Ce cycle de rencontres autour des violences d’Etat sous diverses formes a pour but de partager nos résistances et nos luttes pour l’émancipation collective, et de réaffirmer que le terrorisme quotidien de l’économie et de l’état continuera d’être combattu. Il sera question durant ces 20 jours de néocolonialisme, de terrorisme d’état, de répression, de criminalisation, de prison ; mais aussi de solidarité, de rencontres, d’alliances et de perspectives de lutte, d’internationalisme, etc.
N’hésitez pas à partager dans vos réseaux, vous tenir informé.es et vous abonner à notre liste mail : comiterennes8decembre-subscribe@lists.riseup.net
Ateliers pratiques, boîte à lettre anticarcérale, brunch, projections, infokiosque, jeu géant et quelques autres surprises seront au rendez-vous tout au long de ces 20 jours. Nous mettrons à jour les informations manquantes au fur et à mesure
On espère vous y rencontrer 🙂
Programme :
DIMANCHE26/09 : Nous recevrons ce dimanche le collectif STOP EDF MEXIQUE accompagné de comp@s de l’Isthme de Tehuantepec qui partageront avec nous les enjeux des luttes contre l’écologie coloniale, notamment contre l’industrialisation des territoires autochtones par le groupe EDF. Au menu : projection, discussion et repas épicé ! 🙂 Rendez-vous 16h au 3 rue de Lorraine, école Kennedy.
MARDI28/09 : Jeu en équipes pour se connaître avec certains acteurs de la répression et les procédures qui encadrent leur action. Montrer leurs pouvoirs, mais aussi leurs limites, pour mieux évaluer là où nous pouvons nous défendre, nous protéger. /!\ sur réservation par mail (comiterennes8decembre@riseup.net) de 15h à 18h sous le préau de l’école Kennedy, 3 rue de Lorraine.
Puis en soirée, Ciné club sur l’Algérie, avec Mathieu Rigouste qui nous présentera son dernier film et livre « Un Seul Héros le Peuple » : comment le peuple algérien a mis en déroute la contre-insurrecton française en décembre 1960. Rendez-vous 19h30 au Cadran (11 avenue André Mussat). Accès libre dans la limite des places disponibles. Repas et boissons prix libre. Retrouvez l’évènement ici!
MERCREDI 29/09 : Table ronde sur la répression antiterroriste avec Mathieu Rigouste (de la plateforme Enquête Critique), le Comité 15 juin Limousin (voir leur appel) et le Comité de Soutien 8/12 Rennes. Qu’est-ce que l’antiterrorisme ? Comment s’en défendre ? 18h30 au 3 rue de Lorraine, école Kennedy. Repas végétarien et végan à prix libre
SAMEDI2/10 : Rassemblement et discussion avec le collectif L’Envolée et le Collectif Anti-Répression Grenoble (CAR38). Sur les violences du système pénal : la situation actuelle des prisons et des CRA, la réforme Ducont-Moretti, l’association de malfaiteurs, etc. (à partir de 14h, parc du Berry, sous la halle couverte) Goûter prix libre.
DIMANCHE3/10 : Présentation par L’Envolée du livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » et discussion : Quelles luttes anti carcérales aujourd’hui ? Comment se défendre contre le QI et le mitard ? Rendez-vous aux Ombres Electriques à partir de 12h à Repas végétarien / végan à prix libre
MARDI 05/10 : Discussion et formation sur la téléphonie mobile et le militantisme. De 18h à 21h au 3 rue de Lorraine, école Kennedy
MERCREDI6/10 :
Aprèm : Venez participer à un atelier d’autodéfense numérique avec le collectif Défense Numérique Rennes.De 15h à 17h.
Soirée : Discussion sur la répression de l’écologie radicale et techniques de surveillance. Nous reçevons ce mercredi 6 octobre, des camarades de la zad du Carnet, de Bure et les Faucheurs et Faucheuses d’OGM bretons pour échanger sur les techniques de répression, de surveillance et de criminalisation utilisées contre les luttes pour le vivant et contre l’industrialisation des territoires. Nous échangerons sur les dispositifs de surveillance déployés contre les luttes écologistes, l’organisation de groupes répressifs para-policiers (vigilantisme) et les outils de criminalisation auxquels nous faisons face. Rendez-vous au Bocal, 2 allée de Finlande. De 18h à 21h.Grignottage prix libre. Le lieu est accesible PMR.
JEUDI07/10 : Discussion-atelier organisé par Résistance Ecologiste Rennes sur l’abolition de la Police avec le collectif matsuda. Rendez-vous à 18h à Rennes2 – Amphi L1 « Angela Davis ».
VENDREDI08/10 : Projection-Discussion avec le Collectif Rennais Anti-Carcéraldu film « Le Déménagement » sur le déplacement des détenu.es de l’ancienne prison Jacques Cartier au tout nouveau centre pénitentiaire de Vezin-Rennes. Rendez-vous 18h30 Maison de Quartier Villejean. Repas végétarien / végan à prix libre.
SAMEDI09/10 : Commémoration des 40 ans de l’Abolition de la Peine de Mort.
Ce samedi 9 octobre 2021 à 20h, l’association Champs de Justice présentera son projet de faire de l’ancienne prison Jacques Cartier un musée de la Justice. Elle organise pour l’occasion une projection du film « Le Déménagement » en présence de sa réalisatrice Catherine Rechard. L’entrée est à prix libre, sur inscription, et le pass sanitaire y sera demandé. Nous vous invitons à venir y porter la parole de celleux pour qui la peine de mort n’a jamais été abolie.
DIMANCHE10/10 : Rassemblement : La peine de mort est abolie ? On meurt encore en prison, aux frontières, dans la rue et dans les quartiers ! De 14h à 18h. Esplanade Fulgence Bienvenüe – Gare de Rennes.
MERCREDI13/10 [ANNULE] : Discussion sur le terrorisme d’Etat et la révolution au Rojava avec les Amitiés Kurdes de Bretagne et B. Sores (auteur de « Plaidoyer pour le Rojava » et ancien combattant des YPG) Grignottage à prix libre
MERCREDI 13/10 : Solidaires Etudiant organise une projection du film Black Panthers (1968) d’Agnès Varda. Amphi L3 – Université Rennes2. Suivi d’une discussion sur l’enfermement politique. De 19h15 à 21h15.
SAMEDI16/10 : Soirée de rentrée de la CNT au Panama où le comité 8/12 sera présent
Publié le 15 juin 2021 | Mise à jour le 18 juin, sur La Bogue.
6 perquisitions et interpellations ce mardi 15 Juin, dont la directrice de l’école primaire de Gentioux, à 3 semaines de la retraite.
