Cagnotte de soutien aux inculpé·es

Cette cagnotte solidaire a été créée afin d’assurer une défense efficace à nos camarades en prison !

Beaucoup d’entre nous ont peu de moyens et il y a déjà du monde à soutenir, mais c’est une manière de filer la patte si vous êtes loin ou que vous ne savez pas comment aider.

Merci à celleux qui donnent !

Merci aussi à celleux qui soutiennent et en parlent !

Cette affaire ne doit pas être oubliée, trois militant·e·s sont enconre en détention provisoire dans des conditions de surveillance et d’isolement renforcées, ne les y laissons pas plus longtemps !

** Cagnotte solidaire **

On compte sur vous ✊

Nous remercions également Valeurs Actuelles pour son travail sensationnel !! x’D

L’ultragauche organise une cagnotte pour financer les frais du justice de suspects de terrorisme.

Nous ne cèderons ni au chantage, ni à la peur! – Tribune dans Médiapart

Répression d’État: nous ne céderons ni au chantage, ni à la peur

Le monde célébrait récemment l’anniversaire des cinq ans de l’Accord de Paris, et la France n’a pas été avare d’auto-satisfaction quant au rôle qu’elle se targue d’avoir joué dans sa conclusion. Mais pour nous, 2015 amorce une évolution bien plus funeste : l’érosion de l’Etat de droit, et la lente disparition des libertés publiques dans notre pays. L’état d’urgence est devenu notre « new normal » : décidés dans des moments de choc, de confusion, loin des regards, les glissements les plus graves se sont produits. Dernier avatar en date : l’arrestation de neuf personnes de « l’ultra-gauche » sur la base de faits qui, même montés en épingle et mis bout à bout, n’ont rien à voir avec « l’entreprise terroriste » dont ils et elles sont pourtant accusé·e·s.

Hollande et son gouvernement ont amorcé ce délabrement dès novembre 2015, en assignant à résidence, de manière « préventive », des militant·e·s écologistes afin de les empêcher de manifester lors de la COP 21. Et M. Macron, qui avait pourtant construit sa campagne sur la concorde et libertés, a amplifié cet élan au point de faire des libertés, individuelles et publiques, un théâtre de ruines. L’état d’urgence a été inscrit dans le droit commun par la « Loi renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme » (SILT), en novembre 2017. Depuis, la seule interprétation (entièrement subjective) d’un policier justifie toute initiative d’entrave et de répression dès lors qu’ils suspectent une menace. Peu importent les faits, au diable le réel, le « terrorisme » et la « sécurité intérieure » permettent tout : surveillances, multiplication des « notes blanches », qui légitiment, dans une totale opacité, les décisions administratives les plus liberticides, fermetures administratives de lieux collectifs, assignations à résidence, perquisitions arbitraires et sans fondements, arrestations dénuées de motifs… Des nasses pleines de gaz aux croches-pieds mesquins, en passant par les humiliations collectives de lycéen·ne·s et de migrant·e·s, les pratiques policières de répression des mobilisations sont de plus en plus brutales : tout ce sur quoi alertaient déjà les collectifs et associations des quartiers populaires il y a de nombreuses années et qui faisait le quotidien des habitant·e·s de ces quartiers est désormais devenu la norme. Enfin nul d’entre nous ne peut l’oublier : de nombreuses personnes ont été mutilées dans les manifestations de Gilets jaunes, sans que justice leur soit faite. Elles aussi ont connu les assignations à résidence préventives et les interdictions de manifester ; plus de 1000 peines de prison ferme ont été prononcées contre les membres de leur mouvement.

La nomination de Gérard Darmanin au ministère de l’Intérieur marque un tournant dans ce qu’elle légitime, et banalise cette nouvelle réalité : un pouvoir radicalisé. Les violences policières semblent devoir être couvertes « quoiqu’il en coûte ». Et le ministre jubile lorsque sa police écrase les libertés publiques sous l’arbitraire et les coups. Samedi 12 décembre, il s’est tout d’abord enthousiasmé, via twitter, de l’arrestation, quelques jours plus tôt, de 9 personnes soupçonnées d’«association de malfaiteurs terroristes ». Cinq d’entre eux et elles demeurent en détention provisoire à ce jour. À l’occasion, il a chaudement félicité la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) pour son efficacité à « protéger la République contre ceux qui veulent la détruire », « ces activistes violents de l’ultra-gauche », au mépris du secret de l’instruction. Or, le dossier frappe par sa vacuité si l’on en croit les informations policières et judiciaires, à l’évidence orchestrées pour servir l’agenda du ministre. Pour compenser la faiblesse du dossier, les enquêteurs invoquent les idées et engagements politiques des personnes arrêtées : une source anonyme explique ainsi qu’un des hommes arrêtés, « ancré dans une idéologie prônant la révolution », a combattu au Rojava, assimilant ainsi à des « terroristes » les personnes engagées contre Daech aux côtés de l’armée kurde.

