieurs techniques de renseignement : à minima la géolocalisation et sonorisation de son véhicule d’habitation.

ENQUÊTE PRÉLIMINAIRE
7 février – 20 avril 2020

Le 7 février 2020, la DGSI déballe sa mélasse d’accusations « secret défense » dans un « rapport de judiciarisation » qu’elle transmet au PNAT. Ce dernier, qui adore les notes blanches, saute à pied-joint dedans. Le jour même, Benjamin CHAMBRE (1er vice procureur) se saisit de l’affaire et requière auprès d’un JLD l’usage des moyens de surveillance les plus intrusifs. Ils seront accordés immédiatement par la JLD Anne-Clémence COSTA.

Des micros dans un camion habité, des interceptions téléphoniques, géolocalisations en temps réel, IMSI catching, filatures, etc.

Ces deux mois permettent à la DGSI d’obtenir suffisamment d’éléments pour qu’une information judiciaire soit ouverte.

INFORMATION JUDICIAIRE
avril – décembre 2020

Il se passe pas grand-chose, des techniques sont mises en œuvre mais les inculpé·es font leur vie chacun·e de leur côté.

ARRESTATIONS & INCARCÉRATION
8 décembre 2020 – 7 avril 2022

8 décembre 2020

À 6h du matin, différentes unités d’élite sous la houlette de la DGSI (GAO, RAID) interpellent simultanément neuf personnes aux quatre coins de la France : Toulouse, Rennes, Vitry-sur-Seine, Cubjac (Dordogne), Plestin-les-grèves (Finistère). Les portes sont enfoncées, des dizaines de robocops sur-armés et cagoulés s’engouffrent dans chaque domicile. Les démineurs et la brigade canine sont aussi présents.

Des perquisitions ont lieu toute la journée, jusqu’à 12 heures d’affilée pour certaine.s inculpé.es. Humiliations, violences, les perquisitions s’étendent aux familles des personnes arrêtées.

Les neuf personnes interpellées sont emmenées dans les cellules de la DGSI à Levallois-Perret de différentes manières : entravé·es dans une camisole et cagoule sur la tête, embarqué.es en voiture pour certain.es ; menottée et masque de ski opaque sur les yeux, transportée en train pour l’une ; menottés avec trajet en avion pour d’autres. Tous les moyens sont déployés dans cette opération d’envergure.

S’en suivent alors 4 jours de garde à vue avec de nombreuses auditions. Menaces, insinuations, manipulations, privation de sommeil, de nourriture, transformation et omission dans les procès-verbaux des déclarations des auditionné·es de tout ce qui décrédibilisait le scénario de la DGSI. Des mensonges sont proférés en « off » pour certain·es, afin d’influencer leurs réponses et donner matière à l’accusation.

Deux personnes sont libéré·es sans charge à l’issue de la garde à vue, les sept autres sont inculpé·es et déferré·es devant un juge d’instruction antiterroriste, Jean-Marc Herbaut.

Le contrôle judiciaire est prononcé pour deux d’entre elleux et les cinq autres sont incarcéré·es le 11 décembre 2020 dans cinq prisons différentes d’Île-de-France, sous le statut DPS (détenu·e particulièrement signalé). L’un d’entre-elleux est placé en isolement total.

8 février 2021

Nouvelles interpellations à 6h du matin chez deux personnes à Ustaritz (Euskal Herri) et Festalemps (Dordogne) par le RAID, sur ordre de la DGSI. Pour l’une d’entre-elles, la porte de son studio est pulvérisée. Elle est braquée par des flingues, menottée dans son lit puis emmenée pour 3 jours de GAV. A l’issue de leur garde à vue, elles seront toutes deux libérées sans charges retenues contre elles.

Mars 2021

Le placement à l’isolement de Libre Flot est reconduit pour 3 mois.

Le juge d’instruction, Jean-Marc Herbaut, ordonne une dérogation qui donne à la DGSI carte blanche pour auditionner tout l’entourage des inculpé.es (famille, amie.s, collègues…). Cette dérogation ne prendra fin qu’en novembre 2022, au moment de la clôture de l’instruction.