Avec le renfort de la cellule anti-terroriste de Paris, ce sont 6 perquisitions et interpellations, pour GAV (jusqu’à 96H) qui ont eu lieu ce matin mardi 15 Juin, sur le plateau de Millevaches et autour.
Ces interpellations ont été vécues comme un choc par les habitant.e.s du villages, face aux moyens disproportionnés, la matinée se finissant par des gaz lacrymos.
Les enfants n’ont rien à reprocher à leur maîtresse.
Après plusieurs attaques de l’extrême droite, dont une giflette contre Micron, nous voyons ici une manœuvre politique, à 5 jours des élections régionales, pour brandir la peur de l’ultra-gauche en faveur de l’ultra centre gouvernemental.
Qui terrorise qui ?
Est-ce qu’une dégradation matérielle constitue une acte de terrorisme ? Est-ce que saboter une antenne polémique et des véhicules d’entreprise, est plus ou moins terroriste que de débarquer cagoulés dans un village pour embarquer l’institutrice ?
« Cinq mois après l’incendie du relais des Cars (Haute-Vienne), l’enquête vient de faire un grand pas en avant avec l’interpellation, mardi 15 juin, en Creuse et en Haute-Vienne, de six personnes qui pourraient aussi être mises en cause dans les incendies criminels qui ont détruit des véhicules appartenant à Enedis, en février 2020, à Limoges. »
RDV à 18h devant le comico central, 4 av Emile Labussière, 87100 LIMOGES, face à une gav qui peut durer 96H, pour soutenir les interpellé.e.s et décider de la suite.
Arrestations du 15 juin : création comité de soutien samedi 11h place d’Aine
Publié le 15 juin 2021 | Mise à jour le 19 juin sur La Bogue.
Ce mardi 15 juin, 6 personnes ont été interpellées, accusées de dégradation de bien au sein d’un enquête dans laquelle l’État a une nouvelle fois employé sans vergogne tous les moyens de l’antiterrorisme. Retrouvons-nous ce samedi à 11h, place d’Aine à Limoges, pour constituer un comité de soutien et montrer que nous ne sommes pas dupes des manoeuvres de la maffia au pouvoir. NOUVEAU RASSEMBLEMENT CRÉATION D’UN COMITÉ DE SOUTIEN SAMEDI 19 JUIN À 11H PLACE D’AINE Infos du 18/06 à 19h : Les trois dernières personnes gardées à vue ont été présentées à la juge cet après-midi. Elles ont toutes les trois été mises en examen pour « association de malfaiteurs » et remises en liberté avec de lourds contrôles judiciaires : interdictions de quitter le pays ou même leur département, interdictions de se voir, interdictions de manifester, pointages réguliers au commissariat… On se retrouve toujours samedi matin pour monter le comité : préparer la contre-attaque et partager nos analyses sur ce nouveau coup de l’État policier !
Infos du 18/06 à 15h30 : Un nouveau rassemblement s’est tenu ce matin devant l’hôtel de police puis devant la cité judiciaire, où les trois personnes restant en garde-à-vue ont été présentées à une juge. Un comité de soutien sera mis en place samedi 19 juin à 11h : rendez-vous place d’Aine à Limoges. Un communiqué de presse a été rédigé, nous le reproduisons ici intégralement et en pièce jointe. À imprimer et diffuser sans modération !!!
Appel à rejoindre le comité de Soutien de l’affaire du 15 juin
Ce samedi 19 juin à 11heures place d’Aine, à Limoges. Nous, premiers témoins et soutiens des personnes mises en cause par les arrestations du mardi 15 juin en Creuse et Haute-Vienne,appelons au rassemblement des soutiens les plus nombreux, ce samedi 19 juin à 11 heures, place d’Aine, à Limoges.
Nous avons vu des policiers armés et cagoulés arrêter sept personnes ce mardi 15 juin à 6h, une scène brutale et choquante pour les voisins et amis présents sur place à cause de la débauche de moyens parfaitement disproportionnés qui a été déployée : la Sous Direction Anti Terroriste (qui s’est déjà tristement illustrée en Limousin lors de l’affaire Tarnac), le Peloton Spécial d’Intervention de la Gendarmerie, la police judiciaire et la gendarmerie du secteur, rien que cela : une dizaine de voitures pour interpeller une institutrice chez elle, avant sa journée de travail. Une rafle matinale, accompagnée de perquisitions, qui s’est déroulée au même moment à différents endroits du Limousin avant de conduire ses sept victimes dans les commissariats de Limoges, Saint Junien, Bellac, et d’autres encore, pour une garde à vue pouvant durer jusqu’à 96h.
Ils ont entre 45 et 70 ans : une directrice d’école, une potière, un plombier, une menuisière, un chargé de cours à l’université et une infirmière, à avoir fait les frais de cette opération ; ce sont surtout des citoyens, parmi les (trop) rares engagés professionnellement et bénévolement au service des gens et de la collectivité.
On les soupçonne de « destructions matérielles en bande organisée portant atteinte aux intérêts de la Nation » et d’« association de malfaiteurs » suite à deux événements : l’incendie, en début d’année, d’antennes TDF de diffusion de la TNT et de la téléphonie mobile, et celui un an auparavant de véhicules Enedis. Rien en tout cas qui ressemble de près ou de loin à des actes de terrorisme, alors que ce sont bien les moyens de l’antiterrorisme (SDAT, garde-à-vue prolongée) qui sont employés : la seule répercussion de l’événement en question a été une coupure de télévision de quelques jours. Absolument rien qui justifie qu’on déploie un dispositif aussi démesuré ; n’aurait-on pas pu les convoquer simplement dans le cadre de l’enquête ? C’était sans compter la montée de la violence d’État qui s’est opérée ces derniers temps à l’égard de tout citoyen par les moyens de plus en plus étendus donnés aux forces de police et l’élargissement des mesures d’exception de plus en plus intégrées au droit commun.
L’opération ressemble à un coup de filet assez large et mal ajusté pour faire du renseignement sur des gens dont les engagements humanistes déplaisent au pouvoir. Au moins trois perquisitions ont même été menées chez des personnes convoquées finalement en tant que témoins ! Il ne manquait plus que le spectre de l’ultra-gauche pour les amalgamer dans un discours grossier qui justifie la mise en scène policière, à quelques jours à peine des élections régionales et départementales qui verra surtout s’affronter l’ultra-droite et un ultra-centre de plus en plus extrémiste.
