Prise de parole du 8 mars – Rennes

Prise de parole, 8 mars, Rennes

“En europe, on assiste a une montée de la rhétorique fasciste. Les partis fascistes exigent un retour au role traditionnel de la femme. Ils visent à detruire les acquis des mouvements de femmes et à les assimiler dans un système qui ne sert que leurs intérets. Cela se fait plus subtilement dans les pays occidentaux, sous la forme de la defense de leurs propres femmes contre les etrangers qui entrent dans le pays . Lorsque nous regardons les années 30, la correlation entre les crises systémiques hégémoniales et les montées fascistes devient évidente. Dans les périodes de troubles profonds du système capitaliste moderniste, les attaques contre les femmes augmentent. Le fascisme entre en conflit avec la libération des femmes et promeut un modele suprémaciste blanc. Ce faisant, la vie autonome des femmes devient la plus grande cible des attaques. Cette attaque ne peut etre contrée que par une stratégie commune et une lutte contre le fascisme” Ces phrases nous viennent des femmes kurdes révolutionnaires du Rojava, dont le mouvement est considéré comme « terroriste » par l’État français aujourd’hui, alors qu’iels ont contribuer à faire reculer DAESH. Et de ce fait, les militant.es qui se nourissent de cette philosophie politique sont particulièrement surveillées. C’est sur ces bases qu’a commencé la traque des inculpé.es du 8 décembre. Il y a une réalité dont j’étais personnellement éloignée, réalité qui est entrée dans la chair d’une amie depuis le 8 décembre, réalité que dorénavant en tant que proches nos quotidiens côtoient. Nos coeurs écoeurés pètent à l’intérieur, avec la peur du bruit qu’ils font, parce que l’une des notres est enfermée et ils peuvent tout en faire. Cette réalité c’est celle de la prison, de l’enfermement. C’est aussi celle des parloirs, du bus porte d’Orléans, le direct pour Fleury-Merogis, celle des femmes dont il est le quotidien et de ce fameux cabas à carreaux zippé où sont entassées des petites choses bien pliées, espérant que ce ne soit pas refusé dans un geste de mépris des maton.ne.s . Mercredi dernier, la brigade des stups était là à nous attendre, pour fouiller les véhicules des visiteur.euses avec les chiens. Dans ce contexte anxiogène, un père qui venait visiter sa fille est décédé devant la prison, son coeur a lâché. Courage à ses proches. Les familles ont été obligées de prendre en charge son secours, devant le mépris total de l’administration pénitentiaire. Depuis la vague d’arrestations du 8 décembre, 5 personnes sont enfermées dans des prisons parisiennes et 2 sous contrôle judiciaire pour « association de malfaiteurs terroristes criminels ». L’État les accuse d’avoir pensé commettre une action violente, et les garde depuis maintenant 3 mois. Au nom de l’antiterrorisme, ils continuent l’enquête, à l’affût du moindre mot, cherchant à déceler une potentielle intention criminelle dans leurs écoutes téléphoniques, en inversant les lettres ou en lisant à l’envers, qui sait ? Nous savons que l’absurdité de leur détention est loin d’être un cas isolé, que la détention provisoire est largement utilisée et que des vies cassées par la prison, il y en a un paquet. On sait que la majorité de la population carcérale est masculine, mais on oublie souvent que la peine est double : l’enfermement a un lourd poids moral, psychologique et financier sur les proches, qui sont très majoritairement des femmes. D’après une enquête, près de 9 visiteurs sur 10 sont des visiteuses. Si l’on pouvait s’y attendre pour les conjointes, puisque les hommes représentent 96,6 % de la population carcérale, c’est plus étonnant pour les autres proches (8 fois sur 10 une mère) ou les frères et sœurs (3 fois sur 4 une soeur). Et quand c’est elles qui sont enfermées, très souvent elles sont délaissées. Les conditions d’incarcération des inculpé.e.s du 8 décembre sont celles des « détenus particulièrement signalés » et de l’antiterrorisme: iels subissent une surveillance renforcée et ont un accès restreint aux activités et à leurs droits. La prison, au nom de la justice, s’autorise toutes les infamies : isolement, fouilles, travail très mal rémunéré, violences physiques et torture psychologique. Elle enferme aussi des femmes trans dans des quartiers d’hommes, les mettant directement et gravement en danger. En tant qu’outil de gouvernance d’un état patriarcal et raciste, elle contraint les corps, enferme et contrôle celles et ceux qu’il traque au quotidien: les personnes pauvres et racisées. Par sexisme, les femmes, elles, sont plus souvent psychiatrisées et condamnées à la camisole chimique. Une femme qui n’obéit pas n’est qu’une folle.

