Soutien à Libre Flot et aux inculpé.es du 8 décembre

La solidarité est la condition vitale qui nous unit dans les luttes. Je remercie les amis et camarades qui se sont montrés solidaires. Je remercie tous les progressistes pour leur soutien, qui n’était pas un soutien à une seule personne, mais un moment de lutte contre un pouvoir inhumain

– Déclaration de Dimitris Koufontinas après 66 jours de grève de la faim.

Que vaut un mouvement social qui ne suporte pas ses prisonnier.ères ? Une fois passé les barreaux de la répression, ne sommes-nous plus du même camp ?

L’imaginaire policier a réussit depuis le 8 décembre, à faire croire que cette opération antiterroriste était légitime et que les camarades emprisonnés représentaient une quelconque « menace ». Nous avons dénoncé, protesté, démêlé, appelé à soutenir, témoigné, etc.

Nous avons vu les moyens de l’antiterrorisme s’expérimenter massivement depuis 2015. Et la plus grosse « critique » de la gauche de ce moment était, comme toujours, de quémander plus de moyens pour ces services de police militaire extra-légale. Aujourd’hui l’avant-garde policière s’exprime chaque semaine dans les médias alors que la parole des camarades inculpé.es y est méprisée.

Notre ami aujourd’hui, par sa grève de la faim reprend en main son destin et une fois de plus met sa vie en jeu contre le fascisme. Cette fois-ci, non plus contre Daesh mais contre la justice d’un Etat policier. Libre Flot est de ces libertaires voyageur qui rêvent d’autonomie, qui foule de ses pieds et de son coeur les montagnes et leurs histoires. Son mode de vie lui permettait d’aller là où les besoins s’en faisaient sentir. En dehors du Rojava (dont nous avons déjà parlé), il a passé plusieurs mois à Calais pour soutenir les exilé.es, il leur donnait notamment des cours de français (et le plaisir des jeux de mots !). A Toulouse aussi, il aimait faire des squats des lieux ouverts et émancipateurs sur le modèle de centres sociaux autogérés. Lors du premier confinement à Toulouse, il participait à des collectes et distributions gratuites de nourriture. Que faisait la DGSI à ce moment ? Elle fichait les lieux (ainsi que les militants s’y trouvant) dans lesquels il se déplaçait : épicerie solidaire, La Chapelle, le Pumbat’, etc. Plus d’une centaine de téléphones fichés par ISMI Catching à ce moment, qui sont désormais disponibles à tous les services de renseignement.

Le juge d’instruction en charge de l’affaire (et ses deux co-juges), utilisent son placement à l’isolement pour l’empêcher de se défendre. Le juge lui assène des questions/accusations d’une demi page alors qu’il n’arrive plus à se concentrer et à formuler correctement des phrases (symptomes connus et documentés de l’isolement carcéral).

Dans un contexte où vos propos ont été traqués pendant des mois, sélectionnés, décontextualisés et criminalisés ; se défendre de telles accusations tordues requiert une grande aisance d’argumentation, d’éloquence et de réthorique. Chaque « incohérence » vous condamne, chaque « hésitation » vous enlève tout crédit, chaque « silence » vous accuse.

Dans un cadre juridique où des PRESOMPTIONS DE CULPABILITE font office de preuves, infliger consciemment ce type de souffrances psychologiques à un PREVENU revient à obtenir des aveux sous la torture.

C’est sur ce mécanisme que le gouvernement, la DGSI, le juge d’instruction, la chambre d’instruction et le parquet antiterroriste veulent faire condamner les 7 inculpé.es.

Là où la Russie utilise la torture brute pour obtenir des aveux, la France utilise une panoplie de violences pénitenciaires et judiciaires qui sont reconnues comme « torture blanche ».

Son isolement a été reconduit illégalement depuis plus d’un an, et ces prochains jours, c’est encore Dupont-Moretti qui aura le marteau dans la main.

Il n’est pas seul dans sa lutte pour la dignité, au CRA de Vincennes, une soixantaine de personnes sont aussi en grève de la faim depuis plusieurs jours ! Depuis plus de deux semaines, un responsable CGT à la raffinerie de Donges est aussi en grève de la faim. A la prison des Baumettes, c’est Nani qui a entamé une grève de la faim et de la soif.

