Semaine Internationale des Solidarités: un grand merci aux à nos compagnon·es du monde!

Ces derniers jours, des dizaines de collectifs et compagnon·es nous ont envoyé de la force et du soutien depuis leurs territoires en lutte. Il en ressort de beaux témoignages de solidarité et des paroles fortes qui font chaud au coeur. C’était le deuxième appel à solidarité internationale envers les inculpé·es du 8/12.

La première journée de soutien international avait eu lieu le 4 avril 2022 pour l’anniversaire de Libre Flot qui était alors en grève de la faim contre l’isolement carcéral illégal que lui imposaient Éric Ducont-Moretti (Ministre de l’Ajustice) et Jean-Marc Herbaut (Juge d’Instruction Antiterroriste). C’était une belle réussite, l’usage de la torture blanche à l’encontre d’un militant internationaliste avait été mise en lumière devant plusieurs ambassades et consulats français partout en Europe! Et Libre Flot était libéré au même moment.

Parce que nos luttes s’affrontent partout aux même systèmes de domination, merci pour ces gestes qui brisent l’isolement et rappellent à touxtes que la solidarité n’a pas de frontières et que notre liberté dépend de la liberté des autres.

Merci pour cette force qui nous accompagnera jusqu’à la fin du procès (et encore après!). Une pensée particulière à touxtes les camarades emprisonné·es et au front.

Que vivent nos luttes! Que vive la solidarité!

Soutien812bzh.

VARSOVIE – « Every single ray of light can dispel the darkness. »

As part of the Week of Solidarity with Anarchist Prisoners, ABC Warsaw together with the Belarusian Anarchists in Warsaw and the Pramen collective, organized a day of solidarity, which was attended by dozens of people. During the event, we talked about the history of the Week of Solidarity, wrote letters and signed postcards for anarchist prisoners from all over the world, read their letters and stories, admired prisoners’ art, watched a theme-related film and discussed it. Finally, we expressed solidarity with the comrades persecuted in France.

The meeting was held in a warm and comradely atmosphere with tea and delicious vegan treats prepared by the organizing group.

We thank all the participants for remembering our comrades. Solidarity is our main weapon in the fight against oppression and repression. Solidarity helps us to survive both individually and collectively. It brings light into this dark world. We must remember that every single ray of light can dispel the darkness, but only together can we bring dawn.

Until all are free!

Anarchist Black Cross – Pramen – BAW

GENÈVE – « Les vrais malfaiteurs sont au gouvernement! »

De Tarnac à Mauvaise Intention, de Bure aux inculpé.es du 8/12, et plus récemment des GAV et procès autour des Bassines et Bouc-bel-Air, le gouvernement cherche depuis toujours à nous nuire et nous réduire via l’arsenal répressif complet bien connu. Solidarité avec les inculpé.es dans l’affaire du 8/12, tout le monde sait que les vrais malfaiteurs sont au gouvernement, dans les banques, la finance et les conseils d’actionnaires ! Solidarité internationale avec toustes celleux qui veulent voir ce monde partir en fumée ! Nik la SDAT !

Berne – « Contre la répression, la solidarité est notre arme. »

Dans l’affaire du 8 décembre 2020, neuf personnes aux engagements politiques divers et originaires de différentes régions de France ont été arrêtées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Elles ne se connaissent pas toutes entre elles. Elles avaient cependant comme point commun dans leur entourage une même personne qui avait participé au Rojava à la lutte contre Daech jusqu’en 2018 et qui était, depuis son retour, une cible du DGSI. Sept des inculpé-es sont désormais poursuivi-es pour “association de malfaiteurs terroriste”. Et ce, sans qu’aucun délit ou crime n’ait été reconnu. Leur procès aura lieu du 3 au 27 octobre à Paris. Ce sont les opinions politiques et l’engagement internationaliste des accusé-es qui sont criminalisés. Mais la portée du procès est beaucoup plus large et il s’agit pour l’Etat d’utiliser les lois antiterroristes pour attaquer les mouvements de contestation.

Répression du mouvement de libération kurde en France

La population kurde est depuis de nombreuses années la cible de l’antiterrorisme d’État en France. En 2021, plus de 800 personnes ont été interrogées par la DGSI et 11 d’entre elles ont été condamnées pour appartenance au PKK, considéré comme une organisation terroriste par l’État français pour des raisons politiques. L’État français est également impliqué, avec les services secrets turcs, dans l’assassinat de six militant-es kurdes à Paris : Sakine, Fidan et Leyla en 2013 et Emine, Abdulrahman et Mir en 2022.

Utilisation des lois antiterroristes pour criminaliser les mouvements de protestation en Europe

Dans plusieurs pays européens, des lois élaborées au nom de la lutte contre le terrorisme sont utilisées contre l’ensemble du mouvement anticapitaliste. En France, des militant-es des “Soulèvements de la Terre” ont été arrêté-s par la direction antiterroriste, alors que le gouvernement tentait de dissoudre le mouvement. En Italie, 10 anarchistes ont été arrêté-es cet été et inculpé-es d’“association en vue de commettre des actes de terrorisme” (art. 270 bis c. p.) et d’“incitation au crime” (art. 424 c. p.). Ceci parce qu’elles avaient contribué à la publication du journal anarchiste radical Bezmotivny. En Allemagne, plusieurs révolutionnaires de Turquie et du Kurdistan ont été condamné-es pour avoir “formation d’une organisation terroriste”. Ils et elles sont membres du PKK ou d’autres groupes révolutionnaires de Turquie, qui sont considérés comme des organisations terroristes, bien qu’elles combattent Daech. En Allemagne également, Lina et trois autres antifascistes ont été condamné-es à de longues peines de prison en vertu de la loi antiterroriste. Toujours en Allemagne, des unités antiterroristes ont perquisitionné les domiciles de militant-es de “dernière génération” qui pratiquent la désobéissance civile, notamment en bloquant des routes. Les perquisitions contre les 7 activistes ont eu lieu sur la base de l’article 129 : “formation d’une organisation criminelle”. L’Etat suisse va même un peu plus loin. La loi sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme (MPT), entrée en vigueur en 2022, autorise une définition du terrorisme encore plus large que celle de nombreux autres pays européens. Elle permet de qualifier une personne de terroriste potentielle avant même qu’un crime n’ait été commis, à l’instar des accusés du 8 décembre. En 2019, un antispéciste a passé 11 mois en détention provisoire à Genève parce qu’il était accusé de vandalisme. En 2023, c’est Jeremy*, un militant écologiste, qui a passé plusieurs mois en détention préventive, accusé d’avoir saboté des engins de chantier du cimentier Holcim.

Contre la répression, la solidarité est notre arme.

Nous vivons dans un monde ou les États mènent des guerres pour lesquelles nous devons ensuite payer, si ce n’est fuir ou mourir. Un système qui assure à quelques-uns une richesse incommensurable laissant aux autres l’exploitation, de la famine au burnout. Un système qui rend notre planète inhabitable pour une grande partie de l’humanité. Face à de si sombres perspectives, il est juste de s’organiser et de lutter contre ce système. Se retrouver accusé-e de terrorisme par des Etats qui protègent un système d’une telle violence est un signe qu’on a réussi à le faire trembler. Et quand des failles s’ouvrent cela renforce notre détermination et notre confiance en notre force collective.

Voir le communiqué entier (et la vidéo) ici: https://renverse.co/infos-locales/article/rassemblement-en-soutien-aux-inculpe-o-es-du-8-12-4148

BASSE-SAXE (ALLEMAGNE) – « Keep fighting for Freedom – everywhere! »

We chose to paint a picture in solidarity with the comrades accused of « ulra-left terrorism » by the French state. To Fight for Freedom with thought and spirit and live in a collective and solidary manner shouldn’t be a crime, but is often reframed by the state violence to discredit our revolutionary thoughts and activism. With our solidarity we want to make clear, that we are aware of this logic and don’t intend to ignore if comrades are meant to be silenced by the representatives of this destructive system.

Keep Fighting for Freedom – everywhere!

FRANCFORT (ALLEMAGNE) – « We send all our loving comradeship and strength. »

We comrades in Frankfurt am Main, Germany, and international ones from different geographies gathered to send a little message of solidarity together to the comrades affected by the repression of the French state, to their families, loved ones and hard working support committees!

We are alltogether extremely concerned about the development of ‘anti-terrorist’ laws and institutions in France, that are harassing minority communities and individuals as well as leftist activists. Antifascist, feminist, enviromentalist and/or anarchist comrades are simply human beings who listen to their conscience, who choose to not ignore the brutal physical or mental onslaughts on women – who are suffering sexism everywhere on the world – , workers – who are being exploited and forced to spend most of their time following orders just to make a living -, colonised peoples – who until today didn’t reach their legitimate freedom, but still brought to the scratch to be killed or subordinate under further oppression – , queers – who are deprived of their right to exist – , migrants – who are forced to leave their homelands because of wars and starvation, caused by nothing less than the capitalist greed for profit of the so-called ‘first world’, just to see themselves spit on when they (eventually) manage to arrive in what they hoped would be a safe place – and nature – who is being killed and destroyed rapidly and irreversibly, we’re sawing off the exact and real branch we’re sitting on.

So the sentient human beings who choose to not ignore the outrageous overall conditions, who choose dignity for themselves, everyone and nature, who choose struggle often accompanied by hardships and pain rather than the comfortable life of indifference, THEY are being framed as ‘terrorist’.

This is just a FARCE depicting the mechanical stupidity and excruciating hypocrisy of the regime of power. We are concerned about the way this farce is being pompously staged against the comrades in the December 8 case, attempting to contribute in legitimising all the different ‘security’ laws, concealing of police violence and different measures established in the last years to exorbitantly and ultimately control society to keep them from raising their voice. To us it’s clear that leftist/anarchist comrades that are brave enough to not duck their head down and stand up for their ideals of equality, are attempted to be depicted as a figurehead and punished to bury the very same ideals.

We send them all our loving comradeship and strength for the upcoming trial!

Some friends from Frankfurt and elsewhere

TOUL – « Nous voulons un monde basé sur la solidarité et la liberté. »

Cette semaine, dans les villages autour de Toul (Lorraine), on a collé des affiches contre le projet de nouvelle prison à Toul (affiche) ; contre la prison en général ; et en solidarité avec les inculpé.es de l’affaire du 8 décembre 2020 qui passeront en procès à Paris du 3 au 27 octobre prochain.

Dans son obsession répressive, l’État souhaitait déjà la construction de 15 000 nouvelles cellules d’ici 2027, dont une prison expérimentale à 100% basée sur le travail à Toul. En juillet, et suite aux émeutes, la création de 3 000 cellules supplémentaires a été votée à l’assemblée nationale, ce qui pourrait faire grimper le nombre de cellules de prison à 78 000 en 2027 (parfois occupées par 2, 3,.. détenu.es…).

