Libre Flot a mis fin à sa grève et est libéré « pour raison médicale ».

Il y a des jours qui paraissent une éternité pesante.

Ce lundi 4 avril, Libre Flot a fait le choix du printemps, après 36 jours de refus de s’alimenter. Il nous transmettait alors ce communiqué, pendant que des actions de solidarité s’organisaient de Lisbonne à Helsinki, de Thessalonique à Lille.

« Alors que ces presque 16 mois de détention en isolement m’ont laissé beaucoup plus de séquelles à la fois physiques mais surtout mentales et psychologiques
que 10 mois de guerre en Syrie,

Alors même que j’ai survécu à la libération de Raqqa,
face aux troupes de Daesh défendant bec et ongles
la capitale de leur califat,

Je reste estomaqué, non seulement de la censure qui est faite autour de ma situation, mais surtout devant le silence vis-à-vis de ma légitime et raisonnable requête, de la part du gouvernement français, du Parquet National Anti-Terroriste, du juge d’instruction Jean-Marc Herbaut,
démontrant ainsi leur choix de me laisser mourrir!

Pourtant en ce jour d’anniversaire, après 36 jours de grève de la faim, au moment où mon état de santé devient plus hasardeux que jamais, je fais le choix de la vie comme une renaissance, une nouvelle vie qu’accompagne ce printemps et tourne le dos à un potentiel dénouement fatal.
Ce 4 avril 2022, à 18h, j’ai décidé de me réalimenter.

Mais rien ne s’achève maintenant, je demeure enfermé, enterré vivant et plus que jamais, j’espère votre soutien
et appelle à la solidarité.

Je réitère que je ne demande qu’à être traité comme tou.tes mes co-inculpé.es, à savoir être mis en liberté le temps de pouvoir démontrer le côté calomnieux de cette honteuse accusation terroriste qui ne tient pas la route.

Salutations et respect,
Libre Flot. »

Dans le même temps était arraché du bout des doigts à l’Instruction une libération « pour raison médicale », donc provisoire et tout aussi révocable qu’une mesure d’isolement l’est, espérons que cela dure plus de 16 mois cette fois.

Le moment est à la joie et au soulagement pour les proches,et au renouveau pour Libre Flot. Il est très fatigué et on ne sait pas combien de semaines durera l’hospitalisation, mais il a commencé à se réalimenter très progressivement. Des soins de rééducation vont lui être donnés aussi. Il nous transmet ce message ce soir :

« Aujourd’hui, le 7 avril 2022, j’ai été remis en liberté, sous vracelet électronique,
pour raisons médicales…

J’ai donc été transféré dans un établissement hospitalier, libre, afin de profiter de tous les soins nécessaires en conséquence de cette longue période d’inanition. Je vais pouvoir me focaliser sur la reconstruction de mon corps, mon intellect et ma psyché.

C’est une excellente nouvelle pour moi, bien que le chemin qu’il reste à parcourir pour faire voler en éclat la mascarade de l’accusation terroriste, connue sous le nom d’affaire du 8.12
demeure probablement longue.

Mais je ne vous oublie pas et je tiens à remercier du plus profond de mon coeur toustes les personnes, collectifs et organisations m’ayant soutenu et ayant propagé l’information.

Je n’ai plus les mots pour exprimer ma gratitude!

Merci encore,

BERXWEDAN JIYAN E!

Libre Flot. »

 

En tant que comité de soutien, nous souhaitons aussi remercier les camarades qui ont vécu cette grève avec nous, et qui ont élevé leur voix contre l’antiterrorisme français. Nous avons visibilisé l’ignominie de cette affaire du 8 décembre, dénoncé la criminalisation historique des kurdes et de leurs soutiens, réappris l’importance de rompre l’isolement des frontières et des murs. On n’oublie pas.

« La guerre produit des dictatures comme les générations vivantes n’en ont jamais vu » avertissent les socialistes et communistes russes contre la guerre. Ce n’est qu’un début.
 
Pour que le monde ne devienne pas une prison, ABOLITION!
Pour la vie, REVOLUTION!