Les prisons françaises sont surpeuplées, grignotant sur le peu d’intimité des détenu.e.s, et n’ont aucun effet positif. En tant que féministe nous ne pouvons pas accepter que la prison soit vue comme une solution. Elle est une honte. Nous ne pouvons plus supporter que l’État justifie son existence injuste par la potentielle incarcération de nos violeurs, qui de toute façon ne sont presque jamais inquiétés surtout quand ils sont blancs, des classes supérieures ou ministre.

Nous voyons l’État renforcer son arsenal répressif, intensifier le fichage et stigmatiser comme « ennemi dangereux » plusieurs catégories fragiles de la population. Avec l’outil antiterroriste, ce sont les musulmans et musulmanes ou perçues comme telles , ainsi que les militants et militantes libertaires ou indépendantiste qu’ils visent. Les inculpés du 8 décembre en font aujourd’hui les frais, et nous appelons à les soutenir.

Nous luttons contre les différents systèmes de domination, nous en sommes fières et ne nous laisserons pas enfermer pour nos idées ! Face au fascisme et à l’autoritarisme grandissant, nous dénonçons les attaques islamophobes, antisémites, homophobes, sexistes, transphobes, et les restrictions des libertés de plus en plus flagrantes. Notre camarade de Rennes et ses co-inculpés enfermés doivent être libéré.es, les accuser de “terrorisme” est une aberration. Soyons fortes ensemble, libérons-nous, la sororité est notre force !

Nous ne pouvons accepter ces durcissements autoritaires dont, entre autres, ces détentions abusives sont les témoins.

Lettre d’ami.es depuis Toulouse

Soutien aux 7 personnes mises en cause dans une association de malfaiteurs à visée d’actes terroristes et criminels

Le 11 décembre dernier, le parquet anti-terroriste a annoncé l’inculpation de 7 personnes qualifié.es de « militant-e-s d’ultra-gauche ». Le temps est venu de se mobiliser contre cette mascarade.

Une opération de com’ aux conséquences graves

Voilà quelques semaines que « l’affaire » est parue dans les médias. Malgré son gonflement artificiel par des personnalités d’extrême-droite et quelques journalistes complaisant.es, le soufflé est déjà en train de retomber. L’exposition de l’intimité de certain.e d’entre elleux (description physique et mode de vie) et un assemblage chaotique d’éléments disparates n’arrive décidément à terroriser personne. Dans les médias on nous chie par exemple pêle-mêle : des produits communs « pouvant entrer dans la composition de… », des « tenues de black block » (Des K-way noirs ?), quelques écoutes de conversations anti-flics, un voyage en Colombie, la parade de la Reine des Neiges sur laquelle a travaillé l’un d’elleux et, bien sûr, des fusils de chasse comme il en existe par millions sur le sol français. L’ensemble de ces éléments construisent un imaginaire qui justifierait l’enfermement de ces personnes, sois disant dangereuses pour la société, tout en divulguant sans scrupules leurs identités.