Cette situation est intenable, il faut mettre fin au délire sécuritaire.

 

Ami.es, Camarades, soutenons-les par tous les moyens !

  • Le 29 mai, organisons-nous pour la Journée Nationale contre les Violences Pénitenciaires.

Libre Flot : L’UCSA normalise la torture blanche

Trois lettres de Libre Flot lues au micro de L’Envolée dans l’émission du 21 janvier 2022. Il revient sur la normalisation des souffrances infligées par le régime d’isolement. STOP A L’ACHARNEMENT CARCERAL! ABOLITION DU QI ET DU MITARD!

Retrouvez d’autres témoignages sur l’accès aux soins en prison dans L’Envolée et sur le site de l’OIP. Images de la prison de Bois d’Arcy sur Carceropolis.

Coursive et cellules de Bois d’Arcy.

Lettre du 31 décembre 2021

Salut salut, un petit coucou pour vous donner quelques nouvelles.

Après des mois de plaintes répétées à propos de douleurs articulaires, on m’a refilé un rdv avec un.e kiné, puis un autre (puisque le premier n’a pas eu lieu) et j’espère en avoir un autre bientôt, puisque le second n’a pas eu lieu non plus. La cause ? Je suis au QI. Et le dentiste ? Merci au sentiment de culpabilité! Je m’explique.

Comme d’hab j’ai rendez-vous, les surveillant.es et le.a gradé.e sont au courant et je ne vois rien venir. Le matin je vais à l’opprimenade du QI (c’est dans le même couloir) en précisant « si le.a dentiste appelle, vous me sortez et vous m’y emmenez » -« oui oui! » Début d’après midi, on m’emmène à la salle de sport, je précise « si le.a dentiste appelle, vous me sortez et vous m’y emmenez ». A ce moment là, le.a gradé.e me dit que le rendez-vous n’aura pas lieu, que le.a dentiste ne peut pas me reçevoir. Dépité, ça doit se voir un peu sur ma tronche, je lui dit que c’est comme d’habitude, que mes rendez-vous sont toujours repoussés. Celui ci, depuis 4 mois, qu’hier encore celui du kiné aussi. Et là je découvre sur son visage comme un malaise (mal à l’aise), un air un peu gêné, comme une once d’empathie melée à de la culpabilité.

Je finis le sport, iel me dit qu’iel a rappelé le.a dentiste, qu’iel a fait pression pour que mon rendez-vous soit honnoré. Oui oui, c’est un peu gros, iel en fait trop, c’est pas crédible. Quelques minutes après, j’apprend par le personnel médical que mon rendez-vous était ce matin et que le personnel de l’AP (c’était le.a même gradé.e de ce matin) avait déclaré que je n’irai pas à mon rendez-vous. Bon évidemment, comme mon rdv qui devait être le dernier ne s’est pas déroulé au moment prévu, ça foutait la merde à l’UCSA. Et suite à un cognage de porte et un échange non verbal que je n’ai pas pu voir à cause de ma posture, ma consultation s’est finie plus vite que prévu (selon ma perception) et un autre rdv m’a été redonné. Bon en tout cas, là où j’avais le plus mal ça a été rebouché.

Donc oui, je remercie le sentiment de culpabilité, car ce n’est hélas pas étrange que des personnes, pour en faire le moins possible, annulent les soins des personnes isolées. Encore moins étrange qu’on sait que ce/cette même gradé.e (peut-être pour éviter le surmenage?) a tendance à « oublier » d’emmener les personnes en opprimenade, ou en les oubliant dedans, ou en les oubliant dans la salle de sport, ou en les oubliant dans la douche. Comme si l’enfermement en régime d’isolement n’était pas suffisant, il faudrait encore nous faire galérer toute la journée à poireauter. C’est vrai qu’on est chiant à vouloir profiter de tous ces fantastiques bienfaits et des nombreuses activités auxquelles on a le droit: on veut sortir, rentrer, se dépenser, se laver, et même retourner s’instruire en cellule. Mince, cela l’oblige à faire son travail. Peut être que iel en nous faisant subir ces « attentes abusives » espère qu’on se lasse et reste enfermés en cellule 24h sur 24 pour lui permettre de se tourner les pouces ? Raté.