En parallèle de l’augmentation du nombre de flics et de caméras, construire toujours plus de prisons, pour enfermer toujours plus… Pour reprendre quelques lignes d’une affiche qu’on a collée, « nous sommes contre la prison parce que nous voulons changer radicalement cette société, pas nous intégrer pacifiquement dans ses métropoles, ses quartiers d’affaires sécurisés, ses places aseptisées et ses supermarchés. Nous sommes contre la prison parce que les règles de cette société sont basées sur le fric et la compétition et que nous voulons un monde basé sur la solidarité et la liberté, un monde dans lequel les accords réciproques sont les fondements du vivre ensemble. »

Dans un prolongement de nos sentiments anti-carcéraux, nous avons aussi voulu exprimer notre solidarité aux inculpé.es de l’affaire du 8 décembre. Alors que se généralise de plus en plus la prise d’empreinte et de photos en garde-à-vue, la prise d’ADN, la surveillance ciblée et de masse via les moyens de communication numérique, ainsi que le chef d’accusation d’« association de malfaiteurs » ; avec l’affaire du 8 décembre, un cap a été franchi dans la militarisation de la répression.

Des personnes ont été emprisonnées pour leur affiliations – supposées – à une idéologie dite « d’ultra-gauche » ou de mouvances internationales. L’absence d’une solidarité d’ampleur a laissé les mains libres à Darmanin pour continuer sur cette voie de l’assimilation des opposant.es politiques à des terroristes. La perfection des outils répressifs sur les un.es, permet toujours la répression des autres.

Les récentes interdictions de se rassembler et les réquisitions concernant les évènements de soutien aux inculpé.es du 8 décembre ne font que renforcer la nécessité et la détermination de notre solidarité.

Soutien aux inculpé.es du 8 décembre 2020,

Soutien à toutes les personnes emprisonné.es ou subissant la répression d’État,

A bas l’État et le capitalisme ! Feu aux prisons et aux tribunaux !

Retrouvez le communiqué ici: https://manif-est.info/Toul-Collage-anti-carceral-et-en-solidarite-avec-les-inculpe-es-du-8-12-2565.html

HELSINKI (FINLANDE) – « Activists are not terrorists! »

RiseUp 4 Rojava Finland responds to your action call.

On 19th of September we conveyed your message to the French embassy in Helsinki. We stand in solidarity with the accused of 8.12.2020 and demand that the French state stops criminalising international solidarity activities. These activists are not terrorists – terrorists are those who hold weapons of mass destruction and the most powerful armies in history, who destroy our Earth and exploit its resources and who enslave people and massacre the resistance.

Terrorists are Erdoğan and other bloodthirsty dictators!

Whole post can be found on our instagram page @r4r.hki

Bijî berxwedana Kurdistan

RiseUp 4 Rojava Finland

BURE – « Pièce à ajouter au dossier. »

A l’approche du procès, depuis Bure, on réaffirme notre solidarité avec les inculpé.es du 8/12. On n’a pas pu ressortir la précédente banderole, mais l’idée est là. Bisous et force à vous.

https://anarchistburecross.noblogs.org/post/2023/09/24/bure-piece-a-verser-au-dossier-du-8-12/

VIENNE (AUTRICHE) – « We have to organize internationally and fight together against repression. »

Solidarity with those affected by repression in the December 8 case in France !

7 comrades are facing a trial in Paris in October: they are accused of forming a « criminal organization of terrorist criminals ». At the center is a friend and comrade who fought in Rojava in 2017 as an internationalist alongside the YPG/YPJ against the Islamic State and participated in the liberation of the IS stronghold of Raqqa.

We see the surveillance and repression of pro-Kurdish, internationalist fighters in other countries as well, because there is nothing states fear more than the internationalization of our movements. That is why we have to organize internationally and fight together against repression.

International solidarity now!

Greetings from Vienna

CALAIS – « Soutien depuis la frontières nord! »

Banderole lors de la manifestation contre les CRA et toutes les prisons du dimanche 17 septembre 2023 à Calais.

Force à vous pour la suite, soutien depuis la frontière nord !

Actions à la frontière française nord contre le projet de nouveau CRA

ALBI – « Répression anti-terro vs terreau révolutionnaire »

EUSKAL HERRI – « Nous sommes toustes des terroristes. »

Banderole affichée à un concert: « Si la militance est du terrorrisme, nous sommes toustes des terrorristes. Rassemblement avec les inculpé.es du 8/12. La lutte, la lutte, toujours la lutte ! »

GESPE’GEWA’GI (QUÉBEC) – « Notre solidarité n’a pas de frontières. »

Nous écrivons depuis un territoire qui porte le nom de Gespe’gewa’gi, nommé ainsi par les peuples Mi’gmaq qui l’habitent. Ce territoire est aussi connu sous le nom colonial de Gaspésie, situé au Québec, province de l’Etat-Nation colonial Canadien.

Nous nous sommes réunis lundi [18/09] pour échanger et partager sur l’affaire du 8/12. Nous exprimons notre solidarité aux inculpé-e-s, ainsi qu’à toutes les personnes subissant la violence de l’Etat, ici comme ailleurs. Ils veulent nous faire baisser la tête par la peur, nous répondons par la détermination et la force de notre internationalisme.

Contre la violence répressive. Contre la violence coloniale.

Notre solidarité n’a pas de frontières.

ROJAVA (KURDISTAN) – « Résister, c’est vivre! »

Déclaration des camarades du Rojava: Notre solidarité aux inculpé·es du 8 décembre et aux victimes de la répression

Nous, internationalistes du Rojava, scrutons avec attention le tournant qu’est l’Affaire du 8 Décembre à l’égard de la criminalisation d’activités et d’opinions politiques en France. La Justice française décidera bientôt si le fait d’avoir des convictions politiques socialistes et anarchistes est un crime.

Si un mode de vie qui essaie de se tenir éloigné d’un système capitaliste qui pousse à l’individualisme et l’égoïsme justifie l’utilisation de tortures psychologiques telles que l’emprisonnement, les fouilles à nu ou l’isolement total. La Justice devra se prononcer sur le fait de traiter comme un terroriste une personne qui a choisi de mettre sa vie en danger pour combattre Daesh, non seulement pour le Moyen-Orient, mais pour le monde entier.

Alors même que des problèmes systémiques ravagent notre planète, que la faim et la mort sont organisées en toute décontraction par les politiques anti-migratoires, par la privation d’eau, par le libéralisme extrême, alors que des révoltes populaires faisant dates éclataient il y a peu après l’assassinat de Nahel, soulignant l’ampleur du malaise social et de la violence dans laquelle nous sommes jeté·es, la DGSI, dans toute sa clairvoyance, s’attaque au problème intrinsèquement vital de l’airsoft et de la conception amatrice d’explosif.

Les faits reprochés à nos camarades n’ont pas à être l’objet, dans un pays de droits, de chefs d’accusations terroristes. Si la DGSI ou le PNAT peinent à voir des d’ennemi·es valables, nous avons malheureusement une liste bien longue à leur montrer. Nul besoin d’imagination face à la réalité de notre monde.

Que faisait d’ailleurs la DGSI et le PNAT lorsque les attentats contre nos camarades kurdes – en particulier nos camarades femmes – étaient préparés ? Qu’elles·ils étaient assassiné·es dans les rues de Paris ?

L’usage de tortures psychologiques contre des personnes en raison de leurs opinions et expériences politiques est dans la même lignée que les violences infligées aux Gilets Jaunes, aux écologistes de Sainte-Soline ou aux révolté·es des émeutes.

Quand la répression politique se fait de plus en plus forte et de plus en plus systématique, il est du devoir de chacun·e de se dresser et de porter un message clair :

Non, les inculpé·es du 8 décembre ne méritent pas les traitements qu’iels ont reçu, en particulier l’emprisonnement et l’isolement.

Non, les inculpé·es du 8 décembre ne seront pas oublié·es.

Non, nous n’abandonneront pas nos idéaux politiques face à l’injustice et la violence : résister, c’est vivre.

Abandon de toutes les charges et réparations pour les inculpé·es du 8 décembre !

LYON – « Qui terrorise qui? »

PARTOUT – « Force aux inculpé·es du 8/12 »

Affaire du 8 décembre : Appel à une Semaine Internationale des Solidarités!

APPEL À UNE SEMAINE INTERNATIONALE DES SOLIDARITÉS AVEC LES INCULPÉ·ES DU 8.12.2020

DU 16 AU 23 SEPTEMBRE 2023

Les 7 camarades arrêté·es le 8 décembre 2020 passeront en procès du 3 au 27 octobre 2023. Iels seront jugé·es pour « délit d’association de malfaiteurs terroristes » (art. 450-1) à Paris. Aucun projet terroriste n’a été établi à l’issue de deux années d’instruction caractérisées par le recours à la torture blanche et à une surveillance des plus intrusive. La qualification criminelle n’a pas été retenue mais la dimension terroriste et collective demeure malgré l’absence totale de preuves ni même de liens entre tou·tes les mis·es en examen. Plusieurs d’entre elleux sont également inculpé·es pour « refus de remettre une convention secrète de déchiffrement » (art. 434-15).

Les détails de l’« Affaire du 8 décembre » sont disponibles sur le blog :
https://soutien812.blackblogs.org/2022/01/30/un-recit-de-laffaire-du-8-12/

L’État français les accuse d’avoir « participé à un groupement formé ou une entente établie en vue de la préparation d’actes de terrorisme ». Les faits utilisés pour étayer ces accusations sont : des « notes blanches » mensongères, l’usage d’outils d’hygiène numérique (Tails, Tor, Signal, Silence, etc.), le refus de remettre des codes de déchiffrement de téléphones ou de disques durs, la pratique occasionnelle de l’AirSoft, des voyages (en Belgique, République Tchèque, Grèce, Colombie, etc.), une courte expérience de combat au Rojava, un vol, la détention de carabines de catégorie C ou B (dont 4 carabines non déclarées), la détention d’éléments ou de substances entrant dans la composition d’explosifs (produits ménagers), la confection à titre ludique de quantités infimes d’explosif.

La plupart de ces faits ne sont pas illégaux, ou relèvent du droit commun et ne concernent pas tou·tes les mis·es en examen. Pour construire la menace « terroriste » qui en découlerait, la DGSI a créé le récit d’un « groupe » qui effectuerait des « entraînements paramilitaires » dans le but de préparer des « actes de terrorisme » contre des « forces de l’ordre ou des militaires » ou des institutions, tout en « se concertant dans ce but avec des membres de divers groupuscules ayant les mêmes objectifs en France et à l’étranger, et ce par des moyens de communication cryptés. » Ce scénario est identique à celui qui fut utilisé contre beaucoup de camarades internationalistes.

C’est là que les opinions politiques (vraies ou supposées), les modes de vie (squat, habitat mobile, activisme international, autonomisme) et les profils des mis·es en examen deviennent des éléments suffisants pour faire basculer des délits de droit commun en « terrorisme ».

Pour être plus clair : l’idéal libertaire des camarades et la présomption de culpabilité sont ce qui maintient l’accusation « terroriste » bien qu’aucun projet ne soit défini. Cette déviance légale a été permise par les jurisprudences islamophobes depuis les tueries djihadistes qu’a connu la France depuis 2012.

Le coup de force de la DGSI et du Parquet Antiterroriste français (PNAT) est de vouloir transposer le traitement judiciaire de personnes ayant rejoint l’État Islamique à des militant·es désigné·es d’« ultragauche ». L’enjeu pour l’État français est de s’aligner sur d’autres pays européens, comme sur l’Italie par exemple. Dans ce pays fasciste, la simple édition de journaux anarchistes est considérée comme « à finalité terroriste » (voir la nouvelle opération antiterroriste Scripta Scelera). Ce basculement avait été tenté en 2008 avec l’affaire dite « de Tarnac » et s’était soldé par un échec.

