[LundiAM] Tribune du Collectif des Combattantes et Combattants Francophones du Rojava

Tribune du collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava en soutien à leur camarade incarcéré paru dans lundimatin#273, le 1er février 2021.    

Le 8 décembre dernier neuf personnes étaient interpellées par la police antiterroriste et placées en garde à vue pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Pour beaucoup, ces arrestations ont ranimé le souvenir de la dernière affaire antiterroriste associée par la presse à « l’ultra-gauche » : l’affaire dite de Tarnac.

Ce qui saute pourtant aux yeux, avec ces nouvelles arrestations, ce sont les différences de traitement médiatique : il y a douze ans, les 9 de Tarnac n’étaient pas encore dans leur cellule de garde à vue que l’affaire était déjà propulsée à la Une des journaux. Pendant plusieurs mois, les soubresauts de l’enquête avaient encore occupé une large place dans la presse. Aux « indiscrétions » policières répondaient des tribunes et des interviews. Des pans entiers du dossiers étaient régulièrement débattus dans les journaux. Toute l’instruction s’est d’ailleurs accompagnée d’une bataille médiatique (qui a notamment abouti au dessaisissement du juge d’instruction).

Le dénouement de l’affaire Tarnac a visiblement conduit à une jurisprudence tacite qui a rendu frileux le parquet antiterroriste à l’idée de se saisir d’enquêtes estampillées « ultra-gauche ». Une « jurisprudence » qui s’est visiblement terminée en décembre dernier.

Le relatif silence médiatique qui entoure cette nouvelle instruction peut être interprété comme une frilosité de l’accusation. Ou comme un changement de stratégie. Si c’est le cas, le raisonnement doit être peu ou prou celui-ci : fanfaronner c’est prendre le risque de nourrir un possible soutien vis-à-vis des personnes incarcérées. Et donner l’opportunité pour la défense, comme ce fut le cas par le passé, de rapidement attaquer et dégonfler l’accusation très politique qu’est celle de terrorisme. Si pour le moment, nous n’en savons pas davantage sur cette affaire que ce que les autorités ont bien voulu en laisser fuiter avec l’honnêteté qu’on ne pourra jamais leur accorder, nous avons reçu cette tribune écrite par des combattantes et combattants francophones du Rojava qui vient pourfendre la narration diffusée par les services de renseignement, la police antiterroriste, le parquet lui aussi antiterroriste et le ministère de l’Intérieur.

L’arrestation de l’un des nôtres

En décembre dernier, sept personnes ont été arrêtées par la DGSI et mises en examen pour « association de malfaiteurs terroriste ». Un ancien volontaire du YPG, les forces armées du Kurdistan syrien, a été désigné comme le meneur du groupe et incarcéré. De cette affaire nous ne connaissons que ce qui a fuité dans la presse. Quelques armes de chasse, des produits accessibles dans le commerce et « pouvant entrer dans la confection d’explosifs », des réunions en forêt, de prétendus aveux de membres les « moins impliqués » du groupe. En dehors de cela, rien : pas de liste de cibles, ni de projet défini de passage à l’acte. La justice antiterroriste reposant sur le procès d’intention, ces quelques éléments ont été interprétés comme la preuve de préparatifs d’une attaque contre les forces de l’ordre. Pour compenser la maigreur du dossier, l’attention s’est focalisée sur les personnalités des accusés : un « artificier à Disneyland », une personne qui aurait eu des contacts avec une guérilla colombienne et surtout un militant « parti en Syrie combattre dans un groupe affilié au YPG ». Ces « profils inquiétants » se sont retrouvés étalés dans la presse, avec une mise en scène grossière destinée à susciter la peur et à faire taire toute réflexion n’allant pas dans le sens des théories policières. La DGSI a orchestré ces fuites en livrant aux médias les identités et les photos (à peine floutées) des mis en cause. Pendant des jours, les éléments du dossier ont été transmis à la presse au mépris du secret de l’instruction. A longueur d’articles, les accusés ont été exhibés comme des trophées de chasse par la DGSI. La presse de droite et d’extrême droite s’en est donnée à cœur joie. Les projecteurs ont été braqués sur notre camarade : une photo en noir et blanc, avec un fin rectangle noir sur les yeux, une légende le décrivant comme « SDF », « ne travaillant pas » et « ayant combattu en Syrie ». Ce portrait trompeur du nouvel ennemi public numéro un repose sur un mélange de jugement de valeur sur son mode de vie et d’informations parcellaires sur son engagement politique. Notre camarade était en Syrie pour combattre Daech. Il a pris part en 2017 à la libération de Raqqa, la capitale du groupe jihadiste. Raqqa est aussi la ville où les attentats de Paris ont été planifiés et où la plupart de ses auteurs ont été entraînés. Si la France n’a pas connu d’attentats de grande ampleur depuis des années, c’est grâce à la libération de Raqqa à laquelle notre camarade a participé au péril de sa vie. En combattant en Syrie ce dernier a donc directement contribué à la sécurité des Français, ce que le tribunal médiatique s’est bien gardé de mentionner. Comment en effet faire rentrer dans leur narration à charge que l’accusé ait donné bien plus à la lutte contre le terrorisme que les policiers, procureurs et journalistes qui l’accusent aujourd’hui d’être un « terroriste d’ultragauche » ?

