LibreFlot: « À vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’auto-défense de l’Ukraine »

Après 15 mois de quartier d’isolement, au 22e jour de sa grève de la faim, après une première hospitalisation ce week-end et ayant perdu plus de 10 kilos, Libre Flot le sait mieux que quiconque : « si vous êtes des militant.es politiques, vous êtes les potentiel.les terroristes de demain ». Aujourd’hui il souhaite faire passer ce message de soutien et d’avertissement aux volontaires qui partent combattre actuellement contre l’invasion russe en Ukraine. Ses mots sont durs, et malgré le difficile accès à l’information en prison, il voit juste. Selon un article de Europe1, la DGSI est déjà entrain de contruire son récit et de tisser sa toile autours de certains volontaires.

« À vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’auto-défense de l’Ukraine. »

L’actualité en Ukraine et les engagements individuels de certain.es résonnent étrangement avec les engagements des volontaires contre Daesh. Je ne m’adresse pas aux militant.es d’extrême-droite, aux idéologies basées sur la haine de l’autre, mais à vous, volontaires internationalistes qui partez combattre en faveur de l’auto-défense de l’Ukraine par amour de la vie. A vous qui aujourd’hui êtes encensé.es par les médias et les politiques, sachez ceci: si vous êtes des militant.es politiques, vous êtes les potentiel.les terroristes de demain, car à votre retour, tout comme moi qui ai rejoint les Unités de Protection du Peuple (YPG) et combattu les barbares daeshiens, cette expérience sera une épée de Damoclès que la DGSI et le gouvernement feront planer au dessus de vos têtes. Vous serez sûrement épié.es et surveillé.es, toute votre vie pourra être redessinée, réécrite, réinterprétée et de simples blagues pourront devenir des éléments à charge lorsque ces institutions auront décidé de vous instrumentaliser pour répondre aux besoins de leur agenda politique.

Depuis le 27 février, je suis en grève de la faim pour que l’on cesse de me traiter comme les terroristes contre lesquels j’ai combattu et ce, dans l’indifférence des médias et des politiques, sous une chape de plomb semblable à une pierre tombale.

Je finirai par ces mots d’anarchistes ukrainien.nes : « Liberté aux peuples, Mort aux empires! »

Libre Flot.

 

« Ya plus de parole perdue. »

Ce sont les mots d’un autre volontaire ayant combattu Daesh au Rojava. Alex, auteur du livre Hommage au Rojava, il témoignait au micro de Lundisoir de cette épée de Damoclès constante qui pèse au dessus de chacun de leurs mots : « c’est assez dur pour l’entourage de comprendre qu’en fait on peut pas parler librement, c’est pas possible ».

Un article d’avril 2021 du Monde Diplomatique intitulé « Combattre les jihadistes, un crime?« , constatait que « le Parlement français a adopté de nombreuses lois « antiterroristes » qui permettent de substituer le soupçon à la preuve. Comble de la perversité, ces textes servent aujourd’hui de base juridique pour traquer ceux qui ont voulu combattre le djihadisme en Syrie. »

Cela saute aux yeux, l’Etat français, via la DGSI, opère à un tri idéologique entre les personnes qui partent combattre au nom d’idéaux patriotiques et nationalistes (bons volontaires), et ceux qui partent au nom d’idéaux libertaires, anti-coloniaux et socialistes (menaces terroristes). La DGSI est une police politique, profondément antigauchiste, qui a pour mission de maintenir dans le domaine de l’impossible l’avènement d’organisations politiques bien plus émancipatrices que la forme autoritaire qu’est l’Etat-Nation.

Force à toi Libre Flot!
Liberté aux peuples, mort aux empires!

 

–> Pétition pour sa libération immédiate <–

–> Tribune pour sa libération immédiate <–

Rejoignez les signataires en écrivant à pourledroitaladefense@riseup.net

Message de Libre Flot au 17e jour de grève de la faim

Aprés 17 jours de grève de la faim, les institutions bien conscientes de ce qui se passe, restent totalement indiferentes. Alors que mes proches se font de plus en plus d’inquietudes des conséquences et sequelles irrémédiables que cette grève de la faim ne tardera plus bien longtemps à me faire souffrir pour le restant de ma vie, que puis-je leur répondre?

Que de toutes façons les conséquences de cet enfermement existent déjà, que je souffre déjà dans mon corps et que mon esprit n’est déjà plus que l’ombre de lui même. Que les sequelles sur ma psyché necessitent déjà de longs soins et que si je reste ici ça ne va que s’empirer.