Grâce à l’outil antiterroriste, l’État a le champ libre pour exercer la répression sous ses formes les plus tortueuses et violentes, tout en se vantant d’agir pour le bien commun. Cela lui permet de renouveler la légitimé de sa violence en alimentant la peur dans l’opinion publique, ainsi que d’approfondir les mesures les plus liberticides : surveillance et fichage de masse, enfermement administratif et préventif, lois sécuritaires, hybridation police-armée, tortures blanches, etc. Voir l’article de Laurence Blisson, « Risques et périls de l’association de malfaiteurs terroriste » pour plus de détails.

Pas une lutte sociale n’est épargnée par la répression antiterroriste. Les idées et pratiques révolutionnaires ; qu’elles soient réformistes radicales ou insurrectionnelles, qu’elles usent de violence ou soient pacifistes ; se retrouvent en première ligne de ce front. Aujourd’hui en France, des centaines d’associations perdent leurs financements pour des « liens avec l’ultragauche ». L’outil antiterroriste a pour ambition de faire taire toute contestation sociale, toute remise en question de l’État et du capitalisme.

QUI TERRORISE QUI ?!

La répression a des conséquences immenses sur les personnes visé·es et leurs entourages politiques, des vies sont brisées et des solidarités mis·es à mal. Partout, des camarades de lutte subissent de plein fouet la répression antiterroriste. De la Russie au Chili, en Grèce, en Italie, en Espagne, aux USA, au Canada, au Pérou, au Tchad, en Birmanie, aux Philippines, en Turquie, au Kurdistan, en Biélorussie, (etc.). Quels que soient les moyens de lutte utilisés, nous savons que la Terreur ne réside pas dans notre camp social mais qu’au contraire, nous la combattons chaque jour.

Partout, les solidarités internationales sont criminalisées. Les camarades ayant soutenu la lutte kurde sont réprimé·es, les actions de solidarité internationale sont scrutées comme des réseaux terroristes, la France prononce de plus en plus massivement des interdictions de territoire à l’encontre de camarades antifascistes et écologistes.

Dans cette affaire du 8/12, pour convaincre de la dangerosité des camarades, la DGSI (et la justice) définissent descampagnes de solidarité internationale comme des « actions de basse intensité », c’est à dire comme des actes de guerre. De simples tags « Stop law and order Exarcheïa » sur le Consulat grec, une banderole en manif « From Exarcheïa to Lyon against state repression No Pasaran ! » sont brandies comme des preuves de la potentialité terroriste de l’ultragauche française. Ce discours leur sert à criminaliser la détention par les inculpé·es du 8/12 d’affiches et de brochures internationalistes.

Oui, nous sommes solidaires des luttes, qui partout dans le monde tentent de sauver ce qu’il nous reste de liberté, d’eau potable et de terres fertiles. Non, nous ne voyageons pas dans des cités balnéaires ou sur des bateaux de croisière écocidaires mais vers des lieux d’émancipation et de résistance.

Nous combattons la destruction généralisée du Vivant et l’esclavage de l’Humanité par le capitalisme. Nous combattons les massacres perpétrés par les États et leurs empires économiques. Nous combattons la militarisation et les frontières meurtrières. La révolution sociale n’est pas un projet terroriste !

Les terroristes sont ceux qui détiennent les armes de destruction massive et les armées les plus puissantes de l’histoire. Ce sont ceux qui détruisent notre Terre et exploitent ses richesses. Ce sont ceux qui asservissent les Peuples et massacrent les résistant·es. C’est cette France qui s’est hissée au second rang mondial des ventes d’armes. Ce sont ces dictateurs sanguinaires, tels Erdogan ou Mohammed ben Salmane, reçus avec honneurs à l’Élysée.

Tant que l’oppression existera,
le Pouvoir, sur son chemin, nous trouvera.

COMMENT PARTICIPER À LA SOLIDARITÉ ?

Face à la répression policière et l’outil antiterroriste, ne nous laissons pas atomiser !

Face aux États qui veulent diviser les mouvements de résistance, les amitiés et les camaraderies, les collectifs et toutes les formes d’organisations de la gauche en général, nous revendiquons la solidarité sous toutes ses formes !

Nous vous invitons à faire retentir dans des formes variées notre détermination et notre rage contre leur monde, et notre solidarité avec personnes qui passeront en procès à Paris du 3 au 27 octobre 2023.

Chaque individu, collectif et organisation peut prendre part à cet appel. À sa manière, avec les outils qui lui sont familiers, sa créativité et son imagination ! De la plus fragile à la plus spectaculaire, toutes les actions ont du sens. Et si cela permet de renforcer nos liens, nos réflexions, notre réactivité, alors saisissons cette occasion.

Vous pouvez partager vos solidarités sur : 812support@riseup.net (préférez l’usage de PGP).

Retrouvez nos tracts, affiches, communiqués, etc. sur le blog :
https://soutien812.blackblogs.org/comment-aider/

Hashtags pour la France :
#Soutien812 #QuiTerroriseQui #DGSI #PNAT
#Antiterrorisme #TGIparis #Tribunaldeparis #France

Hashtags Internationaux :
#812Support #WhoTerroriseWhom #Solidarity
#International #StopFascism #Freedom

Blogs de soutien :

~ soutienauxinculpeesdu8decembre.noblogs.org ~

~ solidarityto8december.wordpress.com ~

~ soutien812.net ~

NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS ANTI-TERRORISER !

[LeMonde-Tribune] « Attachés aux libertés fondamentales dans l’espace numérique, nous défendons le droit au chiffrement de nos communications »

Suite aux révélations de La Quadrature du Net sur la criminalisation des outils d’autodéfense numérique dans l’Affaire du 8/12, un collectif de plus de 130 signataires s’indigne contre les dérives inquiétantes de la DGSI en termes de libertés numériques.

Tribune publiée le 14 Juin dans Le Monde.

Chiffrer ses communications est une pratique banale qui permet qu’une correspondance ne soit lue par personne d’autre que son destinataire légitime. Le droit au chiffrement est le prolongement de notre droit à la vie privée, protégé par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui garantit à chacun le « droit au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance ».

Toute personne qui souhaite protéger sa vie privée peut chiffrer ses communications. Cela concerne aussi bien des militants, des défenseurs des droits humains, des journalistes, des avocats, des médecins… que de simples parents ou amis. Dans le monde entier, le chiffrement est utilisé pour enquêter sur la corruption, s’organiser contre des régimes autoritaires ou participer à des transformations sociales historiques. Le chiffrement des communications a été popularisé par des applications comme WhatsApp ou Signal.

En 2022, ce sont ainsi plus de deux milliards de personnes qui chiffrent quotidiennement leurs communications pour une raison simple : protéger sa vie privée nous renforce toutes et tous. Pourtant, le droit au chiffrement est actuellement attaqué par les pouvoirs policiers, judiciaires et législatifs en France, mais aussi dans l’Union européenne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. En tant que société, nous devons choisir. Acceptons-nous un futur dans lequel nos communications privées peuvent être interceptées à tout moment et chaque personne considérée comme suspecte ?

Le chiffrement des communications utilisé comme « preuve » d’un comportement clandestin… donc terroriste

La Quadrature du Net a récemment révélé des informations relatives à l’affaire dite du « 8 décembre » (2020) dans laquelle neuf personnes de l’« ultragauche » – dont l’une avait précédemment rejoint la lutte contre l’organisation Etat islamique aux côtés des combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) – ont été arrêtées par la DGSI et le RAID. Sept ont été mises en examen pour « association de malfaiteurs terroristes », et leur procès est prévu pour octobre 2023. Ces éléments démontrent, de la part de la police française, une volonté sans précédent de criminaliser l’usage des technologies de protection de la vie privée.

Le chiffrement des communications est alors utilisé comme « preuve » d’un comportement clandestin… donc terroriste ! Des pratiques de sécurité numérique parfaitement légales et responsables – dont le chiffrement des communications qui est pourtant soutenu, et recommandé, par de nombreuses institutions, comme les Nations unies, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), l’Agence européenne pour la cybersécurité (Enisa) ou la Commission européenne – sont criminalisées à des fins de mise en scène d’un « groupuscule clandestin » vivant dans « le culte du secret ».

Outre l’usage de messageries chiffrées sont aussi incriminées des pratiques telles que le recours à des services comme Proton Mail pour chiffrer ses e-mails, l’utilisation d’outils permettant de protéger la confidentialité de sa navigation sur Internet (VPN, Tor, Tails), de se protéger contre la surveillance des Gafam, le simple chiffrement d’ordinateurs personnels ou encore l’organisation de formations à la protection numérique (chiffro-fêtes).

Rejet de l’amalgame entre protection des données et terrorisme

Par la criminalisation du chiffrement et de pratiques répandues de sécurité informatique, la police française vise à construire un récit selon lequel les sept personnes mises en examen vivraient « dans la clandestinité ». En l’absence d’un projet terroriste prouvé et avéré, cette prétendue « clandestinité » devient une preuve de l’existence cachée d’un projet inconnu.

Nous, journalistes, activistes, fournisseurs de services tech ou simples citoyens attentifs à la protection des données à l’ère numérique, sommes profondément révoltés de voir qu’un tel amalgame entre la protection basique des données et le terrorisme puisse être alimenté par les services de renseignement et la justice antiterroriste française.

Nous sommes scandalisé·es que des mesures nécessaires à la protection des données personnelles et de la vie privée soient désignées comme des indices d’« actions conspiratives » de personne vivant supposément dans le « culte du secret ».

Nous dénonçons le fait qu’une formation classique et bienveillante au numérique, portant sur Tails, un système d’exploitation grand public développé pour la protection de la vie privée et la lutte contre la censure, puisse constituer un des « faits matériels » caractérisant « la participation à un groupement formé […] en vue de la préparation d’actes de terrorisme ».

Sous prétexte de terrorisme, le système judiciaire français incrimine des pratiques basiques de sécurité. Mais l’exemple français ne représente malheureusement pas l’unique tentative d’affaiblir le droit au chiffrement. A Bruxelles, la Commission européenne a proposé en 2022 le règlement Child Sexual Abuse Regulation (CSAR). Au nom de la lutte contre la pédopornographie, ce texte veut obliger les fournisseurs de messageries chiffrées à donner accès à chacun de nos messages pour les vérifier.

Pour un numérique émancipateur, libre et décentralisé

De nombreuses voix se sont élevées contre cette proposition, parmi lesquelles celles de cent trente organisations internationales. Elles dénoncent notamment l’absence de considération pour la mise en place d’autres moyens qui permettraient de lutter contre ces graves infractions de manière moins liberticide. De récentes fuites ont d’autre part révélé que des pays comme l’Espagne veulent purement et simplement interdire le chiffrement de bout en bout.

En Grande-Bretagne, le projet de loi Online Safety Bill et, aux Etat-Unis, le projet EARN IT s’ajoutent à cette inquiétante guerre contre le chiffrement. Attachés à promouvoir et défendre les libertés fondamentales dans l’espace numérique, nous défendons le droit au chiffrement et continuerons à utiliser et à créer des outils protégeant la vie privée.