Nous constituons aujourd’hui un comité de soutien pour que ces personnes, prises malgré elles dans la trame de cette sordide pièce de théâtre politique ne soient pas isolées et puissent se défendre contre la violence qui leur est faite sans se retrouver broyées par cette grande machine à fabriquer des ennemis intérieurs que nous avons déjà trop vue à l’œuvre.
Nous constituons également ce comité pour dénoncer ensemble la radicalisation sans frein d’un pouvoir aux abois, qui use de terreur et de surveillance pour masquer sa peur d’avoir un jour des comptes à rendre à tous ceux qu’il maltraite au quotidien.
Tout cela alors même que quatre des personnes arrêtées ont déjà été relâchées sans charges !…
Nous donnons donc rendez-vous ce samedi à 11 heures, place d’Aine, à Limoges, pour une réunion publique et une conférence de presse ; nous appelons tous les soutiens à rejoindre ce comité.
A samedi !
Rejoignez-nous, contactez-nous, soutenez le comité par des dons et des interventions publiques. Notre numéro : 06.23.44.31.52
Infos du 17 juin : Entre 30 et 50 personnes réunies ce jeudi soir devant le comico. Des banderoles, des chants, la chorale des résistances sociales (CRS), de nombreux amis des personnes arrêtées. Des flics tendus qui gardent avec boucliers l’entrée principale du comico. Cette chanson qui dit en citant des moments historiques du combat social, de la révolution de 1789 à d’autres moments de soulèvements et de sabotages : « non non non / c’est pas bien d’casser / sauf quand on / quand on a gagné »… Un point sur la situation de l’affaire : – 3 d’entre elles ont été relâchées sans charges (mais pas l’institutrice) – les 3 autres seront vraisemblablement présentées à une juge ce vendredi matin – après ce rendez-vous elles seront soit relâchées, avec ou sans contrôle judiciaire, soit placées en « détention provisoire » et mises en examen – si des personnes sont incarcérées elles auront besoin de soutien pour cantiner, c’est-à-dire disposer d’un minimum d’argent pendant leur détention – un comité de soutien est en cours de construction, il se réunira vraisemblablement pour la première fois en tant que tel samedi matin à Limoges – plusieurs communiqués de presse et réponses publiques sont sorties : voir en pièce jointe et avec les liens suivants : https://www.facebook.com/SoutienArrestations15juin https://lundi.am/Des-epiciers-de-Tarnac-a-l-institutrice-de-Gentioux
Après le rassemblement une quizaine de personnes a subi un coup de pression policière bien assumé. Quelques personnes qui quittaient le rassemblement ont observé une surveillance policières, des voitures banalisées qui semblaient les suivre. Plusieurs véhicules de police sont arrivé pour encercler rapidement un groupe de personnes qui rejoignaient leurs véhicules. La situation a duré plus de 15 minutes, avec une trentaine de policiers stoïques mais menaçants qui encerclaient les gens tels des zombies tout en leur intimant l’ordre de partir. Ils ont pris l’identité d’une personne et ont finalement eu l’ordre de se replier. Continuons à dénoncer cette mascarade Retrouvons-nous encore demain et samedi
Infos du 16/06 :
Près d’une centaine de personnes étaient présentes ce mercredi matin à partir de 9h devant le commissariat pour dénoncer ces arrestations. Un nouveau rendez-vous est proposé demain jeudi au même endroit. L’idée circule de créer des comité de soutiens et de contrer le récit médiatico-policier et remettre les pendules à l’heure. Un premier communiqué de presse de plusieurs organisations syndicales vient de sortir dans ce sens : * * *
L’article de mercredi :
Gentioux (23340), 6h du matin : de nombreux véhicules de police et gendarmerie bouclent le village du Mont. Une maison est perquisitionnée, une femme entendue. Tout le voisinage est confiné de force dans son logement, et toute entrée dans le village est barrée. Certaines personnes (peut-être au courant de la démesure habituelle des cow-boys en cagoule, qui laisse parfois derrière elle des blessés ou des morts ?) s’inquiètent de cette situation, et font passer le mot qu’une arrestation est en cours. Vers 9h, alors que persquisition et interrogatoire se poursuivent, mais la route rouverte, une trentaine de personnes des environs s’est rassemblée pour exprimer sa méfiance envers cette opération, qui consiste tout de même à interpeller… l’institutrice et directrice de l’école du village.
On apprendra dans la journée que des opérations similaires ont été menées dans le nord-ouest de la Haute-Vienne au même moment, conduisant au total à l’arrestation de 7 personnes dont 6 sont ce soir toujours gardées à vue.
L’enquête est sous le régime de l’antiterrorisme. Les policier.e.s et gendarmes qui sont intervenu.e.s étaient notamment des membres de la SDAT (Sous-direction de l’antiterrorisme à Levallois-Perret) et du PSIG (Peloton spécial d’intervention de la gendarmerie), armés, gilets pare-ballés, cagoulés, équipés de gazeuses et de tout le genre d’attirail absurde qui sied à cette engeance. Deux juges d’instruction, dont un spécialiste de la terrorisation de la population (« antiterroriste »).
Les faits reprochés sont des dégradations de biens, à savoir l’antenne-relais des Cars près de Limoges et des véhicules appartenant à Enedis, en janvier 2020 et janvier 2021.
Le récit, on le connaît déjà : groupuscule radicalisé blabla des leaders et des exécutants blabla pas de fumée sans feu blabla il faut défendre le système blabla nous faisons tout notre possible balbal faites-nous confiaaaaaaance.
Tout ça à trois jours des élections (dont par ailleurs tout le monde se fout).
Les morts, pendant ce temps, c’est ceux d’un système hospitalier consciemment démantelé, d’un système social en état d’abandon manifeste, d’un système policier putschiste, d’un système patriarcal hystérique, liste non exhaustive.
Gentioux (23340), mardi 15 juin, 6h du soir : derrière la statue du gamin du monument aux morts qui lève le poing en direction de l’inscription « Maudite soit la guerre », plus d’une centaine de personnes sont réunies sous les tilleuls devant l’école. Quelques prises de parole se succèdent, les unes pour donner un exposé succinct de la situation, les autres pour faire part de leur solidarité, ou raconter leur expérience de « voisins » de l’opération du matin. La parole est difficile. Comme perturbée, hallucinée. Même alors que paraissent les premiers articles de presse, ceux de France Bleu ou du Populaire « la voix de son maître » du Centre, tout le monde reste incrédule, sidéré par la démesure. L’opération de terrorisation habituelle commence à ressembler à ce qu’elle est, la détestable carte dans la manche d’un État aux abois.
Y a pas moyen. On se donne rendez-vous demain à Limoges.