Ici je suis temoin de la perte de raison de mes voisins, je les entend changer au cours des mois qui passent, j’en entends certains perdre pied, si ce n’est sombrer dans la folie.

Et qu’en est il de moi? Ma situation est elle plus saine, emmuré dans mon mutisme? Dans un pantomine de vie étudiante qui ne me trompe même plus? A apprendre une langue étrangère alors que ma mémoire s’éffiloche, à m’imaginer évoluer en passant une semaine sur une leçon d’une demi heure qui n’est pourtant que des revisions. Alors, dégradation pour dégradation, séquelles pour séquelles, autant que ce soit de mon choix, autant que ce soit pour pousser ce cri de vie, autant que ce soit pour lancer cet appel à l’aide: Sortez moi de ce tombeau !

Salutations et respect.
Merci pour votre soutien.

Libre Flot : 16e jour de grève de la faim

Dernières nouvelles du copain en grève de la faim.

Après 16 jours de grève de la faim, le copain est toujours en « bonne santé », physiquement et moralement il tient le coup. Après 15 mois à subir l’isolement carcéral, après avoir épuisé les recours juridiques, il est déterminé et tourné vers l’avenir.

La prison a essayé au début de lui faire sauter ses parloirs, mais grâce à ses avocat.es cela n’a pas eu lieu. Il peut donc jouir de ses droits à voir ses proches, deux fois par semaine, dans des parloirs prolongés (1h30).

Il a pu aussi avoir comme médecin référente une personne de confiance. Il la voit 4 fois par semaine, dont deux fois dans sa cellule et deux fois dans le cabinet. En cas de grève de la faim, l’AP (adm. pénit.) est tenue de respecter un protocole strict.

Autre détail important pour toute personne détenue: les plexiglass ont enfin sauté à la prison de Bois d’Arcy, un réel soulagement pour tout le monde, car pouvoir sentir et toucher ses proches, c’est aussi ça la dignité humaine.

Pour plus de nouvelles, hésitez pas à relire les nouvelles au Jour6 et au Jour11, et à suivre régulièrement les blogs https://soutien812.net et https://soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org

On rappelle aussi que à lui seul, il n’arrivera pas à faire bouger ces tortionnaires en campagne électorale. Son état va s’aggraver très vite, et plus le soutien se manifestera au dehors, massivement et spectaculairement, moins sa santé n’en sera effectée à long terme.

Force à toi Libre Flot!

Solidarité à toutes les personnes en lutte contre le régime inhumain!

Soutien aux grèvistes de la faim: CRA de Vincennes, CGT Total – Donges, Nani aux Baumettes!

Pour la Vie.


Rappel: Libre Flot est mis en examen dans l’affaire du 8 décembre, jour où 9 libertaires et militant.es ont été arrêtés lors d’une vaste opération politique visant à assimiler l’idée de révolution sociale au terrorisme. Tous.tes les inculpé.es ont été placés en détention provisoire (en régime DPS) durant de longs mois, mais ont finit par sortir sous contrôle judiciaire.

Cependant pour Libre Flot, fantasmé par la DGSI en meneur, et surtout puni pour son engagement volontaire contre l’Etat Islamique aux côtés des Unités de Défense du Peuple (YPG) au Rojava, il subi le régime d’isolement depuis 15 mois, dont les conditions s’apparentent à la torture blanche et l’empêchent de se défendre correctement. Voir ses lettres ici.

Depuis des décennies, l’Union Européene soutien le régime génocidaire d’Erdogan et criminalise la diaspora kurde. En plus de vendre des armes de guerres à ce régime et de donner des milliards d’euros pour que la Turquie empêche les exilé.es d’arriver aux portes de l’Europe (ce qui se traduit par encore plus d’achats d’armes), l’Union Européenne utilise la répression des opposant.es à Erdogan comme monnaie d’échange diplomatique, prétextant des « liens avec le PKK [Parti des Travailleurs du Kurdistan] » pour leur appliquer la répression antiterroriste.

Une campagne internationale a été lancée, « Justice for Kurds« , pour faire supprimer de la liste des organisations terroristes le PKK, groupe d’autodéfense armé et légitime du peuple kurde face à l’invasion de la Turquie. Malgré cela, partout en Europe, les militant.es kurdes et pro-kurdes continuent d’être traités en terroristes.