Nous refusons que les services de renseignement, les juges ou les fonctionnaires de police puissent criminaliser nos activités au motif qu’elles seraient « suspectes ». Nous continuerons de nous battre pour un numérique émancipateur, libre et décentralisé afin de bâtir une société plus digne pour toutes et tous. Le combat pour le chiffrement est un combat pour un futur juste et équitable.

Munich : « association de malfaiteurs » contre une imprimerie anarchiste.

Une série d’articles sortis sur la récente vague de répression à Munich, visant l’imprimerie anarchiste Frevel via l’usage de l’article 129 du code pénal bavarois et les moyens de l’antiterrorisme.

Perquisitions et article 129* contre une bibliothèque anarchiste

Aujourd’hui, mardi 26 avril 2022, des perquisitions coordonnées ont eu lieu à Munich dans différents appartements ainsi qu’à la bibliothèque anarchiste Frevel, au prétexte de « formation d’une organisation criminelle ».

Les personnes concernées sont accusées d’avoir incité au crime à travers des publications anarchistes. Les flics ont confisqué pratiquement tous les journaux et brochures anarchistes ainsi que tout le matériel qui pourrait avoir un rapport avec l’impression de publications. Deux accusés ont été mis en garde-à-vue et des prélèvements d’ADN ont été ordonnés ; ils ont ensuite été relâchés, et tous les accusés sont en liberté.

Les flics essaient de nous intimider, de nous faire peur et de nous terroriser, mais nous ne sommes pas étonnés qu’en période d’état d’urgence et de guerre, l’État s’en prenne à ses ennemis, aux idées anarchistes et à leur diffusion.

Plus d’infos suivront…
Pas de spéculations !

ACAB 4 eva

* NdT : l’article 129 du code pénal allemand, est celui connu sous l’appellation « constitution d’organisations criminelles », qui vise non seulement la création d’associations de malfaiteurs, mais aussi l’appartenance et le soutien à de telles organisations. Il est régulièrement utilisé en Allemagne contre des révolutionnaires, et l’a notamment été ces dernières années à Leipzig, Weimar, Hambourg, Francfort, Berlin.

A propos de descentes de police, d’une procédure de §129 contre des anarchistEs et du vol d’une imprimerie.

Initialement paru sur Sans Nom le 9 mai 2022. Traduit de l’allemand de Zuendlappen, 7 mai 2022.

Que s’est-il passé ?

Comme nous l’avons déjà relaté, des descentes coordonnées de flics ont eu lieu mardi 26 avril contre des anarchistes de Munich, sur la base de l’accusation de création d’une organisation criminelle (§129). Dans ce cadre, quatre appartements ont été perquisitionnés (dont deux sans qu’aucun des accusés n’y habite), ainsi que plusieurs caves (parfois aussi les pièces voisines de celles prétendument attribuées aux accusés), une imprimerie et la bibliothèque anarchiste Frevel.

Coordonnés par le service de protection de l’Etat (K43, soit « Criminalité à motivation politique », NdT), une bande de flics cagoulés, armés de béliers, parfois d’armes à feu dégainées et même d’une cotte de mailles (oui, on ne sait pas si ce flic a perdu un pari ou si c’était la semaine des chevaliers), ont fait irruption dans les appartements à 6 heures pile du matin. Ces fameux paquets de testostérone ont même défoncé une porte dont la clé se trouvait à l’extérieur. Dans certains cas, eux-mêmes ou leurs collègues du service K123 (investigation numérique/surveillance des télécommunications) devaient s’être connectés au préalable au réseau WLAN local, en tout cas ils semblaient savoir exactement quels appareils étaient à ce moment-là connectés au réseau WLAN local. Munis de powerbanks [batterie portable] et de cages de Farraday en forme de sac (qui servent de protection contre les signaux radio), les agents se sont immédiatement jetés sur ces appareils (tous des smartphones) et les ont sécurisés lorsqu’ils étaient allumés.

Après ce prélude, les enquêteurs du K43 se sont approchés et ont présenté aux personnes concernées les ordonnances de perquisition et les pseudo-témoins amenés sur place par les autorités municipales locales. Et c’est parti pour un tour : pendant environ six heures et demi, les porcs ont fouillé à la recherche des objets habituels, comme des ordinateurs, des supports de stockage, des téléphones portables, mais aussi des imprimantes, des publications anarchistes, des « documents et/ou des fichiers qui renseignent sur les idées d’extrême gauche et anarchistes » des accusés, des enregistrements personnels, des données financières, des « documents et/ou fichiers renseignant sur d’éventuels projets d’attentats des accusés », ainsi que des « plans, outils et/ou matières premières pour la fabrication de bombes, d’engins incendiaires ou d’autres objets susceptibles de servir à commettre un attentat terroriste », rien que ça. Ils ont surtout saisi des supports de stockage, des ordinateurs (y compris ceux de non-accusés), des imprimantes, des notes personnelles, de la correspondance, plusieurs centaines de publications anarchistes dans des langues les plus diverses. En outre, ils ont cherché avec zèle des contrats de location pour des locaux loués, et les ont certainement réclamés aux propriétaires des caves perquisitionnées.

Les perquisitions dans une imprimerie, dans plusieurs caves et dans la bibliothèque anarchiste Frevel ont dû avoir lieu en même temps, mais il manque les mandats de perquisition et les procès-verbaux de saisie. Là aussi, les flics sont entrés par effraction et ont ensuite changé les serrures ou laissé les locaux ouverts.

Dans la bibliothèque anarchiste Frevel, les flics n’ont pris que quelques publications, affiches, autocollants et autres, et ont également volé l’imprimante qui s’y trouvait.

La situation a été différente dans l’imprimerie entièrement équipée. Ici, les flics ont fait venir un camion et une grue et ont tout confisqué : du Risograph (une machine d’impression) avec les tambours correspondants jusqu’au massicot, de l’assembleuse jusqu’à l’encolleuse, et même une presse typographique historique et ses jeux de plombs, tout cela a atterri dans la salle des pièces à conviction des flics. Mais ce n’est pas tout. Des milliers de livres, de brochures et de journaux, des paroles de Malatesta et de Kropotkine à celles de Bonanno, mais aussi de nombreuses brochures et journaux actuels, ont été emportés par les flics, tout comme environ 50 000 feuilles de papier vierge, de l’encre et bien d’autres choses encore. En signe de respect, ils ont finalement versé le café dans l’évier et sont repartis avec leur butin dans un camion de 40 tonnes.

De quoi s’agit-il ?

Trois prévenus sont accusés d’avoir formé une association de malfaiteurs, non seulement parce qu’ils seraient « membres des milieux anarchistes d’extrême gauche », qu’ils « rejettent l’existence et les valeurs de la République fédérale d’Allemagne et toute forme d’ordre étatique » et qu’ils « considèrent la violence, en particulier celle contre les biens et/ou les fonctionnaires de police, comme un moyen légitime d’imposer leurs vues », mais aussi et surtout parce qu’ils auraient fabriqué, publié et distribué l’hebdomadaire anarchiste Zündlumpen. Il s’ensuit une liste de 15 citations tirées de différentes éditions du journal Zündlumpen (sur un total de 85 numéros), pour lesquelles il s’agirait à chaque fois de « contenus punissables ». Nous reproduisons ici quelques perles sous forme de citations tirées du mandat de perquisition :

« Le 10.04.2020, les prévenus ont publié sur le site Internet de Zündlumpen, à l’adresse https://zuendlumpen.noblogs.org/post/2020/04/10/, le court message « Brenn, E-Scooter, brenn ! » [Brûle, E-Scooter, brûle !] Ils y relataient l’incendie de deux de ces véhicules à moteur le 04.04.2020 dans le quartier de Freimann à Munich et le 06.04.2020 au bord du jardin anglais à Munich. Ils qualifiaient ces véhicules de « fléau » qu’il fallait saboter. Par ce titre, les accusés approuvaient les incendies criminels commis par des inconnus le 04.04.2020 et le 06.04.2020 ».

« Dans le numéro 61 du 13.04.2020, les accusés ont appelé, dans l’article « Rébellion contre le couvre-feu », rédigé sous forme de bande dessinée, à crever les pneus des véhicules d’intervention de la police, à incendier les véhicules d’intervention de la police et à ériger des barrages routiers à partir de poubelles en feu. Les dessins fonctionnent comme des instructions d’action précises. Les accusés incitaient ainsi au sabotage anticonstitutionnel, à la dégradation de biens, à la destruction d’outils de travail importants, à l’incendie volontaire et à la violation de la loi ».

« Dans le numéro 62 du 21.04.2020, les accusés ont publié dans l’article « Ce que nos lecteur/trices (clandestins) pensent, disent et écrivent à notre sujet » un message menaçant adressé au ministre d’État de l’Intérieur bavarois, le Dr Joachim Herrmann, libellé comme suit : « Cher Joachim, … pour ma part, j’ai tiré les leçons des expériences d’autres subversifs avec des gens comme toi. Discuter avec un tyran ? Tu dois savoir que je suis historiquement du côté de ceux – purement mentalement, cela va de soi (smiley) – qui ont préféré que les tyrans mordent la poussière bien avant leur heure. Et une chose devrait être claire pour toi : les chefs de police ont toujours eu la cote – plus haute encore que celle des empereurs, des tsars et des rois ». Les accusés ont au moins accepté à bon compte que la partie en cause prenne cette menace au sérieux ».

Un prélèvement d’ADN a été ordonné à l’encontre des trois prévenus.

Encore plus de contexte ?

Étant donné que cette histoire a été montée de toutes pièces par le Bureau central bavarois de lutte contre l’extrémisme et le terrorisme (ZET), créé en 2017 au sein du parquet général de Munich, et que les informations nécessaires à l’enquête sous-jacente proviendraient du LKA et du Verfassungsschutz [police criminelle et services de renseignement, NdT] bavarois, il est clair qu’il s’agit de bien plus que de quelques citations d’un journal anarchiste qui a cessé de paraître depuis plus de six mois.

On pourrait bien sûr se demander si le ZET et la protection de l’Etat s’ennuient ou s’ils ont besoin de se prouver qu’ils sont utiles à quelque chose, ne serait-ce qu’à taper sur les nerfs des anarchistes, mais ce serait peut-être un peu court.

Toujours est-il que les procédures basées sur les paragraphes 129 et 129a connaissent une véritable renaissance ces derniers temps : dans de plus en plus de villes, les flics engagent des procédures 129 contre des anarchistes ou des antifascistes, mais il est rare qu’elles aboutissent à des accusations quelconques. Ces procédures sont plutôt un prétexte commode pour espionner abondamment ces milieux et leurs proches. Les descentes de police, qui visent également des personnes non inculpées, ne sont qu’un élément des enquêtes structurelles de la police. Les filatures, la surveillance des télécommunications, la pose de micros, de caméras et d’autres équipements destinés à espionner et à surveiller des personnes accompagnent souvent ces procédures. On peut donc soupçonner que dans ce cas également, on cherche à espionner de manière ciblée un milieu particulier.

Et puis, il y a aussi le vol audacieux et planifié de longue date de toute une imprimerie et de milliers de publications ! Une tentative évidente de démantèlement d’une infrastructure de diffusion éditoriale des idées anarchistes. S’il s’agit soi-disant d’un journal particulier, Zündlumpen, pourquoi d’autres journaux et publications ont-ils été séquestrés en masse ? Pourquoi emporter du papier vierge, de l’encre, ainsi que tout le matériel nécessaire à la fabrication de livres, de brochures et de journaux ?