NOUVEAU RASSEMBLEMENT CRÉATION D’UN COMITÉ DE SOUTIEN SAMEDI 19 JUIN À 11H PLACE D’AINE NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS TERRORISER
Renforçons nos solidarités face à la police, la prison et la justice
Le 20 juin 2018, le village de Bure se réveillait avec près de 200 gendarmes déployés, l’arrestation de 8 personnes et la perquisition de 11 lieux de vie et d’organisation de la lutte contre le projet d’enfouissement de déchets nucléaires. Le procès se tiendra le 1er, 2 et 3 juin prochains. Les personnes arrêtées sont accusées de former une « association de malfaiteurs », accusation fourre-tout, à la fois très lourde de conséquences en termes de peine (jusqu’à 10 ans de prison et 150.000 euros d’amende) et dont l’usage est éminemment politique.
Un objectif clair : écraser la lutte
La mobilisation du délit d’association de malfaiteurs vise explicitement à terroriser, à défaire les liens, et à dissuader les opposant.es de s’engager. Le champ d’application contemporain de l’association de malfaiteurs élargit la notion « d’association », permettant ainsi une criminalisation de masse. Ainsi, comme le soulignent des opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure : « Prêter sa voiture, participer à l’achat de tissu avant une manifestation, avoir ses empreintes sur une bouteille plastique, son ADN sur une écharpe, être co-propriétaire ou co-gérant·e d’un lieu collectif où sont trouvées des fusées d’artifice, etc. tout devient présomption de culpabilité, de complicité, et donc de participation à une Association de Malfaiteurs. Nourrir, accueillir, loger, mettre à disposition des moyens de communication (téléphone, internet, photocopieur, etc.) dans un lieu privé ou collectif relève directement de l’Association de Malfaiteurs, si les personnes accueillies prennent part, ailleurs, à des manifestations où sont commis des actes délictueux ».
Ce qui s’est passé à Bure n’est pas anodin. Et d’ailleurs les questions posées lors des auditions et les moyens de l’enquête mobilisés ne laissent aucun doute : l’objectif est clairement de s’en prendre aux structures qui permettent à nos luttes de vivre et de se défendre, à toutes ces petites ou grandes solidarités qui font vivre nos luttes. À travers les personnes arrêtées, et les questions posées, ce sont en effet les outils collectifs que représentent le soutien juridique, les groupes de soin ou encore les groupes d’automedia qui sont visés.
On se rappelle à ce titre de la fermeture du site Linksunten Indymedia en Allemagne en 2017 après le flamboyant G20 à Hambourg, et des menaces d’interdiction adressées à Indymedia Grenoble en France après la publication de revendications d’actions. L’offensive de l’État vise à détruire les réseaux d’entraide, de soutien et de communication, tout en faisant planer un climat de peur au-dessus de toutes celles et ceux qui s’organisent politiquement, ou qui se montrent simplement solidaires des luttes. À peu de choses près la même stratégie que pour les manifestations : terroriser, par la peine de prison, ou par la menace de la blessure ou de la mutilation, pour dissuader de se joindre à la lutte.
L’utilisation de l’association de malfaiteurs a une histoire, réactualisée à chaque nouvelle affaire : elle a déjà servi à fragmenter des réseaux de lutte et d’amitié grâce à des constructions policières fomentées par les services de renseignement. En janvier 2008, c’était l’affaire dite «des mauvaises intentions » qui envoyait plusieurs personnes en détention, accusées d’avoir fabriqué des engins explosifs (en l’état, des fumigènes artisanaux et des crève-pneus) alors qu’elles se rendaient à une manif au CRA de Vincennes. C’est alors l’association de malfaiteurs à caractère terroriste qui est mobilisée, tout comme à l’encontre des 9 de Tarnac, en 2009, accusé.es d’avoir endommagé des caténaires avec des crochets posés sur les lignes TGV. Le procès signera la défaite retentissante, pour un temps, de la mobilisation de l’antiterrorisme à l’encontre de militants. Les fois suivantes, c’est donc la seule association de malfaiteurs qui est mobilisée : à Rennes en 2016, pendant la loi Travail, contre des actions de sabotage de composteurs de métro à l’aide de mousse expansive ; à Briançon en juillet 2018 pour suspicion d’aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière, dans le cadre d’une mobilisation entre l’Italie et la France contre Génération Identitaire ; à Lyon, le 13 novembre 2018 contre une action antifasciste de construction d’un mur en parpaings devant l’entrée du Bastion Social, à Bordeaux dans le cadre des Gilets Jaunes, le 7 décembre 2019, avec l’arrestation de 16 personnes accusées de fomenter des actions violentes dans un « appartement conspiratif » (l’enquête sera entièrement annulée en mars 2021, les avocat.es ayant pu démontrer l’illégalité de la perquisition). En septembre 2020, à côté de Grenoble, 6 personnes sont arrêtées de nuit près de jardins collectifs, accusées d’avoir voulu monter une ZAD, ou d’être, peut-être, à l’origine des incendies qui illuminent la région depuis quelques années. Les mises en examen pour association de malfaiteurs sont annulées en avril 2021. Plus récemment, l’affaire dite du 8 décembre 2020 reprend le qualificatif d’association de malfaiteurs terroriste à l’encontre de plusieurs personnes arrêtées à Toulouse, Rennes, Vitry-sur-Seine et Cubjac, soupçonnées d’avoir prévu des actions violentes contre les forces de l’ordre, avec comme toile de fond le soutien à la lutte des Kurdes…
Quand le moyen contient la fin
À l’approche du procès, on pourrait être tenté de considérer ce qui va se dérouler le 1er, 2 et 3 juin comme le moment-phare, l’instant de dévoilement, l’aboutissement de toute cette procédure. Ce serait manquer quelque chose : le plus important s’est sans doute déroulé, pour le pouvoir, durant ces presque trois années, de 2018 à aujourd’hui.
Les moyens d’enquête considérables que permet l’instruction sous le motif d’association de malfaiteurs ont ainsi servi leur but : permettre aux services de police d’amasser un savoir considérable (même si toujours désincarné) sur ceux et celles qui osent défier la sainte trinité du Nucléaire en France.
À Bure, 29 personnes ont été mises sur écoute, 765 numéros de téléphone ont fait l’objet de demandes de vérification d’identité, 85.000 conversations et messages ont été interceptés, cumulant plus de 16 ans de temps de surveillance téléphonique, 118 personnes ont été fichées dans un organigramme type ANACRIM (logiciel d’analyse criminelle mobilisé dans l’affaire du petit Grégory), 25 perquisitions ont été menées, pour un total d’exactement 20.164 pages de dossier d’instruction.