36e jour de grève de la faim : Libre Flot transféré à l’hopital de la Salpêtrière (Paris)

Nous sommes le lundi 04 avril, une Journée Internationale de Solidarité avec Libre Flot a eu lieu, avec notamment des actions devant les ambassades et consulats français en Grèce (8 arrestations) et en Suisse, mais aussi à Bristol, Toulouse, Paris, Morlaix, demain Marseille, hier Saint Nazaire, Limoges, Albi, etc…

Fil nitter : https://nitter.net/search?f=tweets&q=Libre+Flot

Après 36 jours de grève de la faim, le juge décide de s’enfoncer dans son inhumanité profonde et continue d’accomplir sa mission qui est de détruire notre ami pour l’empêcher de se défendre face aux accusations qui lui sont faites. Il n’a pas bougé d’un poil sur sa détention.

Les médecins qui s’occupent de lui à l’hopital pénitentiaire de Fresnes ont décidé de demander son transfert vers un hôpital mieux équipé si jamais il devait tomber dans le coma. Son état de santé étant très inquiétant, il a perdu beaucoup trop de poids, son coeur bat très lentement et s’affole dès qu’il se lève, le personnel soignant de Fresnes juge nécessaire pour sa vie de le transférer.

Mais le juge quant à lui, prefère avoir un « présumé innocent » mort qu’un présumé coupable qui se défend dans la dignité.

Jean-Marc Herbaut, y a-t-il encore des êtres humains derrière vos dossiers?

 

 

[Conférence de presse] La déclaration d’une inculpée ignorée par les journalistes

Depuis le 8 décembre 2020, nous faisons face à différentes formes de violences médiatiques. Il a fallu que l’un d’entre elleux mettent sa vie en danger pour que les journaux s’y intéressent.

Ce jeudi 31 mars, les avocat.es de notre camarade Libre Flot, Me Bouillon et Kempf, organisaient une conférence de presse afin de faire connaitre au public la situation très grave dans laquelle se trouve leur client. Camille, co-inculpée et proche de Libre Flot avait décidé d’y aller pour passer un message qu’elle avait pris soin de rédiger.

Pas un mot ne sera retenu par les dizaines de journalistes présent.es.

La violence journalistique, c’est de ré-écrire (à la va-vite et en reprenant les termes policiers) la vie d’un.e inconnu.e.

La violence journalistique, c’est de participer à la dépossession de la parole d’une concernée.

La violence journalistique, c’est de chercher l’ « aventure » dans le malheur, comme actuellement avec la grève de la faim de Libre Flot.

Pour les journalistes qui ne souhaient pas reproduire ces violences, voici le communiqué de presse d’une concernée :

 

« Bonjour, je m’appelle Camille,

je fais partie des sept personnes qui ont été mises en examen à la suite de ce fameux « coup de filet dans l’ultragauche » le 8 décembre 2020.

Depuis plus d’un an, l’institution judiciaire s’est abbatue sur nous avec une férocité et une violence inouie. Aujourd’hui, je suis réellement, profondément fatiguée et désemparée face à cette machine à broyer. Nous avons connu des conditions d’incarcération particulièrement rudes avant d’être libéré.es. Nos amis, familles, entourages, se sont tour à tour auditionner par la DGSI, l’instruction continue de faire exister un « groupe » quand bien même l’absence de lien entre plusieurs d’entre nous a été prouvée et surtout un projet qui n’existe nulle part ailleurs que dans le récit construit par la DGSI. Si quelques entorses à la loi ont pu être démontrées, celles-ci remontent à 8 mois avant nos arrestations et aujourd’hui encore, personne ne comprend quels seraient les éléments qui enclenchent nos arrestations ce 8 décembre.

Depuis le début de cette procédure, chacun des accès à nos droits a dû faire l’objet d’une rude bataille pour être arraché. Je suis d’abord rentrée en procédure pour dénoncer les fouilles à nu systématiques à chaque fin de parloir dont je faisais l’objet et que le chef d’établissement refusait de m’enlever. Je n’ai pu avoir accès au dossier qu’au bout de 5 mois après avoir fait appel sur le refus des juges d’instruction de me le donner et ce alors qu’ils m’avaient déjà plusieurs fois auditionné. Toutes les nullités déposées par mes avocat.es, portant principalement sur la légalité des méthodes d’enquête utilisées à notre enconre, se sont vues rejetées.