Sinon, lundi dernier j’ai pu constater le retour des plexiglass au parloir. Au moins il n’y a plus cette table qui prend toute la place. D’ailleurs en lisant certains témoignages d’autres détenus dans L’Envolée il est question d’intimité lors des parloirs. Ici, à Bois L’arsouille, d’intimité il n’y en a point. Les parloirs d’architecture panoptique sont vitrés des deux cotés où circulent en permanence plusieurs surveillants.tes qui nous épient sans cesse.

Je termine cette lettre là pour qu’elle parte ce matin, je vous écoute ce soir (surement une émission enregistrée).

Merci à vous pour votre soutien.
Courage à toutes et tous les enfermé.es et leurs proches.

Salutations et respect,
Libre Flot.

 

Lettre du 31 décembre 2021

Après 4 mois de plaintes répétées à propos de douleurs généralisées aux articulations, j’ai enfin, après trois rdv repoussés, vu le kiné. Verdict: c’est normal dans ces conditions! Etrangement, c’est toujours et encore la même rengaine, quels que soient mes maux.

Mes maux de tête semi permanents? C’est normal dans ces conditions qu’est l’isolement. Mes pertes de mémoire, mon incapacité de concentration, la perte de repères spatio-temporels, mes douleurs cardiaques, mon opression thoracique, mes troubles visuels, mes vertiges, mon hébétude, etc. Pareil. « C’est normal, au vu de mes conditions de détention. »

Dans un environnement normal, et même en détention classique, subir l’ensemble de ces maux n’est pas considéré comme chose normale. Y introduire le facteur « Quartier d’Isolement » ne la rend pas plus normale. Tout comme ce que l’on dit avant un « mais… » n’a pas vraiment de sens. (« Je suis pas… mais… ») Définir quelque chose de normal, mais uniquement sous des conditions spécifique, ôte automatiquement toute notion de normalité. On ne peut dès lors plus parler de conséquences logiques ou de réaction systématique. Si le fait d’obtenir les mêmes résultats, en prenant n’importe quelle personne et en la plaçant dans une cellule 22 ou 23 heures par jour sans interactions sociales, est considéré par les médecins de l’UCSA comme « normal au vu des conditions de détention en isolement », cela veut en fait dire que ces conséquences subies par la majorité des personnes en QI sont donc bien des réactions systémiques et sont aussi très bien connues. L’utilisation mensongère du terme « normal » associé au « dans ces conditions » est en fait un euphémisme ayant pour but de masquer la vérité toute simple qui est que la détention en QI provoque de grave souffrances aux individus. Souffrances tant physiques, cérébrales et psychologiques qui, étant connues et systématiques, sont donc acceptées et voulues par l’Admin Pen ou ses commanditaires. C’est ce que l’on appelle de la torture.

Le personnel médical, lorsqu’il ab-use volontairement de cet euphémise falacieux pour éviter d’énoncer la vérité qu’il connait, n’oeuvre plus à la santé de ses patient.es mais leur ment, les trompe, couvrant ainsi les méfaits de l’Admin Pen et lui permettent ainsi le maintien en isolement, ce qui dégrade profondément les invididus. L’UCSA se rend donc complice de cette torture. Mais bon, on ne mord pas la main qui, même indirectement, nous nourris. L’utilisation normale d’un euphémisme médical pour une torture carcérale.

PS: hé oui j’vous ai encore glissé quelques phrases à rallonge, vous allez kiffer pour une lecture à voix haute! hihi non c’est promis c’est pas du sadisme 😉

Lettre du 13 janvier 2022

Salut à tous et toutes!

Juste un petit coucou pour vous partager une réflexion sur le langage utilisé par l’UCSA pour dédouanner l’Administration Pénitentiaire des conditions inacceptables de la détention en QI. N’ayant pas envie de passer 15 ans dessus, et d’ailleurs l’écriture devenant de plus en plus difficile, la forme de ce bref texte peut être un peu lourd et redondant, tout en simplifiant et réduisant les processus de réflexion. Toujours est-il, et c’est le principal, que l’on comprendra aisément, je l’espère, le fond et le sens du propos.

