#Procès812 : la couverture médiatique

Nous partageons ici la couverture médiatique du procès. Plusieurs journaux ont envoyé des journalistes pour assister aux audiences : Le Monde, Médiapart, Libération, le Nouvel Obs, Politis. Étaient présent·es également des journalistes New Yorkais·es et l’AFP. Les articles complets sont téléchargeables en pdf.

Nous faisons le choix de ne pas citer les charognards invités par le PNAT qui sont venu·es uniquement le jour des réquisitions.

Un tract avait été distribué aux journalistes pour leur demander de respecter une certaines éthique vis à vis des mis·es en examen et leurs proches présent·es. Les violences médiatiques sont pleinement partie prenantes de la répression et il s’agissait d’inviter à respecter la vie privée et l’intimité des personnes présentes.

The Nation (New York)

The Fictional Terrorist Conspiracy Being Tried in France (26 octobre)

Jacobin (New York)

France’s Trial of “Left-Wing Terrorists” Is a Farce (31 octobre)

Le Monde

Affaire du 8 décembre 2020 : Un procès pour terrorisme d’ultragauche qui débute dans une ambiance tendue (5 octobre)

Au procès pour terrorisme d’ultragauche du « 8 décembre 2020 », des explosifs inquiétants
mais aux finalités floues (12 octobre)

Au procès du groupe d’ultragauche du « 8 décembre 2020 », un projet terroriste
insaisissable (20 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : jusqu’à six ans de prison ferme requis pour les sept
personnes jugées (26 octobre)

L’Humanité

« Affaire 8 décembre » : « Ce sont des traumatismes à vie qu’on a administrés à nos enfants » (18 octobre)

De lourdes réquisitions au procès de l’ultragauche du «8 décembre » (28 octobre)

Médiapart

Procès de « l’ultragauche » : « On était des débilos qui s’amusaient à faire des gros pétards » (12 octobre)

Enquête sur « l’ultragauche » : la défense dénonce les méthodes de l’antiterrorisme (12 octobre)

Au procès de « l’ultragauche », l’introuvable projet terroriste (25 octobre)

Procès de « l’ultragauche » : « Je connais les dossiers terroristes, celui-ci ne ressemble à aucun d’eux » (28 octobre)

La Nouvelle République

Procès des militants d’ultragauche : le Blésois Florian D. assure que « la lutte armée est une connerie » (19 octobre)

Le Nouvel Obs

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « Nous commençons sur de très mauvaises bases. Ça risque de ne pas bien se passer ! » (5 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « C’était drôle, ça allait faire des pétards, ça allait faire boum. Je n’y ai pas vu de malice » (17 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « J’espère qu’on peut garder un humour un peu noir sans que ça devienne un crime » (24 octobre)

Procès pour terrorisme d’ultragauche : « Est-ce que moi, avocat de Florian D., j’ai confiance en votre tribunal ? Je dois être sincère : non » (30 octobre)

Politis

Ultragauche : l’ombre de Tarnac plane sur « l’affaire du 8 décembre » (31 octobre)

Libération

Procès de « l’ultragauche » : violents anars ou mauvais polar ? (3 octobre)

Procès d’« activistes d’ultragauche » : les explosifs au coeur des débats (12 octobre)

Au procès d’« activistes d’ultragauche », les droits de la défense malmenés par l’antiterrorisme (16 octobre)

Procès d’« activistes d’ultragauche »: « Ce qui me dépasse, c’est d’être ici pour avoir fait de l’airsoft » (22 octobre)

Procès d’ « activistes d’ultragauche » : le parquet requiert entre deux et six années de prison (25 octobre)

Fin du procès des «activistes d’ultragauche» : «Puisque la DGSI vous le dit, c’est que c’est vrai» (28 octobre)

[LeMonde] « Affaire du 8 décembre 2020 » : le chiffrement des communications des prévenus au cœur du soupçon

Quatre des sept personnes jugées à partir du 3 octobre au tribunal judiciaire de Paris sont poursuivies, en plus du chef d’« association de malfaiteurs terroriste », pour avoir refusé « de remettre une convention secrète de chiffrement d’un moyen de cryptologie ».