Avant le verdict, la peine a déjà été appliquée : interdiction de se voir, interdiction de séjour, interdiction de communication, interdiction dans les faits de manifester, contrôles judiciaires contraignants, voire incarcération. Des liens disloqués, une intrusion insupportable dans l’intimité de dizaines de personnes…. Des personnes mises en examen faisaient le parallèle en avril 2020 entre le confinement imposé à toute la population française et leur situation :
« Ne pas avoir le droit de voir des amis. Leur faire courir un risque grave si on essayait malgré tout. C’est la douloureuse réalité de dizaines de millions de personnes depuis plus d’un mois. C’est la nôtre depuis bientôt deux ans. Deux ans, rien que ça, mais sans apéros en visioconférence et sans coup de fil pour savoir si ça va. Rien que des bribes de nouvelles qui passent de proche en proche : « X a pas mal déprimé ces derniers mois mais ça va mieux, tu lui manques », « Y s’est marié, tu ne savais pas ? », « Z vient d’être rajouté au dossier, tu ne peux plus lui parler non plus, je suis désolée ». Des choses comme ça, abstraites, désincarnées. »
Et pourtant, la lutte ne s’est pas éteinte, et la solidarité n’a pas disparu. Personne n’a rendu les armes, et le procès sera l’occasion d’inviter des centaines de nouvelles personnes dans la lutte.
Nous sommes des collectifs de soutien juridique et de lutte contre la répression, situés un peu partout en France. Au quotidien, nous luttons, avec un réseau d’avocat.es engagé.es, à contrer l’individualisation des responsabilités et des peines, à se redonner du pouvoir face à la machine judiciaire qui nous veut impuissant.e.s et dociles. À créer des liens là où ils nous voudraient isolé.es.
Si les gouvernements successifs semblent s’évertuer à criminaliser les formes les plus élémentaires de solidarité, en poussant vers la prison des personnes qui ne font que résister légitimement à l’inacceptable (à travers le « délit de solidarité » notamment) et en menaçant de représailles tout·es celles et ceux qui refusent de déserter les rues et les luttes, qu’ils ne se détrompent pas : aucun État, même les plus totalitaires, n’a jamais eu et n’aura jamais raison de cette solidarité instinctive, de cet élan qui est au cœur du fait même de lutter.
Les liens qui unissent toutes celles et ceux qui se soulèvent sont intouchables.
Tous et toutes à Bure le 1er juin !
Retrouve le RAJCOL, ou la RAJ-Collective : https://rajcollective.noblogs.org/ Ce réseau rassemble une quinzaine de collectifs anti-répression qui s’organisent dans différentes villes et coins de l’hexagone.
Depuis plus de 24 semaines maintenant, 7 enfants, frangin.es, ami.es et camarades arraché.es à leurs proches, sont inculpé.es pour « association de malfaiteurs terroristes » (AMT). Trois d’entre elleux sont encore emprisonné.es sous régime « terro » (Détenus Particulièrement Signalés), et un à l’isolement. La Police les soupçonne d’avoir eu l’intention de planifier des « actions violentes » contre la Police. La boucle s’est bouclée sur les Inculpé.es du 8/12.
Ce texte revient sur l’Affaire du 8/12, ce coup de filet Qui Tombe à Pic témoigne des dérives fascistes qui nous concernent touxtes. Elle montre encore une fois qu’il est possible pour la police, grâce à l’outil antiterroriste, d’emprisonner des militant.es (et assimilé.es) pour de « vagues soupçons » d’intentions de « s’en prendre aux forces de l’ordre ».
Les Forces de quel Ordre ?
En quelques mois, nous avons vu l’État passer des lois sécuritaires et islamophobes au nom de la République, imposer un contrôle policier général au nom de la santé de la Nation, hurler contre l’islamogauchisme et emprisonner nos ami.es au nom de l’Antiterrorisme. Nous voyons aussi les avant-gardes néo-fascistes multiplier les attaques (Action Française, Loups Gris, Génération Identitaire, membres de la Police Nationale, anciens-militaires, etc.) contre des manifestations, des mosquées, des squats, des exiléEs, des universitaires, des librairies…
Un des inculpé.es du 8/12, en Quartier d’Isolement depuis bientôt 6 mois maintenant, était sous surveillance depuis son retour du Rojava en 2018. Tous les éléments « pro-kurde » trouvés lors des perquisitions ont été saisis (quelques affiches, livres ou brochures) et utilisés “à charge” par l’a-Justice, comme par exemple cette interview de Zehra Dogan publiée par la revue Ballast: « Un jour nous vaincrons ». (1)
Nous pensons important de mettre en perspective cette affaire avec la remontée des fascismes en France (articulés autours de l’islamophobie, le nationalisme et l’antiterrorisme) et les collaborations avec le régime turc, dont la répression des kurdes résidant en France.
Macron déclarait en décembre 2019 au Sommet de l’Otan : « Nous combattons le PKK [Parti des travailleurs du Kurdistan] et tous ceux qui mènent des activités terroristes contre la Turquie, de manière très claire mais nous ne faisons pas ce raccourci ou cette agrégation que la Turquie souhaite entre ces différents groupes politiques et/ou militaires« . En effet, le PKK est inscrit sur la liste des organisations terroristes selon le Conseil de l’UE depuis 2002, liste dans laquelle on retrouve 6 organisations de lutte armée communistes, dont par exemple, l’Armée de Libération Nationale (ELN), luttant actuellement aux côtés des manifestant.es colombien.nes dans la région de Cali [l’État colombien justifiant en retour la répression sanglante par la présence de « terroristes » dans le mouvement].
Cependant la criminalisation par l’Etat français de la diaspora kurde et de ses soutiens semble indiquer que, oui, la fRance fait ce raccourci. Le 23 mars dernier, “10 personnes de la communauté kurde ont été interpellées et arrêtées par la brigade antiterroriste” suite à un “échange téléphonique entre Macron et Erdogan”. “Il s’agit d’un des plus gros coups de filet de la police française dans les réseaux militants kurdes ces dix dernières années”. Ces personnes sont accusées de “participation à une association de malfaiteurs, de financement d’une organisation terroriste et d’extorsion en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste”.