Cette affaire tombe en plein débat de société sur la question des violences policières et en pleine mobilisation contre la loi Sécurité globale. En attendant que les inculpations pour « association de malfaiteurs terroriste » soient retirées on pourrait se contenter de sourire de ces tentatives de manipulations grossières, si cela n’explosait pas en pleine face de militant.es, de leurs familles et de leurs ami.es. Le fait est que pendant ce temps, des lieux et des personnes se trouvent soumises à une haute surveillance pour les besoins de l’«enquête», deux de nos camarades sont actuellement sous contrôle judiciaire, et surtout, cinq autres croupissent en taule pour une durée indéterminée. Cet état de faits est inacceptable.

Ne laissons pas les flics faire le récit de nos vies, de nos liens et de nos luttes !

A ce stade, ils nous paraît important de rétablir quelques vérités concernant les inculpé.e.s :

– iels ne sont pas « d’ULTRA- gauche », parce que cette « mouvance » n’existe que dans les constructions médiatiques ou pour des chercheureuses bien trop éloigné.es de nos réalités. D’ailleurs, si nos compagnon.nes avaient à définir une affiliation, on suppose qu’iels auraient choisi quelque chose de plus classe, comme par exemple « Power-Giant-Crispy-Gauche avec supplément Piment d’Espelette ».

– iels sont encore moins « marxiste-léniniste » ou « castro-guévariste », comme on a pu le lire sous la plume de journalistes relayant les propos semi-déments de la DGSI – on regrette au passage que la qualification « d’islamo-gauchistes » n’ait pas été retenue. Iels sont anarchistes à tendance féministes, parfois végans, pas mal shlag, très souvent punk, toujours libertaires.

– iels n’ont ni « chef.fe.s», ni « tonton », parce que leurs pratiques sont anti-autoritaire et ne reposent pas sur une hiérarchie.

– et enfin, nos copaines ne « terrorisent » pas. Ielles défendent leurs idées

Ielles diraient sûrement qu’iels « militent contre les inégalités, contre les attaques faites aux libertés ». Contre l’arbitraire de l’État qui vient de décider de les jeter au trou.

Mobilisons-nous

Nous, proches des inculpé.e.s ou non, appelons à nous mobiliser pour nos compagnon.nes. Nous pouvons le faire par divers moyens :

– En parlant de cette affaire autour de nous et surtout en multipliant les actions de solidarité avec les prisonnier.es.

– en produisant des articles sur le sujet (des textes d’analyse, des coups de gueule, des affiches, des poèmes …) mais aussi en mettant à jour les outils d’autodéfense juridique dans le cadre de l’antiterrorisme (GAV, perquiz, surveillance, éléments d’une procédure…)

– en créant des comités de soutien un peu partout, même si la période est difficile.

– en alimentant les caisses antirep pour soutenir les proches des détenu.es mais aussi payer les frais liés à la défense

Pour l’instant on ne peut pas se permettre de faire tourner publiquement les numéros d’écrous.

En revanche nous croyons que nos ami.es n’ont pas besoin de la récupération de cette affaire par des organisations gestionnaires ou des groupes politiques ni d’une quelconque forme de dissociation, iels ont simplement besoin de soutien.

Par ailleurs nous ne répondrons pas à des interviews de médias divers.

Pour clôturer

Nos potes ne sont ni des héro.ine.s, ni des Bisounours, mais aujourd’hui iels sont en taule, éparpillé.e.s dans les différentes prisons parisiennes, loin de leurs proches. Cette opération n’a pas d’autre but que de réprimer les idées et les pratiques anarchistes.

Et vu que tout ça ressemble de très loin à un fiasco et que les keufs n’aiment pas perdre la face, il faut aussi s’attendre à ce qu’ils aient envie de mettre le paquet pour justifier leur action médiatique.

Rappelons qu’il n’y a pas de gentil.le.s ni de méchant.es dans une affaire de répression politique, la défense collective et la solidarité sont les seules réponses que nous envisageons ici.