S’agissant de l’épouvantail ultra-gauchiste, et de son agitation par les autorités, le fiasco judiciaire et politique de « l’affaire Tarnac », et les dérives de l’espionnage généralisé d’hommes et de femmes qui, à Bure, n’avaient d’autre tort que s’opposer à la mort de leurs prairies et de leurs forêts, devraient pourtant imposer la réserve. En outre, en dehors des assassinats commis sous l’influence plus ou moins directe de Daech, c’est l’extrême droite qui organise des attaques sur le territoire français, comme à Bayonne ou Avignon, quand elle n’arme pas les terroristes de janvier 2015

Le même samedi 12 décembre, alors que le ministre saluait, heure par heure, les arrestations en cours dans le cortège parisien protestant contre la loi Sécurité globale – infiltré de dangereux factieux selon lui -, des dizaines de personnes étaient arrêtées alors qu’elles manifestaient, photographiaient ou filmaient paisiblement. Les justifications données à ces interpellations pourraient prêter à rire : détention de piles et de fil électriques dans un sac à dos, jet d’une canette vide, port conjoint d’un bonnet et d’un masque sanitaire, ou encore usage d’un parapluie arc-en-ciel, présenté aujourd’hui comme propriété de la meneuse des « casseurs ». Et ce serait anecdotique, en effet, si près de 200 personnes n’avaient pas passé parfois près de trois jours en détention, avant, pour leur quasi totalité, de se voir libérées sans aucune charge retenues contre elles. Si d’autres, dans le cortège, n’avaient pas été molestées, et blessées, parce qu’elles se trouvaient sur le parcours de ces fameux « bonds offensifs », consistant ni plus ni moins à charger les manifestants au hasard.

Ces nouveaux épisodes marquent un pas de plus dans la dérive : en France, en 2020, critiquer la politique du gouvernement, et « prôner la révolution », sont devenus des opinions politiques potentiellement criminelles. Dans la France d’E. Macron, on peut être ministre lorsque l’on fait l’objet d’une procédure judiciaire pour viol et abus de confiance. Mais dans le même temps on emprisonne sans raison ; on ordonne des détentions sur la seule base d’hypothèses et on perquisitionne pour « envoyer des messages ». Face à nous un seul spectacle, qui se joue en boucle : la criminalisation des idées critiques du pouvoir, de l’information, des mobilisations, de l’islam, des quartiers populaires et de la jeunesse ; le harcèlement de tous les acteur·ice·s de « la gauche », des défenseurs·ses des droits et de la justice sociale, des porteurs·euses de solidarité ; la répression et l’arbitraire croissants dans la vie quotidienne des citoyen·ne·s. Ce régime montre son obsession répressive, autorisée par la désagrégation progressive des conquêtes fondamentales qui faisaient notre État de droit.

Faute de circonstances à caractère terroriste, les personnes en détention provisoire doivent être libérées sans délai. Mais qui leur succédera dans les geôles de la République ? Un retraité qui soutient des migrant·e·s « sans-papiers », au motif qu’il conserve un vieux fusil de chasse chez lui ? Des mères qui se battent contre une installation polluante, parce qu’une vieille bouteille d’acétone traine au fond d’un placard ? Celles et ceux qui condamnent la dissolution arbitraire d’une association de soutien aux victimes de l’islamophobie ?

Face aux perquisitions politiques, aux arrestations sans fondement, à toutes les tentatives de diabolisation des personnes qui ont le tort d’exercer leur droit à la critique et à la manifestation, notre solidarité, et notre cohésion, ne fléchiront pas ; les libertés n’existent plus quand un Etat prétend choisir ses opposant·e·s. Nous ne sommes pas dupes : c’est bel et bien de répression politique dont il s’agit. Mais nous ne céderons ni à la peur ni au chantage. Et nous n’oublierons pas de tenir le ministre de l’Intérieur, et le gouvernement, responsables du saccage de notre justice et de nos libertés.

Signataires : 

Amélie Cannone, militante écologiste et altermondialiste

Noura Elouardi, militante féministe, écologiste et anti-raciste

Mélina Gattel, amie d’une des mis·e·s en examen du 8 décembre

Awa Gueye, soeur de Babacar Gueye, tué par la police à Rennes en 2015

Geneviève Legay, militante d’Attac, blessée par la police en 2019 à Nice

Alice Ramage, amie d’une des mis·e·s en examen du 8 décembre

Juliette Rousseau, militante féministe et écologiste

Publié sur Mediapart le 05 Janvier 2021.

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/050121/repression-d-etat-nous-ne-cederons-ni-au-chantage-ni-la-peur

Rassemblement contre les lois liberticides à Rennes – 19 décembre 2020

Première prise de parole du Comité Rennais. Rassemblement contre les lois liberticides à Rennes le 19 décembre.

Je prends la parole devant vous aujourd’hui en tant que membre du Comité Rennais de Soutien aux InculpéEs du 8 décembre.

Mardi 8 décembre, 9 personnes ont été interpelées par la DGSI, police anti-terroriste, à travers la France. A Toulouse, en Dordogne, en région parisienne, en Bretagne et à Rennes, pour « asociation de malfaiteurs en vue d’actes terroristes ». Deux personnes ont été libérées, 2 autres sont sous contrôle judiciaire et 5 personnes sont aujourd’hui en DP (détention provisoire) en l’attente de leur procès.