Il est évident que les flics et le bureau du procureur général (ZET) visent plus loin : ils essaient d’empêcher la diffusion des idées anarchistes et d’attiser la paranoïa en saisissant des archives entières de textes anarchistes et en profitant de la possession (d’un seul exemplaire !) d’un journal dans une bibliothèque familiale pour le saisir, ainsi que toutes sortes d’appareils techniques et toutes sortes d’autres publications anarchistes.

Cela ne nous étonne guère. Les idées anarchistes ont toujours été en dehors de toute loi, et il y a donc une longue histoire de persécution des idées anarchistes. Les récentes descentes de police à Munich n’éteindront certainement pas la flamme dans nos cœurs ! Pas plus qu’elles n’empêcheront d’autres personnes de prendre une imprimante et de réimprimer tout ce que les flics ont confisqué.

Si se battre pour la liberté est un crime, l’innocence est la pire des choses !

Fraîchement perquisitionnés et pourtant toujours là,

Quelques anarchos de Bavière

Nouvelles perquisitions contre des anarchistes de Munich

Publié le 29 oct. 2022 sur Sans Nom. Traduit de l’allemand de de.indymedia.

Jeudi 27 octobre 2022, sans surprise, les flics de Munich ont à nouveau fait une descente dans deux appartements. Une fois de plus, les perquisitions étaient dirigés contre des anarchistes. L’un d’entre eux est accusé d’être membre de l’association de malfaiteurs que les flics sont en train de construire autour de la procédure §129 ouverte contre les compagnons munichois. Une fois de plus, ils ont saisi tous les papiers anarchistes ou ceux qui paraissaient tels à leurs yeux. Pour l’instant, il n’y a rien d’autre à dire sur le cadre de ces perquisitions que ce qui avait écrit dans le texte publié la veille (traduit ci-dessous, NdT), et dans lequel elles avaient été annoncées. Nous vous tiendrons au courant de l’évolution de la situation.

Comme toujours, le principe reste le même : pas de spéculation.
ACAB

Derniers développements et contexte autour de la procédure §129 à Munich ou Les poursuites contre des anarchistes et des mégots au royaume chrétien de Bavière

Traduit de l’allemand de de.indymedia, le 26 octobre 2022.

Le texte suivant a pour but de donner quelques informations de fond sur l’enquête basée sur l’article 129 du code pénal [association de malfaiteurs] en cours à Munich, et de fournir les derniers développements ainsi qu’une évaluation générale de l’ensemble de l’affaire. Cette affaire a été rendue publique le 26 avril 2022, lorsque des perquisitions coordonnées ont eu lieu dans quatre appartements, la bibliothèque anarchiste Frevel et une imprimerie.

Avant d’expliquer chronologiquement le déroulement connu des investigations qui ont eu lieu, expliquons ici à nouveau les faits reprochés : la procédure ouverte sur la base de l’article 129 pour association de malfaiteurs, concerne l’accusation d’avoir commis 15 infractions qui sont soit l’incitation à commettre des crimes ou délits, soit leur apologie, soit des menaces, soit les deux, en référence à l’accusation d’avoir publié, rédigé, imprimé et diffusé le journal anarchiste Zündlumpen, paru de mai 2019 à septembre 2021. En bref, les personnes accusées seraient la rédaction de Zündlumpen, qui serait elle-même une association de malfaiteurs.

Comment tout a-t-il commencé ?

Zündlumpen a eu l’immense honneur de se voir attribuer sa première plainte par le vice-roi chrétien de Bavière, à savoir le Dr. Joachim Hermann en personne. Explication : depuis la nuit des temps, Joachim, un homme strict de la CSU [le parti très à droite qui dirige la région de Bavière depuis l’après-guerre], est le commandant en chef de son exécutif encore plus strict, car Joachim est Ministre de l’Intérieur de la Bavière. Joachim veille sur la police bavaroise, qui n’est pas réputée pour sa clémence, sur les frontières bavaroises et sur l’Office bavarois de protection de la Constitution [soit les services de renseignement, NdT]. Avec Joachim, il est clair que lorsqu’il s’agit des frontières, il veut les rendre étanches, lorsqu’il s’agit des réfugiés, il n’en veut pas, lorsqu’il s’agit des policiers, il veut en recruter des dizaines de milliers, lorsqu’il s’agit de « sécurité », Joachim veut investir des milliards d’euros, lorsque Joachim parle d’un Noir, il le qualifie de « merveilleux nègre », et lorsqu’il s’agit de l’extrémisme de gauche, Joachim y voit chaque année un « danger croissant » lors de la présentation du Rapport officiel sur la protection de la Constitution. C’est donc Joachim lui-même, Sa Majesté de l’Armada verte, qui s’est soudainement senti menacé par le journal Zündlumpen. Lorsque Zündlumpen, en référence à certaines déclarations faites par Joachim sur le dangereux Zündlumpen, a dit en gros qu’il était historiquement et théoriquement du côté des régicides, etc. , Joachim Hermann, qui résiderait au ministère de l’Intérieur, a personnellement déposé une plainte pour « menace« .

Chacun sait que les autorités répressives de Bavière sont nerveuses et très vieille école, même Jakob, le plus jeune fils du Dr Joachim, alias le rappeur Jaggy Jackpot : « Beaucoup de Jobs, beaucoup de Cops, c’est la Bavière, Diggah./ Ça veut dire que j’accroche la beuh à mes couilles, Diggah » . Zündlumpen s’est donc rendu coupable d’un crime de lèse-majesté, cette fois-ci sous forme de menace – le début d’une enquête à grande échelle dont les motivations politiques ne pourraient pas être plus claires et symboliques avec ce prélude.

Premières enquêtes

Après cette première plainte, le journal Zündlumpen a continué à les collecter avec assiduité : à partir de mars 2020 tout ne tournait plus qu’autour du coronavirus, et comme Zündlumpen recommandait de le cracher sur les policiers en cas d’infection, un séisme s’est produit sur les réseaux sociaux des flics. A Erfurt, Lüneburg et Cologne, des plaintes ont été déposées pour « incitation au crime » et les parquets respectifs les ont transmises à Munich. A peu près au même moment, des affiches dont les modèles avaient été publiés dans Zündlumpen sont apparues à Munich, et le fait qu’elles aient été collées n’a pas non plus échappé à la police. Quelques citoyen.nes alertes se sont aussi retrouvés de temps à autre avec un numéro de Zündlumpen dans la main ou dans leur boîte aux lettres, ce qui les a tellement provoqués qu’ils ont immédiatement appelé le 110 [l’équivalent français du 17]. Au fil du temps, les plaintes concernant Zündlumpen se sont donc accumulées sur le bureau des policiers en charge de l’extrémisme de gauche (au sein du Staatsschutz, soit l’organisme de Protection de l’Etat, un équivalent de la DCRI, NdT).

Les premières étapes de l’enquête ont été les suivantes : tenter d’identifier les créateurs de l’adresse internet du blog de Zündlumpen sur noblogs. Sans succès. Ensuite, l’office régional de la police criminelle (LKA, Landeskriminalamt) a tenté d’analyser l’image imprimée des exemplaires de Zündlumpen récupérés : ils ont apparemment été imprimés à l’aide d’une imprimante à jet d’encre. Ensuite, l’ADN a été recherché à l’intérieur des exemplaires de Zündlumpen retrouvés, ce qui n’a pas donné de résultats.

Une autre étape a consisté à porter plainte contre Zündlumpen une nouvelle fois pour « incitation au crime » , car celui-ci expliquait dans une édition suivante (pendant le couvre-feu de l’époque) comment éteindre les lampadaires. Le service munichois de protection de l’État a ensuite mis cette explication en lien avec plusieurs câbles coupés sur des boîtiers Internet et téléphoniques à Munich. Les câbles électriques ayant été coupés et laissés à l’air libre, une enquête a été ouverte pour « sabotage menaçant l’Etat ». La police a enquêté un peu sur ces lignes téléphoniques et Internet coupées le 31 décembre 2021, et n’a obtenu aucun résultat. Apparemment, les flics n’ont pas pu relever de traces sur les boîtiers téléphoniques, car pour garder les lignes ouvertes, il fallait toujours qu’un.e employé.e des télécoms vienne d’abord réparer le boîtier. Les stratégies d’enquête utilisées par les policiers, comme que la consultation des services de police fédéraux pour savoir si des faits similaires s’étaient déjà produits ailleurs, l’affichage d’appels à témoins ou l’analyse des possibles itinéraires des auteurs, n’ont fourni aucun indice. La protection de l’Etat était également en contact étroit avec Telecom-Security à ce sujet, et a suggéré d’introduire un système d’alarme en cas de perturbations, qui informerait immédiatement la police, ce que Telecom-Security a refusé, car selon eux cela aurait généré trop de perturbations.

A ce moment-là, plusieurs rapports et enquêtes avaient déjà été effectuées contre Zündlumpen, mais sans aboutir à aucun résultat. La clôture policière de l’enquête a été envisagée… mais ensuite la protection de la constitution (Verfassungsschutz, VS) est intervenue…

Tada !

… et puis l’enquête s’est « soudainement » portée sur trois prévenus que la police a sortis de son chapeau après un intermède avec l’Office de protection de la Constitution. Il n’est pas surprenant que cette transmission d’informations se soit manifestement déroulée de manière très « désordonnée » et « peu transparente » (le fait que le VS bavarois travaille de manière relativement « peu transparente » n’est plus un secret, au moins depuis le NSU – Nationalsozialistische Untergrund, groupe clandestin néo-nazi actif de 1999 à 2011, NdT). Trois personnes sont d’ailleurs le nombre minimum pour pouvoir constituer juridiquement une organisation criminelle. Alors que l’Office de protection de la Constitution (VS) a fourni quelques analyses de l’idéologie (anarchisme insurrectionnel), du radicalisme et de la proximité de la violence ainsi que du langage (le mot « flic », Bullen, est utilisé tant et tant de fois) de Zündlumpen, le service de Protection de l’Etat (Staatsschutz) a enquêté sur trois personnes pour « formation d’une organisation criminelle » . L‘Office de protection de la Constitution (VS) a fourni des informations générales sur les trois suspects et a avancé l’hypothèse qu’ils étaient tous des anarchistes et qu’ils devraient tous avoir des liens avec la bibliothèque anarchiste Frevel (qui est de toute façon un lieu dangereux et criminel). En outre, il est évident que le VS a construit un environnement fixe concernant la bibliothèque Frevel, qui a également fait l’objet de mesures de surveillance. Dans ce contexte, le VS mentionne également un certain nombre de crimes non résolus et d’incendies criminels commis à Munich.

Mais que reprochent les policiers aux accusés respectifs et comment sont-ils tombés dans le collimateur des policiers ?

Il est reproché à la « personne 1 » de l’enquête d’avoir loué un local dans lequel Zündlumpen aurait été fabriqué (une soi-disant hypothèse d’enquête, c’est-à-dire : une simple supposition sans indices). En outre, la personne 1 serait connue de la police, anarchiste et connaissant d’autres anarchistes. La police aurait appris l’existence de cette imprimerie grâce à un appel téléphonique suite auquel des policiers en patrouille seraient passés sur les lieux suite à une plainte pour bruit… et d’autres policiers auraient découvert, à la suite d’un contrôle d’identité effectué quelques jours plus tard, que du matériel anarchiste y étaient imprimé. De plus, un autre policier aurait vu une fois par hasard la personne 1 dans le contexte d’une autre perquisition dans la maison en question, l’aurait reconnue et se serait ensuite renseigné auprès du propriétaire sur la location.