Toulouse, 7 janvier 2021

Antiterrorisme & Ultragauche: la gouvernance par la peur

Le 8 decembre 2020, plusieurs perquisitions en France ont mené à l’incarcération de 5 personnes pour association de malfaiteur à caractère terroriste. Il ne leur est rien reproché de précis, la terminologie même de l’accusation est floue, et pire que tout iels sont enfermé.es sur la base “de soupçons” de “vague projet d’action violente” visant à “déstabiliser les institutions et la démocratie”… Un fusil de chasse, des produits ménagers, et une maigre enquête de la DGSI suffisent pour inculper plusieurs personnes, et permettent au gouvernement et ses institutions de communiquer à propos d’une menace “d’ultragauche” dont on nous protègerait.

« Ultragauche », c’est le terme le plus effrayant utilisé dans le discours gouvernemental pour marginaliser les luttes de gauche dites autonomes, c’est-à-dire critiquant, refusant et échappant aux controle étatique afin de garantir leur indépendance. Historiquement les luttes autonomes ont bien un lien avec ce terme qui désigne un courant de démocratie directe du début du siècle, une pratique importante à l’autonomie des luttes sociales, mais le gouvernement l’utilise de manière à escamoter cette réfèrence et conserver la charge symbolique “extrémiste” liée au mot “Ultra”.

Cette communication annonce aussi la couleur avec la qualification “terroriste”. “Gouvernement par la terreur”, ou “utilisation de la violence pour parvenir à des fins politiques”, voilà la définition du “terrorisme” lorsqu’on interroge un moteur de recherche. Alors même qu’elle s’applique parfaitement à nos gouvernants, son utilisation permet l’amalgame entre des personnes aussi différentes que des écologistes pacifistes ou des musulmans et des réactionnaires meurtriers, tout en incitant à la peur qui précède toute forme de réflexion.

Pour rendre tangible la “menace” de la démocratie directe et de ses partisan.e.s aux yeux de l’opinion publique, les institutions n’ont rien trouvé de mieux qu’un jeune homme ayant combattu l’état islamique auprès des kurdes du rojava, un territoire se définissant comme un système démocratique fédéral laïque, antisexiste, et écologiste… La menace terroriste d’ultra gauche se résume ainsi à quelques liens entre des personnes, des soupçons , une expérience de combat antifasciste, et l’utilisation de moyens de communication préservant l’anonymat. Au même moment, un coup de filet à l’extrême-droite met à jour l’achat et la vente d’armes par d’ex-militaires appelant au putsh, qui récoltent une bien simple et complaisante accusation “d’association de malfaiteurs” sans aucune qualification terroriste, malgré la possession de plus de 200 armes et de tonnes de munitions…

Ce qui mène a se demander : Qui terrorise qui ? Car si le label “terroriste” associe directement ; défenseur.euse.s de la démocratie directe, de la solidarité, de la liberté et de l’équité ; aux tueurs réactionnaires de Daesh, tout en écartant des fascistes qui projettent pourtant d’attenter à l’aspect démocratique des institutions et à la vie d’autrui, c’est bien que son sens n’est pas de désigner une menace spécifique. Au contraire c’est un fourre-tout articulé autour de la notion “d’ennemi intérieur” dont ne font manifestement pas partie les composantes les plus directement nocives et menaçantes notamment par leur racisme, leur islamophobie, leur sexisme haineux.

Nous sommes donc surtout menacé.e.s par tout un tas de réactionnaires, d’orthodoxes, et de gestionnaires voulant décider à notre place et imposer des modes de vie contraignants, dont l’état et les gouvernements qui le représentent font partie. Car l’arrestation des inculpé.e.s du 8 décembre vient occuper l’espace médiatique de manière opportune, en accompagnant à la fois les propositions de lois sur le “séparatisme” et la “securité globale”, tout en attaquant les constestataires et la critique sociale que cet arsenal législatif a mobilisés. Cet agenda n’a rien d’hasardeux et il est évident que cette affaire sert de communication politico-policière afin de criminaliser et diviser les mouvements d’émancipation qui cherchent à garantir nos droits et libertés. Une vaine tentative d’associer les pratiques et revendications les plus émancipatrices à des actes de guerre sordides, quand ils en sont eux-mêmes coupables (comme lorsque l’armée française bombarde un mariage au Mali).