En ce qui concerne ma situation, je ne m’étalerai pas sur mes différents « soucis » (moi aussi j’utilise les euphémismes médicaux), vous comprendrez que rien ne s’est amélioré. Cela ne se peut sans l’élimination des causes provoquant les maux. J’ai juste ajouté à ma routine les exercices conseillés par le kiné.

Quant à ma détention provisoire, cela fait plus de trois mois que je n’ai pas de nouvelles du juge d’instruction, que rien ne se passe. Récemment, lors du renouvellement de mon mandat de dépôt, le JLD (juge de la liberté et D) avait ordonné une enquête de faisabilité pour une liberté conditionnelle (je ne suis pas sûr de ce terme, mais en gros, prison à la maison avec bracelet). Cela fait désormais plus d’une semaine que nous savons que le juge d’instruction a la réponse, que mes avocat.es ont demandé qu’on la leur transmette, mais rien. Encore une fois, le juge d’instruction fait durer le plaisir.

Cela ne pourra pas, dommage pour lui, durer éternellement. Pendant ce temps, je ne peux que constater ses pratiques humanistes.

Voilà pour aujourd’hui, au plaisir de vous écouter.
Merci encore pour votre soutien à tous.tes les enfermé.es et à leurs proches.
Force et courage à elles et spécialement aux isolé.es!

Salutations et respect,
Flo.

QUI TERRORISE QUI ? 20 jours contre les violences d’Etat

Ce cycle de rencontres autour des violences d’Etat sous diverses formes a pour but de partager nos résistances et nos luttes pour l’émancipation collective, et de réaffirmer que le terrorisme quotidien de l’économie et de l’état continuera d’être combattu. Il sera question durant ces 20 jours de néocolonialisme, de terrorisme d’état, de répression, de criminalisation, de prison ; mais aussi de solidarité, de rencontres, d’alliances et de perspectives de lutte, d’internationalisme, etc.

N’hésitez pas à partager dans vos réseaux, vous tenir informé.es et vous abonner à notre liste mail : comiterennes8decembre-subscribe@lists.riseup.net

Ateliers pratiques, boîte à lettre anticarcérale, brunch, projections, infokiosque, jeu géant et quelques autres surprises seront au rendez-vous tout au long de ces 20 jours. Nous mettrons à jour les informations manquantes au fur et à mesure

On espère vous y rencontrer 🙂

Programme :

DIMANCHE 26/09 : Nous recevrons ce dimanche le collectif STOP EDF MEXIQUE accompagné de comp@s de l’Isthme de Tehuantepec qui partageront avec nous les enjeux des luttes contre l’écologie coloniale, notamment contre l’industrialisation des territoires autochtones par le groupe EDF. Au menu : projection, discussion et repas épicé ! 🙂 Rendez-vous 16h au 3 rue de Lorraine, école Kennedy.

MARDI 28/09 : Jeu en équipes pour se connaître avec certains acteurs de la répression et les procédures qui encadrent leur action. Montrer leurs pouvoirs, mais aussi leurs limites, pour mieux évaluer là où nous pouvons nous défendre, nous protéger. /!\ sur réservation par mail (comiterennes8decembre@riseup.net) de 15h à 18h sous le préau de l’école Kennedy, 3 rue de Lorraine.

Puis en soirée, Ciné club sur l’Algérie, avec Mathieu Rigouste qui nous présentera son dernier film et livre « Un Seul Héros le Peuple » : comment le peuple algérien a mis en déroute la contre-insurrecton française en décembre 1960. Rendez-vous 19h30 au Cadran (11 avenue André Mussat). Accès libre dans la limite des places disponibles. Repas et boissons prix libre. Retrouvez l’évènement ici!