Il est reproché à la « personne 2 » d’avoir fait des études d’informatique, ce qui indiquerait qu’elle aurait les capacités professionnelles pour gérer un blog Noblogs, qui a posé des obstacles insurmontables aux informaticiens du LKA en matière de désanonymisation. De plus, la personne 2 aurait collé à deux reprises des affiches dont le contenu aurait été similaire à celui publié dans Zündlumpen (par exemple sur l’IAA, le Salon de l’Automobile). En outre, la personne 2 écrit parfois des grossièretés et des invectives contre les policiers dans la rubrique « objet » de ses virements bancaires personnels, ce que fait également le journal Zündlumpen. En outre, il serait anarchiste et connu des services de police.

Il est reproché à la « personne 3 » de parler français. Cela suggère qu’elle aurait fait des traductions du français pour Zündlumpen. En outre, la personne 3 aurait été filmée par une caméra de surveillance à l’intérieur d’une église en train de laisser un seul exemplaire de Zündlumpen dans cette église. Elle aurait également commandé sur son compte du matériel qui pourrait être utilisé, entre autres, pour imprimer des choses.

Cette construction a finalement permis à la police, au parquet et aux juges de lancer des observations et d’autres mesures de surveillance, ainsi que de mettre en route les perquisitions d’avril 2022 qui avaient été fixées deux mois à l’avance. L’Office pour la protection de la Constitution a également reçu le pouvoir général de prendre des mesures de surveillance globale pour la période en question et au-delà. Lors des perquisitions suivantes, l’ensemble des pièces ont toujours été fouillées, car il a été affirmé que les anarchistes vivaient partout, qu’ils étaient prêts à recourir à la violence et qu’ils se partageaient les biens. Le fait que certaines personnes ne figuraient pas sur la liste des colocataires (tout en semblant habiter dans les appartements), n’a pas empêché leurs ordinateurs portables, clés USB, lettres personnelles, etc. d’être saisis ni que soient prélevés des échantillons de leur écriture. Un mandat de perquisition avait également été délivré à la prétendue compagne d’une personne concernée, mais il n’a pas été exécuté.

Un mégot de cigarette – voilà !

Après avoir fait main basse sur des dizaines de cartons d’objets et de toutes sortes de journaux, de brochures, bref, de tout le papier qui semblait anarchiste, et après avoir pris tout ce qui n’était pas une chaise ou une poubelle dans l’imprimerie, c’est-à-dire des dizaines de milliers de feuilles de papier blanc, toutes les machines, des milliers de journaux et de livres, les flics se sont mis à analyser en particulier tous les objets de l’imprimerie à la recherche de traces d’ADN, comme si celle-ci avait été un laboratoire secret de bombes. Ils ont prélevé des dizaines et des dizaines d’échantillons sur des imprimantes et des machines… et ont finalement trouvé une trace d’un ADN connu !

Cette trace ADN pourrait être attribuée à la « Personne 4 », alors qu’en même temps, il pourrait être exclu que toute autre trace ADN provienne de la Personne 4. La personne 4 aurait donc fumé une cigarette dans l’imprimerie… et voilà, la personne 4 fait désormais aussi partie de l’organisation criminelle. Car la personne 4 serait également anarchiste et connue des services de police. L’accusation ridicule d’avoir fumé une cigarette dans une imprimerie a suffi à un juge pour accorder un mandat de perquisition, qui n’a pas encore été appliqué… et dans lequel il est à nouveau stipulé que tous les imprimés anarchistes, les écrits personnels, les imprimantes, etc. doivent être saisis. Intéressant : les flics veulent à chaque fois saisir les routeurs WLAN afin d’évaluer les adresses MAC qui y sont enregistrées.

L’absurdité de tout cela

La police a manifestement une énorme volonté politique de démanteler les espaces fréquentés et utilisés par les anarchistes, comme l’ont montré les pressions et les intimidations exercées sur le propriétaire de la bibliothèque anarchiste Frevel, qui a par la suite résilié le bail de la bibliothèque. L’interaction entre le ministère de l’Intérieur, la protection de la Constitution, la protection de l’État et le LKA fait qu’il suffit d’être anarchiste, d’être considéré comme appartenant à un cercle de personnes et de connaître soi-disant des gens pour être accusé d’appartenir à une organisation criminelle. L’État bavarois n’hésite pas à donner l’image d’une dictature lorsque ses sbires confisquent toute publication anarchiste et tout matériel d’impression, ni à intimider les propriétaires à la manière de la mafia et à menacer de perquisitionner les domiciles en cas de non-remise des contrats de location. Il s’agit manifestement pour l’État d’étouffer la présence d’idées, d’espaces, de relations et de pratiques anarchistes.

Le niveau juridique de cette tentative est significatif : la police ne peut établir de lien réel entre aucune des quatre personnes désormais accusées et Zündlumpen, et encore moins avec la rédaction d’articles. Principale accusation : les accusés sont des anarchistes et se connaissent certainement. La ligne d’enquête suivie par l’Etat consiste à construire des indices quelconques à partir de traces d’ADN ! Il essaie de trouver des traces d’ADN d’anarchistes sur des imprimantes ou des numéros isolés de Zündlumpen ou simplement quelque part dans une imprimerie et de présenter cela comme si on faisait partie de la rédaction de Zündlumpen. Cette construction absurde suffit au parquet et aux juges pour faire passer toute mesure répressive et toute perquisition et saisie. Cette tactique d’enquête est pertinente pour l’ensemble de la République fédérale : si les flics, les juges et les procureurs qui travaillent ici parviennent à faire en sorte que la simple accusation selon laquelle une trace d’ADN trouvée sur un journal, un appareil d’impression ou un objet quelconque dans une imprimerie correspondant à une personne donnée, signifie que l’on a soi-disant imprimé, distribué ou même rédigé les articles du journal en question, alors la possession de n’importe quel journal anarchiste constitue un crime potentiel. Fahrenheit 451 vous salue !

Vouloir démontrer la participation à la publication d’un journal par des traces d’ADN (comme sur les mégots dans une imprimerie) est une initiative répressive qui nous concerne tous ! L’État bavarois ne veut pas seulement réprimer l’existence de locaux et de publications anarchistes, mais aussi le simple fait de posséder, de lire et d’imprimer des journaux anarchistes.

Ces dernières avancées répressives à Munich concernent tous les subversifs, les rebelles, les anarchistes, les anti-autoritaires et les cœurs sauvages. Car si lire des journaux anarchistes est un crime, alors aucun d’entre nous n’est innocent !

Liberté pour les rotatives et tous les prisonniers du monde entier ! Solidarité et salutations à toutes les autres personnes concernées par les procédures sous article 129 !

Quelques rats de bibliothèque anarchistes
et des lecteurs de Bavaria

Que sait-on de la nouvelle affaire de terrorisme contre des antifascistes à Tioumen ?

Initialement paru sur l’Anarchist Black Cross Moscow le 22 octobre 2022 et traduit par Le Monde Libertaire.
 
Au début du mois de septembre, un tribunal de Tioumen a arrêté six antifascistes, dont le plus jeune a 23 ans et le plus âgé 28 ans. L’une des personnes arrêtées est accusée d’avoir organisé un groupe terroriste, les autres de participation. En outre, deux des accusés dans cette affaire sont accusés de fabrication d’explosifs. Depuis, trois des accusés ont fait état de tortures par chocs électriques. Les proches des personnes arrêtées craignent qu’une affaire soit en train d’être montée de toutes pièces contre les jeunes hommes, comme dans l’infâme affaire Network, dont les accusés ont été condamnés à de longues peines de prison grâce à une accusation de terrorisme.

Nous portons à votre attention la traduction de l’article de la BBC.

Le dernier jour de l’été, les forces de sécurité russes ont procédé à une série de détentions à Lekaterinbourg et Sourgout. À Lekaterinbourg, ils ont arrêté Yuri Neznamov (27 ans) et Danil Chertykov (28 ans). À Sourgout – Nikita Oleinik (27 ans) et Roman Paklin (25 ans). Tous les quatre ont été arrêtés à peu près au même moment, le 31 août à 23 heures.
Après leur détention, tous les quatre ont été transférés à Tioumen. Bien qu’ils aient été détenus le 31 août, le tribunal de première instance s’est tenu le 7 septembre. Le tribunal central de Tioumen a arrêté les quatre personnes jusqu’au 30 octobre. Le service de presse du tribunal n’a pas répondu à la question de savoir de quoi sont accusés exactement les détenus de Sourgout et de Lekaterinbourg.
« Les gars viennent de différentes régions, ils se rendaient visite et allaient à des concerts. Ils avaient beaucoup de choses en commun. Entre eux, ils avaient des opinions antifascistes« , raconte une connaissance de Yuri, qui a requis l’anonymat.
Neznamov – un designer indépendant, intéressé par la modélisation 3D – a été détenu à Ekaterinbourg dans un appartement loué. Comme l’a écrit son cousin Aleksey sur « VKontakte« , des personnes en civil se sont présentées à son appartement, ont procédé à une fouille sans témoins (elles ont confisqué du matériel et quelques objets, mais n’ont rien trouvé d’illégal, selon son cousin), puis « l’ont maîtrisé et emmené vers une destination inconnue« .

Peut-être qu’ils vous ont relié à quelque chose ?

Les proches ne savaient pas où il se trouvait. Le 2 septembre, son père a déposé une déposition pour personne disparue. « Et ce n’est que le 6 septembre qu’il a été informé que des agents du FSB [note] avaient emmené Yuri à Tioumen » – écrit le cousin de Neznamov.


Neznamov

Le 9 septembre, plusieurs jours après les arrestations, l’avocat Fyodor Akchermishev a rendu visite à Neznamov dans la prison de Tyumen. Ils leur ont accordé 35 minutes d’entretien. « Tout en comprenant que les accusations seront absurdes, je lui ai demandé ce qu’il avait à dire concernant les accusations. Il a répondu qu’il n’avait rien à voir avec elles. Il ne sait pas exactement de quoi on l’accuse, il n’a aucun document, je n’ai aucun document non plus« , a déclaré l’avocat à la BBC.
Pendant l’entretien, il regarde Neznamov et voit sur son coude gauche deux marques de choc électrique. « Je lui demande : « Ils t’ont, peut-être, connecté à quelque chose ? » Il a répondu qu’il ne s’en souvenait pas », – se rappelle Akchermishev.
Mais pendant l’entretien avec l’avocat, Neznamov a fourni une description écrite détaillée des tortures (la BBC en a une copie). Comme il l’a raconté, ils l’étouffaient avec un sac, lui versaient de l’eau dans le nez et la bouche, lui attachaient les pieds et les mains et le torturaient avec des chocs électriques.
« Ils ont mis quelque chose d’humide dans une de mes baskets, ont attaché quelque chose à mon dos et ont ensuite libéré le courant électrique. Je ne peux pas vous dire combien de temps cela a duré, car cela m’a semblé une éternité. Je leur ai également dit toute la vérité, en la complétant par des mots qu’ils voulaient entendre, pour que cela cesse. Je n’ai jamais ressenti une telle douleur dans ma vie« , – a-t-il écrit.
En outre, selon ses dires, ils m’ont présenté « quelque chose dans les mains« , pour y laisser ses empreintes digitales : « Ils menaçaient de poser des explosifs chez mes proches, avec mes empreintes dessus« .

