30 MAI – Journée Nationale contre les Violences Pénitenciaires

Le Comité812 Rennais répond à l’appel du collectif Nous Sommes Idir et du Réseau d’Entraide Vérité et Justice.

Le collectif Idir, Espoir et Solidarité ainsi que le Réseau d’Entraide Vérité et Justice appellent à une journée de mobilisation nationale pour en finir avec les violences pénitenciaires, les mitards, les quartiers d’isolement et ’impunité pénitenciaire.

« Pour que le 30 mai deviennent une journée annuelle qui portera la voix des prisonnier-ères et de leur famille, marchons solidairement! »

Retrouvez l’appel de « Idir, Espoir et Solidarité » ici : Fermer Les Mitards et l’évènement Fb du Réseau d’Entraide Justice et Vérité là : Journée Nationale contre les Violences Pénitenciaires

“L’empathie est morte, avec elle la vérité”Retour ligne automatique
Farid El Yamni , Appel au rassemblement pour Clément Méric*, juin 2015.

Le comité Soutien 8/12 – Rennes sera présent aux côtés du collectif “Idir, Espoir et Solidarité” le 30 Mai à Lyon pour affirmer son soutien aux victimes des violences carcérales et du terrorisme d’Etat. Le 30 mai sera désormais une journée de lutte pour le respect et la dignité des détenu.e.s, pour la fermeture des quartiers disciplinaires et pour dénoncer les “morts suspectes” en prison, comme celle d’Idir, en septembre dernier au mitard de Lyon-Corbas. Des mobilisations s’organisent également à Nantes, Saint-Etienne, Perpignan, Béziers, Bordeau (etc.), nous invitons à les rejoindre.

Dans l’Affaire du 8/12, les enfermé.e.s vivent les conditions de détention “terro”, le statut de détenu.es particulièrement signalé.es, les fouilles à nu systématiques, les quartier d’isolement, une justice martelante BFMisée, la jouissance des matons face à la souffrance d’une personne déshumanisée…

Farid El Yamni nous dit “La police ne peut pas arrêter, la justice ne peut pas prononcer un châtiment si ces institutions font preuve d’empathie. On ne développe pas l’empathie dans ces groupes, on apprend à la taire, à la détester comme une faiblesse. Faire preuve d’empathie est incompréhensible avec les fonctions coercitives.” Ces mots résonnent particulièrement en nous qui luttons contre la criminalisation antiterroriste.

L’antiterrorisme est un moyen d’étendre le domaine de la déshumanisation dans toute la société, d’insufler par la manipulation des affects; toujours plus de violence et de désirs punitifs, toujours plus de répression de la moindre désobéissance, toujours plus d’impunité face aux crimes d’Etat, toujours plus d’extrémisme policier, toujours plus de fanatisme républicain, et toujours moins d’empathie pour autrui, ormis pour les forces de l’ordre.

L’antiterrorisme est le visage d’un emprisonnement infini de la société. Plus ses oreilles seront grandes, plus il vous faudra vous taire, plus ses yeux seront connectés, plus il vous faudra vous dissimuler.

La prison est le coeur de cette spirale liberticide. C’est une peine de mort sociale, c’est une mise hors du monde des “indésirables”, c’est de la torture sous de multiples formes. Les mitards et les QI en sont les formes les plus abjectes. La prison suinte de tout son dégoût du pauvre, son racisme profond et son virilisme fasciste.

Nous refusons de voir le monde devenir une prison, nous refusons de laisser les prisons devenir toujours plus immondes

Pour toutes ces raisons, il est indispensable d’écouter et relayer les voix des détenu.e.s, de nous mobiliser pour leur respect, leur dignité, contre les violences carcérales.

C’est pourquoi nous appelons à rejoindre les rassemblements du 30 mai, à Lyon comme ailleurs.

*Farid El Yamni est le petit frère de Wissam El Yamni, assassiné dans un commissariat de Clermont-Ferrand dans la nuit du nouvel an de 2012. Il a récemment publié “Wissam Vérité” aux éditions du croquant (https://editions-croquant.org/actualite-politique-et-sociale/716-wissam-verite.html), livre dans lequel il nous partage ses réflexions sur la violence de l’Etat, ainsi que ses solidarités avec les victimes de la Police/Justice, notamment autours de Clément Méric (militant anti-fasciste assassiné par des militants d’extrême-droite le 5 juin 2013) et Rémi Fraisse (assassiné à la ZAD de Sivens en 2014 par un gendarme).