23 avril 2021

Après un nouveau passage devant le juge d’instruction, la demande de mise en liberté (DML) est acceptée pour deux inculpé·es, alors emprisonné.es à la maison d’arrêt des femmes de Fleury-Mérogis et à la maison d’arrêt d’Osny.

Iels sont libéré.es sous contrôle judiciaire strict. Iels auront passés plus de 4 mois derrière les barreaux, sous le statut DPS, avec une période d’isolement total (pas de contact avec d’autres détenues) pendant plusieurs semaines pour l’une d’entre elleux.

Les demandes de liberté des autres inculpés toujours incarcérés sont refusées. L’appel auprès de la cour d’appel de Paris est refusé éga lement. Ils sont encore trois en prison.

Juin 2021

Le placement à l’isolement de Libre Flot est reconduit pour 3 mois, malgré les séquelles psychiques et physiques qui ne font que s’accentuer.

Septembre 2021

Le placement à l’isolement de Libre Flot est de nouveau reconduit pour 3 mois.

Une nouvelle arrestation a lieu, une personne est interpellée à son arrivée sur le territoire français après plusieurs mois passés à l’étranger. Bien qu’elle ai attesté plusieurs fois sa volonté d’être auditionnée auprès de la DGSI et du juge d’instruction, elle sera arrêtée à l’aéroport dès son arrivée et passera 2 jours en garde à vue à la DGSI, puis sera relâchée sans charges.

15 octobre 2021

La DML d’un inculpé encore derrière les barreaux est acceptée. Il est libéré sous contrôle judiciaire strict (obligation de travailler, limité

à un seul département pour se déplacer, pointage deux fois par semaine au commissariat). Plus que deux au trou !

Décembre 2021

Eric Dupont-Moretti, ministre de la Justice, reconduit la mise à l’isolement du dernier inculpé (Libre Flot) derrière les barreaux. Après 12 mois d’isolement, il revient au ministre de la Justice de prendre la décision de reconduction. La situation de Libre Flot est de plus en plus critique.

Retour du dossier des nullités déposé par les avocat.es quelques mois plus tôt. Toutes les nullités (reposant sur la non-proportionnalité dans l’emploi des techniques de surveillance, sur des erreurs de procès verbaux et autres magouilles) sont catégoriquement refusées.

27 octobre 2021

Le parquet national anti-terroriste (PNAT) a fait appel de la décision du juge pour la libération de l’inculpé sorti de prison 5 jours plus tôt. Rendez-vous est fixé au 27 octobre 2021, devant la Cour d’Appel de Paris, pour savoir si la libération est maintenue ou si il devra retourner en taule. La Cour d’Appel confirme la décision du juge des libertés, il reste « libre » !

05 novembre 2021

L’inculpé emprisonné à Fleury-Mérogis est libéré sous contrôle judiciaire strict (pointage une fois par semaine, rdv SPIP et psy obligatoires une fois par mois, limite de déplacements à trois départements de la région parisienne). Le PNAT ne fait pas appel, ce coup-ci…

27 février 2022

La DML de Libre Flot est refusée, malgré un dossier de faisabilité de bracelet électronique validé par les SPIP (services pénitentiaires d’insertion et de probation) dans deux départements différents.

Il entame une grève de la faim et explique ses revendications qu’il publie dans un texte. Il envoie quotidiennement des demandes de remises en liberté.

Mars 2022

Dupont-Moretti reconduit l‘isolement alors que Libre Flot est en grève de la faim.

24 mars 2022

Après 25 jours de grève de la faim, Libre Flot est hospitalisé et transféré à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes. Il attendait cette hospitalisation médicale pour avoir accès directement à des médecins et aux soins nécessaires.

Ses avocats apprendront quelques jours plus tard que la levée de son régime d’isolement s’est faite le jour du transfert à l’hôpital. Néanmoins malgré la levée de son isolement il n’a pas le droit d’aller à la promenade car il est trop faible. Il obtient également le droit de communiquer avec l’une de ses coaccusé·es.