MERCREDI 29/09 : Table ronde sur la répression antiterroriste avec Mathieu Rigouste (de la plateforme Enquête Critique), le Comité 15 juin Limousin (voir leur appel) et le Comité de Soutien 8/12 Rennes. Qu’est-ce que l’antiterrorisme ? Comment s’en défendre ? 18h30 au 3 rue de Lorraine, école Kennedy. Repas végétarien et végan à prix libre

SAMEDI 2/10 : Rassemblement et discussion avec le collectif L’Envolée et le Collectif Anti-Répression Grenoble (CAR38). Sur les violences du système pénal : la situation actuelle des prisons et des CRA, la réforme Ducont-Moretti, l’association de malfaiteurs, etc. (à partir de 14h, parc du Berry, sous la halle couverte) Goûter prix libre.

DIMANCHE 3/10 : Présentation par L’Envolée du livre « La peine de mort n’a jamais été abolie » et discussion : Quelles luttes anti carcérales aujourd’hui ? Comment se défendre contre le QI et le mitard ? Rendez-vous aux Ombres Electriques à partir de 12h à Repas végétarien / végan à prix libre

MARDI 05/10 : Discussion et formation sur la téléphonie mobile et le militantisme. De 18h à 21h au 3 rue de Lorraine, école Kennedy

MERCREDI 6/10 :

Aprèm : Venez participer à un atelier d’autodéfense numérique avec le collectif Défense Numérique Rennes. De 15h à 17h.

Soirée : Discussion sur la répression de l’écologie radicale et techniques de surveillance. Nous reçevons ce mercredi 6 octobre, des camarades de la zad du Carnet, de Bure et les Faucheurs et Faucheuses d’OGM bretons pour échanger sur les techniques de répression, de surveillance et de criminalisation utilisées contre les luttes pour le vivant et contre l’industrialisation des territoires. Nous échangerons sur les dispositifs de surveillance déployés contre les luttes écologistes, l’organisation de groupes répressifs para-policiers (vigilantisme) et les outils de criminalisation auxquels nous faisons face. Rendez-vous au Bocal, 2 allée de Finlande. De 18h à 21h. Grignottage prix libre. Le lieu est accesible PMR.

JEUDI 07/10 : Discussion-atelier organisé par Résistance Ecologiste Rennes sur l’abolition de la Police avec le collectif matsuda. Rendez-vous à 18h à Rennes2 – Amphi L1 « Angela Davis ».

VENDREDI 08/10 : Projection-Discussion avec le Collectif Rennais Anti-Carcéral du film « Le Déménagement » sur le déplacement des détenu.es de l’ancienne prison Jacques Cartier au tout nouveau centre pénitentiaire de Vezin-Rennes. Rendez-vous 18h30 Maison de Quartier Villejean. Repas végétarien / végan à prix libre.

SAMEDI 09/10 : Commémoration des 40 ans de l’Abolition de la Peine de Mort.

Ce samedi 9 octobre 2021 à 20h, l’association Champs de Justice présentera son projet de faire de l’ancienne prison Jacques Cartier un musée de la Justice. Elle organise pour l’occasion une projection du film « Le Déménagement » en présence de sa réalisatrice Catherine Rechard. L’entrée est à prix libre, sur inscription, et le pass sanitaire y sera demandé. Nous vous invitons à venir y porter la parole de celleux pour qui la peine de mort n’a jamais été abolie.

DIMANCHE 10/10 : Rassemblement : La peine de mort est abolie ? On meurt encore en prison, aux frontières, dans la rue et dans les quartiers ! De 14h à 18h. Esplanade Fulgence Bienvenüe – Gare de Rennes.

MERCREDI 13/10 [ANNULE] : Discussion sur le terrorisme d’Etat et la révolution au Rojava avec les Amitiés Kurdes de Bretagne et B. Sores (auteur de « Plaidoyer pour le Rojava » et ancien combattant des YPG) Grignottage à prix libre

MERCREDI 13/10 : Solidaires Etudiant organise une projection du film Black Panthers (1968) d’Agnès Varda. Amphi L3 – Université Rennes2. Suivi d’une discussion sur l’enfermement politique. De 19h15 à 21h15.

SAMEDI 16/10 : Soirée de rentrée de la CNT au Panama où le comité 8/12 sera présent

[Le club de Médiapart] Violences pénitentiaires et acharnement carcéral : stoppons la spirale répressive

En soutien aux militantes et militants visés par la répression antiterroriste depuis le 8 décembre 2020, plusieurs collectifs dénoncent le maintien à l’isolement d’un des inculpés et «la fabrication de figures de coupables instaurées par la gestion policière, judiciaire et carcérale».