Grande Marée Postale Contre l’Isolement

L’article 3 de la Cour Européenne des Droits de l’Homme stipule : « Nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou traitement inhumains ou dégradants » , or comme nous le savons, les lieux d’enfermement (prison, CRA, hôpitaux psychiatriques) pratiquent la torture quotidiennement sous diverses formes.

«La torture est une relation, un rapport de force au détriment de la victime, visant à son asservissement, sa déshumanisation » d’après le Comité Européen pour la Prévention de la Torture, qui précise dans son 21e Rapport Général (2011) que « la mise à l’isolement peut, dans certaines circonstances, constituer un traitement inhumain et dégradant » et qu’ « elle devrait être de la durée la plus courte possible».

Depuis plus de 6 mois, un des 7 inculpé.es du 8/12 est maintenu sans motif valable à l’isolement total. Dans une lettre qu’il a fait parvenir à L’Envolée, lue lors de l’émission du 7 mai, il nous partage:

 » L’être humain étant un animal grégaire, le lien social est pour lui-elle un besoin vital. L’isolement s’apparente donc à de la torture. Non pas une torture physique existant par un fait ou un acte, mais une torture plus pernicieuse, invisible, permanente existant par cette absence continue. »

« Je pense que nous construisons notre vision de soi par ce que nous renvoie les autres, mais comment exister quand il n’y a pas d’autres ? Quand les autres ne nous voient même pas ? L’isolement aurait-il pour but l’annihilation de soi ? Avant même d’être jugé, je devrais cesser d’exister ? »

Le 8 JUIN prochain, le directeur interrégional de l’administration pénitentiaire devra décider, après avis du médecin de la prison et du juge d’instruction, de reconduire ou non cette mesure. C’est pourquoi nous vous invitons, ami.es et camarades, à participer/organiser rapidement des actions de soutien pour mettre un terme à l’acharnement carcéral contre lui.

Le Code de Procédure Pénale stipule qu’en raison des « dommages qu’il peut causer à l’état de santé mentale, somatique, et au bien être social des détenus, […] l’isolement ne doit être utilisé que dans des circonstances exceptionnelles, en dernier ressort, et pour la durée la plus courte possible. » (Art. R. 57-7-68) mais surtout, il prévoit que l’autorité qui a pris ou prolongé la mesure, d’office ou à la demande de la personne détenue, peut y mettre fin à tout moment. (Art. R. 57-7-76)

Nous vous invitons à participer au plus vite à notre Grande Marée Postale !
Vous pouvez télécharger nos visuels de Cartes Postales contre l’Isolement, les imprimer afin de les remplir et de nous les faire parvenir (dans une enveloppe), nous les transmettrons ensuite rapidement au camarade incarcéré.

Ces cartes seront lues par le juge d’instruction et par l’administration pénitenciaire. Pour la sécurité de leur destinataire, merci ne pas injurier ou menacer le système pénal, ses membres et son monde dans vos messages (tout « acab » ou autre « crêve la taule » sera crapuleusement censuré)

Télécharger les Cartes Postales:

Envoyer aux Comités de soutien:

-> Comité 8/12 Francilien – L.A.P. 393 rue de Vaugirard 75015 PARIS

-> comité812 Rennes chez la CNT 35 , BP 30423, 35004 Rennes Cedex.

-> Ami.es de Toulouse – Itinéraire Bis – 22 rue Périole – 31500 Toulouse

-> Comité Amiens –

Vous retrouverez ici la lettre de Libre Flot depuis le Quartier d’Isolement de Bois d’Arcy et l’émission de l’Envolée du 7 mai :

Force et Courage aux camarades incarcés !! <3

Quelques nouvelles des potes des arrestations du 8/12

Des infos sur les personnes arrêtées le 8 décembre 2020 lors de l’opération de police dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs terroriste. Trois sont toujours enfermées, deux ont été libérées sous contrôle judiciaire (CJ) le 23 avril et le contrôle judiciaire continue pour les deux autres inculpés. [Publié le 5 mai sur iaata.info.]

C’est difficile d’avoir des nouvelles directes et fraiches.

L’instruction est toujours en cours, nous partons donc du principe que tous les échanges avec les proches (parloirs, courriers, appels) sont scrutés par le juge d’instruction et la DGSI.