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au début de l’engagement de volontaires internationaux en Syrie. Entre 2015 et 2019, une trentaine de français ont répondu à l’appel des populations du Rojava pour protéger la paix en participant à la guerre de légitime défense contre Daech et l’armée turque. La DGSI a immédiatement établi un tri entre les « mauvais » volontaires, se réclamant d’une idéologie révolutionnaire, et les « bons » volontaires, anciens militaires ou apolitiques, qui pour certains ne furent même pas auditionnés à leur retour en France. Ceux qui étaient identifiés comme de potentiels membres de « l’ultragauche » se retrouvèrent systématiquement « fichés S » et firent l’objet d’une surveillance active, tout en étant coupables de rien d’autre que d’un délit d’opinion. Arrestations à l’aéroport, menaces sous forme de conseils paternalistes, pressions sur nos familles, nous sommes nombreux à avoir fait l’objet de tentatives d’intimidation plus ou moins voilées de la part des services de sécurité. Fin 2016, la DGSI fit irruption chez l’un d’entre nous pour lui retirer son passeport et sa carte d’identité, afin de l’empêcher de retourner au Kurdistan syrien. Le ministère de l’Intérieur affirmait alors que ce combattant du YPG pouvait être à l’origine « de graves troubles à l’ordre public » et était susceptible d’utiliser son expérience militaire « dans des attaques contre les intérêts français, en lien avec l’ultragauche révolutionnaire ». Ces accusations complètement fantaisistes furent balayées par le tribunal administratif de Paris quelques mois plus tard. Le ministère de l’Intérieur fut ensuite contraint de lui rendre ses documents d’identité et de lui verser des dommages et intérêts. En dépit de cette victoire judiciaire, nous savions que la DGSI nous garderait dans son collimateur et était prête à tout, y compris à des accusations sans preuves, pour nous faire rentrer dans le moule qu’elle avait créée : celui de dangereux vétérans d’ultragauche cherchant à importer la violence du conflit syrien de retour chez eux. Cette caricature a été construite dès le départ, ex-nihilo, avant même que l’un d’entre nous ne remette les pieds sur le territoire français. Même si de retour en France aucun volontaire n’a jamais été impliqué dans des actions violentes, la DGSI attendait patiemment l’occasion de piéger l’un d’entre nous, pour pouvoir enfin donner une crédibilité à ses fantasmes. L’année dernière, elle a communiqué à notre sujet par le biais de journalistes de Mediapart. Ces derniers, désireux de renvoyer l’ascenseur aux sources qui les informent sur d’autres sujets, ont déroulé le tapis rouge à l’argumentaire délirant du ministère de l’Intérieur. Un camarade parti en vacances en Amérique du Sud se retrouvait accusé d’avoir essayé de nouer des contacts avec une guérilla colombienne, un autre fréquentant la ZAD aurait prétendument tiré une fusée éclairante sur un hélicoptère de la gendarmerie, des dégradations d’antennes téléphoniques, de bornes Vélib ou de fourgons de police nous étaient également associées. Ces fables anxiogènes, parfaitement déconnectées de toute réalité, venaient confirmer ce que nous savions déjà : jusqu’à ce qu’il ait trouvé le coupable idéal, le ministère de l’Intérieur ne renoncerait pas à l’entreprise de diabolisation dont nous faisions l’objet.