Cela fait maintenant plus de 6 mois que sept de nos camarades sont poursuivis et mis en examen pour « association de malfaiteurs terroristes » suite aux arrestations du 8 décembre, un d’entre eux s’est vu renouveler son maintien à l’isolement le 8 juin dernier.

Alors que la prison est déjà en elle-même une terrible mise au ban de la société, destructrice des liens sociaux, impliquant de graves conséquences pour les enfermé·e·s et leurs proches, le directeur interrégional des Services Pénitentiaires d’Île-de-France, Stéphane Scotto, a rendu sa décision de prolonger de 3 mois supplémentaires l’isolement de notre camarade.

Un large mouvement national contre le système carcéral est entrain d’émerger.

La semaine dernière, une mobilisation était organisée pour réclamer la libération du militant palestinien George Ibrahim Abdallah. Le 30 mai dernier à Lyon et dans plusieurs villes de France, une première Journée Nationale contre les Violences Pénitentiaires était organisée à la suite du meurtre barbare d’Idir. Le 16 mars, un communiqué co-signé par L’Envolée, l’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture), l’A3D (Association des avocats pour la défense des droits des détenus), la LDH (Ligue des Droits de l’Homme), l’OIP (Observatoire International des Prisons), le SAF (Syndicat des Avocats de France), dénonçait la répression faite contre la diffusion de témoignages sur les violences pénitentiaires. Le 24 juin, le rapport du CPT (Conseil européen pour la Prévention de la Torture) déplorait les conditions de détention en France. L’agenda est rempli et la liste non-exhaustive.

Alors qu’aujourd’hui de nombreuses voix s’élèvent contre les crimes policiers et pénitentiaires, contre les mitards et l’isolement, contre l’impunité, contre l’incarcération et la fabrication de figures de coupables instaurées par la gestion policière, judiciaire et carcérale de la société, nous dénonçons le renouvellement du maintien à l’isolement du camarade inculpé.

Ces dernières années, les collectifs Justice et Vérité n’en finissent pas de se multiplier et les luttes s’étalent sur des années pour finir devant la CEDH quand aucun recours n’est plus possible en France. La population carcérale ne cesse d’augmenter, alors qu’elle est déjà parmi les plus élevées d’Europe, mais les injustices sont toujours aussi criantes. La « vie » en prison est insoutenable aujourd’hui et la loi que prévoit Éric Dupond-Moretti va aggraver cette situation.

On pouvait lire ces derniers mois dans le métro de Paris : « Devenez surveillants pénitentiaires. Au coeur de la Justice » communiquant la volonté gouvernementale de renforcer une politique pénale contraire aux désirs de justice transformatrice ou réparatrice théorisées par le féminisme. A Rennes, la construction d’une nouvelle prison est actuellement en préparation.

Comment ne pas prendre à bras le corps le problème carcéral comme un élément essentiel d’un capitalisme toujours plus violent et d’un État toujours plus policier ? Les mesures disciplinaires et d’isolement en sont le paroxysme.

Nous dénonçons la fabrication de figures de coupables instaurées par la gestion policière, judiciaire et carcérale de la société.

Cette construction sociale commence à l’extérieur par la sur-occupation policière des quartiers populaires, par une criminalisation particulière des personnes sans papiers, non-blanches et/ou précaires. Une stigmatisation qui dépasse toutes les bornes de la décence comme lorsque des policiers se permettent de porter plainte contre Babacar Gueye après l’avoir abattu de 5 balles en 2015 dans le quartier Maurepas.

Cette construction de la culpabilité se poursuit à l’intérieur des prisons, par l’existence de la Détention Provisoire (DP) qui permet aux juges d’enfermer des personnes durant des mois, voire des années avant un quelconque procès, en dépit du principe de présomption d’innocence.

Cette sur-criminalisation se poursuit encore quand l’Administration Pénitentiaire (AP) met en place des mesures particulières contre certain·e·s détenu·e·s et prévenu·e·s. Telles que : le placement à l’isolement et en cellule disciplinaire (mitard), ou encore le statut de Détenu·e·s Particulièrement Signalé·e·s (DPS).