Trois des 7 personnes arrêtées le 8 décembre 2020 lors de l’opération de police dans le cadre d’une enquête pour association de malfaiteurs terroriste sont toujours enfermées, elles sont considérées par l’administration pénitentiaire comme DPS (Détenu.es Particulièrement Surveillé.es) et l’un d’entre eux est toujours à l’isolement depuis le début de son incarcération. Deux autres personnes ont été libérées sous contrôle judiciaire (CJ) le 23 avril suite à une demande de mise en liberté acceptée par le juge d’instruction, iels sont toujours poursuivi.es. Le contrôle judiciaire continue pour les 2 autres inculpés qui étaient ressortis en décembre après la GAV de 3 jours.

Des parloirs pour les proches et ami.es autres que les membres de la famille ont été débloqués récemment. Pour rappel, iels sont enfermé.es dans des taules différentes de la région parisienne, à des centaines de kilomètres de leurs ami.es et de leur famille pour la plupart d’entre elleux. Les parloirs ont été acceptés sans interrogatoire des personnes demandeuses, sauf pour les personnes classé.es temoins.

Les mis.es en examen sont régulièrement interrogé.es par le juge d’instruction, il y a eu deux sessions pour l’instant, en plus de celle de la première comparution du 11 décembre 2020. En dehors des 9 interpellé.es le 8/12, deux autres personnes ont été arrêtées le 8 février et ont passé 3 jours en GAV avant d’être relâchées à priori sans suites pour l’instant. Ces personnes ayant été arrêtées en lien avec cette affaire n’ont pas de statut clair non plus, iels ne sont ni témoin, ni témoins assisté.es, ni mis.es en examen… D’autres reçoivent des convocations à la DGSI en tant que témoins, conditionnant l’acceptation de leur demande de parloir à leur présentation à l’audition. Les stratégies choisies face au juge d’instruction et à la DGSI ne sont pas uniformes.

L’instruction est toujours en cours, le matériel informatique saisi est en train d’être analysé, les interrogatoires continuent. Ca laisse penser qu’on a encore plusieurs mois d’instruction devant nous et que le temps sera long avant qu’un procès ait lieu. Impossible de donner une idée de la fin de la détention provisoire de notre côté.

Le temps commence à être long pour les personnes en détention, chaque taule est un enfer différent. Les conditions particulièrement rudes liées aux mesures Covid, au statut de DPS et à l’isolement sont évidemment très dures à supporter.

L’isolement a été renouvelé de 3 mois par la direction de la taule pour celui que la DGSI désigne comme « le chef ». L’isolement, cela signifie qu’il ne peut pas être en contact avec d’autres détenus, il est donc seul en cellule et il est systématiquement accompagné d’un gradé et d’un maton quand on le sort de sa cellule. Les matons sont donc ses uniques interlocuteurices en dehors des parloirs. Il doit lui même effectuer les demandes de parloirs à l’administration, pour ne pas simplifier les choses.

Pour la plupart des détenu.es, les fouilles à nu sont systématiques à chaque contact avec l’extérieur (rdv médical, parloir,…) ainsi que des fouilles des cellules lors desquelles le personnel peut confisquer le matériel d’écriture et les courriers. Les conditions des DPS varient, c’est l’administration pénitentiaire de chaque établissement qui renouvelle et détermine quelles mesures doivent être appliquées. Les statuts DPS sont aussi renouvelés pour 3 mois.

Les personnes inculpé.es en contrôle judiciaire ont interdiction de communiquer avec les autres personnes ayant été mises en examen, ce qui n’est pas le cas des personnes incarceré.es. L’instruction met une pression telle sur elleux que ceux-ci ne s’autorisent pas à le faire, les liens d’amitié étant interpreté.es par les keufs et le juge d’instruction comme des relations d’influence et de subordination.

A l’extérieur nous avons peu d’infos sur ce dossier, sur les volontés des ami.es inculpé.es et sur les stratégies de défense. Le fait que les soutiens sont éloigné.es géographiquement, que certains parloirs d’amis sont possibles seulement depuis peu, la peur liée au fait que l’instruction est toujours en cours, limitent certaines dynamiques. On patauge mais on s’accroche, on continue de croire que la défense collective est celle qui est la plus pertinente et politiquement raccord avec les pensées et pratiques anti-autoritaires, mais il faut aussi prendre du temps pour la définir, l’expliquer et chercher des pistes pour l’appliquer dans cette situation. Le juge refuse de donner accès au dossier aux mis.es en examen, seul.es les avocat.es désigné.es et soumis.es au secret de l’instruction peuvent travailler dessus actuellement.