En plus de chercher une revanche sur l’affaire Tarnac, les services de sécurité poursuivent depuis des années un double objectif : criminaliser l’internationalisme et nous utiliser comme des épouvantails pour stigmatiser l’ensemble de la gauche révolutionnaire française. En plein tôlé sur la loi relative à la sécurité globale, on peut reconnaître à la DGSI qu’elle fabrique des terroristes au moment opportun, au service d’un gouvernement qui nous conduit chaque jour un peu plus vers un Etat policier. Laurent Nuñez, faisant preuve d’une incroyable malhonnêteté intellectuelle, a récemment enfoncé le clou en rappelant dans une interview donnée au Figaro qu‘une « dizaine de militants d’ultragauche sont allés s’aguerrir au Rojava ». Alors que nous nous retrouvons collectivement mis en cause par le conseiller à l’anti-terrorisme du président Macron, une mise au point est nécessaire. Nous sommes allés au Rojava avec la volonté de défendre une révolution basée sur la démocratie directe, la coexistence pacifique entre communautés, l’égalité femmes-hommes et le juste partage des richesses, autant de valeurs dont l’Etat français se réclame sans jamais les appliquer. Pour ce faire nous n’avons pas cherché à nous « aguerrir », nous avons combattu les jihadistes de Daech au moment où, à Paris et à Nice, ils massacraient des centaines de personnes en profitant de l’incompétence des services de sécurité supposés nous protéger. Les termes « allés s’aguerrir » laissent supposer que le Rojava n’était qu’un prétexte, un moyen d’acquérir une expérience militaire que nous souhaitions en réalité utiliser dans notre pays d’origine. Nous répondions précisément à la logique inverse. Nous avions besoin de ces compétences militaires pour combattre Daech et défendre l’existence du Rojava mais avoir acquis un tel savoir faire ne signifie pas que voulions l’utiliser de retour en France, ou que la lutte armée serait subitement devenue le seul moyen d’action de notre répertoire militant. Nous ne sommes pas des amis de ce gouvernement, de ses chiens de garde et du système qu’ils servent, c’est un fait, mais nous les combattons par des moyens démocratiques et non par la violence comme nos accusateurs l’insinuent. La véritable prolongation de notre combat c’est le témoignage. Nous transmettons ce que nous avons vu et appris au Kurdistan à travers un livre dont nous recommandons la lecture à ceux qui voudraient essayer de nous comprendre, loin des clichés véhiculés par le ministère de l’Intérieur et par les médias à ses ordres [1]. Alors que la DGSI nous dépeint en comploteurs ou en vandales, nous avons en réalité passé ces dernières années à reprendre le fil de nos vies (paisibles). Nous continuons à militer pour défendre le Rojava, la mémoire de nos camarades tombés au combat, et les valeurs qui nous ont poussés à nous rendre là-bas. En rentrant chez nous, nous ne nous attendions pas à recevoir la Légion d’honneur, ni même a être remerciés par qui que ce soit, mais nous ne pouvions pas imaginer que nous serions désignés comme des ennemis de l’intérieur et traités à l’égal des jihadistes que nous avions combattus. Comme nous venons de le rappeler ici, nous avons suffisamment fait l’objet de calomnies de la part de la DGSI pour ne pas accorder la moindre crédibilité aux accusations portées contre notre camarade à qui nous réaffirmons notre confiance absolue et notre soutien sans faille.

Le CCFR (Collectif des combattantes et combattants francophones du Rojava).

[1] Collectif, Hommage au Rojava, Montreuil, Editions Libertalia, 2020, 160p.