C’est le cas de notre ami Libre Flot. Comme il l’explique dans son communiqué du 27 février « Pourquoi je fais la grève de la faim » :

« J’ai récemment appris de la bouche même du directeur des détentions de la maison d’arrêt des Yvelines (Bois d’Arcy), que je remercie pour sa franchise, que mon placement et mon maintien à l’isolement étaient décidés depuis le premier jour par des personnes très haut placées et que quoi je dise ou que lui-même dise ou fasse, rien n’y ferait, que cela le dépasse, le dossier ne sera même pas lu et je resterai au quartier d’isolement et que de toute façon rien ne pourrait changer avant les élections présidentielles. »

A l’heure où les médias français chantent les louanges des volontaires ayant rejoint la lutte armée en Ukraine, il ne fait aucun doute que le tri entre bons volontaires (apolitiques et extrême-droite) et potentiels terroristes (gauche radicale) sera fait de la même manière que le relatent le CCFR (Combattantes et Combattants Francophones du Rojava) dans leur tribune de soutien à Libre Flot : L’Arrestation de l’Un des Nôtres.

A ce jour, le maintien a l’isolement vient d’être renouvelé par Dupont-Moretti (le jeudi 10 mars), et le juge d’instruction Jean-Marc Herbaut continue d’utiliser son influence pour faire refuser les demandes de mise en liberté (DML) pourtant appuyées par un avis favorable des Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (SPIP).

 

Comme nous avons tenté de l’expliquer, la logique de l’antiterrorisme est de s’étendre à l’ensemble des dissidences (anarchistes, écologistes, féministes, etc.) nécessaires pour la lutte contre un ordre mondial capitaliste, colonial, patriarcal et écocidaire.

 

Organisations politiques, syndicales, collectifs en lutte, camarades et ami.es, nous vous encourageons à témoigner de votre soutien par tous les moyens.

 

Pour le droit à se défendre, pour la dignité humaine,

STOP A L’ACHARNEMENT CARCERAL!

ABOLITION DES QUARTIERS D’ISOLEMENT ET DES MITARDS!

SOUTIEN AUX INCULPE.ES DU 8 DECEMBRE!

LIBERTE POUR LIBRE FLOT!

 

De minables tortionnaires : l’isolement reconduit par Dupont-Moretti

Ce jeudi 10 mars, Dupont-Moretti, cette honte pour toute la magistrature, a prolongé pour des raisons politiques la torture blanche que subit le militant Libre Flot, en grève de la faim depuis 15 jours et à l’isolement depuis 15 mois.

Dupont-Moretti et Jean-Marc Herbaut, vous qui êtes responsables de l’enfermement de Libre Flot, vous qui usez de votre pouvoir d’hommes corrompus pour briser un opposant politique, vous vous salissez devant l’Histoire tels de minables tortionnaires.

 

A celleux qui luttent pour un monde meilleur,

ne laissons pas Libre Flot seul face à la répression!

Il a besoin de votre soutien maintenant: collages, tags, tractage, banderoles, maintenons la pression!


– Une lente agonie, L’Envolée n°4, janvier 2002 –

« Il m’est souvent arrivé de comparer les conséquences de la mise à l’isolement au travail produit par les vagues contre les massifs rocheux qui se dressent sur le bord de mer. Les vagues vont et viennent, butant contre les falaises, dans un mouvement incessant. Et de temps à autre, sans trop que l’on sache quand, tout ou partie de la falaise s’affaise, disparait dans les fonds marins. L’océan finit toujours par avoir raison des parois rocheuses, quelle que soit leur nature, leur solidité. Il en est ainsi pour les détenus.

Chaque instant passé à l’isolement est un instant qui marque de façon indélébile la personne détenue, l’agresse, la meurtrit. Et, bien souvent, bien trop souvent, l’isolé finit par craquer, par s’affaisser. Seuls résistent ceux et celles qui sont mus par la haine. Mais cette terrible résistance ne sert qu’à survivre, à éviter le pire. Mais la haine se trouve avant tout dans l’esprit de celui qui prend la décision de mettre et de maintenir des personnes à l’isolement carcéral. Une haine blanche, bien souvent non perceptible sous le masque lisse d’un magistrat ou d’un directeur de prison. La haine guidant la main qui, d’une simple signature, condamne un détenu à plonger dans le gouffre sans fond d’une lente agonie.

L’isolé est un spectateur assistant au spectable de sa propre mort. »