Récemment, nous avons pu obtenir deux nouvelles avancées: la levée des interdictions de communiquer entre Libre Flot et moi, ainsi que la livée de l’isolement. Mais une fois encore, force est de constater qu’elles ont dû être arrachées. La livée des interdictions de communiquer n’intervient qu’au bout de 15 mois de procédure, plus de 3 semaines de grève de la faim et une hospitalisation, quand bien même la relation que nous partageons est clairement établie au dossier. La sortie d’isolement intervient au bout de nombreuses tentatives de procédure pour y mettre fin de la part de ses avocats et surtout dans un contexte dramatique où, désormais alité et ne pouvant plus se lever, il n’est de toutes façons pas à même d’en profiter.

Malgré l’immense soulagement qu’elles provoquent, ces avancées ne peuvent donc pas être considérées comme des victoires. Elles répondent tout juste au minimum de dignité et d’humanité que l’on aurait dû nous octroyer dès le début de nos mises en examen.

La logique judiciaire a jusqu’ici voulu que chacun d’entre nous soit relaché à l’issue de ses interrogatoires devant monsieur Jean-Marc Herbaut. Encore une fois, ce n’est pas le cas de Libre Flot. Il a alors décidé, depuis le début de sa grève de la faim, de déposer chaque jour une demande de mise en liberté, qui ont jusqu’ici toutes été refusées. Dans les motifs invoqués, on retrouve une nouvelle fois l’amalgamisme qu’il ne cesse de dénoncer avec force: « le contexte anxiogène des attentats islamistes ». Ce que demande Libre Flot aujourd’hui à travers sa grève de la faim, ce n’est pas d’arracher des miettes, c’est simplement la fin du traitement d’exception qu’il subit depuis le début, basé uniquement sur son engagement au Rojava. Il demande que l’on cesse de le comparer aux terroristes qu’il a combattu. Il demande, tout comme nous, à pouvoir se défendre correctement.

Monsieur Herbaut, il est temps que cet acharnement cesse. »

Libre Flot : nouvelles au 31e jour de grève de la faim

Nous avons appris la levée de l’isolement pour Libre Flot, le jour de son hospitalisation. C’est une avancée qui redonne de l’espoir, car la prochaine étape est sa libération. Libre Flot continue donc sa grève de la faim, jusqu’à ce qu’on lui donne ce qu’il réclame: le droit de se défendre dans la dignité.

La levée de son isolement est peut être aussi une simple formalité administrative nécessaire à son hospitalisation, voilà aussi la réalité de l’enfer carcéral et de son extrême déshumanisation des détenu.es.

Après 15 mois d’isolement ILLEGAL, il a fallu que sa vie soit en danger pour qu’il soit levé, PROVISOIREMENT.

Son avocat, Raphael Kempf lui a rendu visite ce mardi 29, il écrivait en sortant :

« J’espérais ne jamais voir ça dans ma vie d’avocat. Je sors de l’hôpital de la prison de Fresnes. J’ai vu Libre Flot dans sa cellule.

C’est son 30e jour de grève de la faim. Il pèse 47 kg (63 d’habitude). Il est sous perfusion pour ne pas sombrer. Son visage est livide.

Dans sa cellule, quand son esprit arrive à se concentrer un peu, il lit Mona Chollet ou « Terre et Liberté » d’Aurélien Berlan et un essai sur le Rojava.

Il écoute Anne Sylvestre (beaucoup) et les Beruriers Noirs (un peu moins, ça peut se comprendre).

Il y a des endroits en France qui l’attendent, qui l’accueillent. La justice le sait. Hâte qu’il soit libéré.« 

 

Nous aussi avons hâte, et continuerons d’exiger sa libération immédiate tant qu’il le faudra !

Ce lundi 04 avril aura lieu une Journée Internationale de Solidarité pour Libre Flot !