Nous ne cèderons ni au chantage, ni à la peur! – Tribune dans Médiapart

Répression d’État: nous ne céderons ni au chantage, ni à la peur

Le monde célébrait récemment l’anniversaire des cinq ans de l’Accord de Paris, et la France n’a pas été avare d’auto-satisfaction quant au rôle qu’elle se targue d’avoir joué dans sa conclusion. Mais pour nous, 2015 amorce une évolution bien plus funeste : l’érosion de l’Etat de droit, et la lente disparition des libertés publiques dans notre pays. L’état d’urgence est devenu notre « new normal » : décidés dans des moments de choc, de confusion, loin des regards, les glissements les plus graves se sont produits. Dernier avatar en date : l’arrestation de neuf personnes de « l’ultra-gauche » sur la base de faits qui, même montés en épingle et mis bout à bout, n’ont rien à voir avec « l’entreprise terroriste » dont ils et elles sont pourtant accusé·e·s.

Hollande et son gouvernement ont amorcé ce délabrement dès novembre 2015, en assignant à résidence, de manière « préventive », des militant·e·s écologistes afin de les empêcher de manifester lors de la COP 21. Et M. Macron, qui avait pourtant construit sa campagne sur la concorde et libertés, a amplifié cet élan au point de faire des libertés, individuelles et publiques, un théâtre de ruines. L’état d’urgence a été inscrit dans le droit commun par la « Loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » (SILT), en novembre 2017. Depuis, la seule interprétation (entièrement subjective) d’un policier justifie toute initiative d’entrave et de répression dès lors qu’ils suspectent une menace. Peu importent les faits, au diable le réel, le « terrorisme » et la « sécurité intérieure » permettent tout : surveillances, multiplication des « notes blanches », qui légitiment, dans une totale opacité, les décisions administratives les plus liberticides, fermetures administratives de lieux collectifs, assignations à résidence, perquisitions arbitraires et sans fondements, arrestations dénuées de motifs… Des nasses pleines de gaz aux croches-pieds mesquins, en passant par les humiliations collectives de lycéen·ne·s et de migrant·e·s, les pratiques policières de répression des mobilisations sont de plus en plus brutales : tout ce sur quoi alertaient déjà les collectifs et associations des quartiers populaires il y a de nombreuses années et qui faisait le quotidien des habitant·e·s de ces quartiers est désormais devenu la norme. Enfin nul d’entre nous ne peut l’oublier : de nombreuses personnes ont été mutilées dans les manifestations de Gilets jaunes, sans que justice leur soit faite. Elles aussi ont connu les assignations à résidence préventives et les interdictions de manifester ; plus de 1000 peines de prison ferme ont été prononcées contre les membres de leur mouvement.

La nomination de Gérard Darmanin au ministère de l’Intérieur marque un tournant dans ce qu’elle légitime, et banalise cette nouvelle réalité : un pouvoir radicalisé. Les violences policières semblent devoir être couvertes « quoiqu’il en coûte ». Et le ministre jubile lorsque sa police écrase les libertés publiques sous l’arbitraire et les coups. Samedi 12 décembre, il s’est tout d’abord enthousiasmé, via twitter, de l’arrestation, quelques jours plus tôt, de 9 personnes soupçonnées d’«association de malfaiteurs terroristes ». Cinq d’entre eux et elles demeurent en détention provisoire à ce jour. À l’occasion, il a chaudement félicité la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) pour son efficacité à « protéger la République contre ceux qui veulent la détruire », « ces activistes violents de l’ultra-gauche », au mépris du secret de l’instruction. Or, le dossier frappe par sa vacuité si l’on en croit les informations policières et judiciaires, à l’évidence orchestrées pour servir l’agenda du ministre. Pour compenser la faiblesse du dossier, les enquêteurs invoquent les idées et engagements politiques des personnes arrêtées : une source anonyme explique ainsi qu’un des hommes arrêtés, « ancré dans une idéologie prônant la révolution », a combattu au Rojava, assimilant ainsi à des « terroristes » les personnes engagées contre Daech aux côtés de l’armée kurde.