BBC Russian Service a envoyé une demande au département du ministère des affaires intérieures (MIA) de Tioumen et attend une réponse.

L’avocat de Neznamov, Akchermishev, a déposé une plainte auprès du Comité d’enquête de Tioumen, concernant l’utilisation de la torture contre son client. Le dossier, signé par la petite amie de Neznamov, demande que les « officiers de police et/ou du FSB » impliqués dans l’organisation et l’exécution directe des actes de torture par chocs électriques, ainsi que l’officier qui a fait signer des documents à Naznamov, soient traduits en justice, en vertu de la partie 4 de l’article 286 du Code pénal (abus de fonction avec utilisation de la torture).

« Les tortures par chocs électriques sont pratiquées pour couvrir le manque de professionnalisme et obtenir des aveux de crimes que la personne n’a pas commis » – est-il écrit dans le document.

Ils ont monté une affaire, similaire à l’affaire « Network ».
Des tortures par chocs électriques ont déjà été rapportées par trois accusés de cette affaire, mais seul Neznamov a été interrogé par un avocat. Roman Paklin a dit à sa mère et à sa petite amie qu’il avait également été torturé par des chocs électriques. Après les tortures, il ne pouvait plus sentir son bras et a commencé à ressentir des douleurs au cœur, – a déclaré un ami à lui à la BBC.
Oleinik a également informé ses proches, par l’intermédiaire d’un avocat, qu’il avait été torturé. « Il a été torturé exactement de la même manière que Neznamov. Il y avait des informations sur le waterboarding [note], les chocs électriques. Ils lui ont mis un sac sur la tête, et pendant quelques jours, il ne pouvait rien voir et ne comprenait pas où il était« , a raconté sa petite amie.
Danil Chertykov a également informé ses proches que des pressions avaient été exercées sur lui, mais n’a pas précisé de quel type. Le 19 septembre, l’avocat Andrey Bekin lui a rendu visite en prison. Chertykov lui a raconté qu’il avait été battu pendant la capture et dans le cabinet, et qu’il avait également été forcé de signer des documents. En cas de refus de signer, il était « puni » en faisant des squats [note] – la nuit de sa détention, il a fait environ 400 squats, a-t-il dit à son avocat. Selon ses dires, les forces de sécurité lui donnaient des coups de pied dans les jambes et le menaçaient de violence contre ses proches, sa mère et sa petite amie.


Danil Chertykov

« Ils disaient : Fais attention, on peut te mettre dans notre prison, pour te faire assoir dans ton propre sang, ta merde et ta pisse« . « En l’amenant à la police, ils l’ont allongé sur le sol entre des sièges et ont mis leurs pieds sur son dos, en appuyant sur sa tête avec leurs bottes sur le sol. Dans le bureau, lorsqu’ils frappaient Danil, il entendait les cris de Yuri, torturé derrière le mur – les officiers riaient des cris et disaient à Danil que s’il ne signait pas ce qu’ils voulaient, ils l’emmèneraient au même endroit » – les amis des accusés rapportent les paroles de l’avocat.
Selon eux, l’avocat de Chertykov a l’intention de déposer une plainte auprès du Comité d’enquête sur l’utilisation de la torture.
Selon Chertykov, à la suite de tortures et de menaces, il a été obligé de reconnaître « ce qu’ils ont demandé » et qui, selon ses dires, ne correspond pas à la réalité.
« Ils ont monté une affaire de terrorisme contre six personnes, dont mon cousin Yuri Neznamov, très similaire à la célèbre affaire Network« , conclut Aleksey Neznamov.
Les accusés de l’affaire Network ont été condamnés à de longues peines de prison – de 5,5 à 18 ans – pour avoir organisé un groupe terroriste et y avoir participé. Selon les accusés, cette organisation n’a jamais existé et l’affaire a été entièrement fabriquée par le FSB.
Presque tous les accusés de l’affaire du Network ont déclaré avoir été soumis à des tortures, à la suite desquelles ils ont dû s’incriminer eux-mêmes et s’accuser mutuellement. Quatre accusés ont déclaré que les forces de sécurité les avaient torturés à l’aide de décharges électriques, afin d’obtenir le témoignage souhaité. Presque tous les accusés se sont ensuite rétractés sur leurs témoignages.

Le début de l’affaire Tioumen.
Le 30 août, un jour avant les arrestations à Sourgout et Lekaterinbourg, les forces de sécurité de Tioumen ont arrêté Kirill Brik (24 ans) et Deniz Aidyn (23 ans). Selon le dossier de l’affaire, ils ont fabriqué un explosif artisanal et se sont dirigés vers la zone de la centrale thermique 2 (TPP) de Tioumen, à la périphérie de la ville, afin de trouver un site approprié « pour la réalisation d’explosions dans un site forestier« .


Deniz Aydin

La petite amie d’Aidyn, Diana, pense que la police a pris les jeunes hommes pour des toxicomanes et a donc décidé de vérifier leurs téléphones. « Il est très probable qu’ils les aient pris, lui et Kirill, pour des consommateurs de drogue. Il y a généralement beaucoup de dealers dans la zone de TPP-2. Ils ont vérifié leurs téléphones, et ont alors trouvé qu’ils étaient abonnés à de nombreuses chaînes antifascistes sur Telegram. Et ils les ont embarqués » – a-t-elle supposé en parlant à la BBC.
Selon les enquêteurs, lors de l’arrestation, la police a trouvé sur Brik et Aidyn une matière explosive d’une masse de 312,13 grammes et deux détonateurs. Le 2 septembre, le tribunal du district central de Tioumen les a arrêtés en les accusant de fabrication d’explosifs artisanaux en réunion, par entente préalable. La peine prévue par cet article est de 10 à 15 ans d’emprisonnement.
Selon Diana, le 30 août vers 21 heures (c’est-à-dire environ une heure après l’arrestation effective d’Aidyn et de Brik), elle avait prévu de rencontrer Aidyn dans le centre de Tioumen. Après l’avoir attendu en vain, elle a commencé à s’inquiéter et est rentrée chez elle, en espérant que son « téléphone était tout simplement « mort »« . À l’entrée de la maison où Diana et Aidyn louaient un appartement, les forces de sécurité l’attendaient : « Ils m’ont également arrêtée à l’entrée et m’ont expliqué que mon petit ami et son ami Kirill Brik étaient soupçonnés de fabriquer des explosifs« .
Après sa détention, selon ses dires, elle a été amenée au département de lutte contre le crime organisé de la police de Tioumen. Des officiers de ce département ont participé à sa détention, a-t-elle ajouté – « ils nous ont montré leurs badges« . La petite amie de Kirill y a également été amenée. La BBC n’a pas réussi à établir un contact avec elle.
Dans le bureau, raconte Diana, les agents « essayaient de manière agressive de l’impliquer à l’affaire » : « Ils ont immédiatement commencé à lancer des phrases fortes, comme « nous t’avons sauvé la vie », avec l’arrestation des gars, et qu’ils voulaient « me faire sauter » le 1er septembre. »
Le jour suivant, le 31 août, ils ont fouillé leur appartement. Cela a été réalisé en présence d’Aidyn. À ce moment-là, Diana se trouvait au poste de police. Selon elle, elle a été libérée après la perquisition.
Pendant la perquisition, ils ont confisqué un fusil de chasse Saiga [note] , que, selon sa petite amie, Aidyn possédait légalement et avait tous les documents requis.
Ils ont également confisqué du matériel, un drapeau de la Sibérie (drapeau blanc-vert de la République sibérienne non reconnue de 1918) et des livres : « La révolte des masses » du philosophe espagnol Jose Ortega y Gasset, des ouvrages des anarchistes russes Bakounine et Kropotkine et un livre sur la révolution espagnole, dont Diana ne se souvenait plus le nom.
La maison de Brik a également été fouillée, mais la BBC n’a pas pu trouver d’informations sur ce qu’ils ont confisqué. « Ces jours-ci, j’ai parlé avec la petite amie de Kirill, et elle m’a dit qu’ils avaient une petite réserve – 15 à 20 000 roubles – et qu’après la perquisition, elle ne l’a pas retrouvée« .


Kirill Brik

Dès l’arrestation d’Aidyn, ni ses parents, ni Diana n’ont réussi à lui parler. Ils ne se sont pas rendus au tribunal des affaires pénales, car ils ne savaient pas qu’il aurait lieu. Son avocat a refusé de parler à la BBC.
Aidyn et Brik sont antifascistes et musiciens. Brik travaillait comme mécanicien automobile. Aidyn, selon les histoires de sa petite amie, « travaillait dans des mariages, comme chargeur et dans d’autres endroits, il n’avait pas de travail officiel« .
Aidyn jouait de la guitare dans le groupe local de hardcore Siberian Brigade, ainsi que dans le projet black metal Rasputin. « Deniz jouait dans de nombreux groupes. C’est un guitariste virtuose qui a une grande oreille pour la musique, c’est pourquoi il était assez populaire. Brik a un projet expérimental solo, « m6th – grindcore numérique, noise ambient » – a raconté à la BBC un ami d’Aidyn et Brik qui a requis l’anonymat.
À la fin du mois de juillet, Aidyn était déjà accusé dans une affaire pénale, pour hooliganisme [note] . Selon ses amis, il a été attaqué par cinq hommes dans le centre de Tiumen. Afin de s’échapper, Aidyn a utilisé un pistolet traumatique [note] . Après cela, l’un des agresseurs s’est retrouvé à l’hôpital.
« Comme l’ont dit les policiers, le moment de l’attaque a été filmé par une caméra de vidéosurveillance. Denis s’est rendu à la police le même jour. Il n’y a pas encore eu d’audience sur cette affaire. L’avocat de Deniz prétend que l’affaire de hooliganisme devrait être requalifiée en légitime défense » – raconte son ami.
Selon lui, le cœur du conflit est qu’Aidyn, au début, a pris la défense de jeunes patineurs qui « étaient malmenés par cinq Azerbaïdjanais« . Après cela, il s’est battu avec l’un d’eux « d’un commun accord« , tandis que plus tard dans la journée, il a été attaqué par une foule à coups de pierres, « je suppose, par vengeance« .

« Activité destructrice »
Des amis des accusés arrêtés ont déclaré à la BBC que Nikita Oleinik, originaire de Sourgout, était accusé d’avoir organisé un groupe terroriste (première partie de l’article 205.4 du Code pénal, avec une peine de 10 à 15 ans de prison ou une peine de prison à vie), tandis que les autres membres du groupe étaient accusés d’y avoir participé (peine de 5 à 10 ans de prison).
La plainte pénale (disponible à la BBC) indique qu’Oleinik a « créé une association terroriste entre 2021 et février 2022″, étant « un opposant au pouvoir de l’État et à l’ordre constitutionnel de la Russie » et « avec l’intention de créer un groupe terroriste pour mener des activités terroristes« .