Notre camarade de Rennes est aujourd’hui enfermée à Fleury-Mérogis et elle n’a le droit à aucun contact avec l’extérieur. Son arrestation a été plus que spectaculaire : fourgons banalisés, cagoules, armes à feu, boucliers par balle… La porte, ouverte, a été défoncée. Sa chambre retournée, son lit cassé. Ils lui ont mi une cagoule sur la tête en l’embarquant dans leur fourgon et l’ont emmenée ainsi jusqu’à Paris. Elle a passé 4 jours dans une cellule sans fenêtre, éclairée en permanence, subissant 6 heures d’interrogatoire par jour!

Nous espérons qu’elle a trouvé la force en elle pour supporter l’insupportable. Nous l’espérons aussi pour ses co-inculpés.

QUI TERRORISE QUI?

« Association de malfaiteurs en vue d’actes terroristes », « vague projet de s’en prendre aux forces de l’ordre » et de préparer une action violente. Et pourtant… Aucun fait matériel grave n’est reproché aux 7 inculpéEs.

La spectacle médiatique autour de ces arrestations se l’avoue à lui-même. Le conditionnel va bon train. Les articles souvent odieux se voient obligés d’avouer : « aucun projet précis de passage à l’acte n’a été identifié à ce stade ». Et l’appareil judiciaire se fonde sur des rumeurs.

Acétone, eau oxygénée, engrais, acide chlorhydrique, fusil de chasse : si c’est ça vos preuves, faut vraiment qu’on nettoie nos garages!

Vous pouvez utiliser tous les mots du monde pour vous donner un air sérieux : « frères d’armes », « terroristes », « lutte armée », « groupuscule », « mouvance radicale », « organisation clandestine », ou même « commando », vous êtes sérieux?! Sincèrement, c’est ridicule…

En face de votre conditionnel à rallonge, en face du vide auquel vous essayez de donner de la consistance, il y a 5 personnes enfermées entre 4 murs, et la prison elle est bien réelle.

Ces arrestations interviennent dans un contexte de lutte sociale contre les pratiques autoritaires de l’Etat et contre les violences policières. La colère monte, alors il faut diviser. Il faut légitimer la répression. C’est un coup de com’ politique, un spectacle médiatique, c’est une Affaire qui Tombe à Pic!

Cette campagne a deux objectifs :

1. Faire passer les policiers pour des victimes des mouvements sociaux et ainsi minimiser l’usage systématique de la violence physique de la part des forces de l’ordre.

2. Criminaliser à l’extrême toutes celles et ceux qui critiquent et s’opposent radicalement aux politiques autoritaires dans la figure grossière du terroriste, en amalgamant dans les imaginaires des personnes diamétralement opposées.

L’ultragauche, utilisée encore une fois, mot qui veut tout et ne rien dire, servant à faire peur, à diviser, à faire passer celles et ceux qui se soulèvent comme une infime minorité dangereuse contre lequel il serait légitime d’utiliser la force. L’ultragauche, sous le joug de l’antiterrorisme, c’est chercher à diaboliser la contestation sociale, les opposantEs politiques. Créer un nouvel ennemi.

NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS (ANTI)TERRORISER!

L’antiterrorisme est une juridiction d’exception avec une cours d’assise spécialisée, des services de renseignements spécifiques et le tout centralisé à Paris. La spécificité de l’antiterrorisme est de baser des accusations sur des intentions supposées, à caractère politique. Elle a pour but de créer une catégorie terroriste et à isoler les personnes inculpées d’une quelconque solidarité. Ils placent cette étiquette sur ce qui est pour eux opportun de réprimer, afin de les traiter comme des monstres et vider le sens politique de leur pensée. C’est une manière de désigner un ennemi intérieur, qui témoigne et participe de manière spectaculaire d’un durcissement plus général de la législation.

Aujourd’hui, QUI TERRORISE QUI?

Ils accusent l’ultragauche de dégradation et de casse, mais ces dernières années, combien de milliers d’humiliéEs… de traumatiséEs… d’enferméEs… de mutiléEs…, de torturéEs… et de tuéEs…?!

On veut nous faire peur! La DGSI met le paquet sur la contestation politique. On veut nous faire flipper d’aller en manif, on veut nous faire flipper de connaitre un ou une des inculpéEs du 8 décembre. On nous épie, on cherche le mot de trop, en fait on veut nous faire flipper de penser autrement. J’suis désoléE, mais c’est mort!

Soyons fièrEs de ce que l’on désire, un monde juste sans rapports de domination, débarrassé du capitalisme.

On ne se laissera ni terroriser, ni antiterroriser. Il est nécessaire de créer un large mouvement contre ces détentions illégitimes du 8/12. Deux semaines après leur enlèvement, nous exigeons leur remise en liberté immédiate et appelons à nous rassembler mardi à 18h à République.

Fleury-Mérogis c’est un peu loin, et les murs sont épais, mais d’ici, au cas où, on t’envoie plein de courage et plein d’amour…