S’agissant de l’épouvantail ultra-gauchiste, et de son agitation par les autorités, le fiasco judiciaire et politique de « l’affaire Tarnac », et les dérives de l’espionnage généralisé d’hommes et de femmes qui, à Bure, n’avaient d’autre tort que s’opposer à la mort de leurs prairies et de leurs forêts, devraient pourtant imposer la réserve. En outre, en dehors des assassinats commis sous l’influence plus ou moins directe de Daech, c’est l’extrême droite qui organise des attaques sur le territoire français, comme à Bayonne ou Avignon, quand elle n’arme pas les terroristes de janvier 2015

Le même samedi 12 décembre, alors que le ministre saluait, heure par heure, les arrestations en cours dans le cortège parisien protestant contre la loi Sécurité globale – infiltré de dangereux factieux selon lui -, des dizaines de personnes étaient arrêtées alors qu’elles manifestaient, photographiaient ou filmaient paisiblement. Les justifications données à ces interpellations pourraient prêter à rire : détention de piles et de fil électriques dans un sac à dos, jet d’une canette vide, port conjoint d’un bonnet et d’un masque sanitaire, ou encore usage d’un parapluie arc-en-ciel, présenté aujourd’hui comme propriété de la meneuse des « casseurs ». Et ce serait anecdotique, en effet, si près de 200 personnes n’avaient pas passé parfois près de trois jours en détention, avant, pour leur quasi totalité, de se voir libérées sans aucune charge retenues contre elles. Si d’autres, dans le cortège, n’avaient pas été molestées, et blessées, parce qu’elles se trouvaient sur le parcours de ces fameux « bonds offensifs », consistant ni plus ni moins à charger les manifestants au hasard.

Ces nouveaux épisodes marquent un pas de plus dans la dérive : en France, en 2020, critiquer la politique du gouvernement, et « prôner la révolution », sont devenus des opinions politiques potentiellement criminelles. Dans la France d’E. Macron, on peut être ministre lorsque l’on fait l’objet d’une procédure judiciaire pour viol et abus de confiance. Mais dans le même temps on emprisonne sans raison ; on ordonne des détentions sur la seule base d’hypothèses et on perquisitionne pour « envoyer des messages ». Face à nous un seul spectacle, qui se joue en boucle : la criminalisation des idées critiques du pouvoir, de l’information, des mobilisations, de l’islam, des quartiers populaires et de la jeunesse ; le harcèlement de tous les acteur·ice·s de « la gauche », des défenseurs·ses des droits et de la justice sociale, des porteurs·euses de solidarité ; la répression et l’arbitraire croissants dans la vie quotidienne des citoyen·ne·s. Ce régime montre son obsession répressive, autorisée par la désagrégation progressive des conquêtes fondamentales qui faisaient notre État de droit.

Faute de circonstances à caractère terroriste, les personnes en détention provisoire doivent être libérées sans délai. Mais qui leur succédera dans les geôles de la République ? Un retraité qui soutient des migrant·e·s « sans-papiers », au motif qu’il conserve un vieux fusil de chasse chez lui ? Des mères qui se battent contre une installation polluante, parce qu’une vieille bouteille d’acétone traine au fond d’un placard ? Celles et ceux qui condamnent la dissolution arbitraire d’une association de soutien aux victimes de l’islamophobie ?

Face aux perquisitions politiques, aux arrestations sans fondement, à toutes les tentatives de diabolisation des personnes qui ont le tort d’exercer leur droit à la critique et à la manifestation, notre solidarité, et notre cohésion, ne fléchiront pas ; les libertés n’existent plus quand un Etat prétend choisir ses opposant·e·s. Nous ne sommes pas dupes : c’est bel et bien de répression politique dont il s’agit. Mais nous ne céderons ni à la peur ni au chantage. Et nous n’oublierons pas de tenir le ministre de l’Intérieur, et le gouvernement, responsables du saccage de notre justice et de nos libertés.

Signataires : 

Amélie Cannone, militante écologiste et altermondialiste

Noura Elouardi, militante féministe, écologiste et anti-raciste

Mélina Gattel, amie d’une des mis·e·s en examen du 8 décembre

Awa Gueye, soeur de Babacar Gueye, tué par la police à Rennes en 2015

Geneviève Legay, militante d’Attac, blessée par la police en 2019 à Nice

Alice Ramage, amie d’une des mis·e·s en examen du 8 décembre

Juliette Rousseau, militante féministe et écologiste

Publié sur Mediapart le 05 Janvier 2021.

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/050121/repression-d-etat-nous-ne-cederons-ni-au-chantage-ni-la-peur