Ces mesures créent une prison au sein de la prison, elles déshumanisent des personnes et tentent de les faire passer pour des entités particulièrement dangereuses, des coupables idéaux/idéales, des condamnés d’avance. Le domaine du non-droit s’étend, notamment au non de l’antiterrorisme qui normalise ces mesures prétendument exceptionnelles.

Enfin cette gestion carcérale de la société normalise des mesures administratives d’enfermement (comme lorsque l’on enferme sans justice aucune des personnes pour le simple crime d’avoir traversé des frontières) ; et d’acharnement judiciaire après qu’un·e détenu·e ait purgé sa peine (comme c’est le cas de Kamel Daoudi, assigné à résidence depuis plus de 10 ans, et des Mesures Individuelles de Contrôle Administratif et de Surveillance (MICAS). La culpabilité à perpétuité.

Nous dénonçons les mesures particulières de l’isolement et du mitard, assimilables à de la torture psychologique, ainsi que les violences carcérales. La mise à l’isolement, rappelons-le, empêche tout contact entre la personne isolée et les autres détenu·e·s, (les seuls contacts avec des êtres humains sont donc ses maton·ne·s ainsi que quelques rares parloirs) pendant une période de 3 mois, renouvelable indéfiniment.

Le camarade mis en examen dans l’affaire du 8 décembre, raconte son isolement qui dure depuis déjà plus de 6 mois. « Le lien social est pour l’être humain, un besoin vital. L’isolement s’apparente donc à de la torture. Non pas une torture physique existant par un fait ou un acte, mais une torture plus pernicieuse, invisible, permanente, existant par cette absence continue. »

Quand à la cellule disciplinaire, cachot au fond du cachot, c’est l’endroit où se concentrent le plus de violences. Ça n’est sans doute pas un hasard si tant de morts suspectes ont lieu précisément dans les mitards, à l’abri des regards. On peut citer le cas de Idir, mort en septembre dernier au mitard de Lyon-Corbas, deux semaines avant sa sortie. Ou celui de Zamani au mitard de Nantes en 2000, un mois avant sa sortie. Ou encore la mort de Jaouad en 2018. Et celle de Jules en décembre 2020 au mitard de Seysses, prison dans laquelle opère impunément une équipe de matons particulièrement violents surnommée « l’escadron de la mort ». La liste est longue, impossible de ne pas faire ce constat : la prison tue.

Nous, syndicats, organisations politiques et collectifs autonomes, nous opposons à :

– la construction de l’image de coupables et la présomption de culpabilité induite par la généralisation de la Détention Provisoire et des Centres de Rétention Administrative (CRA) ;

– l’acharnement carcéral sous toutes ses formes : Quartier d‘Isolement (QI), Quartier Disciplinaire (QD), Mesures Individuelles de Contrôle Administratif et de Surveillance (MICAS).

En conséquence, nous exigeons la levée de l’isolement pour le camarade mis en examen dans l’affaire du 8 décembre et la suppression de toutes ces mesures punitives et stigmatisantes.

Premiers Signataires :

  • Comité Soutien 812 – Rennes
  • Awa Gueye et le Collective Justice et Vérité pour Babacar
  • FRAP (Front Révolutionnaire Anti-Patriarcal)
  • UL CNT 35
  • UL CNT Lille
  • Comité Soutien812 – Tarnac
  • UCL Rennes
  • Réseau Entraide Vérité et Justice
  • Collectif Vies Volées
  • Comité Vérité et Justice pour Lamine Dieng
  • NPA 35
  • Comité Soutien812 – Francilien
  • AFA Paris Banlieue
  • ACTA
  • Fédération Anarchiste Rennes, La Sociale
  • Brigades de Solidarité Populaire – Île de France

30 MAI – Journée Nationale contre les Violences Pénitenciaires

Le Comité812 Rennais répond à l’appel du collectif Nous Sommes Idir et du Réseau d’Entraide Vérité et Justice.