« Ce ne sont pas des universitaires, mais bien des soutiens de terroristes »
Le 4 Février 2021, le journal Yeni Akit, équivalent turc du Figaro, publiait en gros titre : « ce ne sont pas des universitaires, mais bien des soutiens de terroristes », désignant des professeur.euses mobilisé.es, aux côtés des étudiant.es, depuis 6 mois à l’université Boğaziçi contre la nomination directe par Erdogan d’un nouveau recteur ; justifiant ainsi la répression du mouvement :
« Avec les premières manifestations étudiantes s’en est suivi une répression sans précédent avec l’arrestation de 159 étudiants le 2 février de cette année. Les étudiants en lutte ont été qualifiés de vandales, terroristes ou de « dégénérées LGBT » par le pouvoir en place. Face à cette répression et ces provocations, la contestation a pris de l’ampleur dans le pays et dépasse les revendications des étudiants de Boğaziçi. Les étudiants des autres universités d’Istanbul se sont solidarisés et des manifestations ont notamment eu lieu à Izmir et à Ankara. »
Sous prétexte d’antiterrorisme, le régime turc déshumanise systématiquement toute dissidence politique et solidarités avec les organisations kurdes. L’exemple de Boğaziçi est frappant: criminalisation (« vandales ») ; outil antiterroriste (« soutiens de terroristes ») ; et LGBTQIA+phobie avec une teinte psychophobe et validiste (« dégénérés LGBT ») (2). Mais là où le régime turc s’articule autours d’une alliance nationaliste (MHP) et islamiste (AKP) pour mener un politique d’extrême-droite, le régime français articule nationalisme et islamophobie. De manière systématique et graduelle, la fRance organise une criminalisation violente de sa population. Qu’elle soit racisée, révoltée, et/ou appauvrie. Il use de l’outil antiterroriste pour étendre le domaine du non-droit et soumettre le peuple à des désirs punitifs et des peurs. Enfin, il psychiatrise la déviance, la marginalité et la révolte.
L’ « islamo-gauchisme », le « racisme anti-blancs », l’ « ultragauche », les « valeurs de la république », le « délit de solidarité » ou de « séparatisme » … sont autant d’indices logiques du désastre prévu que nous vivons en live. La pénétration croissante des thèmes conçus par l’extrême-droite dans le débat public et dans la presse est un prémisse de mauvaise augure, maintes fois décrit comme étape préliminaire à l’avènement d’un régime fasciste.
Une éventuelle démission de Vidal n’y changerait rien, un changement de gouvernement non plus. L’attaque des libertés universitaires en cours est une étape préventive de contre-insurrection. Rappelons que le PKK a été créé par des étudiant.es en 1978 à la veille d’un coup d’État, et que c’est après 6 années de répression sanglante qu’il lança son premier soulèvement armé le 15 août 1984. Les universités $hiliennes ont elles aussi été au centre du brasier insurrectionnel qui a débouché sur une nouvelle constitution.
« On a souvent tendance à ne voir dans les opérations policières que leur aspect répressif, et non leur aspect productif » (3)
La production médiatique méticuleuse de “menaces” (« ultragauche », « immigration », « islam politique”, « racialisateurs », etc.) fonctionne chez beaucoup de gens, les rendant complices inconscients de la nécrose républicaine. Et pour ce qui est des milieux de gôche, parlons-en! Nous sommes bien loin (4) des déclarations de François Hollande affirmant en 2008 au sujet de Tarnac :
« Au nom d’une cause juste – lutter contre le terrorisme – on est en train de faire des amalgames et des confusions. Celui qui n’est plus dans la norme, qui peut avoir un comportement déviant, peut être assimilé à un terroriste, ce qui est une atteinte grave aux libertés. »
Comment se fait-il qu’un des plus grands traîtres de l’histoire du socialisme, tienne des propos bien plus critiques sur l’antiterrorisme que la plupart de la gauche radicale aujourd’hui? Avons nous oublié que le terme de “terrorisme” vient de la Terreur d’État, théorisée dans la philosophie politique au fondement même de la République fRançaise, et ayant servi de modèle dans le monde entier ? En 1937, la jeune République de Turquie massacrait 40 000 kurdes à Dersim et faisait des centaines de milliers d’exilé.es…
La terrorisation démocratique (Guillon 2009) est au fondement même de la politique étatique. L’antiterrorisme n’a pas vocation à anihiler un certain niveau de violence, mais un niveau de dissidence politique.
Avons nous oublié que Nelson Mandela, aujourd’hui hypocritement fétichisé, est resté jusqu’en 2008 inscrit à la liste des terroristes des Etats-Unis? Avons-nous oublié qu’au nom de l’antiterrorisme français, des cellules armées comme la Main Rouge commettaient assassinats et attentats commandités afin de terroriser les algérien.nes luttant pour l’indépendance? Avons-nous oublié la responsabilité de François Mitterand dans le génocide du Rwanda ?
Cette apathie des « progressistes » de tous bords pour la critique de l'(anti)terrorisme ; à l’heure du rebasculement de l’État dans ses racines fascistes; est la résultante de l’efficacité de l’antiterrorisme et d’une radicalisation de la République. Six années d’État d’Urgence, de lois sécuritaires et de défaites sociales auront réussi à faire de toutes les aspirations, – hors et au delà de la « république » – des aspirations « séparatistes » ou « extrémistes » : alors que l’État se radicalise, toutes les autres formes de radicalisations nécessaires (écologistes, féministes, antispécistes, anti-racistes, décoloniales, etc…) peuvent tomber sous le vaste joug de l’antiterrorisme. En témoignent les approbations nauséabondes de l’élite politicienne à la récente tribune des militaires, inspirés par le fasciste Renaud Camus (théoricien du « Grand Remplacement ») Ou encore les soutiens aux défilés de flics.
Comme beaucoup de Gilets Jaunes et Écolos l’ont compris ces dernières années, la violence policière , judiciaire et pénitenciaire qui s’abat de manière inédite sur les mouvements sociaux, s’abattait déjà dans les quartiers, sur les jeunes et les musulman.es ; et s’abbat partout dans le monde sur les exilé.es. Il y a une continuité coloniale dans le traitement par l’État des populations issues d’anciennes colonies, et le retour en force de l’antiterrorisme depuis 2015 s’inscrit dans cette histoire coloniale. Le sociologue Mathieu Rigouste (La Domination Policière, 2012) ou l’anthropologue Didier Fassin (La Force de l’Ordre, 2011) n’ont pas manqué, avec de nombreu.ses autres, d’analyser ce sujet.
L’antiterrorisme est le moteur d’une volonté insatiable de punition.