Dans le réquisitoire définitif du Parquet national antiterroriste (PNAT) sur l’affaire d’ultragauche dite « du 8 décembre 2020 », un chapitre spécifique est exclusivement consacré aux outils numériques utilisés par les sept prévenus, renvoyés devant le tribunal correctionnel pour « association de malfaiteurs terroriste », et dont le procès doit se tenir du 3 au 27 octobre au tribunal judiciaire de Paris. Bien qu’informés des sanctions pénales encourues, quatre des sept mis en examen ont refusé « de remettre une convention secrète de chiffrement d’un moyen de cryptologie » et sont poursuivis en plus pour ce délit spécifique.

« Tous les membres contactés adoptaient un comportement clandestin, avec une sécurité accrue des moyens de communication (applications cryptées, système d’exploitation Tails, protocole TOR permettant de naviguer de manière anonyme sur Internet et Wi-Fi public) », note la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) dans un procès-verbal de synthèse. Le parquet reconnaît, pour sa part : « Les investigations et surveillances menées durant l’enquête préliminaire puis l’information judiciaire avaient été rendues particulièrement complexes en raison de la véritable culture du secret des mis en examen qui usaient tous de moyens de navigation et de communication cryptés et avaient pour certains refusé de communiquer les codes de déverrouillage de leurs téléphones et/ou ordinateur. »

Ce constat ne se limite pas à un regret, il constitue un élément à charge : si les prévenus ont cherché à cacher leurs communications, c’est qu’ils avaientquelque chose à se reprocher, lit-on entre les lignes. Aucun des outils qu’ils ont utilisés n’a pourtant une quelconque illégalité. Ce n’est pas une exception. Dans tous les dossiers pour association de malfaiteurs terroriste, qu’ils soient djihadistes ou d’ultradroite, le PNAT cherche à démontrer la volonté de secret du groupe de conspirateurs. C’est même l’un des éléments constitutifs de l’infraction. Mais, dans l’affaire du 8 décembre, cette dimension prend des proportions inquiétantes du point de vue des libertés publiques.

Messages qui s’autodétruisent

Première visée dans le réquisitoire définitif: l’application de chiffrement Signal, qui permet d’envoyer et de recevoir des messages cryptés ainsi que de passer des coups de fil sécurisés. Dans certains cas, comme celui du principal prévenu Florian D., les messages reçus et envoyés s’autodétruisent au bout de douze heures. Une précaution supplémentaire.

Signal n’est pas le seul outil de chiffrement des communications utilisé par les mis en examen. C’est aussi le cas de WhatsApp et surtout du service de messagerie électronique ProtonMail. On peut aussi citer les logiciels d’anonymisation TOR (navigateur Internet) et Tails (système d’exploitation basé sur Linux, installé généralement sur une clé USB) qui permettent de naviguer sur Internet ou de travailler sur un ordinateur sans laisser de traces. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Affaire du 8 décembre 2020 » : un procès pour terrorisme d’ultragauche sur des bases fragiles

La possession par le prévenu Bastien A. d’une brochure intitulée « lnformatique : se défendre et attaquer » est considérée comme une circonstance aggravante par la DGSI, qui note : « Ces écrits constituaient un véritable guide permettant d’utiliser son téléphone de manière anonyme, confirmant la volonté de X de s’inscrire dans la clandestinité, de dissimuler ses activités. »

« Droit au respect de ma vie privée »

De même, il est prêté à une autre prévenue, Camille B., le rôle de « hackeuse » du groupe pour le simple fait d’avoir un minimum de compétences informatiques. « C’est le propre de l’antiterrorisme, qui est volontairement flou et laisse la place au fantasme », estiment les avocates Lucie Simon et Camille Vannier, qui représentent Manuel H. dans le dossier. Lire aussi : Sept militants de l’ultragauche mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste »

Du soupçon à la culpabilité, il y a un pas que le juge d’instruction franchit dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal, quand il écrit : « Il reconnaissait devant les enquêteurs utiliser l’application Signal », « X ne contestait pas utiliser l’application cryptée Signal », « Il reconnaissait aussi utiliser les applications Tails et TOR », « Il utilisait le réseau TOR (…) permettant d’accéder à des sites illicites ».

Loïc M. s’est expliqué devant le juge d’instruction sur le refus « de remettre une convention secrète de chiffrement d’un moyen de cryptologie » : « Je ne suis pas un anarchiste, mais j’ai des valeurs. Je ne suis pas le seul Français qui s’interroge sur l’usage des données perso. S’il y a une chose que je revendique, c’est le droit au respect de ma vie privée et à la confidentialité de mes données. C’est uniquement pour cette raison que je refuse de vous communiquer mes codes. »

Christophe Ayad, 25 septembre 2023.