Le dossier est construit autour de la surveillance accrue par la dgsi de la personne partie combattre au Rojava il y a quelques années. Cette surveillance est systématique après leurs retours, d’après les nombreux témoignages des combattants internationalistes [1]. On repense évidemment à cet article de mediapart de septembre 2019 dans lequel la dgsi confiait ses inquiétudes sur les « revenants du Rojava » et préparait le terrain pour justifier leurs surveillances et les arrestations à venir. Le dossier est donc bourré de notes blanches, c’est à dire qu’on ne sait pas comment ont été obtenues et d’où viennent réellement les infos qui constituent une partie du dossier et sur lesquelles reposent les accusations.

Aujourd’hui grâce à cette instruction antiterroriste toutes les vannes sont ouvertes pour la dgsi et on imagine que la surveillance s’est donc élargie bien au delà de ces 7 personnes pour accentuer la pression sur les espaces où iels gravitaient, sur les personnes qui s’organisent et partagent des pratiques anti-autoritaires, pour celles et ceux que la dgsi désigne comme une menace à l’Etat. De notre coté on a malheureusement du mal à voir une quelconque menace contre l’État, ses taules, ses flics, sa justice…

A Toulouse le groupe de soutien s’est restreint aux proches des personnes inculpées et nous les soutenons tous.tes indistinctement. Un atelier d’écriture collective aux prisonnier.es est en place dans le squat où 2 d’entre elleux ont été arrêtés.

On s’est tourné vers les caisses antirep comme kalimero et la CAJ pour pouvoir assurer un soutien financier avec les proches et pour les mandats et colis. On invite les collectifs et les personnes solidaires à prendre contact avec ces caisses antirep.

Vous pouvez entrer en contact avec l’équipe toulousaine à l’adresse mail suivante ou en venant nous voir : laisseznousdanser(at)riseup(point)net

Nous ne répondrons pas aux sollicitations de journalistes et ne communiquerons pas par mail plus d’informations concernant l’affaire et les inculpé.es que celles que nous transmettons dans ce texte.

C’est toujours préférable de sécuriser les échanges, on vous joint donc notre clé pgp et vous encourage à l’utiliser :

[Radio Pikez] Autours des inculpé.es du 8 décembre

Acentrale brestoise du 10 avril 2021 consacrée aux Inculpé-e-s du 8 décembre. En présence des comités de soutien de Paris et Rennes (un grand merci à elleux !) Avec la participation de La Quadrature du Net et André Hebert, auteur de Jusqu’à Raqqa, avec les kurdes contre Daech aux éditions Les Belles Lettres et Hommage au Rojava, aux éditions Libertalia.
https://hearthis.at/radiopikez/podcastacentrale10042021/

[Le Club de Mediapart] De Tarnac à Cubjac, qui dit que la jeunesse n’avait pas de projet ?

« Au nom de la division pré-crime du district fédéral de Colombia, je vous arrête pour le futur meurtre que vous alliez commettre aujourd’hui 22 avril à 8h04 du matin » (Minority Report)

Le 8 décembre dernier, après plusieurs mois d’une savante « information judiciaire », neuf personnes sont interpellées à Cubjac, Vitry-sur-Seine, Rennes et Toulouse au motif de leur participation supposée à une « association de malfaiteurs terroriste criminelle », selon une source judiciaire qui ne manque pas d’adjectifs. La terrible « mouvance d’ultragauche » s’apprêtait donc de nouveau à sévir. Deux personnes sont laissées libres sans charges, deux sont placées sous contrôle judiciaire et cinq sont incarcérées jusqu’au jour où nous écrivons. La République, une fois de plus, est sauve.

L’opération de police menée avec brio arrive à point nommé. La police française vient en effet de démontrer par deux fois son talent inégalable pour se ridiculiser. Alors que le Parlement essaye de faire passer la loi « sécurité globale » qui interdit entre autres de filmer les forces de l’ordre, on les voit le 24 novembre démanteler à la matraque un camp de migrants en plein Paris avant de s’adonner à une chasse à l’homme, puis le 27 décembre rouer de coups un producteur de musique noir dans son propre studio. Et si on voit les brutes se déchaîner, c’est précisément qu’elles ont été filmées.

Sur les crânes des ronds-de-cuir, on dût s’arracher les derniers cheveux pour trouver comment faire diversion. Il était temps de ressortir l’ultragauche terroriste du placard, d’agiter le fantasme des intentions d’envisager de projeter des attentats contre la République et en somme de protéger tous les citoyens contre les crimes de pensée. Aussitôt les arrestations faites, on apprit donc en toute logique que « le meneur était ancré dans une idéologie prônant la révolution ». Diable !