Nous invitons tous les camarades à se saisir de cette occasion pour manifester votre soutien. Libre Flot est un militant antifasciste, il a soutenu la révolution démocratique, écologiste et féministe du Rojava, il a beaucoup oeuvré à l’acceuil des exilé.es, à Calais notamment.

Il est aussi votre camarade. 

🤜🏽 TRIBUNE 🤛🏽
🤜🏽 PETITION 🤛🏽

 Prochains rassemblements :

02 avril – Rennes – 14h – Place de la République

04 avril – Paris – 18h – Ménilmontant

04 avril – Toulouse – 18h – Palais de Justice

Libre Flot : Hospitalisé au 25e jour de grève de la faim

Libre Flot est hospitalisé depuis ce jeudi 24 mars à l’hôpital pénitentiaire de Fresnes. Il poursuit sa grève de la faim, entamée il y a presque 1 mois.

Il constate que ses forces s’amenuisent considérablement ces derniers temps : le visage marqué par la perte de plus de 10kg, des difficultés à se tenir debout trop longtemps ou à se déplacer, son énergie diminue de jour en jour.

Samedi dernier, il a été hospitalisé une première fois pour une forte douleur au thorax. Douleur due à l’isolement qu’il signalait déjà dans sa lettre de juin 2021 dans laquelle il décrivait une « forte pression thoracique accompagnée d’une douleur aiguë au cœur ». Son transfert aller-retour vers l’hôpital a pris 9h, encadré par des hommes lourdement armés, pour un simple avis médical.

Au vu de ces circonstances et rappelant que son accès à la santé ayant été bafoué continuellement depuis son incarcération, Libre Flot souhaitait cette hospitalisation pour sortir de l’isolement et avoir accès directement à des médecins et des soins si nécessaire.

Malgré tout cela, il garde la pêche et reste lucide sur la situation. Il remercie toutes celles et ceux qui le soutiennent dans son combat pour la liberté.

Dans les rangs de ses tortionnaires, l’omerta règne quand à l’illégalité de son maintien à l’isolement et son renouvellement par Dupont-Morretti le 10 mars dernier. Le juge d’instruction Jean-Marc Herbaut continue d’exercer des pressions sur ses collègues JLD (Juges des Libertés et de la Détention) pour le maintenir en détention « provisoire », malgré les DML (Demandes de Mise en Liberté) quotidiennes depuis le 27 février et l’avis favorable de professionnels des Services Pénitentiaires d’Insertion et de Probation (SPIP).

Les médias continuent de diffuser en boucle les propos de la DGSI : «  meneur » d’un « groupe » d’« ultragauche » qui aurait projeté des « actions violentes » contre la police et de passer sous silence les nombreuses fois où les proches et les inculpé.es ont démenti ces accusations.

Quant aux organisations de défense des droits humains (LDH, Amnesty), qui ont pourtant dénoncé depuis 2015 les « dérives » des lois d’exception, elles se terrent dans un silence complice malgré les nombreux appels à l’aide de sa famille.

Dans les rangs de son « camp social », quelques voix commencent à s’élever. Il y a eu des communiqués de Solidaires, de l’Union Communiste Libertaire, la CNT, le NPA. Des banderoles de soutien fleurissent : Suisse, Grèce, Ariège, Paris, Montreuil, Rennes, Toulouse, Albi et quelques rassemblements on eu lieu, dont un a été sévèrement réprimé à Toulouse le 16 mars. Les lettres de Libre Flot se diffusent aussi sur plusieurs radios militant.es : Canal Sud, Radio Canut, L’Envolée, Radio Pikez, 94° à l’ombre, etc. Une tribune, réunissant une cinquantaine de « personnalités », a été publiée sur Le Média, L’Humanité, Reporterre, Politis et LundiMatin. Les signataires réclament le droit de « se défendre dans des conditions décentes ». Enfin, une pétition demande sa libération immédiate et rappelle le contexte de criminalisation à l’échelle européenne des militant.es (pro)kurdes.

Nous invitons toutes les personnes qui le soutiennent à se saisir de cette histoire et à s’organiser pour exiger sa libération immédiate.

Soutien812 – Rennes.