Le collectif Idir, Espoir et Solidarité ainsi que le Réseau d’Entraide Vérité et Justice appellent à une journée de mobilisation nationale pour en finir avec les violences pénitenciaires, les mitards, les quartiers d’isolement et ’impunité pénitenciaire.

« Pour que le 30 mai deviennent une journée annuelle qui portera la voix des prisonnier-ères et de leur famille, marchons solidairement! »

Retrouvez l’appel de « Idir, Espoir et Solidarité » ici : Fermer Les Mitards et l’évènement Fb du Réseau d’Entraide Justice et Vérité là : Journée Nationale contre les Violences Pénitenciaires

“L’empathie est morte, avec elle la vérité”Retour ligne automatique
Farid El Yamni , Appel au rassemblement pour Clément Méric*, juin 2015.

Le comité Soutien 8/12 – Rennes sera présent aux côtés du collectif “Idir, Espoir et Solidarité” le 30 Mai à Lyon pour affirmer son soutien aux victimes des violences carcérales et du terrorisme d’Etat. Le 30 mai sera désormais une journée de lutte pour le respect et la dignité des détenu.e.s, pour la fermeture des quartiers disciplinaires et pour dénoncer les “morts suspectes” en prison, comme celle d’Idir, en septembre dernier au mitard de Lyon-Corbas. Des mobilisations s’organisent également à Nantes, Saint-Etienne, Perpignan, Béziers, Bordeau (etc.), nous invitons à les rejoindre.

Dans l’Affaire du 8/12, les enfermé.e.s vivent les conditions de détention “terro”, le statut de détenu.es particulièrement signalé.es, les fouilles à nu systématiques, les quartier d’isolement, une justice martelante BFMisée, la jouissance des matons face à la souffrance d’une personne déshumanisée…

Farid El Yamni nous dit “La police ne peut pas arrêter, la justice ne peut pas prononcer un châtiment si ces institutions font preuve d’empathie. On ne développe pas l’empathie dans ces groupes, on apprend à la taire, à la détester comme une faiblesse. Faire preuve d’empathie est incompréhensible avec les fonctions coercitives.” Ces mots résonnent particulièrement en nous qui luttons contre la criminalisation antiterroriste.

L’antiterrorisme est un moyen d’étendre le domaine de la déshumanisation dans toute la société, d’insufler par la manipulation des affects; toujours plus de violence et de désirs punitifs, toujours plus de répression de la moindre désobéissance, toujours plus d’impunité face aux crimes d’Etat, toujours plus d’extrémisme policier, toujours plus de fanatisme républicain, et toujours moins d’empathie pour autrui, ormis pour les forces de l’ordre.

L’antiterrorisme est le visage d’un emprisonnement infini de la société. Plus ses oreilles seront grandes, plus il vous faudra vous taire, plus ses yeux seront connectés, plus il vous faudra vous dissimuler.

La prison est le coeur de cette spirale liberticide. C’est une peine de mort sociale, c’est une mise hors du monde des “indésirables”, c’est de la torture sous de multiples formes. Les mitards et les QI en sont les formes les plus abjectes. La prison suinte de tout son dégoût du pauvre, son racisme profond et son virilisme fasciste.

Nous refusons de voir le monde devenir une prison, nous refusons de laisser les prisons devenir toujours plus immondes

Pour toutes ces raisons, il est indispensable d’écouter et relayer les voix des détenu.e.s, de nous mobiliser pour leur respect, leur dignité, contre les violences carcérales.

C’est pourquoi nous appelons à rejoindre les rassemblements du 30 mai, à Lyon comme ailleurs.

*Farid El Yamni est le petit frère de Wissam El Yamni, assassiné dans un commissariat de Clermont-Ferrand dans la nuit du nouvel an de 2012. Il a récemment publié “Wissam Vérité” aux éditions du croquant (https://editions-croquant.org/actualite-politique-et-sociale/716-wissam-verite.html), livre dans lequel il nous partage ses réflexions sur la violence de l’Etat, ainsi que ses solidarités avec les victimes de la Police/Justice, notamment autours de Clément Méric (militant anti-fasciste assassiné par des militants d’extrême-droite le 5 juin 2013) et Rémi Fraisse (assassiné à la ZAD de Sivens en 2014 par un gendarme).