« Depuis la révolte du parc de Gezi en 2013, qui contestait les prémisses du régime fasciste, le régime turc s’est mué en dictature, appuyant sa politique réactionnaire par le nationalisme et l’islam. « la répression contre les forces de gauche et progressistes n’a fait que s’amplifier. Des professeurs d’universités, des enseignants, des avocats et des juges ont été limogés sous prétexte de soutenir des organisations terroristes. La répression touche aussi fortement les travailleurs et travailleuses, les étudiants et les syndicalistes qui luttent contre le fascisme et le capitalisme. (5) »
Qu’en sera-t-il dans 8 ans chez nous ? A l’heure où les masses statistiques jouissent déjà de l’écrasement des ZAD, s’indifèrent [ou se réjouissent] des milliers de meurtres aux frontières de l’Europe, mais pleurent la perte d’un flic. Le pire est déjà-là. L’antiterrorisme est la même marionnette d’un pouvoir dissimulant ses propres horreurs. Et le gouvernement continue de doter l’a-Justice des outils pour terroriser les minorités culturelles et les dissidences politiques, ainsi que leurs soutiens.
Un de ses derniers outils, la loi séparatisme, prévoit une peine de 7 ans de prison et 100 000€ d’amende « le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes ». Iels pourront aisément twitter (comme pour nos ami.es du 8/12, comme pour les étudiant.es de Bogazici) que journalistes, universitaires, étudiant.es, politicien.nes, avocat.es, artistes et finalement chacun.e d’entre nous, soutenons des « terroristes » quand nous dénonçons la terrorisation démocratique ou soutenons des luttes émacipatrices légitimes à l’international.
Cette Affaire du 8/12 tombe à pic. Entre la loi Sécurité Globale et la loi Séparatisme, après l’embrasement des Etats-Unis pendant Black Lives Matter, avant les élections de 2022. La violence policière étant bien trop visible et attisant les envies de révoltes, il s’agit donc de la faire devenir désirable. Ce à quoi s’appliquent BFM et les Bouffons du Roi, comme Pierre Henry Thavoillot, pour qui les victimes de la police ne sont que « statistiquement rares ».
Nous vivons le moment de l’épuration vitale d’un pouvoir qui se doit d’être l’Unique quand prendre d’autres chemins n’a jamais été aussi désirable. Là où nos sens ne demandent qu’à s’en séparer ; tout savoir, toute critique, toute différence et toute liberté sont méticuleusement comprimé.es dans Un futur autoritaire. A l’heure où il est plus que nécessaire de rompre avec les racines marchandes et coloniales de notre société, l’État ne supporte plus aucune critique profonde, aucune dissidence, aucune pluralité radicale. Dans son délire autoritaire, il impose de choisir un camp: Charlie ou terroriste ? Patriote ou séparatiste ?
Brandir la « menace d’ultragauche » et ses « projets d’actions violentes » participe de cette stratégie. Tout comme la mémoire des victimes des attentats sont souillés par le gouvernement, empaillés pour servir ses intérêts. Être gouverné sera toujours être marionnette. Samuel Paty [paix à son âme] ne restera dans l’histoire qu’une malheureuse aubaine pour un gouvernement liberticide. L’article 18 de la loi Séparatisme (sensé empêcher qu’un meurtre identique ne se répète) prévoit de punir la « diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser« . Elle prévoit jusqu’à 5 ans de prison et 75.000€ d’amende lorsque la personne visée est dépositaire de l’autorité publique. Nul doute qu’elle sera utilisée pour les personnes pratiquant le copwatching ou la vigilance antifasciste. Et nul doute que cela n’empêchera pas d’autres meurtres. Le terme « séparatisme » est d’ailleurs entré pour la première fois dans le droit français en 1937, sombre époque où la police fusillait syndicalistes et communistes lors de la contre-manif de Clichy qui voulait empêcher un rassemblement d’extrême-droite
Autorisation d’un rassemblement fasciste et répression des contre-manifestant.es, ça ne vous rappelle rien ? A Rennes par exemple, c’étaient les néo-fascistes de l’action française, [les mêmes qui ont attaqué le centre culturel islamique de Villjean à deux reprises], qui tabaissaient des pro-PMA et des membres de la communauté LGBT lors de la contre-manif pour tous il y a quelques mois.
Mais il reste des gentes, dans le monde entier, que cet Ordre du monde répugne, sensibles et hostiles face aux saccages et à l’immonde. C’est ce qu’on reproche aux inculpé.es du 8/12 qui ont cela en commun, et plus que jamais aujourd’hui – de voir au delà du mirage. C’est ce qu’ils reprochent aux militant.es en général, de tendre à faire sécession avec l’Ordre qui nous est imposé. C’est aussi ce que font les composantes de la révolution écologiste, féministe et communaliste en cours au Rojava, contre deux régimes fascistes : l’État Islamique et la Turquie. Et ce sont aujourd’hui des personnes qui militent pour ces rares « étincelles d’espoir » qui sont victimes de la terrorisation démocratique.
Soutien aux victimes de l’antiterrorisme turc, et aux centaines d’inculpé.es dans les procès de Kobanê !
Libération immédiate et abandon de la mention « terroriste » pour les inculpé.es du 8 décembre et du 23 mars !
Pour que le monde ne devienne pas une prison : Abrogation des lois Antiterroristes, Abolition de la Police, de la Prison et du système Pénal !
(2) La communauté internationale a commencé à voir ce qui se passe, et les soutiens affluent : le site d’info turc en exil Ahval relaie une pétition signée par plus de 3000 universitaires à travers le monde (parmi lesquels on trouve notamment Noam Chomsky, Judith Butler ou l’historien Roger Chartier du collège de France) pour exiger la démission du nouveau recteur.
Communiqué du collectif internationaliste Marseille Solidarité Kurdistan sur les arrestations et inculpations des camarades kurdes du 23 mars. Publié le 7 avril sur mars-infos.org.
STOP à la répression contre le mouvement kurde ! PAS de collaboration avec le fascisme de l’état turc !