Quand l’État parle de menace terroriste, la menace terroriste c’est l’État !

Effrayer les administré.e.s, criminaliser les luttes sociales, et réprimer des individus sans autre prétexte que “des soupçons”, voilà le monde dans lequel vous vivez, régi à coup de matraque et de propagande médiatique.

Plus que jamais il est nécessaire de lutter contre les restrictions de nos libertés, le fichage de nos vies, la répression des mouvements sociaux, et pour un monde de solidarité et de partage débarassé de toutes oppressions !

Dans la rue, sur les réseaux, au travail, en famille, avec les ami.e.s, partout où c’est possible et c’est possible partout, luttez, protestez, organisez-vous, ne cédez pas à la peur!

Liberté pour les inculpé.e.s du 08/12!

30 JANVIER : Prise de Parole – Rassemblement contre les lois liberticides

Prise de parole du Comité Rennais le 30/01. Rassemblement contre la Loi Sécurité Globale et les dérives autoritaires!

Sous la pluie, déterminéEs, la rage au coeur de savoir notre camarade et ses co-inculpés toujours enferméEs pour des suspicions d’intentions.

La rage au coeur.

« La France traverse la période la plus répressive de son histoire en temps de paix. » (Fassin, 2017)

Depuis 2000, pas une année ne s’est écoulée sans qu’une loi sécuritaire ne soit votée. Cette spirale répressive s’incarne chaque jour, dans de nouvelles lois liberticides, dans l’emprisonnement et l’expulsion des sans papiers, dans les rafles de Frontex, dans l’écrasement policier, judiciaire et médiatique des mouvements sociaux, dans
l’écrasement policier, judiciaire et médiatique de la jeunesse des quartiers, des lycées et des teufs.

Que dire d’un pouvoir qui supprime des lits d’hôpitaux en pleine pandémie pour offrir des drones à sa police ?

Et au coeur de cette spirale répressive, on trouve l’antiterrorisme.
L’antiterrorisme, c’est quand chacunE d’entre nous, s’iel n’est pas En Marche, devient un potentiel ennemi de l’État. Toute la population devient suspecte dans une gigantesque enquête paranoïaque. Un pouvoir qui tente de réaliser le risque 0 de la subversion est un pouvoir totalitaire. Mesurer par la surveillance, contrôler par le travail, neutraliser par la répression et l’éducation.

Oui l’antiterrorisme nous éduque, on veut nous faire désirer la répression et le sadisme pénal. Ils nous assoiffent de libertés pour nous abreuver de vengeance punitive. C’est ce que l’anthropologue Didier Fassin a nommé le « moment punitif » : l’État éduque nos passions par la peur et la haine ! Haine des illégalismes, et du moindre détail qui viendrait perturber la Marche de L’Ordre. Ils veulent nous faire aimer la police…

Et le gouvernement par la peur ne fonctionne que s’il y a la jouissance de la punition.

Et pour jouir de l’infliction d’une souffrance à autrui, il faut le déshumaniser. Voilà aussi l’antiterrorisme : l’extension, par l’amalgame, l’ignorance et la peur, l’extension du domaine de la déshumanisation, et donc du non-droit. Alors à quoi ça mène ? Des CRA (Centres de Rétention Administrative), de la terreur policière, des QPR (Quartiers de Prise en charge de la Radicalisation), embryons des camps de Ouigours en Chine, ou encore la surveillance de masse. C’est bien parce que les technologies de l’informatique nous ont dépossédéEs de vie privée que l’État peut d’autant plus nous priver de vie.