Nikita Oleinik

Dans ce groupe, selon l’enquête, Oleinik a impliqué Brik, Aidyn et Chertykov, ainsi que « d’autres personnes non identifiées par l’enquête« . Concernant les personnes arrêtées, Neznamov et Paklin, l’ordonnance ne dit rien.
L’enquête estime que Oleinik a organisé et tenu des réunions et des assemblées conspiratrices avec les participants du « groupe terroriste » dans les oblasts [note] de Tioumen et de Sverdlovsk, ainsi que dans la région autonome de Khanty-Mansi. Ces réunions, selon le document, avaient pour objectif de renverser le gouvernement par des moyens violents.
Selon l’enquête, Oleinik a exercé sur les participants du groupe une « influence et un lien de recrutement » et a mené une « activité destructrice » sur le territoire de la région autonome de Khanty-Mansi. Chertykov, sur ses instructions, a mené une « activité destructrice » dans l’oblast de Sverdlovsk, tandis que Brik et Aidyn se sont rendus dans l’oblast de Tioumen. La nature de cette « activité destructice » n’est pas précisée dans la décision d’ouverture d’une procédure pénale.
D’après l’enquête, Brik et Aidyn étaient responsables de la fabrication d’explosifs artisanaux – nécessaires à la conduite d’actes terroristes – ainsi que de la conduite directe de ces actes dans les trois régions où, supposément, le groupe était actif. En revanche, le document ne mentionne aucun des « actes terroristes » menés par les accusés dans cette affaire.
Chertykov – qui travaille comme vétérinaire -, selon l’enquête, a fourni aux participants du groupe des médicaments et des « articles hémostatiques« , « dont les participants du groupe pourraient avoir un besoin urgent lorsqu’ils commettent des crimes liés au terrorisme et des affrontements armés avec des représentants du pouvoir d’État« .
Le document ne dit rien sur la planification de crimes spécifiques ou d’ »affrontements armés » par les accusés. Mais l’enquête a conclu que les personnes arrêtées « étaient bien conscientes qu’elles étaient membres d’un groupe terroriste » et que les motifs d’engager des poursuites pénales sont suffisants.
Il convient de noter que la date figurant sur l’ordonnance est le 2 septembre, alors que tous les accusés ont été détenus les 30 et 31 août. L’affaire a été initiée par le département du MIA [note] de l’Intérieur de Tioumen.

« Je ne sais rien, je ne suis intéressé par rien, je n’ai entendu parler de rien »

Danil Chertykov est un vétérinaire. Il est spécialisé dans la chirurgie orthopédique. Avant son arrestation, il travaillait dans la clinique vétérinaire Vetpuls. Sur internet, on peut trouver de nombreuses critiques positives sur son travail. « Danil est l’un des meilleurs vétérinaires de Lekaterinbourg, il a une énorme clientèle » – nous a dit sa petite amie Alyona.
Les collègues de Chertykov sont au courant de la situation, s’inquiètent pour lui et ne croient pas à ce qui se passe, ajoute-t-elle : « Tout le monde l’aime beaucoup dans son travail« .
Chertykov a été arrêté alors qu’il sortait d’un restaurant à Ekaterinbourg avec sa petite amie et des amis. « Une foule de forces de sécurité nous a sauté dessus, en uniformes banalisés, sans insigne. Ils portaient des gilets pare-balles, des cagoules, des masques et des armes à feu. Ils étaient trop nombreux » – se souvient Alyona. Après cela, elle et Chertykov ont été emmenés dans différentes voitures civiles, le reste de ses amis n’ont pas été retenus. « Pendant l’appréhension, Chertykov a été battu » – ajoute-t-elle.
Dans la voiture, Alyona a essayé de mémoriser l’endroit où elle avait été emmenée, et a demandé des explications. « Ils étaient très grossiers avec moi : « tais-toi », « ça ne te regarde pas ». Ils ne m’ont jamais rien expliqué. Personne ne s’est présenté. Quand j’étais assis dans la voiture, j’ai essayé de mémoriser où ils m’emmenaient. Mais ils me disaient « Ne tourne pas la tête, sinon ça va être pire » – raconte-t-elle. Selon elle, ils lui tenaient la tête basse et la maintenaient dans cette position, de sorte qu’elle ne pouvait pas comprendre où elle était emmenée.
« [Dans le bureau] ils me demandaient : « Quelle musique est-ce que j’écoute ; quels livres est-ce que je lis ? Que pensez-vous de la situation politique actuelle en Russie ? Que pensez-vous de la situation en Ukraine ? Avais-je des sentiments ou des opinions anti-étatiques ? » Je répondais : « Je ne sais rien, je ne m’intéresse à rien, je n’ai entendu parler de rien » – raconte Alyona. Mais elle ne se souvient pas dans quel bureau elle a été emmenée.
Chertykov – comme il l’a dit plus tard à son avocat – a été interrogé au commissariat de police sur ce qu’il faisait à Sourgout et à Tioumen. « J’ai répondu la vérité, qu’à Sourgout j’étais pour les besoins de mon travail de vétérinaire. J’ai été invité là-bas pour mon travail. J’ai également dit que je n’étais jamais allé à Tioumen » – raconte-t-il.
Selon ses dires, dans le bureau, il y avait six personnes en civil et deux en « vêtements noirs spéciaux » et en cagoules. La réponse de Chertykov sur Sourgout et Tioumen ne les a pas satisfaits et avec les mots « tu mens » ils l’ont frappé au visage plusieurs fois – a-t-il raconté.
« Je leur ai dit qu’ils pouvaient vérifier les informations – contacter la clinique, vérifier les billets d’aéroport, qu’il y a des photos de moi avec les animaux que j’ai opérés. Une fois de plus, ils n’étaient pas satisfaits de la réponse et m’ont dit : « Rafraîchissons-nous la mémoire » et m’ont fait faire des abdominaux, tout en filmant tout sur une caméra de téléphone » – a raconté Chertikov à son avocat.


Danil Chertykov

Perquisitions et argent disparu.
La petite amie de Chertykov a été libérée du poste de police tôt dans la matinée du 1er septembre, tandis que pendant la nuit, alors qu’elle était toujours détenue, une perquisition a été menée dans leur maison (Chertykov et sa petite amie vivaient ensemble avec sa mère).
La fouille a été menée en présence de Danil Chertykov. Pendant la fouille, ils ont forcé la mère de Chertykov à signer des papiers vierges, raconte Alyona.
« Il y avait des hommes des forces de sécurité – ils ont dit qu’ils étaient des témoins. Elle [sa mère] leur a dit qu’elle ne signerait pas des papiers vierges. Ils lui ont dit de ne pas s’inquiéter car elle signait en présence de témoins, qui voyaient que les papiers étaient vierges. Ils ont commencé à lui mettre la pression. Elle a été réveillée au milieu de la nuit, a eu peur et a tout signé » – explique Alyona, ajoutant qu’après les recherches, 15 000 roubles manquaient.
La petite amie de Nikita Oleyinik parle également de l’argent manquant après les recherches. Selon elle, elle a découvert que 250 000 roubles d’économies manquaient dans leur coffre-fort.
Quand la police a commencé à frapper à la porte de leur appartement en criant « Ouvrez, police ! Ou nous allons casser la porte ! » Oleyinik a pensé que c’était une blague et l’a ouverte – elle raconte. « Je suis restée dans la pièce et j’ai vu comment il a été immédiatement jeté sur le sol. Ils m’ont fait sortir de la pièce et m’ont jetée sur le sol à côté de lui. D’après mes souvenirs, ils ne se sont pas présentés et ont commencé à demander à Nikita s’il connaissait des gens« . Elle ne se souvient pas des noms de ces personnes.
La police a alors commencé à fouiller l’appartement. Ils ont confisqué un pistolet traumatique et un fusil Saiga (selon sa petite amie, il était officiellement enregistré), une écharpe du club de football Spartak, « quelques ouvrages » et du matériel – ordinateurs portables et téléphones. « J’ai récupéré mon téléphone après quelques jours, le reste de l’équipement est parti à Tioumen. Ils ont aussi emmené la voiture de Nikita à la fourrière, en disant que c’était une preuve matérielle. Chevrolet Cobalt » – raconte sa petite amie.
Selon elle, Oleyinik a acheté le pistolet traumatique pour se défendre, alors qu’avec le Saiga il allait dans un champ de tir.
« Il apprenait à l’utiliser sur ce champ de tir. Les armes à feu étaient pour lui une sorte de divertissement, le simple fait de tirer sur des cibles était pour lui un loisir » – raconte-t-elle.


Nikita Oleinik

Le pistolet traumatique et le Saiga d’Oleyinik ont tous deux été achetés dans des magasins locaux. « Ce ne sont pas des armes de combat ; ce sont des armes civiles » – ajoute-t-elle.
Après la fouille, ils ont tous deux été emmenés dans des voitures civiles séparées.
Elle, comme dans le cas de Chertykov, Brik et les petites amies d’Aidyn, a été libérée le jour suivant. Mais, pendant la détention, lorsqu’elle a été amenée au service (elle ne sait pas lequel), elle dit avoir été « abordée grossièrement par deux hommes en civil et menacée pour la santé de Nikita« .
« Ils disaient qu’il serait tout cassé, qu’il aurait la tuberculose, etc. Ils menaçaient de lui faire beaucoup de choses désagréables » – raconte la petite amie d’Oleinik. « J’ai tout de suite compris qu’ils allaient le torturer« .

Les accusés se connaissent-ils ?
Nikita Oleinik est végétarien, il pratique la boxe et s’intéresse à l’histoire et à la photographie – raconte sa petite amie, qui a demandé l’anonymat à la BBC. Il étudiait la médecine et rêvait de devenir chirurgien. Cependant, il a dû abandonner ses études pour des raisons familiales.
Il n’avait pas d’emploi permanent et travaillait où il pouvait : assistant médical dans l’un des établissements médicaux de Sourgout, coursier, chauffeur de taxi, assistant-grutier.
Oleyinik et Roman Paklin – l’ami de Nikita depuis son adolescence – ont organisé à Sourgout une « bibliothèque publique libertaire« . Ils choisissaient eux-mêmes les livres – sur la politique, la philosophie et l’histoire des mouvements de libération – disent leurs amis. Selon l’un d’eux, Palkin travaillait dans l’industrie pétrolière, mais il ne sait pas à quel poste.
Diana, la petite amie d’Aidyn, a déclaré que lui et Brik « connaissent certainement les gars de Sourgout« . Elle-même ne connaît pas les gars arrêtés à Lekaterinbourg. La petite amie de Chertykov a déclaré qu’elle connaissait personnellement Neznamov, mais pas Brik et Aidyn de Tioumen. Par conséquent, elle ne pouvait pas dire si Chertykov les connaissait. Chertykov lui-même a dit aux enquêteurs qu’il avait vu Brik et Aidyn une fois dans sa vie – c’est ce qu’il a déclaré lors de l’entretien avec son avocat.


Yuri Neznamov

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Deniz Alattinovich Aidyn 1999 g.r.
Nikita Vitalevich Oleinik 1995 g.r.
Yuri Yevgenevich Neznamov 1995 g.r.
Danil Germanobich Chertykov 1994 g.r.
Nikita Vitalevich Oleinik 1995 g.r.
Roman Vladimirovitch Paklin 1997 g.r.
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