Répression et attaques contre le mouvement kurde (et ses militant.e.s)…
Mardi 23 mars dernier, 10 personnes de la communauté kurde ont été interpellées et arrêtées par la brigade antiterroriste : 2 à Paris, 2 à Draguignan et 6 à Marseille. Leurs domiciles ont été violemment perquisitionnés, ainsi que le siège de l’association kurde à Marseille. Elles sont officiellement accusées de participation à une association de malfaiteurs, de financement d’une organisation terroriste et d’extorsion en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste. Il semblerait qu’une enquête, en cours depuis plusieurs mois soit à l’origine de ces arrestations. Cette semaine, nous n’avions que très peu de nouvelles des camarades incarcéré.es : 3 ont été relâché.es, une personne sans contrôle judiciaire et deux sous assignation à résidence (une sous contrôle judiciaire simple, et une sous bracelet électronique). Elles ne peuvent ni être en contact avec certaines personnes ni sortir autour d’un certain périmètre (avec interdiction formelle de se rendre au Centre Démocratique Kurde de Marseille). Aujourd’hui, les sept personnes encore en détention sont réparties dans différentes prisons de haute sécurité dans les environs de Paris. Elles sont passées devant le JALD (juge administratif des libertés et de la détention) mais leurs demandes de sorties ont été refusées sous prétexte de risque de récidive. Elles vont donc rester en détention provisoire jusqu’à la date encore incertaine de leur procès, sachant que cela peut durer des mois. Au moins trois des personnes ont une santé fragile (leucémie, problèmes cardiaques…) et leur état n’est pas compatible avec une détention. Il s’agit d’un des plus gros coups de filet de la police française dans les réseaux militants kurdes ces dix dernières années, et il intervient quelques jours après un échange téléphonique entre Macron et Erdogan et une rencontre de leurs 2 ministres des affaires étrangères, en plein Conseil Européen sur la géopolitique internationale. La pression sur la communauté kurde est constante : la même semaine, près d’une centaine de personnes d’origine kurde ont été convoquées dans différents commissariats, partout en France. A Paris, la même semaine Vedat Bingol, ancien président du Conseil Démocratique Kurde a été convoqué pour outrage à Erdogan et propagande terroriste.
De plus, la répression en France sur les demandeurs et demandeuses d’asile ainsi que sur les réfugié.e.s kurdes s’accentue : en septembre 2020 Memet Yalçin a été renvoyé en Turquie alors qu’il était enregistré en tant que demandeur d’asile depuis plus de dix ans ; Huseyin, alors détenu en Centre de Rétention, écope de trois mois de prison pour ne pas avoir fait le test anticovid afin d’empêcher les autorités françaises de le livrer à la Turquie. Ceux et celles qui ont le statut de réfugié.e.s politiques se retrouvent souvent menacées de ne pas voir reconduit leur titre de séjour après expiration, ou bien même de se le voir retirer, et ce malgré sa validité en cours.
Nous venons d’apprendre, ce samedi 3 avril, qu’un groupe de fascistes turcs, les Loups Gris (supposé être interdit en France) a attaqué le centre kurde à Lyon armés de barre de fer, saccageant tout sur leur passage et faisant 4 blessé-es.
Une collaboration entre l’état français (et les états européens) et l’état turc selon leurs intérêts géostratégiques
Encore une fois, les kurdes servent de monnaie d’échange aux tractations entre l’Europe et la Turquie dans le but d’améliorer les relations entre la France et Ankara. C’est grave et ces arrestations soulèvent plusieurs points qu’il nous semble important de questionner. La France accorde l’asile à des personnes venues se réfugier sur son territoire pour raisons politiques et fuir un régime totalitaire. Mais à la demande de ce même régime, pour apaiser ses relations diplomatiques et obtenir des intérêts géostratégiques, elle les arrête par la suite, au motif de leurs activités en faveur des droits humains dans leurs pays d’origine, qualifié de terrorisme. Rappelons que la communauté continue de subir, en europe, des menaces et des attentats extra-nationaux orchestrés par les services de renseignement turcs (MIT), à l’instar de l’assassinat des trois femmes et militantes kurdes à Paris en 2013, dont les commanditaires, bien qu’identifiés, n’ont pas été inquiétés par la justice.
Par ailleurs, la France soutient et accompagne logistiquement les forces résistantes kurdes qui se battent sur le terrain contre l’État Islamique et ont en charge la gestion du camp où sont enfermés les détenus djihadistes français et leurs familles dans le Nord de la Syrie . D’un côté, l’état et son armée soutiennent les kurdes lorsqu’il s’agit de combattre le terrorisme islamique, de l’autre, et pour obtenir des faveurs d’Erdogan. Il les arrête et les emprisonne pour terrorisme. Ces arrestations de militant.es kurdes sur le sol français ne sont rien de moins qu’une trahison d’une ignoble hypocrisie. Pour asseoir ses intérêts, la France n’hésite pas à pactiser avec les dictateurs au mépris des droits humains et de ses engagements envers les kurdes.
Une répression pour anéantir un projet de société alternatif
Le triple féminicide de Sakine, Fidan et Leyla perpétré à Paris par un membre du MIT (service secret turc) n’est pas dû au hasard : il concerne trois militantes kurdes luttant pour le droit des femmes. Sakine a inspiré et a eu un rôle important dans le mouvement des femmes kurdes. L’objectif de l’état turc était d’anéantir le PKK et le projet émancipateur qui le caractérise. A savoir que le gouvernement turc multiplie les réformes patriarcales, défavorables aux femmes, et laisse impunis les crimes commis envers elles .
Si les femmes ont une place primordiale au sein des mouvements kurdes, le mouvement de la jeunesse a un rôle moteur de part sa force, ses capacités d’imagination, et l’espoir qu’elle porte en elle. Ainsi, la répression contre les jeunes est forte : on notera notamment qu’au sein des nombreuses arrestations des membres de la communauté kurde du 23 mars, la moitié sont des jeunes de moins de trente ans.
A cela se rajoutent les interpellations et les arrestations d’internationalistes effectuées le 8 décembre dernier « neuf militant·e·s libertaires, écologistes, pro-Kurdes, féministes et anti-racistes ont été perquisitionné·e·s et arrêté·e·s par la DGSI. Après plusieurs jours de garde à vue, deux furent libéré·e·s, deux autres placés sous contrôle judiciaire et cinq placé·e·s en détention provisoire. » Ils et elles sont « sont accusé·e·s de « participation à une association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme ayant pour objet la préparation d’un ou plusieurs crimes d’atteintes aux personnes », tel que défini dans l’article 421-1 du code pénal. » Les « lois antiterroristes » « servent aujourd’hui de base juridique pour traquer ceux qui ont voulu combattre le djihadisme en Syrie. Avoir pris les armes contre l’Organisation de l’État islamique devient un élément à charge pour la machine policière. »
En France, la répression que subissent les membres de la communauté kurde et les nombreuses arrestations des kurdes et internationalistes montrent non seulement la collaboration de l’état français avec l’état turc pour des intérêts géostratégiques, mais aussi la volonté d’écraser un projet politique alternatif – le confédéralisme démocratique – qui effraie les états capitalistes européens.
Liberté pour les camarades détenu.e.s en prison et dans les CRA ! Arrêt total des poursuites à leur encontre ! Retrait immédiat du PKK de la liste des organisations terroristes ! STOP à la collaboration française avec les états fascistes totalitaires !
(nous tenterons de mettre à jour le plus régulièrement possible les nouvelles autour des situations des camarades incarcéré.e.s ainsi que les mobilisations en solidarité)