Si nous décidons d’écrire ce communiqué – bien que nous ne connaissons pas les personnes incarcérées –, de créer un comité de soutien aux inculpé.es, et d’appeler partout à multiplier les marques de solidarité, c’est que cette histoire nous rappelle étrangement la nôtre, ici, à Tarnac. Il y a 12 ans, des proches, des amies, des sœurs, des compagnons, se sont fait « enlever » par les services de police dans notre petite commune de Corrèze, brutalement sortie de l’anonymat pour servir la communication du cabinet de la ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie.

Tous les mauvais récits ont des airs de famille. Et ceux de l’imagination policière sont aussi frustes que sa brutalité. Voyez plutôt comme on nous ressert la même soupe rance : « Coup de filet dans l’ultragauche » ! « Ils préparaient un projet d’action violente » ! Mais attendez le décor, les éléments d’ambiance et les personnages. Le tableau général est grossier, macho, ringard, comme la boîte crânienne des fonctionnaires assermentés. Posez d’abord un leader, passionnément violent, puisqu’il est parti combattre Daech au Rojava. Ajoutez-y une compagne discrète, qui a naturellement été embrigadée. Et puis le bras droit, également violent et dangereux : il est artificier à Disney Land. Enfin le bras gauche, trouble et nomade : il aurait voyagé en Amérique latine. Quelques jeunes recrues fanatisées… Mélangez le tout et ajoutez l’épice : un fascicule explosif, la preuve des preuves, la charge des charges. En 2008, c’était « L’insurrection qui vient », en 2020 : « Comment créer et entraîner une unité milicienne ».

Aucun acte ne leur est reproché, excepté celui d’avoir projeté, et on sait bien où mènent les mauvaises pensées. On commence par écrire ACAB sur un banc d’école, on porte un tee-shirt Che Guevara, on déteste les milliardaires et on finit par poser des bombes. Heureusement, les hommes de bonne volonté savent deviner et pister les crimes de pensée. « Chaque jour, les femmes et les hommes de la DGSI protègent la République contre ceux qui veulent la détruire. Merci, une nouvelle fois, pour leur action contre ces activistes violents de l’ultragauche. » Merci Darmanin. Pour un peu, on oublierait que tu es soupçonné d’abus de confiance, de harcèlement sexuel et de viol. Encore quelques épisodes de ta série policière et on oubliera que toi et tes copains vous formez une association de malfaiteurs.

Après douze années de lutte acharnée, l’affaire dite de Tarnac s’est soldée par une relaxe et la phrase d’aveu du procureur, que l’on n’oubliera pas : « Le groupe de Tarnac n’existe pas… ». Mais entre temps, il y eut toute une suite de malfaiteurs, de malfaiteurs associés, d’associations de malfaiteurs, d’associations de malfaiteurs criminels, etc. Depuis, l’antiterrorisme n’avait plus découvert de cellule terroriste d’ultragauche, et peut-être ses chefs avaient-ils juré qu’on ne les y reprendrait plus. Mais voilà, la police est au plus mal, elle a besoin d’éclat. Et l’institution tente toujours de prendre ses revanches. « C’est un peu le match retour après Tarnac », confie un magistrat proche de l’instruction.

Les inculpé.es se défendront comme ils l’entendent et nous les soutiendrons. Comme le disait Foucault en 1981 : « Se défendre, c’est refuser de jouer le jeu des instances de pouvoir et se servir du droit pour limiter leurs actions. Ainsi entendue, la défense a valeur absolue. […] On ne se défend qu’au présent : l’inacceptable n’est pas relatif ». Mais au présent, justement, nous avons déjà tout à faire pour les soutenir. Le pouvoir joue la partie de la discrétion et de l’occultation. Craignant probablement un second fiasco, il ne fait pas le malin dans les médias. Il compte sur les règlements, les dossiers et les serrures, il compte sur la justice des oubliettes. Il fait tourner la grande machine à disparitions.

Pensons aux Indiens des plaines d’Amérique du Nord à qui Lévi-Strauss exposait notre système carcéral et qui jugeaient, horrifiés, que cette façon de faire est barbare, car elle met les hommes au secret et les enterre dans le silence du béton. Par tous les moyens possibles, nous devons faire savoir aux inculpé.es qu’ils ne sont pas seuls, et à l’appareil médiatique policier, que son récit est bouffon. Que chacun, chacune, là où il est, là où elle peut, trouve des manières financières et morales de les soutenir et que se multiplient les comités de soutien.

LIBÉRATION IMMÉDIATE DES INCULPÉ.ES DU 8 DÉCEMBRE !
5 février 2020, depuis le plateau de Millevaches, le comité de soutien de Tarnac