Cela ne met pas fin à sa grève de la faim puisque son unique revendication est bel et bien la fin de son incarcération. Son état de santé devient critique : il a perdu 16 kilos et est désormais sous perfusion.

04 avril 2022

Une journée internationale de soutien à Libre Flot est organisée : de nombreux rassemblements ont lieu en France (Lille, Albi, Paris, Toulouse, Limoges, Strasbourg, Rennes et d’autres villes encore), mais aussi dans de nombreux pays d’Europe (Grèce, Suisse, Allemagne, Angleterre, Ukraine, Portugal, Danemark, Finlande…) et au Rojava.

Il décide ce même jour à 18h de stopper sa grève de la faim.

07 avril 2022

C’est avec un grand soulagement que les proches et soutiens apprennent le transfert de Libre Flot dans un hôpital civil de la région parisienne, car il risquait sa vie à tout instant.

Ses médecins s’inquiétant de ne pouvoir assurer son suivi médical ont demandé son transfert dans un autre hôpital. Pour cela il fallait négocier avec la justice pour lui permettre de quitter les services pénitentiaires. Le juge d’instruction accepte après négociation avec les avocat.es sa libération pour raison médicale.

Il est libéré sous bracelet électronique avec une période de réadaptation dans un hôpital spécialisé dans la nutrition.

CLÔTURE INSTRUCTION
août – novembre 2022

26 août 2022

Jean Marc Herbaut, juge d’instruction, met fin à l’information judiciaire du dossier 8 décembre 2020. Cela met fin à la commission rogatoire qui permettait à la DGSI d’user « de tous les moyens à leur disposition » pour harceler les inculpé·es et leurs proches.

Cela signifie aussi que le dossier se clôt, laissant un délai de 3 mois aux inculpé·es et à leur Défense d’apporter les derniers éléments (demande d’actes, etc.). Passé ce délai, ce sera au PNAT de faire ses réquisitions.

28 septembre 2022

Le juge accepte le retrait du bracelet électronique pour Libre Flot. Il reste néanmoins en contrôle judiciaire strict, comme les autres inculpé.es (obligation de travail, limité dans ses déplacements à un département, pointage une fois par semaine).

Novembre 2022

De nombreux allègements de CJ ont été faits, surtout en ce qui concerne l’élargissement des zones de déplacement. Une nouvelle demande de communiquer entre deux inculpés a été accepté.

Le PNAT requiert le tribunal correctionnel et non les assisses pour le procès.

PRÉPARATION DU PROCÈS
jusqu’à octobre 2023

04 avril 2023

Pendant son incarcération, Libre Flot a fait de nombreux recours contre son isolement carcéral. L’audience devant le tribunal administratif de Versailles se déroule le 4 avril. L’isolement est reconnu illégal et l’État condamné à 3000€ de dommages et intérêts.

En espérant que cela fasse jurisprudence, bien qu’on doute de l’impact réel sur l’administration pénitentiaire quand on voit la volonté à faire traîner ce genre de procédure.

04 juillet 2023

Audience de fixation. C’est la première fois depuis presque 3 ans que les inculpé·es se voient. C’est aussi la première fois qu’iels rencontrent le PNAT et la Juge qui présidera le procès. Iels demandent que l’interdiction de communiquer soit levée et que les CJ soient élargis. Tout est refusé en bloc par la Juge.

 

Notes de bas de page:
1. Groupe d’Appui Opérationnel: corps de police d’élite de la DGSI composé de 18 membres. Voir article Le Dauphiné.
2. Tri-Acetone Tri-Peroxide: explosif primaire découvert en 1895 par Richard Wolffenstein, facilement réalisable (mais très instable!) avec des produits ménagers. Voir Wikipedia.
3. Mesures Individuelles de Contrôle Administratif et de Surveillance: restrictions de libertés « préventives », telles que l’assignation a commune, le bracelet électronique, la perquisition administrative, etc. Voir la loi SILT d’octobre 2017.