Ce qui nous menace c’est pas l’ultragauche, c’est l’ultra-glauque.

Le terrorisme ne qualifie pas la gravité d’un acte, mais son degré de dissidence politique. Indépendamment de l’acte commis, ce sont les intentions de l’acte qui permettent de le juger terroriste ou non. Et c’est ainsi qu’une des plus belles âmes que j’ai pu connaître dans ma vie est aujourd’hui en prison au nom de  l’antiterrorisme.

On apprend, par exemple, dans le code pénal, article 421, que le fait d’introduire dans l’atmosphère, sur le sol, dans le sous-sol ou dans les eaux, une substance de nature à mettre en péril la santé de l’homme ou des animaux ou le milieu naturel ; ne peut être considéré comme du terrorisme que s’il est « intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur ».
C’est donc le rapport à l’ordre public qui définit le terrorisme et permet à quelqu’un comme Patrick Pouyanné, le pdg du groupe Total, d’échapper à la qualification de terroriste. C’est aussi ce paradoxe qui fait que ce meurtrier d’extrême-droite qui a tué 3 gendarmes soit qualifié de « forcené » dans les médias et non de terroriste.
L’antiterrorisme n’est donc pas là pour protéger de potentielles menaces pour les humains, mais de potentielles menaces pour l’ordre républicain et économique. C’est une arme de guerre contre toute forme de dissidence. A partir du moment où vos opinions et vos désirs vont à l’encontre du pouvoir de l’État et de ses mythes, une partie de AirSoft ou un simple cours de boxe peuvent devenir « terroristes ».

Pourtant, la dissidence est une nécessité car l’État est profondément patriarcal, la République profondément raciste et le capitalisme est profondément destructeur et violent. L’autoritarisme ne fera qu’amplifier ces violences systémiques.
Ils veulent ériger en ennemis du peuple, les militantEs qui combattent chaque jour ce système violent.

Ils auraient pu dire : « coup de filet dans l’antifascisme » mais ça ferait peut être un peu trop fasciste non ? Laissons-ça à la Russie qui torture des anarchistes aux électrodes.

Ils auraient pu dire « coup de filet chez les pro-kurdes », mais ça ferait un peu trop Turquie, où Erdogan massacre les opposantEs politiques.

« Coup de filet chez des écologistes radicaux » peut être ? Mais ça ferait un peu trop Colombie, où les défenseur.euses de l’environnement sont massacréEs.

Et donc, les bouches vomissantes des médias et de la police nous parlent d’un « coup de filet dans l’ultragauche », agrémenté d’images de blackblocs, et ça passe…

Sauf que, depuis le 8/12, il y a 7 libertaires inculpéEs pour « association de malfaiteurs en vue d’actes terroristes criminels », dont 5 actuellement en prison, et 1 à l’isolement total. Ils encourent jusqu’à 20 ans de prison.

Rappelez vous l’État d’urgence, entré dans le droit commun en 2017 par Macron ! C’est cela aujourd’hui qui permet, avec le consentement des masses, de torturer par l’enfermement et l’isolement de manière préventive des militantEs libertaires et leurs proches, parce que la police les soupçonne d’avoir eu l’intention de mettre en place un plan pour attaquer la police ? C’est une farce de plus qu’aucune justice digne de ce nom ne peut cautionner !

Les 7 inculpéEs du 8/12 passeront devant le juge d’instruction début Février et demanderont leur mise en liberté. Nous appellons à un rassemblement ce mercredi 3 fevrier, place Thérèse Pierre, devant le métro Jacques Cartier , à 15hr. Soyons Nombreux-ses! Faisons porter nos voix jusqu’à ses oreilles, et s’il a encore un coeur peut être saura-t-il entendre : Liberez ! Delivrez !